Les Dossiers Cthulhu – Tome 2 – Sherlock Holmes et les monstruosités du Miskatonic : James Lovegrove [Par Dame Ida]

Titre : Les Dossiers Cthulhu – Tome 2 – Sherlock Holmes et les monstruosités du Miskatonic

Auteur : James Lovegrove
Édition : Bragelonne (20/02/2019)
Édition Originale : The Cthulhu Casebooks, book 2 : Sherlock Holmes and the Miskatonic Monstrosities (2017)
Traducteur : Arnaud Demaegd

Intro :
Le roman commence sur les chapeaux de roues s’ouvrant sur une confrontation d’Holmes et de Watson avec une créature sortie du cerveau dérangé de Lovecraft.

On apprend ainsi que nos compères n’ont cessé de lutter contre les armées des Grands Anciens depuis le précédent volume qui avait conduit les locataires du 221b Baker Street à se frotter à eux.

Watson nous explique comment bon nombre d’aventures du canon ne sont que librement inspirées d’aventures autrement plus fantastiques lors desquelles ils avaient lutté contre des créatures maléfiques auxquelles personne n’aurait cru !

Mais il faut bien vendre du papier alors il a transformé la vérité pour la rendre plus acceptable à ses lecteurs ! On pourra saluer l’effort de l’auteur à ce propos. Retrouver des affaires du canon et leur donner une fin alternative adroite souligne son talent imaginatif.

Bref, voilà qu’à peine remis de cette séquence inaugurale Holmes et Watson sont invités à se préoccuper de l’état étrange d’un pensionnaire inconnu de l’asile s’aliénés de Londres qui couvre les murs de sa chambre/cellule d’incantations étranges. Or, cet homme sans identité disparaît dans des circonstances spectaculaires.

Et qui d’autres qu’Holmes et Watson aidés par Mycroft toujours omniscient même sur ces questions, pourraient éclaircir ce mystérieux mystère ? Comme dirait l’autre… la partie reprend !

Ce que j’en ai pensé :
Ben je suis bien embarrassée ! Je deviens difficile avec le grand âge… ça doit être ça…

Le fait est que si j’avais kiffé grave la race de Mémère avec le premier volume, le second m’a paru plus déconcertant.

En effet lors du premier roman j’avais apprécié comment l’auteur avait respecté l’usage lovecraftien de ne distiller les éléments de fantastique qu’au compte gouttes et très progressivement faisant lentement monter le suspens nous séparant de la confrontations aux horreurs cthulesques.

Le monde holmesien et lovecraftien s’entre-mêlaient adroitement et avec délicatesse… comme lorsqu’on incorpore des blancs en neige dans la pâte d’un gâteau dans le Meilleur Pâtissier.

Or là on est plongé d’emblée dans l’horreur ! Pas d’entre deux… pas de doute dans un flirte délicat entre rationalité et fantastique… on est bel et bien dans un monde parallèle peuplé de créatures venues d’on ne sait trop où (enfin si on sait mais on préférerait ne pas le savoir!) et Holmes n’est plus un banal détective consultant très doué mais un maître es arcanes occultes.

Même si on retrouve assez bien le caractère de notre détective et de notre docteur préférés on ne peut pas dire qu’ils soient animés par les motivations canoniques habituelles.

Même si l’auteur explique rapidement la mutation de nos héros pendant la quinzaine d’années séparant les deux volumes le contraste est trop rude pour une amoureuse du canon. Et même si elle aime bien Lovecraft !

On commence avec un Holmes plus très canonique… puis… Une partie du livre est davantage construite comme certaines nouvelles d’exploration de Lovecraft mais avec le suspens en moins.

C’est un peu comme si l’auteur avait hésité entre écrire un pastiche holmesien et écrire un pastiche lovecraftien sans parvenir à trancher, et essayait de faire un peu des deux pour satisfaire tout le monde mais au risque de décevoir davantage tant l’affaire est abâtardie et perd de son caractère.

Malgré tout l’intrigue générale n’est pas mauvaise du tout et le rebondissement final vaut d’avoir lu le livre jusqu’au bout et donne réellement envie de lire la suite même si Holmes n’est plus vraiment canonique.

Il suffit juste d’accepter de se laisser glisser corps et âme dans le magma poisseux dégoulinant de monstres à tentacules sortis des abysses cyclopéennes de la folie lovecraftienne.

 

57 réflexions au sujet de « Les Dossiers Cthulhu – Tome 2 – Sherlock Holmes et les monstruosités du Miskatonic : James Lovegrove [Par Dame Ida] »

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  4. il va falloir que je lise un autre Lovecraft….car ma premiere intrusion dans ce monde m’avait refroidit….mais je trouve que SH est fait pour ce monde….il est bien vrai…dommage pour cette 2eme partie en deca….

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    • Hum… Pas certaine que SH soit si « lovecraftien que ça car même si quelques nouvelles/romans narrant les exploits de SH flirtent avec le fantastique c’est toujours pour retomber vers des explications rationnelles. Le Holmes canonique est un rationnel et il y tient. Là c’est le processus inverse qui s’opère… On aime ou pas… là n’est pas le problème… mais c’est pas le Holmes canonique.

