Lady Hardcastle – 05 – Une affaire brûlante : T. E. Kinsey [LC avec Bianca]

Titre : Lady Hardcastle – 05 – Une affaire brûlante

Auteur : T. E. Kinsey
Édition : City (06/04/2022)
Édition Originale : The Burning Issue of the Day (2019)
Traduction : Karine Forestier

Résumé :
Un journaliste est retrouvé assassiné dans l’incendie de son appartement à Londres. Pour la police, aucun doute : c’est une suffragette qui a commis le crime. Après tout, avec ces féministes aux idées révolutionnaires, il faut s’attendre à tout… et une jeune militante est arrêtée sur le champ.

Mais Lady Hardcastle, ancienne espionne aux talents de détective amateur, en mettrait sa main au feu : une innocente est emprisonnée uniquement parce qu’elle est une femme.

Pas question de laisser passer cette injustice. Avec l’aide de Florence, sa dame de compagnie et confidente, Lady Hardcastle se lance dans la bataille. Complot pour décrédibiliser le mouvement féministe ?

Simple vengeance ou règlement de comptes ? Les deux enquêtrices doivent battre le fer tant qu’il est chaud, car ça sent vraiment le roussi pour la jeune féministe qui risque la potence…

Critique :
Qui a allumé le feu ? ♫ Allumer le feu… ♪ Et de ce fait, commis un homicide involontaire sur la personne du journaliste qui vivait au-dessus du magasin et qui a été tué par les fumées toxiques…

Même pas besoin de faire fumer ses neurones, la coupable est toute trouvée, c’est une suffragette, elle est déjà en prison, merci bien et au revoir !

Oui mais non. Ses amies qui militent pour le droit de votes des femmes la pensent innocente, elles sont certaines qu’elle n’a pas pu commettre un tel acte.

Alors, la présidente décide d’appeler à l’aide notre chère Lady Hardcastle et sa dame de compagnie, la pétillante Florence Armstrong. Mener l’enquête ne sera pas facile, on ne leur dira pas tout et de plus, ce sont des femmes dans un monde ultra machiste, ultra convaincu que les femmes n’ont pas de cervelle et qu’elles ne seraient pas capable de voter correctement.

Eh oui, en 1910, pas de droit de vote pour les femmes, des commentaires odieux lâchés par ses bons messieurs, qui se croyaient drôles et peu de voitures dans les rues. Les classes sociales sont encore séparées, même si la frontière est plus poreuse que du temps de la reine Victoria.

Ce que j’apprécie, dans cette série de cosy, c’est qu’ils mettent en avant un important pan de l’histoire anglaise, qu’ils nous immergent dans ces années où les femmes avaient moins que zéro droits et où nous devions nous battre pour récupérer des miettes. Quoi ? On doit encore le faire aujourd’hui ? Oui, faut jamais baisser les bras, mais au moins, on a le droit de vote (l’obligation, même).

Et puis, le duo Lady Hardcastle et Florence est génial, bien trouvé et toujours pétillant, notamment grâce à leurs réparties, émaillées de tous les souvenirs de quand notre lady était espionne au service de sa majesté. J’ai souvent souri en lisant leurs dialogues, leurs répliques, leurs bons mots.

Les personnages secondaires ne sont pas en reste non plus et sans eux, ces cosy n’auraient pas la même saveur. Ils sont travaillés, sans pour autant que cela aille dans une profusion de détails, mais au moins, on les sent réalistes et quand les hommes, imbus de leur puissance, parlent de nous, les femmes, la moutarde m’est montée au nez. Nom de dieu, pour qui ils se prennent ?

Le pire, c’est que toutes leurs horreurs débitées sur le compte des femmes n’est pas de la fiction, l’auteur l’expliquera à la fin de son ouvrage, lorsqu’il parlera de ses références historiques. Messieurs les anglais, vous tirez les premiers, mais gare au retour de flamme des femmes.

Rien d’exceptionnel dans la résolution de cette enquête, si ce n’est une aventure sur les docks. Ce ne sont pas des trucs de dingue à la Agathe Christie, mais c’est cohérent et réaliste. Là, j’avais bien trouvé qui était l’incendiaire, mais je n’avais rien du de plus.

