L’Institut : Stephen King

Titre : L’Institut

Auteur : Stephen King
Édition : Albin Michel (29/01/2020)
Édition Originale : The Institute (2019)
Traduction : Jean Esch

Résumé :
Au milieu de la nuit, dans une maison d’une rue calme de la banlieue de Minneapolis, des intrus assassinent en silence les parents de Luke Ellis et l’embarquent dans un SUV noir. L’opération prend moins de deux minutes.

Luke se réveillera à l’Institut, dans une chambre qui ressemble à se méprendre à la sienne, sauf qu’il n’y a pas de fenêtres. Et derrière sa porte se trouvent d’autres portes, derrière lesquelles se trouvent d’autres enfants aux talents spéciaux – télékinésie et télépathie – qui sont arrivés ici de la même manière que Luke : Kalisha, Nick, George, Iris et Avery Dixon âgé de 10 ans.

Ils sont tous dans la Moitié Avant. Luke apprend que d’autres sont passés à la Moitié Arrière, « comme les motels crasseux », déclare Kalisha. « On y entre, mais on n’en ressort pas. »

Dans la plus sinistre des institutions, la directrice Mme Sigsby et son personnel s’efforcent sans merci à extraire de ces enfants la force de leurs extraordinaires dons. Il n’y a pas de scrupules ici. Si vous faites ce qu’on vous dit vous recevez des jetons pour les distributeurs automatiques.

Si vous ne le faites pas, la punition est brutale. À chaque nouvelle victime qui disparaît dans la Moitié Arrière, Luke devient de plus en plus désespéré à l’idée de sortir et de chercher de l’aide. Mais personne ne s’est jamais échappé de l’Institut.

Critique :
Stephen King aurait donc cuisiné deux de ses romans : ÇA (pour la bande de gamins) et Charlie (pour les pouvoirs que le Gouvernement veut s’approprier)…

Moi je demandais à voir, à tester, à découvrir. 600 pages de Stephen King, en ce moment, ça tombait on ne peut plus bien.

Le départ m’a étonné car on commence avec l’histoire de Tim auquel un brillant avenir de veilleur de nuit s’offre à lui, dans une petite ville perdue dans le trou du cul du Sud Profond…

Ben et les gosses alors ? Bon, intriguée, je continue, c’est le King, il pourrait encore me parler de l’annuaire téléphonique que je suivrais pour voir.

C’est chouette, c’est amusant, plaisant et puis on arrive à l’histoire de notre Luke, tout va bien, la vie est belle et puis pan dans ta gueule. Tu batifolais dans l’histoire du roman avec le sourire aux lèvres ? Maintenant, on ne rigole plus et tu as l’impression d’arriver dans les heures vachement sombres de l’Histoire.

Un Institut où l’on retient des enfants prisonniers, des enfants possédant des dons de télépathe et/ou de télékinésie, où l’on joue avec le bâton (électrique) ou la carotte pour récompenser (jetons pour des friandises), des enfants pucés, comme de vulgaire animaux domestiques, traités comme des cobayes, des possessions et non des humains…

Purée, bientôt un petit plaisantin va rajouter que le travail rend libre ! Niveau plombage d’ambiance, le King est champion car il te fait passer du joyeux au glauque, sans pour autant sortir des monstres de sous les lits car les monstres sont des humains qui sont persuadés qu’ils œuvrent pour sauver l’Amérique et le Monde. Un air déjà entendu…

Il y a un attachement direct avec les personnages, du moins, avec ceux qui sont du bon côté, il est peu probable que l’on ait des affinités avec madame Sigsby, Zeke, Stackhouse, ceux qui sont du côté des tortionnaires.

Malgré tout, je tiens tout de même à signaler que le King, s’il nous a donné des enfants attachants (surtout l’Avorton) a réussi à nous faire des méchants qui sortent de l’ordinaire, dont certains pourraient même nous faire douter… Non, je ne douterai pas !

À un moment, je me demandais où se trouvait l’amitié comme on retrouvait dans ÇA, où cette bande de gosses avaient réussi à m’émouvoir, car ici, je le ressentais moins. Il y avait un embryon d’amitié, on la voyait, mais pas au même point que notre bande face au clown diabolique.

Puis, à un moment donné, j’ai ressenti cette amitié, ce côté l’union fait la force, que le King a piqué sur notre devise nationale, même si nous devrions un peu plus l’appliquer car seul, on ne vainc pas. Unis oui.

Malgré tout, il aura manqué un chouia pour que cette bande de jeunes soient du niveau de celle de ÇA, mais les histoires sont différentes, même si nous sommes dans la lutte, avec des ennemis qui ne jouent pas dans la même cour de récréation…

Le clown était terriblement démoniaque, mais il est de l’ordre du fantastique tandis qu’ici, les scientifiques sans consciences et les tortionnaires sanguinaires sont le reflet de ce qui a existé, de ce qui existe encore et de ce qui existera toujours. Niveau froideur dans le dos, c’est un bloc de glace.

Anybref, le dernier livre que le King nous livre est une fois de plus au top, même s’il ne lui a manqué que peu de choses pour arriver au niveau de certains, peut-être aurait-il dû développer un peu plus cette histoire d’amitié entre les jeunes…

Même si je conçois qu’une histoire d’amitié dans un centre d’expérimentation est plus difficile à développer qu’avec des écoliers en vacances… Je pinaille, normal, c’est le King, j’ai été habituée à l’excellence.

Un roman fantastique qui sent mauvais les expérimentations de certaines nations, toutes autant qu’elles le sont (les nazis n’ont pas le monopole), qui sent la déshumanisation, mais aussi l’amitié, l’union qui fait toujours la force car seul, on n’est rien.