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    • Moi aussi, je trouve que Holmes peut bizarrement s’inscrire dans le monde lovecraftien. C’est le seul qui peut y garder la tête froide et pas virer maboulot ! Je reprendrai une citation de Holmes dans « Sherlock Holmes aux enfers » (que j’ai aimé) : « (…) Voilà pourquoi Thomas More me disait, lors de mon arrivée aux Enfers, que seule ma personne pouvait préserver la sphère d’harmonie. A mon insu, je me trouvais être l’idéal auquel tous s’accrochaient. » Holmes vit à la fois dans un monde ultra terre à terre mais à la fois il est entouré d’une sphère magique par le commun des mortels (Il est qualifié de sorcier, magicien etc. par ceux qui pigent rien à sa logique. Et Lovegrove reprend cette identification au pied de la lettre et je trouve ça cool dans ce contexte). Parce qu’il est « extraordinaire » tout en étant terriblement réel et logique, ben il peut se mesurer aux Grands Anciens et entrer dans « le monde merveilleux » de Lovecraft. C’est pas tant le détective londonien qu’on y retrouve mais plutôt l’archétype de celui qui est capable de dompter le chaos par sa Raison, sa Logique. C’est carrément métaphysique ! Il est trop fort le mec !

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  5. J’avais aussi adoré le premier tome et, quand j’ai vu ce deuxième tome sur le présentoir de ma librairie préférée, je n’ai pas hésité ! J’en suis au premier quart, je pense, et j’ai les même critiques que toi. Il manque beaucoup niveau ambiance, je trouve (rien que le récit du drame watsonien qu’il nous raconte indirectement, c’est bien trop rapide et livré d’un bloc comme ça et puis c’est tout. On ne peut absolument pas s’impliquer émotionnellement je trouve). Pour preuve, je me suis endormie dans le train avec, ce qui est mauvais signe… Bon, je le lirai tout de même mais je suis moins enthousiaste, c’est sûr… 😦

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    • Merciiii! Je me sens donc moins seule dans ma critique! J’aime pas critiquer les écrivains car je serais incapable de faire ce qu’ils font… alors je me sens toujours un peu coupable de pointer ce qui dans un texte me paraît être un défaut. C’est souvent subjectif une critique donc de voir d’autres partager son point de vu la rend plus « objective ». Ouaip… pas de suspens… deux styles de pastiches très différents qui essaient de cohabiter… c’est un pari très difficile pour ne pas dire accrobatique donc… même si l’auteur chute un peu on ne peut pas trop lui en vouloir car une mission impossible ça réussit rarement! Surtout si Tom Cruise n’y est pas! 😬

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    • Quand on s’endort sur un livre dans le train, ce n’est pas toujours mauvais signe, moi, dans le train, j’ai toujours tendance à piquer du nez, ça m’endort, le roulis. 😆 Mais, chez les autres, je conçois que c’est peut-être mauvais signe 😀

      Bon, moi, faudra encore que je le lise pour voir si mon avis rejoint le tien et celui de Dame Ida ou si c’est pire (ou mieux).

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      • J’en lis tous les soirs, mais c’est en dents de scie… Il y a des moments où le style m’énerve et d’autres où ça passe et je me laisse emporter. Un point qui m’agace surtout, c’est quand Watson fait référence (souvent !) à l’histoire du premier tome jusqu’à nous faire un petit résumé disséminé par ci par là… Nan mais moi je l’ai lu et je m’en souviens merci ! Trop de ponts pas toujours adroits et ça m’irrite. Il y a aussi le fait qu’on a droit à un listing de bestioles maudites avec des descriptions dignes d’un zoologiste. Du coup, ben, plus on en sait sur la bestiole et moins elle fiche la trouille… Je me suis même dit « Ah mais c’est bon ! Elle est où la fermeture éclaire du monstre ? » (en référence à « L’Anatomie de l’Horreur » où le Maître explique qu’il ne faut pas décrire le monstre trop précisément au risque que le lecteur en voit la fermeture éclaire dans le dos et que la terreur retombe aussitôt). Mais bon, je le lirai jusqu’au bout quand même 🙂

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        • Dommage, faut jamais trop décrire le monstre, en effet, les films qui font le plus peur, c’est quand tu vois au travers des yeux de l’animal…. frissons garantis !!! Bon, j’aime un peu de description, je suis curieuse, mais des ombres, ça marche aussi !!

          J’avais trouillé devant « le chien des Baskerville » version Sherlock BBC avec une ombre noire qui passait devant les carreaux….

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          • Pareil ! Quand on ne voit pas la menace, elle fiche d’autant plus la trouille ! John mort de peur dans le labo avec juste le bruit de l’animal m’a bien secoué ! Ce qui en rajoute une couche, c’est l’hypothétique basculement dans la folie (voir un monstre que les autres ne voient pas). Il y a de ça dans le Sherlock de la BBC (ce qui est une excellente idée ! Idée, reprise aussi dans la saison 4 avec Milverton Smith) et aussi dans Lovecraft (les monstres sont réels…mais peut-être pas toujours… un peu comme dans Poe ou Le Horla du père Maupassant). C’est d’ailleurs la différence entre la terreur et l’horreur.

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            • Oui, la plus grande peur reste d’entendre des bruits et de ne rien voir ! Ma soeur s’était foutue la trouille, gamine, avec une paire de chaussettes ! Dans la « sombritude » ça ressemblait à un rat et elle avait réussi à me communiquer sa trouille !! L’imagination au pouvoir… Terreur totale !

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