Une saga de cosy très agréable à lire, une parenthèse bienvenue dans ce monde qui vire au chaos, dans cette escalade de la violence. Un moment de calme dans ce monde de brutes et cette lecture m’a fiat du bien, me faisant entrer dans une bulle où j’étais seule (ok, avec le chat).

Une LC réussie avec ma copinaute Bianca , qui n’avait pas trouvé le coupable, mais qui, comme moi, a pris plaisir à lire ce tome 5. Allez, au prochain de la saga !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°060].

Personne ne meurt à Longyearbyen : Morgan Audic

Titre : Personne ne meurt à Longyearbyen

Auteur : Morgan Audic
Édition : Albin Michel (20/09/2023)

Résumé :
Archipel du Svalbard, Longyearbyen, la ville la plus au nord du monde. On découvre le corps d’une femme vraisemblablement déchiquetée par un ours. Norvège continentale, les îles Lofoten.

Le cadavre d’une ex-journaliste est retrouvé sur une plage isolée. A priori rien ne lie ces victimes si ce n’est qu’elles s’intéressaient de près aux mammifères marins.

L’une était doctorante en biologie arctique, l’autre, à la tête d’une agence d’excursion en mer. Dans ces régions glacées, faites d’anciennes cités minières désolées, d’enclaves…

Critique :
Longyearbyen, c’est LE Nord ! Si vous vous y rendez, vous pourrez vous vanter d’avoir visité la ville la plus au nord du monde.

Pas de criminalité, les clés restent sur les contacts des voitures, pas de risques de vous faire braquer ou agresser, mais il est vivement conseillé de se munir d’une arme à feu lorsque l’on sort de la ville, car il y a des risques de se faire attaquer par des grands blancs poilus : des ours.

Apparemment, une étudiante n’a pas respecté la consigne et la punition est tombée : attaquée par un ours et déchiquetée. Une autre personne devait en avoir marre de la vie dans le grand nord, parce qu’elle s’est suicidée. Vraiment ? C’est ce que tout le monde pense. Tout le monde ?? Non ! Un irréductible journaliste, ancien collègue, ne croit pas à cette théorie.

Bon, je ne vais pas vous mentir, tout ce qui se trouve dans ce polar est du déjà-vu : une policière qui a des problèmes de couple (divorcée) et de santé (crises de panique suite à un traumatisme), un journaliste pugnace qui ne se sent bien que en reportage sur des scènes de guerre, des méchants en provenance du pays de Vlad, de l’écologie, des écocides, le ch’nord du ch’nord.

Cela aurait pu casser, c’est passé, même si je ne suis jamais entrée en empathie avec les personnages, que ce soit Nils Madsen le journaliste qui ne lâche rien ou Lottie Sandvik, la policière qui mènera l’enquête avec zèle et compétence.

Malgré tout, cela ne m’a pas empêché de prendre plaisir à suivre leur enquête, différente, puisque ne portant pas sur le même décès. La force des personnage étant dans leur développement.

On aura des fausses pistes (un classique), des suspects, des chausse-trappes et un empêcher d’enquêter en rond, sans compter de nombreux rappel avec l’actualité et la fameuse opération spéciale menée par Vlad en Ukraine pour éradiquer, soi-disant, le nazisme (oui, on sait que c’est une guerre).

Un thriller qui fait le job, qui reste assez classique dans certaines choses (les personnages tourmentés), mais qui sort des sentiers battus pour d’autres (le meurtre et le fameux suicide), tout en essayant de mettre dans le récit tout ce qui fait le grand Nord, afin que le lectorat n’ait aucun doute de l’endroit inhospitalier dans lequel les personnages évoluent.

Le final réservera quelques surprises, qui sont réalistes et bien mises en scène. J’ai été bluffée jusqu’à la dernière page, ce que j’apprécie particulièrement.

