Cabossé : Benoît Philippon

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Titre : Cabossé

Auteur : Benoît Philippon
Édition : Gallimard (2016)

Résumé :
Quand Roy est né, il s’appelait Raymond. C’était à Clermont. Il y a quarante-deux ans. Il avait une sale tronche. Bâti comme un Minotaure, il s’est taillé son chemin dans sa chienne de vie à coups de poing : une vie de boxeur ratée et d’homme de main à peine plus glorieuse. Jusqu’au jour où il rencontre Guillemette, une luciole fêlée qui succombe à son charme, malgré son visage de « tomate écrasée »…

Et jusqu’au soir où il croise Xavier, l’ex jaloux et arrogant de la belle – lequel ne s’en relèvera pas… Roy et Guillemette prennent alors la fuite sur une route sans but.

Une cavale jalonnée de révélations noires, de souvenirs amers, d’obstacles sanglants et de rencontres lumineuses.

vieux-ringCritique :
À ma gauche, un mètre quatre-vingt-quinze de bêtise crasse pour cent dix kilos de vie de merde, triple champion du monde de la lose intégrale, j’ai nommé Roy le Cabossé !

À ma droite, un mètre vingt-deux de vide sous cellophane, trente-trois kilos de viande molle, j’ai nommé Guillemette la Trépassée !

Toujours aussi sympa dans ses présentations, le Martino !

À quoi pourrait-on comparer ce roman noir lumineux ? À l’histoire de la Belle et de la Bête ! Sauf qu’ici, les deux personnages – Roy et Guillemette – se sont rencontrés via un site de rencontre, qu’ils couchent ensemble le premier soir, que leur première nuit est ponctuée d’orgasmes multiples et qu’ensuite, au lieu d’une histoire d’amour banale, ils seront en cavale. Mais toujours avec du sexe ! Bref, pas un Disney !

La petite, c’est une sirène qui lévite autour d’une baleine. Un coup de queue mal géré et la sirène finit en tartare de thon. Enfin un coup de queue, façon de métaphorer.

La Belle, c’est Guillemette, c’est une luciole, une petite femme fragile, que la vie n’a pas épargnée non plus. La Bête, le Minotaure, c’est Roy, encore plus cabossé par la vie, à croire que le Bon Dieu l’a oublié quand il distribuait les jolies tronches de bébé à la naissance.

Et ceux qui lui parlent de sa personnalité pas bien façonnée, il leur explique son parcours d’évolution psychologique à coups de poings dans la gueule et, en général, l’explication fait son chemin. Souvent vers l’hôpital. Mais au moins, ils vont quelque part.

Eux deux, c’est la môme Piaf et son boxeur Marcel Cerdan, sauf que notre ancien boxeur à nous, il fait presque 2 mètres et qu’il est bâti comme une armoire à glace normande, avec le caractère bouillant d’un volcan en éruption.

Roy a tout de suite apprécié la capitale. C’était moche, c’était sale, ça puait la tromperie, le vice et la mort. Il s’y est senti comme sur un ring. Un ring sans règles, avec un adversaire teigneux et sanguinaire. Roy avait dix-neuf ans, il venait de quitter son bled après avoir vécu un drame qui l’avait terrassé et il avait pas pu soulager sa colère. Une cocotte-minute verrouillée, sous pression, qui siffle et qui va finir par exploser. Une bombe à retardement dans les rues de Paris.

Beaucoup d’émotions dans ce livre ! C’est brut de décoffrage, l’auteur a un style qui n’appartiendra qu’à lui, mais dont il a dû emprunter à d’autres, ceux qui écrivent en maniant l’art de la métaphore à la truelle.

Ne cherchez pas de grandes envolées lyriques, vous n’en trouverez point. Ici, on aurait plus un côté Tontons Flingueurs dans les pensées des personnages ou dans les images utilisées par l’auteur pour nous décrire une situation ou une personne. La violence en plus parce qu’ici, messieurs, dames, on ne fait pas de la dentelle non plus.

Sans avoir fait sept ans d’études d’anatomie, Roy peut déjà annoncer que Martinot vient de perdre trois côtes et de se déplacer deux vertèbres. Voilà pour le hors-d’œuvre. Le reste du menu arrive, le chef vous a préparé une surprise à sa façon. Il espère qu’elle sera à votre goût.

Certes, on me dira que dans les réparties, ce n’est pas la Comédie Française ! Je le sais, l’auteur l’avoue lui-même dans son roman.

C’est pas non plus la Comédie-Française, Roy et Martinot, mais vu le contexte, leur cerveau en ébullition leur donne de la verve.
— J’ai pas besoin de ma queue pour lui déchirer le cul à ta pétasse. Un bon fer à souder fera très bien l’affaire.
Pas la Comédie-Française, donc.

