Rage : Richard Bachman (Stephen King)

Titre : Rage

Auteur : Richard Bachman (= Stephen King)
Édition : J’ai Lu (2000)
Édition Originale : Rage (1977)
Traduction : Évelyne Châtelain

Résumé :
Charles Decker est, en apparence, un petit lycéen américain bien tranquille. Mais, entre un père violent qu’il déteste et une mère fragile, il rage a froid. Un jour, cette rage éclate et il abat, d’un coup de revolver, sa prof de maths.

Puis, il s’empare du pouvoir, autrement dit, il prend sa classe en otage.

Il va alors contraindre ces condisciples a se livrer a un déballage furieux, a se débarrasser de toutes les haines accumules en secret : contre les parents, la société corrompue, l’école pourrie, la lâcheté et l’incompréhension des adultes.

Critique :
Rage est le premier roman que Stephen King a publié sous le pseudonyme de Richard Bachman. Si vous voulez le lire, vous ne le trouverez pas en librairie, mais dans des bouquineries, en seconde main.

Pourquoi ? Parce que l’auteur a fait arrêter la publication de nouvelles éditions, en 1999, après qu’un exemplaire a été trouvé dans le casier d’un lycéen ayant tué trois de ses camarades (et ce n’était pas la première fois que l’in découvrait ce roman dans les casiers des lycéens ayant tiré sur des camarades).

Dans ce roman, Charles Decker assassine deux professeurs. Vous n’assisterez donc pas à une chasse aux étudiants dans des couloirs de l’école, tel un mauvais film d’épouvante. Ou pire, dans la réalité.

Ce roman est un huis-clos psychologique, puisqu’après avoir tué sa prof d’algèbre et un autre qui voulait entrer dans la classe, Charles tiendra toute sa classe en otage et leur expliquer une partie de sa vie, demandant ensuite à ses camarades de parler de leurs frustrations, de livrer des petits secrets, de se confesser, en quelque sorte.

Non, Charles n’a pas eu une vie merdique, même s’il y avait mieux (mais c’était plus cher), coincé qu’il était entre un père chasseur qui voulait en faire un homme et sa mère qui l’affubla d’un costume en velours, à 13 ans, pour aller à une fête d’anniversaire (débile et inapproprié !).

Là, il vient de péter un câble, un de plus et il est allé aussi loin qu’on peut aller : l’assassinat de sang-froid. On comprend bien ses névroses en lisant ses pensées, ses explications, mais de là à arriver à prendre une arme et à tuer, on se demande bien quelle araignée lui a trotté dans le crâne.

En tout cas, rien n’indiquait qu’il allait basculer du côté obscur de la force. Et rien ne peut justifier ses actes (ni ceux dans la vie réelle). Je peux comprendre (pas cautionner) un meurtre par vengeance (on a tous rêvé de flinguer un chef, un collègue, un emmerdeur, un tortionnaire, mais juste dans sa tête). Mais là, ce n’est pas le cas, Charlie ne se venge pas de tortionnaires, d’harceleurs et il y a des dommages collatéraux terribles. Sa réaction à ses problèmes est excessive.

Ce qui fout plus les chocottes, dans ce premier roman du King, c’est le comportement de ses camarades de classes. Là, j’en suis restée bouche bée. Pour eux, c’est une aventure, un truc à raconter (nous ne sommes même pas à l’époque des réseaux sociaux), une journée passée à ne rien faire et un seul tentera de s’opposer à Charlie. Juste un seul. La meute est avec Charlie. C’est ça le plus terrible.

Un premier roman qui sonnait déjà juste, qui parlait d’un phénomène qui allait s’amplifier aux États-Unis, où les jeunes peuvent faire de plus gros cartons, puisqu’ils sont équipés de fusils d’assaut, possédant des chargeurs multiples et avec lesquels ils peuvent tirer de nombreuses fois sans devoir recharger.

Charles, dans ce récit, ne possède qu’un révolver, un six-coups, il doit ouvrir le barillet pour recharger et quitter ses camarades des yeux. Avec une arme de guerre, c’est plus simple, plus rapide et plus meurtrier.

Un président a dit, un jour, que si les français avaient pu porter des armes, ils auraient pu se défendre face aux terroristes du 13 novembre 2015. Moi je dis que ce n’est pas vrai… Les américains sont armés, les flics sont armés et face à un jeune qui flingue à tout va, personne ne bouge, ou alors, il se fait descendre comme au tir pipes.