Alors non, on ne révolutionnera pas le genre, mais c’est une lecture intéressante, qui parle d’écologie, d’écocide et des conneries (des horreurs) humaines perpétrées sur le règne animal. Il n’y a pas que l’Homme, que l’Homme assassine…

Une lecture qui fait réfléchir…

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°059].

 

La traversée : Patrick de Saint-Exupéry

Titre : La traversée

Auteur : Patrick de Saint-Exupéry
Édition : Les Arènes (04/03/2021)

Résumé :
La traversée : un périple à travers l’immense forêt congolaise, de Kigali au Rwanda à Kinshasa en République démocratique du Congo.

Un invraisemblable voyage, en moto, en camion, en barge, malgré les trafiquants, la fièvre Ébola, les groupes armés. Une traversée dans une nature dantesque où les hommes et les femmes vivent coupés du monde.

L’enjeu ? Vérifier les accusations des autorités françaises, répétées inlassablement depuis plus de vingt ans : un génocide se serait déroulé au cœur de la forêt équatoriale congolaise, des centaines de milliers d’hommes et de femmes auraient été massacrés dans l’indifférence.

Au fil des étapes, émouvantes, savoureuses ou romanesques, les témoins parlent. La vérité émerge, et avec elle le rôle de la France au Rwanda puis au Congo.

Un engrenage qui a conduit Paris à s’enfoncer toujours plus avant dans la compromission. Un reportage fascinant. Une odyssée au cœur de l’Afrique.

Critique :
Cela aurait pu être un livre sur la difficulté de voyager au Congo, un reportage sur leurs différents moyens de transports, sur les pistes impraticables, le chemin de fer à voie unique et les retards incessants…

Cela aurait pu être aussi un roman sur l’état de la République démocratique du Congo.

En fait, ce livre, c’est tout ça, mais plus encore, puisque c’est aussi une enquête journalistique sur un fait de vérifier les accusations que les autorités françaises, ont répétées inlassablement depuis plus de vingt ans : un génocide se serait déroulé au cœur de la forêt équatoriale congolaise, des centaines de milliers d’hommes et de femmes auraient été massacrés dans l’indifférence.

Mitterrand, à l’époque, a fait du négationnisme, disant que les victimes étaient peut-être coupables et que les coupables étaient les victimes. Bref, du déni à tous les étages, sans compter que les Hutus, instigateurs du génocide, ont eu aussi brouillé les cartes, signifiant qu’ils tuaient pour ne pas être tués.

Le problème au Rwanda remonte à loin, à ce moment précis où les Allemands puis les Belges ont exacerbé la différence entre Tutsi et Hutu, permettant de diviser pour mieux régner. En donnant du pouvoir à la « minorité » tutsi, les colons belges s’assuraient des fidélités.

La France, sans qu’il existe aucun accord de défense entre elle et le Rwanda, va s’engager aux côtés de Kigali en déployant la panoplie de ses moyens : politiques, financiers, militaires, diplomatiques. C’est la France qui a fourni des troupes, des armes, des instructeurs, des conseillers et des spécialistes à son allié. Nous avons le nom des coupables de ce génocide : la France, la Belgique et l’Allemagne ne sont pas innocentes.

Mais quand les ordonnateurs du génocide ont fui au Congo, ce sera sous protection de l’Élysée, qui stoppera net toute velléité d’arrestation des tueurs et organisera leur exfiltration.

La question à laquelle va tenter de répondre l’auteur, c’est : y a-t-il eu un génocide se serait déroulé au cœur de la forêt équatoriale congolaise, des centaines de milliers d’hommes et de femmes auraient été massacrés dans l’indifférence ? Et ce ne sera pas facile de prouver que non, car le voyage sera des plus épiques et difficile.

