Titre : La Villa des mystères
Auteur : Federico Andahazi 🇦🇷
Édition : Folio SF (2004)
Édition Originale : Las Piadosas (1998)
Traduction : Claude Bleton
Résumé :
Été 1816 : le temps est exécrable sur les rives du lac Léman. Désœuvrés, Lord Byron, Percy et Mary Shelley, Claire Clairmont et le docteur Polidori, hôtes illustres de la villa Diodati, se lancent un défi littéraire : écrire l’histoire gothique ultime, la plus sombre, la plus originale.
Polidori, secrétaire et souffre-douleur de Byron, jaloux du talent de son maître, reçoit d’étranges lettres anonymes qui l’informent de l’existence des jumelles Legrand, des comédiennes scandaleuses, courtisanes, célèbres et méprisées. Et qui surtout lui proposent un étrange pacte littéraire… Qui lui écrit ces lettres scellées à la cire noire ?
Que devra-t-il donner en échange du chef-d’œuvre dont il rêve ? Cette Villa des mystères est le théâtre d’un roman gothique moderne qui explore des régions insoupçonnées, troublantes, de la sexualité, et revisite avec malice un moment fondateur des littératures de l’imaginaire : la création du Frankenstein de Mary Shelley.
Critique :
Un jour, on eut l’idée d’enfermer des gens ensemble, de les filmer et de voir ce qu’il en ressortirait… Rien de terrible n’en était sorti, hormis un mauvais porno dans une piscine et des kilomètres de banalités, de débilités…
Ce que nous avons oublié, c’est que l’idée n’était pas neuve et qu’elle avait déjà été utilisée, accouchant d’autre chose que de ce qui allait devenir de la télé-poubelle.
Dans une villa sur les rives du lac Léman, par temps de pluie, se retrouvent enfermé cinq personnages : Percy et Mary Shelley, Lord Byron, Claire Clairmont ainsi que le docteur Polidori, le secrétaire jaloux de Lord Byron. Ils se font chier comme des rats morts.
De ce séjour, après un pari littéraire (écrire une histoire gothique) qu’elle fut la seule à l’accomplir jusqu’au bout, Mary Shelley enfanta de Frankenstein. Mais pas que… Je n’en dirai pas plus.
Ce roman fantastique est bizarre, limite dérangeant. Le début est un peu foutraque, j’ai même failli abandonner, tant cela me semblait confus et emmerdant au possible. Oui, un peu comme de la télé-réalité, lorsque l’on n’aime pas du tout ça. Puis, j’ai avancé de quelques pages et à partir de ce moment-là, plus moyen de décrocher du récit !
Imaginez un vampire… Créature fantastique se nourrissant à la jugulaire des êtres vivants, suçant leur sang, afin de vivre. Et bien là, nous serons face à une créature étrange, qui, pour vivre, doit aussi se nourrir de la sève d’autrui.
Cette femme difforme, née entre deux jumelles, suce et avale. Je vous laisse quelques secondes pour comprendre de quoi elle a besoin pour vivre…
Si vos pensées sont grivoises, coquines, cochonnes, pas de doute, vous avez tout compris. Messieurs, ne vous réjouissez pas trop vite, elle-même le dit : sa laideur fait rentrer le petit gris dans sa coquille. Quant à ceux qu’il a fallu traire, ils ont fini avec une balle dans la tête…
Ce roman fantastique, glauque, dérangeant (*), n’est pas qu’une réécriture du mythe du vampire. Il y a aussi une sorte d’analogie (en un seul mot), entre la sève pompée des membres de ces messieurs et l’accouchement de ce qui sera donné à certains. Une paternité dont ils seront fiers (ou honteux), heureux, tout en la réfutant, pour certains…
Parce que ce roman raconte aussi un hold-up (dont je ne divulguerai rien de plus), un pacte avec le diable, avec Faust, une partie de son âme que l’on offre (l’âme se niche où elle veut) en échange d’autre chose, une chose désirée et qui serait infâmante, si cela se savait.
Ce récit est parfois à la limite de l’érotisme, il est licencieux, violent. C’est un roman qui parle de naissances, de gestation pour autrui, mais pas dans le sens premier du terme.
De plus, la chute finale est bien amenée, dans la lignée du récit. Avec un récit aussi court, j’avais un peu peur que cela ne se termine en eau de boudin, mais non. On a même envie de rire.
Un roman fantastique qui n’est pas fait pour les enfants (-16 ans), qui risque de mettre un peu mal à l’aise certains lecteurs (ou lectrices). Les passages épistolaires ne m’ont même pas gêné, alors qu’en général, cela coince.
La morale n’est pas sans fondement non plus : lors d’un pacte, rien ne s’acquiert gratuitement, sans que l’on doive payer un tribu, monétaire ou autre. Parfois, on pourrait même y laisser sa raison.
(*) Il y a une scène qui ressemble à de la pédophilie. Un adulte, le précepteur des jumelles, a, avec elles, une relation qui est de la pédophilie. Le consentement des deux jeunes filles n’y change rien, c’est un adulte et il est dit, dans le roman, que les filles venaient de devenir femme. Je suppose qu’elles venaient d’avoir leurs premières règles. En 1816, ce ne devait pas être à l’âge de 12 ans (ou moins, comme dans les années 2000), mais sans doute plus tard. Malgré tout, la scène est gênante…
Le Mois Espagnol (et Sud-Américain) chez Sharon – Mai 2022 (Fiche N°09).