Un roman assez glaçant, avec un personnage tourmenté, qui avait ses petits problèmes et qui a choisi de les résoudre de manière violente et expéditive. Pas de circonstances atténuantes pour Charlie Decker, même si c’est une personne vulnérable.

Un roman surprenant, puisqu’il ne va pas dans la direction que l’on aurait pensée…

Ce que wikiki en dit : Stephen King écrit une première version de Rage durant sa dernière année de lycée, sous le titre Get It On, mais la laisse inachevée. Il termine le roman en 1971 mais, après il est refusé à la publication par Doubleday malgré l’intérêt de la maison d’édition. Il est finalement publié en 1977 sous le pseudonyme de Richard Bachman.

#automneduking – 01

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10 réflexions au sujet de « Rage : Richard Bachman (Stephen King) »

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  3. Il y a chez Stephen King une veine d’inspiration sociale que j’apprécie tout particulièrement. Et jusque dans ses grands romans fantastiques. Du coup je note ce titre, même si il n’a pas l’air trop facile à trouver.

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  4. Mmm… le King n’aurait donc pas été un lycéen épanoui et populaire, quaterback de l’équipe de foot et courtisé par la cheffe des pompom girls… on le voit davantage au club d’échecs ou le littérature avec les autres gars à lunettes affectés d’une forte myopie… 🤔 Mon petit doigt le dit que le coup du costume en velours est du vécu… Mon frère y a eu droit au costard en velours… le pauvre… Moi j’avais des col Claudine… 😭

    En général c’est plutôt le harcèlement qui donne envie de tirer dans le tas quand on a les premiers retours d’enquête après des tueries de masse dans les écoles US… mais en même temps les gamins harcelés sont aussi souvent solitaires parce que leur propre cadre familial ne leur a pas permis d’acquérir des compétences sociales leur facilitant les choses. Cf Carrie… ou certains de ses autres personnages d’ados. C’est un thème qui revient suffisamment souvent chez King mais aussi dans tout un tas de séries ou films US 🤔.

    En même temps il faut voir la violence du discours capitaliste dominant à l’adresse des exclus de l’american way of life et de l’american dream… Il y a une pure négation des déterminismes psychosociologiques qui font que les atavismes se transmettent dans les familles… Il y a juste les winners (qui ont tout fait bien grâce au pognon de papa/maman) et les les loosers dont on se fiche totalement et qui doivent porter la honte et la responsabilité de ne pas être plus riches et populaires et dont les winners peuvent se moquer avec cruauté.

    Si tu ajoutes à ça que n’importe qui même mineur peut s’offrir un fusil chez le marchand du coin voire par la poste… tout est réuni pour ce genre de cata.

    En tout cas dans l’histoire c’est King qui retire son bouquin de l’édition se sentant responsable de réalités qu’il décrit (mais qu’il n’invente et ne promeut pas!) et les flingues peuvent continuer à être vendus comme des petits pains! Cherchez l’erreur! 😤 Les idées, la dénonciation de la sauvagerie des rapports sociaux américains rejoués en miniature dans les lycées… seraient-elles plus dangereuses que les armes ? 😡

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    • On accusera plus vite un livre, un film, que les armes qui ont servi à faire les carnages, bien que les armes ne soient pas « responsables », ce sont des objets. Les responsables sont ceux qui maintiennent ce putain de 2ème amendement qui dit que l’on peut être armé, acheter des armes et les lobbys qui poussent les gens à s’armer et à en offrir à leurs gosses (qui tuent ensuite leur petite soeur ou frère, par accident). Le King n’est pas responsable, les marchands d’armes oui, les gens qui les achètent aussi et cette putain de mentalité qui veut que armé, tu sois plus fort…

      Dans le reportage sur les armes, que j’avais vu dans les années 2000, même dans une banque, tu pouvais acheter ET tester des armes… dans une banque !!!!

      Partout nous sommes dans une société à deux vitesses : les élites, les winners, les puissants, les riches, les fils à papa et de l’autre, les loosers, les ouvriers, les mal payés, les mal considérés, ceux qui rament, les chômeurs et autres… ça ne va pas aller mieux et à la fin, ça sera même pire :/

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