Dans une note à l’attention de la presse, diffusée quatre mois après le génocide, l’Élysée expliqua sa position : « Il n’y avait donc pas les bons et les méchants, les massacreurs et les libérateurs, cette vision manichéenne au nom de laquelle on a indignement caricaturé l’action de la France1. » Ni victimes ni coupables donc. Ou tous victimes et tous coupables. C’était au choix. Le président François Mitterrand confirma peu après la doctrine officielle au sommet France-Afrique de Biarritz2. Oui, il venait de se produire au Rwanda « un génocide », concéda-t-il. Mais lequel : « Celui des Hutu contre les Tutsi ? Ou celui des Tutsi contre les Hutu ? […] Le génocide s’est-il arrêté après la victoire des Tutsi ? Je m’interroge… »

Quelques années plus tard, des informations contradictoires arrivèrent selon lesquelles un deuxième génocide aurait eu lieu, cette fois-ci contre les réfugiés hutu au Congo, l’immense voisin du petit Rwanda. Pour les promoteurs de l’action de la France au Rwanda, il n’y eut pas de doute possible. C’était la preuve – a posteriori – qu’il n’y avait eu en 1994 ni victimes ni coupables, ou que des victimes et des coupables. C’est selon. C’est ainsi que persiste le déni, vingt-cinq ans après.

Avant le génocide, les extrémistes hutu avaient annoncé leur projet d’extermination des Tutsi en le justifiant au nom d’une menace qui pèserait sur la communauté hutu. Pendant le génocide, alors que le crime s’accomplissait, ces mêmes extrémistes ont renforcé la boucle qu’ils avaient mise en place : nous tuons, disaient-ils, pour ne pas être tués par les Tutsi, dont nous pensons qu’ils veulent nous tuer. Après le génocide, les extrémistes défaits et réfugiés au Congo réfutèrent le crime qu’ils avaient commis : il ne s’est pas produit ce que vous croyez, il y eut bien un génocide mais c’était le nôtre, celui des Hutu, nous sommes les seules victimes, les vraies.

Quinze mois après leur fuite hors du Rwanda, les artisans du génocide furent attaqués dans leurs places fortes congolaises. Voilà la preuve, crièrent-ils en s’enfuyant. Le deuxième génocide, celui que nous vous annoncions depuis le premier jour, est arrivé. Enfin. L’effet Larsen, intense, brouille l’entendement.

Invité d’honneur à un colloque organisé en 2020 au Sénat, Hubert Védrine a – de nouveau et sans hésitation – réitéré sa caution à la fine fleur de ceux qui s’efforcent de transformer les victimes en assassins et les assassins en victimes.

Un roman historique qui se lit lentement, à son aise, afin de tout bien assimiler et qui donne tout de même des sueurs froides devant ce négationnisme des politiciens de nos pays dits civilisés.

Une enquête qui ne fut pas facile pour le journaliste, tant on lui a mis des bâtons dans les roues et que voyager au Congo est une sinécure. Mais le voyage en valait la peine, ne fut-ce que pour y apprendre la vérité.

Une lecture intéressante. Glaçante, aussi.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°058].

Beastars – Tomes 01 à 22 : Paru Itagaki

Titre : Beastars – Tomes 01 à 22

Scénariste : Paru Itagaki
Dessinateur : Paru Itagaki

Édition : Ki-oon – Seinen (2019 à 2022)

Résumé :
À l’institut Cherryton, herbivores et carnivores vivent dans une harmonie orchestrée en détail. La consommation de viande est strictement interdite, et les dortoirs sont séparés en fonction des régimes alimentaires. Tout pourrait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes… mais la culture ne peut étouffer tous les instincts. Quand le cadavre de l’alpaga Tem est retrouvé déchiqueté sur le campus, les méfiances ancestrales refont surface !

Legoshi est la cible de toutes les suspicions. Parce qu’il était proche de Tem, parce qu’il est une des dernières personnes à avoir été vues en sa compagnie, et surtout… parce que c’est un loup. Pourtant, sensible et timide, il fait son possible pour réprimer ses instincts. Hélas, ses efforts sont vains face au vent de discrimination qui souffle sur le pensionnat…

Le seul qui pourra apaiser ce climat de terreur est le Beastar, le leader de l’école. Pour l’heure, les candidats se préparent, les élections approchent… Le favori n’est autre que le cerf Louis, étoile incontestée du club de théâtre auquel appartient Legoshi. Bien décidé à remettre les carnivores à leur place, il fait mine de ne pas craindre les crocs acérés du loup gris. Mais peut-être serait-il mieux avisé de ne pas le sous-estimer !

