Titre : Le photographe de Mauthausen
Scénariste : Salva Rubio
Dessinateur : Pedro J. Colombo
Édition : Le Lombard (29/09/2017)
Résumé :
Et si le vol du siècle avait eu lieu… dans un camp de concentration nazi ?
En 1941, Francisco Boix, matricule 5185 du camp de concentration de Mauthausen, échafaude avec ses camarades un plan pour voler des photographies témoignant des crimes commis dans le camp et incriminant les plus hauts dignitaires nazis.
Ce plan risqué n’est que le début de son périple pour révéler la vérité… Une histoire vraie, basée sur des faits réels.
Critique :
Voilà un sujet dont on nous parle peu : les espagnols dans les camps de concentration, notamment dans celui de Mauthausen qui était un camp de catégorie III (Aushwitz était de catégorie I), ce qui veut dire qu’on y envoyait les irrécupérables, ceux qu’il fallait tuer par le travail.
Les prisonniers devaient monter 186 marches avec une pierre de 8 kilos sur le dos, extraite de la carrière.
À Mauthausen, on vous disait que vous étiez entré par une porte mais que vous sortiriez par la cheminée et les nazis se ventaient d’avoir 40 manières différentes de vous assassiner (*). Personne ne devait en sortir vivant.
Les Espagnols fuyant la guerre civile ont trouvé refuge en France, qui les parqua dans ces camps de concentration eux aussi (près de 15.000 morts), comme quoi, les idées barbares d’exportent bien, même au pays des droits de l’Homme.
Puis, les Espagnols se retrouveront aux mains des soldats de la Wehrmacht avant de passer dans celles des SS où ils furent déportés à Mauthausen. Francisco Boix, jeune communiste, fait partie des déportés.
Inspirée d’une histoire vraie, cette bédé raconte la vie de Francisco dans le camp, ainsi que son envie de faire sortir les clichés pris par un haut dignitaire nazi, Paul Ricken (un ancien prof). Ce dernier aimait photographier les morts, les mettant en scène pour en faire de l’art. Mais voler les négatifs, les reproduire, les cacher et les faire sortir ensuite du camp ne sera pas facile.
Francisco voulait dénoncer les atrocités qui eurent lieu dans ce camp, apporter des preuves, montrer à la gueule du monde, notamment au procès de Nuremberg, ce que ces salopards de nazis avaient fait subir à d’autres humains. Hélas, ceux qui ne l’ont pas vécu ne peuvent pas le comprendre…
C’est horriblement réaliste, le dessinateur ayant repris, tels quels, les véritables clichés pris par Paul Ricken, et sorti du camp ensuite. Bien que le scénariste ait romancé quelques faits, le reste est Historique et terriblement dramatique, horrible et inhumain.
Et encore, les auteurs auraient pu aller plus loin dans l’horreur, mais ils n’ont pas choisi cette voie-là. Ce qu’ils nous montrent suffit à nous faire comprendre les conditions effroyables d’une déportation à Mauthausen d’où l’on ne devait pas en sortir autrement qu’en cadavre.
À la fin, il y a un cahier historique, fort complet, qui expliquera plus en détail la destinée des espagnols dans les camps, ainsi que leur difficile retour à la vie civile puisqu’on les considérait comme apatride. Ils ne peuvent rentrer en Espagne, leur cher Parti Communiste les considère comme des traites car ils ont survécu (elle est forte, celle-là).
Une bédé à lire, pour en apprendre plus sur des sujets dont on parle peu : les Espagnols qui se sont battus contre le fascisme dans leur pays et dans le reste de l’Europe, leur emprisonnement dans des camps en France, leur déportation dans les camps ensuite et leur difficile retour à la vie ensuite.
Une bédé qui est faite avec beaucoup d’humanisme, malgré l’horrible sujet qu’elle traite et qu’il faut lire.
(*) Wikiki me signale que « Après la guerre, l’un des survivants, Antoni Gościński rapporta 62 méthodes d’exécution des prisonniers ». Encore pire que je ne le pensais.
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Ce doit être une bande dessinée très intéressante, mais ce n’est pas pour moi. Aux Andelys sont indiqués très clairement où et quand sont morts les déportés andelysiens (l’un d’entre eux, résistant, est mort à Mauhausen).
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Oui, elle est très bien faite, tout en délicatesse, sans exagérer dans le pathos ou le gore.
Dommage que l’on parle peu des Espagnols dans les camps…
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Ooohhh toute une BD dans l’horreur….oui vraiment cela ne sait pas beaucoup……
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Je suis contente de l’avoir découverte !
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effectivement, un sujet assez rarement traité, et en BD, ça doit le faire !
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La bédé est très bien faite, bien documentée, historiquement correcte, c’est agréable d’apprendre des choses, même si elles ne sont pas « jolies »…
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Je me suis notée cette BD.
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Je l’avais croisée dans les dealers de livres…
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J’vais voir chez mon épicier !
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Oui, on ne sait jamais qu’il n’aurait pas tout vendu 😉
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Sait-on jamais… 😄
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