Sûr que quand un type te dit qu’il peut déchirer le cul de ta femme avec un fer à souder, tu sens bien que pour la politesse, tu repasseras ! Chez les Bisounours, ça détonnerait, ça te scandaliserait la mère ménagère de moins de 30 ans, mais ici, nous sommes avec des truands et il ne sortira pas des papillons arc-en-ciel de leur flingues !

Ici, les répliques, c’est pas du flamby, c’est même pas du Nain Agité, c’est des répliques au cordeau, à la Vlad P., en moins diplomate et en plus pire, c’est te dire que certains ont des flingues de concours et la puissance de feu d’un croiseur.

Mais c’est aussi une histoire d’amour improbable, des rencontres que tu ne ferais pas en une vie, des personnages tellement atypiques et des situations folles que certains pourraient dire que c’est exagéré. Mais non, ça ne l’est pas dans ce roman noir !

Et dans toute cette noirceur, il y a aussi du magique avec Lou, Bobby le prof de boxe homo, Mademoiselle Solange de la biblio, Rita la pute qui faisait dans l’humanitaire du cul, René le niaouké tout ridé, Iris l’aveugle, Berthe dite mamie Luger, sa luciole Guillemette et la petite Lili.

Des rencontres belles, des histoires qui nous font fondre, puis qui étreignent notre petit cœur. Des rencontres qui ont façonnées notre Minotaure Roy tel qu’il est. Des gens qui lui ont tendu la main, faisant fi de sa trogne de tomate écrasée.

Un personnage central de Roy que l’on devrait craindre, que l’on devrait ne pas aimer, un anti-héros total, mais un homme que l’on apprécie au fur et à mesure et que l’on suivrait jusqu’au bout du monde, parce que sous l’armure, bat aussi un cœur, cabossé lui aussi, mais un cœur.

Pour mon dernier livre de l’année 2016, je termine donc sur un méga coup de cœur. Embêtant car j’avais déjà établit ma liste des coups de cœur et là, j’en ai 16 au lieu de 15.

Oui, ce livre fera partie intégrante de mes jouissances littéraires de l’année 2016 ! Je fini l’année en beauté, en orgasme livresque, mais je ne saurais pas vous dire qui m’a fait le plus de bien cette année, qui le faisait le mieux ou qui avait le plus beau roman. Ils et elles l’ont tous et toutes fait à leur manière bien différente.

— Je te mens pas. J’ai encore des restes de spasmes qui me viennent du vagin et qui me secouent jusqu’au cortex reptilien.

Toujours le même instinct compulsif masculin qui fait tourner le monde : qui c’est qu’a la plus grosse ?

Chacun de mes coups de cœur était beau à sa manière. « Cabossé » est beau aussi, mais à sa manière, et c’était pas de la poésie ! Bien que, à certains moments on pourrait dire qu’on a poétisé d’une autre manière…

— Je vais pas juste te dépuceler, mon beau. Cracher ton jus, c’est pas le plus compliqué, tu m’as pas attendue pour ça. D’ailleurs vu que c’est ta première fois, j’imagine même que c’est déjà fait.

Pour une raison physique inexplicable, Roy arrivait plus à respirer alors que c’est sa queue que la main de Rita garrottait et faisait gonfler à l’en éclater. Le choc, sans doute.

En définitive, malgré les apparences pour le moins trompeuses, cette camionnette rouillée était un temple de l’amour. Sa prêtresse y pratiquait l’élévation de l’esprit et de la queue, afin que ses puceaux excellent dans l’art du cul bien fait. On a la science qu’on peut.

Étoile 4

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2016-2017).

BILAN - Coup de coeur

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30 réflexions au sujet de « Cabossé : Benoît Philippon »

  1. Ping : Bilan pour le challenge polar et thriller 2016-2017 | deslivresetsharon

  2. Ping : Bilan du challenge Polar et Thriller | deslivresetsharon

    • Oui, très touchant, j’ai fait ma propre fin, ils courent toujours ! 😀

      C’est les soldes mon bon monsieur, tout doit partir, on casse les prix et on offre des suppléments gratuits, gratuits ! 😆

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  3. Ouais… en effet c’est pas du Disney! En même temps chez Disney ils enjolivent tout!!! Dans Cendrillon, on s’ampute les panards pour chausser la pantoufle de vair! Dans la belle au bois dormant… la belle mère veut bouffer les enfants d’Aurore à la sauce Robert! Le petite Sirène ? Et ben n’est elle pas censée mourir à la fin? Dans le malheur et le désespoir ? Ils seraient foutus d’empêcher la sorcière de finir en Méchoui dans Hansel et Gretel (le passage du compte que Toquéfada préfère tu t’en doutes!!!) pour que ça reste politiquement correct!!!