Critique :
Je ne pensais faire de chroniques pour cette série manga et puis j’ai changé d’avis…

Pourquoi ? Parce que cette série est excellente et que tout au long de ses 22 tomes, jamais elle n’a eu une baisse de régime ou des choses moins intéressantes à dire.

C’est par le plus grand des hasards que j’ai acheté le premier tome, notamment à cause du loup sur la couverture. Il avait une bonne tête et le résumé me plaisait bien.

J’ai un faible pour les séries qui utilisent l’anthropomorphisme. Bien souvent, avec des animaux, on arrive à faire passer plus de choses, plus de messages, c’est souvent plus puissant qu’avec des êtres humains (la série « Les 5 Terres » le prouve, elle aussi).

Dans ce monde, après une guerre, les carnis et les herbis vivent en harmonie. En harmonie totale ? Non, pas vraiment. Car un marché noir peuplé d’irréductibles carnis résistent à l’harmonie.

Peut-on lutter contre ce que l’on est vraiment ? Contre ses envies de manger de la viande ? C’est en partie ce que ce manga va explorer, mais pas que…

Comme on ne choisit pas sa couleur de peau, dans ce monde, on ne choisit pas à quel régime alimentaire on va appartenir. Les autorités font tout pour protéger les herbis, plus fragiles, mais aussi les animaux de plus petites tailles, en leur créant, notamment, des couloirs rien que pour eux.

Un éléphant qui marche ne doit pas écraser une souris sur son passage… Les petits herbis sont plus exposés aux accidents que les grands herbis, tels des cerfs.

L’utilisation des animaux était une riche idée pour explorer le racisme, le métissage, l’amitié inter-espèce, ainsi que bien d’autres aspects de nos sociétés. Comme chez nous, ont fait bien sentir aux métis qu’ils n’appartiennent à aucune communauté, et c’est la même chose dans cette série, notamment avec les métissages herbis/carnis.

Je me souviens d’un ancien collègue, d’origine marocaine, qui me disait qu’en Belgique, on lui balançait souvent dans la figure qu’il n’était pas un vrai belge et que lorsqu’il retournait au Maroc, on lui lançait au visage qu’il n’était plus d’ici… Hé, faudrait savoir. Le pauvre n’était nulle part chez lui, alors ? Violent, non ?

L’autre point fort, ce sont les personnages, qui sont profonds, travaillés et qu’ils peuvent se révéler autres que ce que l’on pensait au départ. Ce fut le cas avec Louis, le cerf rouge, avec le gang des lions et même avec Melon, le méchant métis de cette série.

Mieux que ça, on a aussi un autre méchant qui n’aura rien d’un animal qui fait peur et pourtant, c’est un suprémaciste… Dommage qu’on ne l’ait plus croisé ensuite, cela aurait été chouette de développer un peu plus le principe chez les animaux.

Dans cette série, le personnage principal est Legoshi (son nom inspiré de l’acteur hongro-américain Béla Lugosi), un grand loup gris de 17 ans, étudiant à l’institut Cherryton. Il est assez naïf, timide, calme, contrairement à son meilleur ami, Jack, un Labrador. Notre loup, durant la série, va passer d’un grand ado dégingandé à un adulte qui arrivera à se faire des amis de tous bords.

Je vous le dis tout de suite, j’ai été subjuguée par ce grand loup dégingandé, qui au départ, est un peu en retrait. J’ai aimé ses expressions faciales, réalistes avec celles des canidés, ainsi que sa queue qui ne peut s’empêcher de battre dans tous les sens, quand il est content, comme tous ces copains de la chambre 701, tous de la famille des canidés et qui adorent tous courir après la baballe.

Legoshi n’est pas le seul personnage intéressant dans ce manga, j’ai aussi adoré Haru, petit lapin blanc, capable de s’énerver et de piquer des crises. C’est un personnage central et elle aussi, évoluera, comme tous les autres. Et c’est ce que j’ai aimé aussi, dans ce manga : que les personnages ne soient pas figés.

