Titre : L’Empreinte
Auteur : Alexandria Marzano-Lesnevich
Édition : Sonatine (24/01/2019)
Édition Originale : The Fact of a Body (2017)
Traducteur : Héloïse Esquié
Résumé :
Étudiante en droit à Harvard, Alexandria Marzano-Lesnevich est une farouche opposante à la peine de mort.
Jusqu’au jour où son chemin croise celui d’un tueur emprisonné en Louisiane, Rick Langley, dont la confession l’épouvante et ébranle toutes ses convictions.
Pour elle, cela ne fait aucun doute : cet homme doit être exécuté.
Bouleversée par cette réaction viscérale, Alexandria ne va pas tarder à prendre conscience de son origine en découvrant un lien tout à fait inattendu entre son passé, un secret de famille et cette terrible affaire qui réveille en elle des sentiments enfouis.
Elle n’aura alors cesse d’enquêter inlassablement sur les raisons profondes qui ont conduit Langley à commettre ce crime épouvantable.
Dans la lignée de séries documentaires comme « Making a Murderer », ce récit au croisement du thriller, de l’autobiographie et du journalisme d’investigation, montre clairement combien la loi est quelque chose d’éminemment subjectif, la vérité étant toujours plus complexe et dérangeante que ce que l’on imagine.
Aussi troublant que déchirant.
Critique :
Lorsque j’apprends qu’un enfant a été victime d’un pédophile ou d’un meurtrier (ou les deux combinés), mon sentiment premier est de lui souhaiter la prison à vie et je ne dois pas être la seule…
Mais que se passe-t-il lorsqu’on enquête sur ce crime horrible et que l’on découvre que la vie n’a jamais fait de cadeau à ce meurtrier de la pire espèce ?
Non pas une vie à faire pleurer dans les chaumières, je ne suis pas son avocate de la défense !
Si ces faits ne lui accordent pas l’indulgence du jury et le pardon de la société, ils tendent tout de même à nous dresser un autre portrait de l’assassin… Notre jugement changera-t-il ou pas ? Lui accorderons-nous le fait qu’il n’est pas tout à fait responsable de cette vie qu’il a cueillie de manière abjecte ?
Non, je ne vous demande de me répondre en 3h, je vous donne juste le fond de ma pensée et le fait que l’enquête de l’auteure et avocate (Alexandria Marzano-Lesnevich) m’a poussé à cette réflexion parce que j’ai découvert la vie de merde qu’à eu Ricky Langley. Même si je ne l’excuse pas.
Voilà un roman qui n’est pas facile à lire car on est face à un crime horrible, celui d’un enfant. Doublé d’une possibilité d’abus sexuel sur l’enfant, sans que l’on sache à 100% si ce fut avant ou après son assassinat ou si abus il y a eu par le meurtrier.
L’auteure a fait un véritable travail de fourmi, de forçat, pour arriver à nous livrer un récit expurgé du superflu mais en faisant des parallèles avec sa propre vie et des abus dont elle fut la victime.
Bizarrement, j’ai ressenti plus d’empathie pour Ricky Langley que pour le grand-père de l’auteure car Ricky savait qu’il était malade, il a tenté plusieurs fois de se faire soigner, interner, a demandé qu’on ne le libère jamais, là où le grand-père n’a eu aucun remords d’avoir eu des rapports avec deux de ses petites filles. Comme quoi le monstre n’est pas toujours celui que l’on croit…
Ce roman est comme « De sang-froid » de Truman Capote : une enquête sur une affaire criminelle, le tout raconté de manière romancée car l’auteure a dû imaginer des dialogues ou des situations, n’ayant pas accès aux pensées des gens.
Et heureusement que le tout est romancé car la lectures des kilos de dossiers et des kilomètres de blablas judiciaire auraient été indigeste et c’est Alexandria Marzano-Lesnevich qui les a bouffé pour nous les régurgiter expurgés des choses inutiles.
C’est assez subtil, mais malgré le crime commis, l’auteure n’est pas pour la peine de mort, elle est même contre, même si son jugement évoluera au fil des pages en voyant son grand-père dans Ricky, c’est aussi un roman qui parle de rédemption et d’une chose qui devrait être impossible : la mère de l’enfant assassinée qui ne souhaite pas que le meurtrier de son fils soit exécuté.