    Chuis sûre avec Disney, ton Minotaure devient milieu tout plein et est fait chevalier par le père de la Princesse Guillemette, Roi du pétrole qui vient de se rendre compte qu’il avait oublié de la reconnaître mais qu’il n’a pas d’autre héritière !

    Cependant, c’est bien glauque ton histoire… 😕

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    • Glauque mais lumineux ! Un personnage qu’on ne devrait pas aimer, mais pour qui on éprouve une tendresse particulière, un écorché par la vie, un écorché par tout, mais un homme qui sait aimer.

      Les contes sont cruels, à connotation sexuelle et sont là pour donner des leçons aux morpions qui n’écoutent pas leurs parents. Et Blanche-Neige, c’était pas de la rigolade, le conte !!

      Certes, pour ne pas traumatiser les gosses, dont leurs parents l’ont été par la mort de la maman de Bamby et par la mort de Mufasa, faut plus les faire chuiner, les moutards, sont fragiles, faut les chouchouter et leur donner envie de venir dans le parc ouske la nuit coûte 600 boules dans le parc !

      La petite sirène, elle a pas fini en sardine, bouffée par cet enculé de mec qui a planté Pocahontas sur la rive ??

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      • Nan! Elle a été transformée en écume!

        En France notre gouvernement socialiste démago sur les questions sociales à fait une grande avancée en catimini pendant que tout le monde préparait le réveillon de Noël ! Ils ont fait voter une loi interdisant la fessée et la gifle sur les pov’ n’enfants le 22 décembre… loi rentrée en vigueur au 1er janvier.

        On raconte qu’une revue « scientifique » (des scientifiques affirment que 90% des études actuellement publiées sont bidons!) affirmerait que ce serait la cause de 12% des psychoses et autres horreurs etc… des assertions impossibles à prouver car dans la réalité ce n’est pas la maltraitance qui détermine les pathologies mentales mais tout un tas de facteurs multiples… la maltraitance n’étant qu’un des facteurs possibles et pas suffisant ni nécessaire… j’te jure! On se croirait revenus à la grande époque soviétique où le prétexte scientifique était instrumentalisé pour cautionner des décisions politiques! Une catastrophe!

        Mais comme d’habitude, on interdit… mais sans prévoir de sanction! C’est tout les socialos ça… on interdit… pour le principe… mais sans interdire vraiment… c’est comme la gpa interdite en France qu’on régularise quand le bébé arrive en France (bref servir de mère porteuse est une négation de la reconnaissance de la dignité de la femme FRANÇAISE, mais pour les autres, on s’en tape!)… ou comme les secours financiers donnés par les services sociaux français pour aller avorter à l’étranger en dehors des délais fixés par la France… ou comment vider la loi de son sens en la posant de sorte â ce qu’elle puisse être systématiquement contourner!

        La question pour moi ce n’est pas tant de savoir s’il faut interdire la gpa ou l’avortement après 14 semaines… c’est juste que si c’est interdit dans nos frontières l’état ne doit pas se faire complice du fait de le faire ailleurs! Ou alors il légalise chez lui! Parce que cette attitude elle profite aux plus riches et renvoie que la loi est incohérente et sans consistance!

        Cela étant maintenant… les enfants peuvent commander maintenant! Ils ont enfin tous les droits et les parents n’en ont plus qu’un seul: payer et fermer leur gueule!

        Bienvenue dans le monde merveilleux de Walt Disney!

        « Tu me traites de « sale pute » parce que je te confisque ton téléphone ma puce? Mais oui! Tu as raison! Tu aurais tort de ne pas le faire puisque je ne peux pas te filer une paire de claque et te priver d’autre chose maintenant que tu es punie de tout! »

        « Non mon chéri! Veux tu arrêter d’étrangler ta petite sœur qui t’a piqué tes legos! S’il te plaît! Si maman te laisse faire elle va aller en prison… et si elle te fait mal en te forçant à lâcher ta sœur elle ira en prison quand même! »

        Putain! Comment on va s’en sortir maintenant????? 😫😫😫

        PS: je sais pas si tu regardes souvent tes mails mais je t’en ai envoyé un super important hier soir… ne traînes pas… tu comprendras pourquoi!

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        • Tout par en couilles, on est les dindons de la farce, ensuite, quand il y aura des soucis, ils diront que c’est de la faute des parents et démerde-toi avec.

          J’ai trouvé aussi exagéré le coup de la fessée interdite, parce que ce sont les coups qu’ils faut interdire, pas la (les) fessées, qui n’ont jamais traumatisé personne. Mais pas de panique, l’interdiction de la fessée va redresser les chiffres du chômage et résoudre tous les problèmes de la France. Mais on est trop bêtes pour le savoir.

          oui, tu sais que j’ai lu le mail !

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