Anybref, je n’ai que du bon et du positif à dire sur cette série, hormis le fait que j’ai tout lu et que je me sens un peu orpheline de toute cette bande qui m’a fait passer d’excellents moments littéraires (ben non, les mangas, ce n’est pas que pour les gosses, comme le pensent certains et certaines de mon entourage), notamment grâce à son scénario élaboré, profond et qui nous renvoyait sans cesse à nos sociétés racistes et xénophobes.

Sans compter que ce manga est allé dans un sens que je ne m’attendais pas, puisque le récit commence par le meurtre d’un herbi (Tem) à l’institut Cherryton, suivi de de suspicions, d’une enquête, avant de partir dans un autre sens et de monter en puissance.

C’est un coup de coeur !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°057].

Okavango : Caryl Férey

Titre : Okavango

Auteur : Caryl Férey
Édition : Gallimard Série Noire (17/08/2023)

Résumé :
Engagée avec ferveur dans la lutte antibraconnage, la ranger Solanah Betwase a la triste habitude de côtoyer des cadavres et des corps d’animaux mutilés.

Aussi, lorsqu’un jeune homme est retrouvé mort en plein coeur de Wild Bunch, une réserve animalière à la frontière namibienne, elle sait que son enquête va lui donner du fil à retordre.

D’autant que John Latham, le propriétaire de la réserve, se révèle vite être un personnage complexe. Ami ou ennemi ? Solanah va devoir frayer avec ses doutes et une très mauvaise nouvelle : le Scorpion, le pire braconnier du continent, est de retour sur son territoire…

Premier polar au cœur des réserves africaines, Okavango est aussi un hymne à la beauté du monde sauvage et à l’urgence de le laisser vivre.

Critique :
Une fois de plus, j’ai voyagé avec Air Caryl Férey et lorsque l’on prend un billet avec cette agence de voyage, il vaut mieux se préparer car ce sera mouvementé et hyper dangereux.

Attention, dans ce roman, l’auteur tire avec des balles pour les éléphants et il fera mouche à chaque fois.

Notamment sur les braconniers, sur les trafiquants et les connards qui pensent que la poudre de corne de rhinocéros les fera bander plus dur ou que l’on soignera leur cancer avec une couille de tigre, un dent de lion…

Oui, les humains ne sont pas toujours les plus intelligents. La corne n’est que de la kératine, comme dans nos ongles, nos cheveux… Pour résumer : les mecs, bouffez vos ongles et vous aurez la gaule. Sinon, Pfizer a inventé une pilule bleue (même si ce n’était pas le but au départ).

Sans jamais faire du manichéisme, l’auteur nous propose un scénario intelligent et des personnages profonds, travaillés, ni tous blancs, ni tous noirs (sans mauvais jeu de mot). Ils sont complexes, nombreux, mais pas de panique, impossible de les confondre.

L’histoire nous plonge dans une réserve privée où il faut, de temps en temps, prélever des animaux (les tuer et les manger), afin qu’il n’y ait pas un déséquilibre et que les autres puissent trouver à manger. Nous sommes dans le désert du Kalahari, pas dans des vertes vallées. Et rien n’est simple dans la vie, mais très complexe.

Comme toujours, l’auteur s’est renseigné, a travaillé son sujet, ce qui fait que le roman est hyper réaliste et qu’il en profite pour balancer des vérités, taper sous la ceinture et nous rendre un peu plus intelligent après lecture de son roman, qui allie l’action, l’aventure, le polar, le militantisme, les animaux, le mercantilisme, l’imbécilité, les croyances à la con et les faits de société.

Bref, difficile de s’ennuyer dans ce thriller survitaminé, mais pas trop. L’auteur a le bon goût de ne pas sucrer le sucre et d’utiliser les effets de manche avec parcimonie, juste pour donner un coup de pouce aux personnages.

Donc, si vous voulez kiffer une lecture, passer un moment génial avec un roman réaliste qui s’attaque aux braconnage à tous ces imbéciles qui croient que à la poudre de perlimpinpin, se foutant pas mal que l’on tue des animaux en voie de disparition pour leur fournir, c’est le moment de vérifier vos vaccins afin de suivre les personnages de ce roman, en Afrique, du côté de la Namibie et du Botswana.