C’est puissant, une sorte de vague qui t’emporte et qui te ramène ensuite sur la plage, sans que tu saches vraiment comment tu t’appelles et il m’a fallu plusieurs jours pour pondre une chronique tant j’avais été tourmentée par ma lecture et que mes questions sans réponses m’avaient tourneboulées.
On a beau avoir une opinion précise sur la peine de mort, elle peut changer si l’on est touché de plein fouet par une affaire ou si on fait un parallèle avec ses propres souffrances, comme c’est le cas ici pour l’auteure qui a dû vivre avec ça puisque ses parents avaient mis une chape de plomb sur les agissements de son grand-père, comme si ceux-ci n’avaient pas existé.
Un roman puissant, fort, émouvant, dérangeant, angoissant et des certitudes qui ont tendance à chavirer, à être mise à mal une fois que l’on suit le récit de la vie merdique qui fut celle de Ricky. Au moment où j’écris cette chronique, je n’ai toujours pas trancher et je pense que je n’y arriverai jamais.
Un putain de roman qui mêle un crime réel à la vie de l’auteure qui, tout en cherchant à éclairer cette affaire, a cherché des réponses à ses questions et nous a livré son récit avec passion, mettant à nu ses fêlures, sa fragilité et son impossibilité à vivre en couple, du moins, avec certaines personnes.
Ping : Bilan Livresque Mensuel : Mars 2019 | The Cannibal Lecteur
Je l’ai lu, j’avoue qu’il a bien sûr un peu ébranlé mes convictions, mais un peu seulement. Parce que moi aussi j’ai un passé qui ne m’a pas permis de prendre le recul suffisant nécessaire à cette lecture. Je ne sais pas comment l’auteur a réussi ce tour de force. Chapeau bas mais attention, lecture à ne pas mettre entre toutes les mains…
J’aimeAimé par 1 personne
Effectivement, le passé des lecteurs peut influencer la lecture, je dirais même plus : il est influencé par son vécu et ses ressentis.
Violent pour certaines scènes, en effet, à garder hors de portée des enfants.
J’aimeJ’aime
Un bouquin qui prend aux tripes, aucune empathie pour aucun des deux de mon côté. On sent que l’écriture a dû être une forme de thérapie pour l’auteure.
J’aimeJ’aime
Mon petit coeur d’artichaut a vibré devant la vie de Rick. Ça n’excuse pas le geste, ça mérite la prison, mais il avait essayé d’échapper à son vice, par contre, le papy, lui, direct à coup de batte de base-ball !
J’aimeJ’aime
J’ai appris que les condamnés à mort étaient ceux qui vivaient le plus vieux dans les prisons US parce que les conditions de sécurité du couloir de la mort sont meilleures que dans les prisons « longues peines ». C’est une vraie jungle, une zone de non droit où les mecs s’entre-tuent tôt ou tard avant la fin de leur peine pour des histoires de trafic interne ou de guerre des gangs et on les laisse faire sans que ça emmerde grand monde.
Et ouais ! Les condamnes à mort vivent plus longtemps que les condamnés à perpétuité ! Délirant !
Tiens! Ça me donne envie de faire des recherches scientifiques tout ça… 🤓
Je vais essayer une expérience sur des taupes. Vivent elles plus longtemps confites dans le miel ou noyées dans le mojito?
J’aimeAimé par 1 personne
Je ne peux te garantir la taupe parce que le mojito m’a été prêté… Mais je peux aller voir au magasin du coin, lundi, si je le trouve en rayon parce que le mien, je ne peux pas le servir avec des glaçons
J’aimeJ’aime
Or donc la découverte scientifique du jour sera le théorème dit du Cannibal: « tout corps plongé dans le mojito présente un délire proportionnel à son temps d’immersion »! 🤓
J’aimeAimé par 1 personne
Je note, je note ! Le Nobel est à nous !