Un roman qui frappe les États-Unis, même si le King a déjà frappé plus fort. Un roman qui explore aussi le Sud et les liens qu’il y a entre les gens. Un roman qui nous parle de la science sans conscience, ce qui donne la ruine de l’âme car ces gens sont persuadés de faire le bien.

Un roman qui fait froid dans le dos. Mais aussi chaud au coeur. I love the King !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (juillet 2019 – juillet 2020) – N°205 et le Challenge Pavévasion – Saison 1 (17 mars – 15 avril ?) chez Mez Brizées [Lecture N°01 – 601 pages].

43 réflexions au sujet de « L’Institut : Stephen King »

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    • Aucun ne sera au niveau de ÇA ! Maintenant que c’est dit, oui, les terreurs enfantines étaient présentes, mais pas face à des monstres dans les placards mais des être humains sans coeur, sans conscience… encore pire !

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  3. Tu t’es un peu forcée à être sympa, non ? 😉
    Mon ressenti est proche du tien, même si j’aurais tendance à dire que je suis un tout petit déçu de ce livre. Je l’ai trouvé trèèèèèèèèèèèèèès long, en fait… Et il manque effectivement au King d’aujourd’hui cette pincée de magie, ce petit côté surnaturel dans son écriture qui sublimait ses meilleurs romans dans les années 80-90 (et encore il y a peu, dans « 22/11/63 »), en les faisant rayonner d’humanité même dans les pires ténèbres.
    En revanche, la fin est réussie, plus à la hauteur de ce que j’attends chez lui – c’est là, d’ailleurs, qu’on ressent le mieux l’amitié qui lie les jeunes héros, leur force d’enfance.
    Bref, mitigé je suis, mais King je relirai – d’ailleurs, j’ai « L’Outsider » dans qui attend son tour dans ma bibliothèque… On ne se refait pas 🙂

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    • Non, je ne me force pas à être sympa avec lui, il n’en a pas besoin ! Mais j’ai eu un soupçon de mitigeur aussi ! De mitigeation ? Bref, un soupçon de « il manque un truc » et voilà, tu as dit le mot « magie ». Il manquait un chouia de ce que je retrouve habituellement chez lui. Mais dans le fond, j’ai aimé.

      L’outsider est dans ma PAL aussi et j’ai trouvé qu’il manquait des trucs dans « 22/11/63 ». On se rejoint, là 😆

      Il avait des terribles romans dans les années 80/90 !!!

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  4. Il faudra que je le lise quand les librairies rouvriront et qu’on pourra reboire des mojitos en terrasse ! 🙄

    Sinon en lisant ta critique et l’analogie avec certains camps, je dirais qu’en fait une amitié aussi forte que dans Ça n’aurait pas été crédible car confronté à ce genre d´expériences, si on écoute les témoignages des déportés, la barbarie et l’arbitraire des bourreaux et aussi les disparitions de ceux qu’on appréciait du jour au lendemain tendent à diviser les gens, à éviter de trop s’attacher voire à conserver une forme d’individualisme même si ça n’empêchait pas la camaraderie. Les anciens déportés ne l’évoquent qu’à mi-mot car c’est aussi un traumatisme pour eux : la barbarie des nazis les a aussi renvoyés (dans une moindre mesure) à leur propre barbarie potentielle pour survivre, générant beaucoup de culpabilité (ce qui n’étouffait pas les nazis pour le coup). On ne deshumanise pas les gens sans que cela ait un effet déshumanisant… et ça fait aussi partie du traumatisme subi par les déportés. Tous n’en parlent pas mais certains l’évoquaient sans s’appesantir.

    Aussi dans le contexte que décrit King ici… je ne suis pas étonné que le groupe des enfants ne fasse pas corps.

    Mais comme tu dis… King recopierait le bottin qu’on trouverai ça bien!😁

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    • Je peux te faire un mojito framboise, il me reste du sorbet au congélo (il date des fêtes de fin d’année).

      Oui, ce genre d’horreur tend à faire de nous des individualistes, même un simple covid19 fait de certains des boxeurs de chiottes (PQ). Je sais qu’ils en parlent à demi-mot, qu’ils ont honte, en plus de la honte du « pourquoi moi aie-je survécu ? ». L’Humain a l’art de pousser ses contemporains dans l’inhumanité. Ça me désole et me chagrine (le mal qu’on peut faire à d’autres et là, je ne juge pas les emprisonnés dans des camps).

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      • Bien entendu qu’il n’est pas question de juger les survivants qui ont survécu comme ils ont pu face à la barbarie.

        Les histoires actuelles de pq me sidèrent car tu vois fleurir des videos ou les gens font sauter des murs de rangées de pq à leurs chats ou organisent des sortes de parcours de dominos mais avec des rouleaux de pq! Tu comprends alors à quoi servent les stocks!!!

        Et comme je dis toujours! Quand on bouffe autant de riz (ça s’écrit pénuriz aujourd’hui) on a plus besoin d’aller s’essuyer les fesses!!!

        Ok pour l’apéro virtuel! Il ne nous reste plus que ça à nous pôvres confinées!!! 😬

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        • Oui, j’ai vu ça aussi et j’ai dit à mon mari que vu le mur de PQ pour le chien ou le chat, ça voulait dire que le gars avait acheté des paquets et des paquets de PQ !!!

          Non, je me garderai bien de juger ceux qui ont survécu, je ne sais pas jusqu’où je serais capable d’aller pour survivre. Je ne veux pas le savoir parce que j’ai peur d’être capable d’aller très loin…

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    • J’avais lu « docteur Sleep » de suite à sa sortie, je venais de finir il y a peu « Shining » (enfin lu !) et je n’ai pas dû attendre 36 ans entre les deux 😀

      Le King, ça reste une valeur sûre 🙂

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