Assurément, encore un grand roman !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°056].

 

La Chute de la Maison Usher – MiniSérie [par Dame Ida Critique très Critique du fond de sa Crypte Gothique]

Minisérie en 8 épisodes de Mike Flanagan diffusée sur Netflix depuis Octobre 2023

Intro Wikipedia :

Inquiet pour la santé de sa compagne, Lord Roderick Usher appelle un vieil ami d’enfance dans sa demeure. Néanmoins, des secrets se révèlent lorsque des héritiers de la dynastie Usher commencent à mourir mystérieusement.

L’avis de Dame Ida :
La Chute de la Maison Usher est originellement une nouvelle d’Edgar Allan Poe, que l’on retrouve dans le recueil des « Histoires Extraordinaires ».

On peut d’ailleurs la trouver libre de droit sur les sites proposant le fichier en toute légalité, puisque si l’auteur était américain, son traducteur n’était autre que Charles Baudelaire (en 1856) qui lui était bien français, et qui est décédé depuis largement plus de 70 ans pour que sa traduction ne soit plus soumise aux droits d’auteurs.

Évidemment, la série n’est qu’une très libre adaptation de la nouvelle, n’en reprenant que la trame globale, noyée dans les apports originaux de la série, y mêlant aussi d’autres éléments piochés dans d’autres œuvres de Poe.

Certains noms de personnages (autres qu’Usher), certaines façons baroques de trépasser des membres de l’illustre famille, certaines irruptions animales et autres petits éléments parfois subtils sont autant de clins d’œil à certaines nouvelles ou romans de Poe. Tout comme l’alcool qui y coule à flot… Et qui hélas fut le fléau qui a ruiné la vie de Poe lui-même.

La mini-série (de mon temps -je suis une vieille ancêtre- on disait « feuilleton », sachant qu’il n’y a pas vocation à une saison 2) décrit en 8 épisodes l’effondrement d’une famille richissime de l’industrie pharmaceutique, dont les membres meurent les uns après les autres, dans une atmosphère noire de complots et règlements de compte, sous-tendue de fantastique vénéneux parfaitement gothique qui pour le coup n’est pas étrangère à l’œuvre de Poe…

Pas de suspens. La fin est connue dès le départ… Ils vont tous mourir (après tout, tout le monde meurt… Même Cendrillon !) Mais… Quand ? Comment ? C’est là qu’il y aura plus de suspens, de fantaisie et d’originalité.

Une histoire familiale digne de la série Dallas, pleine des saloperies cyniques propres au grand capitalisme sauvage dans un monde où au-dessus d’un certain revenu annuel, les gens se pensent, et hélas, parviennent à s’assurer d’être intouchables, quelques soient leurs arrangements avec une loi dont ils se fichent allègrement. Les amateurs du genre apprécieront.

Les épisodes nous baladent entre deux époques, nous décrivant parallèlement le dénouement du drame tragique de nos jours, et la façon sulfureuse dont il se noue à l’aube de 1980, avec au milieux, le scandale des morts du business des antalgiques opiacées vendus à torts et à travers.

Et comme dans toutes les séries Netflix, la visibilité des diversités sera évidemment bien mise à l’honneur.

Si je trouve très respectable que toutes les formes de métissages aient été pensées au sein de la famille Usher, je serais en revanche plus perplexe pour la question de la représentation queer bien plus marquée que dans les réalités statistiques de la population générale.

On s’y attendrait évidemment dans une série comme « Queer as folk » ou « It’s a sin »… Mais le fait d’avoir décliné toutes les orientations sexuelles possibles en allant jusqu’au trouple (couple de trois – note de celle qui met en page) au sein d’une même famille, certes nombreuse, mais pas tant que cela, n’est-ce pas un peu too much pour être crédible ?

