Le cycliste de Tchernobyl : Javier Sebastian

Titre : Le cycliste de Tchernobyl

Auteur : Javier Sebastian đŸ‡Ș🇾
Édition : MĂ©tailiĂ© (2013)
Édition Originale : El ciclista de Chernóbil (2013)
Traduction : François Gaudry

Résumé :
Un vieil homme hagard, entourĂ© de sacs remplis de vĂȘtements, est abandonnĂ© dans un self-service sur les Champs-ÉlysĂ©es. « Ne les laissez pas me tuer », c’est tout ce qu’il sait dire.

Pripiat, ville fantÎme, à trois kilomÚtres de la centrale de Tchernobyl : dans les rues désertes, entre la grande roue neuve et les autos tamponneuses abandonnées, pas ùme qui vive. Sauf les samosiol, ceux qui sont revenus dans la zone interdite.

Laurenti Bakhtiarov chante Demis Roussos devant la salle vide du ciné-théùtre Prometheus, deux Américains givrés testent les effets de la radioactivité sur leur corps


Au cƓur d’une apocalypse permanente, Vassia, l’homme Ă  vĂ©lo, croit encore Ă  la possibilitĂ© d’une communautĂ© humaine. Ce roman magistral est librement inspirĂ© de la vie de Vassili Nesterenko, physicien spĂ©cialiste du nuclĂ©aire, devenu l’homme Ă  abattre pour le KGB pour avoir tentĂ© de contrer la dĂ©sinformation systĂ©matique autour de Tchernobyl.

Des paysages hallucinĂ©s aux aberrations du systĂšme soviĂ©tique, SebastiĂĄn signe un texte d’une force rare, Ă  la fois glaçant et Ă©trangement beau, hymne Ă  la rĂ©sistance dans un monde dĂ©vastĂ©.

Critique :
J’ai failli arrĂȘter cette lecture, car entre elle et moi, le courant ne passait pas.

Le rĂ©cit prenait du temps, je ne voyais pas oĂč il allait arriver, pas de tirets cadratins pour les dialogues (pas de guillemets non plus). Bref, ça commençait mal.

Pourtant, le dĂ©but avait tout de mĂȘme Ă©veillĂ© ma curiositĂ© : un vieil homme est abandonnĂ© dans un self-service, aux Champs ÉlysĂ©es. Le narrateur est accusĂ© d’avoir abandonnĂ© son pĂšre. Ceci n’est pas son pĂšre. un quiproquo qui va faire naĂźtre une histoire peu banale…

Lorsque nous sommes entrĂ© Ă  Pripiat, aprĂšs la catastrophe d’avril 1986, la fusion a commencĂ©e, entre le roman et moi. Au diable les tirets cadratins manquants devant les dialogues, j’Ă©tais dans le rĂ©cit et cela ne m’a plus gĂȘnĂ©.

Une ville abandonnĂ©e, les villages aux alentours aussi. Tout qui se retrouve figĂ©, notamment les auto-tamponneuses. Vertigineux, horrible. Tout le monde a dĂ» partir, abandonnant tout sur place, n’emportant qu’une petite valise, obligĂ© mĂȘme de laisser leurs animaux de compagnie sur place…

Toute cette partie-lĂ , ainsi que les quelques passages consacrĂ©s Ă  ce qu’il se passa juste aprĂšs l’accident, est terriblement instructive, intĂ©ressante et fait froid dans le dos.

Le vieil homme va tout doucement raconter son histoire et ce que l’on va dĂ©couvrir sera bouleversant, en quelque sorte. Une vie aprĂšs la mort d’une rĂ©gion. Cela valait la peine que je persĂ©vĂšre dans ce roman. Mon dĂ©but fut un peu laborieux, mais j’ai Ă©tĂ© rĂ©compensĂ©e ensuite.

On se demande ensuite ce qui fut le plus horrible : construire une centrale nuclĂ©aire sur une faille sismique, l’accident survenu suite Ă  un test de sĂ©curitĂ© mal assurĂ©, le sacrifice des vies humaines pour enlever le graphite, la dĂ©sinformation, la minimalisation de l’accident ou l’incapacitĂ© de l’URSS Ă  rĂ©agir comme il fallait face Ă  cet accident nuclĂ©aire ?

Sans doute le mélange de tout. Dans un scénario catastrophe, on trouverait cela exagéré et pourtant, la réalité a dépassé la plus mauvaise fiction.

Ce roman est une biographie romancĂ©e de Vassili Nesterenko, physicien spĂ©cialiste du nuclĂ©aire, qui s’est dressĂ©, le poing levĂ©, face au rĂ©gime soviĂ©tique et face Ă  tous ceux qui voulaient minimiser l’ampleur des dĂ©gĂąts, notamment sur la santĂ©. Il a eu le KGB aux fesses, les flics, on a tentĂ© de le tuer pour le faire taire.

Certaines scĂšnes sont dramatiques, comme ces enfants qui ont mangĂ© et bu ce qu’il ne fallait pas, parce que leurs parents n’Ă©taient pas informĂ©s (ou mal informĂ©s), parce que seuls les habitants de Moscou Ă©taient Ă©pargnĂ©s par les viandes, lĂ©gumes, tubercules et autres produits des champs en provenance de la zone contaminĂ©e.

Le roman donne lieu aussi Ă  de belles scĂšnes, notamment celle de cette petite communautĂ© vivant Ă  Pripiat, soudĂ©e, qui danse, qui chante et oĂč tout le monde prend soin de tout le monde.

Un beau roman, une belle histoire.

Le Mois Espagnol (et Sud-AmĂ©ricain) chez Sharon – Mai 2022 (Fiche N°15).

12 rĂ©flexions au sujet de « Le cycliste de Tchernobyl : Javier Sebastian »

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  4. Ah bon? La Russie a fait de la dĂ©sinformation sur Tchernobyl??? 😳 Oh… c’est pas bien du tout ça!!!😬!

    Heureusement que l’Etat Français avec la complicitĂ© de nos mĂ©dias a su nous dire la vĂ©ritĂ© en rappelant que sans passeport le nuage n’avait pas pu passer la frontiĂšre !!!😡 Heureusement que je vis dans une grande dĂ©mocratie moi!!! 😡

    Bon c’est pas tout ça! Je dois te laisser pour aller faire clocharde Ă  vĂ©lo qui chante tout Nana Mouskouri sur les Champs ElysĂ©es, maintenant! Heureusement : une autre paire de jambe m’a poussĂ© pendant la nuit pour prendre le relais de la premiĂšre quand elle est fatiguĂ©e de pĂ©daler pour fuir le complot international montĂ© contre moi! đŸ€Ż

    Aimé par 2 personnes

    • Ce sont de mauvaises langues qui disent que les Russes n’ont pas tout dit sur la catastrophe ! 😆 Oui, une frontiĂšre, vous aviez une frontiĂšre !! D’oĂč l’importance… zĂ©ro contamination chez vous, mangez vos lĂ©gumes, tout va trĂšs bien madame la marquise… Ă  part votre jument grise qui vous pousse dans le dos 😉

      Je suis vaccinĂ©e, j’ai donc la 5G, moi !! :p

      J’aime

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