Scarface : Armitage Trail

Titre : Scarface                                                              big_4

Auteur : Armitage Trail
Édition : Rivages Noir

Résumé :
Après l’avoir perfectionné dans toutes les branches du bel art du meurtre, le gouvernement relâchait Tony Guarino avec sa bénédiction, sous la forme d’un diplôme de bon soldat.

Tony rentrait avec un nouveau visage et un tas d’idées qui s’exerceraient inévitablement lors de leur mise en pratique, au détriment de la communauté.

Cette atroce nuit de bataille dans les bois qui lui avait rapporté ses médailles lui avait laissé aussi une longue cicatrice livide sur le côté gauche du visage. Les muscles et nerfs qui entouraient sa bouche avaient dû être impliqués dans l’affaire et, à présent, le coin gauche de ses lèvres tirait en permanence vers le bas.

Quand il souriait, ce coin-là refusait de sourire et conférait à son visage un aspect étonnamment sinistre. Désormais on le surnommerait Scarface.

Petit Plus : Écrit à la fin des années vingt, resté inédit en France, Scarface est un grand roman noir précurseur de l’âge d’or du genre. Il a servi de base au Scarface de Howard Hawks (avec Paul Muni et George Raft), le chef-d’œuvre incontestable du film de gangsters

Critique : 
Scarface, c’est un peu comme Sherlock Holmes : un personnage littéraire bien que de nombreuses personnes soient persuadées qu’ils ont réellement existé.

Autre point commun des deux personnages, ils furent tout les deux basés sur des personnes existantes.

Le professeur Joseph Bell pour Holmes, Al Capone pour Scarface. Et il fallait avoir des couilles pour publier un roman tel que Scarface alors que Capone était toujours de ce monde.

Pour l’écrire, l’auteur avait de la matière puisqu’il vivait à Chicago et fréquentait les gangs siciliens locaux. C’est dire si ce roman est quasi un témoignage.

Nous sommes en 1917. Tony Guarino est un jeune homme beau, ambitieux et charismatique. Ses parents, d’origine italienne, possèdent une épicerie et son frère aîné fait partie de la maison poulaga.

Mais  Tony sera gangster, lui. Attention, pas le gangster qui braque le petit commerçant, non, Tony voit plus loin, lui !

D’ailleurs, il commencera gros en descendant Al Spingola, le caïd du quartier, pour lui chiper sa meuf, Vyvyan Lovejoy. Ce meurtre lui permettra de faire ses premières armes dans la bande de l’irlandais O’Hara (pas un O’Hara de Lucky Luke).

Une énorme bévue due à sa jalousie lui vaudra de prendre la fuite pour l’Europe – qui se débattait dans un conflit sanglant – pour se faire oublier dans l’armée.

Une armistice et une balafre plus tard, le voilà de retour avec une nouvelle identité et des idées mauvaises plein la tête. Et deux cadavres de plus.

Ce roman fait partie de ce que l’on nomme le « hardboiled » (dur-à-cuire).

Une véritable immersion dans le milieu des gangsters qui rackettent les commerçants et vendent de l’alcool, au temps béni de la prohibition. Le tout sous l’œil bienveillant de la police, copieusement arrosée par les dirigeants des gangs, afin de fermer les yeux. Les District Attorney et les juges aussi.

C’est aussi le bon temps où on emmène de temps un membre d’un autre gang « en ballade »… cela se termine raide mort dans un talus, après torture. On verra aussi l’arrivée des mitraillettes qui ont le mérite de dézinguer plusieurs gangsters à la fois.

Tony est un sale gamin. Niveau marketing et business, il est champion. Sous son ère, sa petite entreprise ne connait pas la crise. Son rêve étant d’ailleurs le seul calife de la ville. Mais niveau caractère, il fait froid dans le dos.

Monsieur a des grandes idées, des grands moyens, n’hésite pas à abattre froidement la concurrence ou celui qui veut le trahir et en plus, il est d’une jalousie crasse. Alors qu’il était encore avec Vyvyan, il ne se privait pas de lorgner sur une autre belle nana, faisant ses commentaires flatteurs à voix haute, mais lorsqu’un homme, éméché, demanda une danse à Vyvyan, il lui cassa la gueule !

Malgré le fait qu’il est avec sa nouvelle copine – qu’il a absolument voulu au temps où il était avec Vyvyan – il zieute encore parfois les autres.

Et ce qui fait tomber les hommes, ce sont les femmes. Les femmes qui s’estiment bafouées ou trompées (à tort ou à raison, le doute étant un poison sournois qui tue autant que les certitudes) sont celles qui sont capables du pire afin de se venger.

Haaa, Tony, on te l’aurait bien dit qu’une femme qui s’estime trompée est plus dangereuse qu’un gang armé jusqu’au dents et que le poignard sera planté dans le dos…

L’argent, le pouvoir, la cupidité, la jalousie, l’envie de pouvoir, l’envie d’argent… cocktail détonnant dans ce milieu.

Un grand roman noir de gangsters au bon vieux temps de la prohibition et qui vous démontrera comment les bandits avaient gangréné tout le système judiciaire, des policiers jusqu’au plus haut poste de la justice.

PS : Le Scarface de Brian de Palma est un remake du film éponyme de 1932, qui relate l’histoire d’un immigré bâtissant à Chicago un empire sur le trafic d’alcool pendant la Prohibition. L’histoire est réactualisée en changeant l’origine du héros et les trafics auxquels il est lié.

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8 réflexions au sujet de « Scarface : Armitage Trail »

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  3. Jamais entendu parlé de lui 😉
    Bon sérieusement, dans ma lointaine jeunesse j’ai regardé pas mal de fois le film de De Palma (je regardais pas mal de fois tous les films de De Palma)
    Le livre est-il très différent du film ?

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    • Je n’ai jamais vu le film, mais à la fin de ma chronique, je parlais du film avec De Palma et je disais ceci : « PS : Le Scarface de Brian de Palma est un remake du film éponyme de 1932, qui relate l’histoire d’un immigré bâtissant à Chicago un empire sur le trafic d’alcool pendant la Prohibition. L’histoire est réactualisée en changeant l’origine du héros et les trafics auxquels il est lié. »

      Donc, le livre fut adapté en 1932 et De Palma a réadapté le film de 32, il a changé les noms, l’origine du héros et tous les trafics… d’alcool on passe à la drogue

      Héhéhé, il a pas tout lu ! 😉

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        • Bon, c’est bon pour une fois, je passe l’éponge et je rappelle mes sbires et mes sicaires.

          Des tas de choses furent changées, notamment la scène de la tronçonneuse qui n’est pas dans le livre. Le livre possède de la violence, mais elle est soft, cachée, laissée à ton imagination.

          Et la cicatrice de Pacino est toute petite…

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