J’aimeJ’aime
Et bin voila pourquoi je ne peux pas etre jury…non jamais je ne pourrais juger quelqu’un…il ne peut etre pardonne mais quasi-excuse….et tu fais quoi de ca ?…condamnation pure et simple ?…non pas facile…et c’est bien qu’un roman met ce sujet en place…surtout quand on voit ce qu’il se passe a saint denis…les gens ont juge sans savoir et condamnent…alors que c’est faux a la fin
J’aimeJ’aime
C’est qu’il se passe beaucoup de choses à StDenis! Tu parles de quoi? 🤔
J’aimeJ’aime
euh seine-saint-denis c la meme chose pour toi ?…mais cela reste affligeant…
https://www.20minutes.fr/justice/2482719-20190327-expeditions-punitives-contre-roms-seine-saint-denis-quatre-jeunes-hommes-devant-justice
J’aimeJ’aime
Ah oui… sauf que ça n’est pas la justice officielle qui condamne les roms. Ils sont agressés par des délinquants (en France on n’a pas le droit de se faire justice soi même) qui trouvent en eux un bouc émissaire! On est pas dans l’erreur judiciaire là mais dans le lynchage bête et méchant.
J’aimeAimé par 1 personne
Je ne parlais pas par rapport a la justice meme…mais ce qu’on ressentait par rapport a cette justice….donc etre a la place de la famille de la victime comme cette Alexandra qui est contre la peine de mort mais qui se retrouve a devoir l’appliquer sur un tueur qui en fin de compte n’a pas eu une superbe vie….tout ceux qui ont attaque les roms n’ont aucune empathie donc pour eux la justice doit etre faite avec sa plus grande rigueur jusqu’a l’appliquer eux-memes….non je ne pourrais pas etre jury de mon cote….appliquer la justice, demander la peine de mort…non ce n’est pas possible…
J’aimeAimé par 1 personne
Je comprends, ce n’est pas facile, faut rester juste et droit, mais on a des pensées, un vécu, des haines, des craintes et tout cela influence le jugement. Selon que vous serez puissant ou misérable…
J’aimeJ’aime
bin je suis tres influencable dans les 2 sens…je m’en rends compte en regardant les films/series….je peux excuser…..peut-etre trop facilement….
J’aimeAimé par 1 personne
On fait un groupe ???
J’aimeJ’aime
avec plaisir….vraiment….pour nous excuser de trop excuser…..ouiii
J’aimeAimé par 1 personne
Dans le bête et méchant, on est fort !
J’aimeJ’aime
oh oui champion de l’univers……
J’aimeAimé par 1 personne
On ne fera jamais pire que nous, enfin, je l’espère !
J’aimeJ’aime
la preuve il n’y a personne venue nous detruire…donc il y a soit egalite, ils detruisent leur propre planete…ou sont meilleurs…;)
J’aimeAimé par 1 personne
Je pense qu’on se croit trop important et on voudrait que des êtres venus d’ailleurs s’intéressent à nous, comme nous nous irions étudier une colonie de fourmis en Nouvelle-Zélande ou encore plus loin… Mais les fourmis sont plus intéressantes que nous, sauf si on étudie la médiocrité… qui surclassera toujours l’intelligence car elle marque plus les esprits.
Ou alors, il n’y a personne d’autre que nous, nous sommes une anomalie 😀
J’aimeJ’aime
ouai elle a une drole de tete l’anomalie….les fourmis nous survivront…oh que oui…;)
J’aimeAimé par 1 personne
Franquin, dans ses « Idées noires » avait eu cette vision… J’avais ri mais y’avait rien à rire.
J’aimeJ’aime
J’ai mis du temps mais je viens de le trouver sur le Net !
J’aimeJ’aime
ooohhh je suis totalement fan de Franquin….ouiiii et tout a fait….cela ressemble bien a notre futur…;)
J’aimeAimé par 1 personne
♪ Les fourmis sont nos amies, ils faut les aimer aussi ♫
J’aimeJ’aime
oui mais non…les fourmis ce n’est pas pour moi…;)
J’aimeAimé par 1 personne
Très intéressantes à observer, les fourmis !
J’aimeJ’aime
oui mais cela picote et cela rentre partout…pas pour moi…;)
J’aimeJ’aime
Je n’aimerais pas être juré non plus… Pas facile, on a une conscience mais il y a des victimes. Bon, pour un tel type comme Dutroux, là, pas d’excuses, nieks et que dalle, direct au trou pour le restant de ses jours.
Saint-Denis ? Au Chili ?
J’aimeJ’aime
oh oui il y a des exemples qui nous permet de ne pas avoir des remords de juger…
euh j’ai mis un lien…c seine-saint-denis
J’aimeJ’aime