Titre : Représailles
Auteur : Florian Eglin
Éditions : La Baconnière (2020) / Pocket (2021)
Résumé :
Une route corse la nuit, non loin du désert des Agriates. Telle une bête en maraude, un SUV prend en chasse une famille suisse. Leurs deux petites filles endormies à l’arrière, Tom et Adèle hésitent : continuer cette course-poursuite insensée, au risque de finir dans le décor, ou s’arrêter et faire face à ceux qui les traquent ?
Cette décision marquera le point de départ d’une inexorable descente aux enfers au cours de laquelle il faudra affronter bien des monstres. Ou les apprivoiser…
De cette plongée dans un imaginaire baroque qui joue avec les codes du roman noir émergent des hommes qui s’abîment dans la violence et la vacuité et des femmes fortes, héroïnes et porteuses du sens final. Représailles est un polar addictif qui s’interroge sur les origines du mal et sur la puissance de la transmission.
La trame, les dialogues enlevés et la langue ciselée, agissent sur le lecteur comme de la magie ou de l’hypnose.
Florian Eglin marche dans les pas de Richard Matheson (Duel) et de Daniel Ray Pollock (Le Diable tout le temps) tout en trouvant sa propre voix, singulière et inoubliable.
Critique :
Coïncidences littéraires, après un polar se déroulant en Sardaigne, voilà que j’ai enchaîné sur un autre se déroulant en Corse.
Niveau violence, celui-ci n’a rien à envier au précédent (L’île des âmes), tant elle était omniprésente et la surenchère aussi. Sans oublier quelques clichés, dans les personnages.
Le plus étant l’ennemi du bien, l’auteur aurait pu s’abstenir de noircir le portrait des trois malabars que l’on croise au départ.
Les agresseurs rançonneurs étaient déjà des beaux salopards, rajouter une couche avec le cannibalisme m’a semblé être le truc en trop. Celui qui fait écouler tout l’édifice, le rendant moins plausible.
Dommage, parce que ce thriller est addictif et malgré cet ajout trash qui m’a fait lever les yeux au plafond, j’ai dévoré (oups) ce roman en peu de temps, tant il était sans temps mort, dynamique, sans pour autant être dans la course poursuite non stop.
Le pitch commence gentiment, avec une famille de Suisse (Tom, sa femme Adèle et leurs deux gamines, April et Lucie) qui vient de débarquer en Corse, afin d’y passer des vacances tranquilles. Sur une route désertique, de nuit, ils se font poursuivre par un gros SUV, conduit par des malabars, qui veulent les rançonner et même plus.
Dans ce thriller, l’auteur va nous parler de la Corse, des familles, de l’honneur des familles, notamment celles qui ont un petit côté mafiosi, comme la famille Falcone et celle de Mancini.
Oubliez l’amusant Astérix en Corse, le voyage sera plus violent qu’un bateau de pirate qui explose à cause d’un fromage pas frais. Quant au danger, il est omniprésent, c’est votre vie que vous risquez, et pas parce que vous avez parlé à la sœur d’un corse. Ici, les armes parlent, les couteaux aussi et les sbires du patriarche sont ultra violents.
Lorsqu’on a affaire à des trafiquants, on se doute que ce n’est pas le monde des Bisounours, donc, si vous avez une âme sensible, passez votre chemin, le roman est plus que violent, de par les actes de certains personnages, mais aussi de par la noirceur que l »un d’eux porte en lui. Wolverine semble être un nounours, comparé à lui.
Bon, après cette lecture, je n’ai pas du tout envie d’aller en vacances en Corse… Si c’est votre destination pour les prochaines vacances, ne lisez pas ce thriller, vous n’aurez plus envie d’y aller.
Malgré mes bémols, malgré le côté trash un peu trop poussé, malgré les scènes de sexe qui n’apportent rien (si ce n’est du piment dans la vie des protagonistes), ce thriller n’est tout de même pas une mauvaise lecture. Il a tout de même réussi à me tenir en haleine durant 370 pages, sans que je voie le temps passer.
Alors oui, il avait des qualités, malgré ses défauts. Le final, lu sur une soirée, se dévore les fesses serrées, tant l’adrénaline monte et qu’il ressemble à un final de blockbuster survitaminé, avec des bagnoles et des flingues.
Par contre, de là à dire que l’auteur marche dans les pas de Richard Matheson et de Daniel Ray Pollock, il y a un pas à ne pas franchir ! « Le diable, tout le temps », reste en haut de l’affiche et celui-ci, malgré ses atouts, ne lui arrive pas à la cheville. Il est divertissant, musclé, rapide, mais s’oubliera vite.
Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°073].