Ping : Bilan du huitième mois espagnol | deslivresetsharon
Ping : Bilan Mensuel Livresque : Mai 2022 + Bilan MOIS ESPAGNOL | The Cannibal Lecteur
Pas tentée, vu ce que tu en dis ça ne me plaira pas du tout… ma pal te dit merci 🤣
J’aimeAimé par 1 personne
Ben voilà une bonne action que je viens de faire et pourtant, j’ai apprécié cette lecture dérangeante 😆
J’aimeJ’aime
Ping : Huitième mois espagnol – mai 2022 | deslivresetsharon
J’aime beaucoup le « Ce récit est parfois à la limite de l’érotisme ». Vu ce que tu en disais, je pensais à bien pire !
J’aimeAimé par 1 personne
Belette n’a juste pas vraiment précisé de quel côté de la limite de l’érotisme le texte se situe! 😁
J’aimeAimé par 2 personnes
C’est vrai ! 😄😄😄
J’aimeAimé par 1 personne
Il fut une époque où montrer sa cheville était limite du porno 😆
J’aimeAimé par 1 personne
Oui ! Mais j’insiste louuuurde-ment! De quel côté de la limite ? Du côté « c’en est » ou du côté « c’en est pas »? 😁😂
J’aimeAimé par 1 personne
Moi je dirais que c’est de l’érotisme, si les deux protagonistes (les 3), n’étaient pas mineures. Ensuite, ça devient du gore, quand la difforme la joue vampire de la bistouquette et qu’elle tue les hommes ensuite.
J’ai répondu à ta question ou pas ? Parce que ce fut mon drame de ma vie scolaire : répondre à côté des questions 🙂
J’aimeJ’aime
C’est pas porno ton histoire ! C’est carrément gore!!! 😀
J’aimeAimé par 1 personne
Peut-être bien que oui ! 😆
J’aimeJ’aime
En effet !
J’aimeAimé par 1 personne
C’est à chaque lecteur/trice de fixer sa limite. D’un côté, tu souris pour les scènes de sexe, mais de l’autre, tu frémis quand tu repenses à l’âge des filles et à leur comportement. C’est érotico-dérangeant !
J’aimeJ’aime
On frôle la ligne rouge, on marche dessus, le fait qui dérange le plus, c’est que l’on sait que les gamines ne doivent même pas avoir 16 ans…. et qu’elles sont en chaleur, qu’elles en redemandent.
J’aimeAimé par 1 personne
Ouais, c’est malsain tout ça !
J’aimeAimé par 1 personne
Malsain, oui, pourtant, j’ai aimé ma lecture, le malsain était bien inséré… heu, oups !
J’aimeAimé par 1 personne
Oui, oui, j’ai vu… enfin, on s’comprend !
J’aimeAimé par 1 personne
Oui, je comprends aussi 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
😄
J’aimeAimé par 1 personne
Ouep….je passe mon tour…trop scabreux pour moi lala….;)
J’aimeAimé par 1 personne
C’est scabreux, mais c’est écrit d’une telle manière que « ça passe », si je puis m’exprimer de la sorte. C’est un roman spécial et dérageant, sans aucun doute !
J’aimeJ’aime
Oui mais non….L’erotisme ne me derange pas….je viens de finir un livre de Hanif Kureishi, s’en est toujours rempli….mais lala nop…..rien qu’a lire ta critique, cela me met mal a l’aise….;)
J’aimeAimé par 1 personne
J’ai été mal à l’aise aussi, mais j’ai continué et tant mieux 🙂
J’aimeJ’aime
Je reviens à la charge ! 😁
Le titre original « las piadosas » ça veut dire « les pieuses »… 🤔
Voilà qui m’intrigue! Elles n’ont pas franchement l’air si religieuses que ça ces dames! Même Mary Shelley était une femme plutôt libre pour les critères de l’époque (barrée avec un homme encore marié à 19 ans!) en bonne fille de féministe!
Et les autres femmes dont tu parles dans le casting n’ont rien de grenouilles de bénitiers!
Bref… le titre original lui-même devient mystérieux je trouve… voir difficile à comprendre… 🤔
J’aimeJ’aime
Hummm… Je connaissais l’anecdote concernant la création de Frankenstein par Shelley… mais j’ignorais les dessous un peu scabreux de l’histoire! 😁
Anybref c’est la période que j’aime bien (le 19e)… une maison étrange… un huis clos… du fantastique… des passages épistolaires… Et pis y a du sexe pervers!!! Je crois que je vais encore aller braquer la libraire (même si j’ai déjà tout bouffé le tiramisu et le fraisier de ce weekend!) 😁 Je lui offrirai une tasse de thé pour me faire pardonner! 😂 Mais sans mes scones! Personne ne peut me pardonner mes scones (sauf ton dentiste!) 😂🤣😂
J’aimeAimé par 1 personne
pauvre libraire, braquée et gavée régulièrement ! mdr
Je vais changer de métier, moi, et me faire libraire en France 🙂
J’aimeJ’aime
Fais gaffe alors si on t’offre des scones… 😆
J’aimeAimé par 1 personne
Je suis incorruptible au scones ! mdr
J’aimeJ’aime