Bon, je vous l’accorde… Une série Netflix flirtant avec le fantastique n’a pas obligation à représenter le monde tel qu’il est dans la réalité… Mais la façon dont elle le fait ici est quelque peu à double tranchant car… Nos personnages queers significatifs sont ici, pour la plupart d’entre eux, de fieffés salauds (ok… il n’y a pratiquement QUE des salauds dans cette série même les zhétéros), et je ne suis pas certaine qu’ils soient les images les plus positives dont la communauté LGBT puisse rêver. Car même si certains personnages queers sont positifs, ce seront ceux dont leur appartenance à la communauté sera curieusement la plus discrète.

Ce sera ma plus sévère critique concernant cette série car ce jeu de piste érudit et plutôt bien ficelé à la recherche des clins d’œil aux œuvres d’Edgar Allan Poe me donnera bien envie de relire les « Histoires Extraordinaires » et autres recueils de contes et histoires d’un auteur qui savait y faire avec un genre gothique qui était très prisé à son époque.

Anybref, si le lien avec l’œuvre originale de n’est que lointain, relevant davantage de l’allusion, un peu comme dans la série « Lupin » (toujours de de Netflix où l’œuvre de Leblanc n’est qu’un élément contextuel), et même si Netflix persévère ici dans son obsession de la visibilité des diversités d’une manière un peu grossière et à double tranchant, cette série demeure plutôt captivante de par son côté gothique et sa critique acerbe des travers humains, du nombrilisme narcissique et du consumérisme de notre société ainsi que du capitalisme sauvage made in bigpharma.

Son odeur après la pluie : Cédric Sapin-Defour

Titre : Son odeur après la pluie

Auteur : Cédric Sapin-Defour
Édition : Stock La Bleue (29/03/2023)

Résumé :
C’est une histoire d’amour, de vie et de mort. Sur quel autre trépied la littérature danse-t-elle depuis des siècles ? Dans Son odeur après la pluie, ce trépied, de surcroît, est instable car il unit deux êtres n’appartenant pas à la même espèce : un homme et son chien. Un bouvier bernois qui, en même temps qu’il grandit, prend, dans tous les sens du terme, une place toujours plus essentielle dans la vie du narrateur.

Ubac, c’est son nom (la recherche du juste nom est à elle seule une aventure), n’est pas le personnage central de ce livre, Cédric Sapin-Defour, son maître, encore moins. D’ailleurs, il ne veut pas qu’on le considère comme un maître. Le héros, c’est leur lien.

Ce lien unique, évident et, pour qui l’a exploré, surpassant tellement d’autres relations. Ce lien illisible et inutile pour ceux à qui la compagnie des chiens n’évoque rien.

Au gré de treize années de vie commune, le lecteur est invité à tanguer entre la conviction des uns et l’incompréhension voire la répulsion des autres ; mais nul besoin d’être un homme à chiens pour être pris par cette histoire car si pareil échange est inimitable, il est tout autant universel.

Certaines pages, Ubac pue le chien, les suivantes, on oublie qu’il en est un et l’on observe ces deux êtres s’aimant tout simplement.

C’est bien d’amour dont il est question. Un amour incertain, sans réponse mais qui, se passant de mots, nous tient en haleine. C’est bien de vie dont il est question. Une vie intense, inquiète et rieuse où tout va plus vite et qu’il s’agit de retenir. C’est bien de mort dont il est question.

Cette chose dont on ne voudrait pas mais qui donne à l’existence toute sa substance. Et ce fichu manque. Ces griffes que l’on croit entendre sur le plancher et cette odeur, malgré la pluie, à jamais disparue.

Critique :
L’odeur d’un chien mouillé est unique au monde… Assez forte, incommodante et pourtant, lorsque notre chien n’est plu, cette odeur particulière nous manque, comme le cliquetis des griffes…

Des chiens exceptionnels, j’en ai connu, ils me manquent encore.

Alors ce roman qui parle d’un amour fusionnel entre un homme et son chien, bouvier bernois, ça me parlait, me donnait envie de le lire, même en sachant que le final serait larmoyant, parce que oui, un jour, nos animaux de compagnie nous quittent.

Alors que je m’attendais à recevoir des émotions en pagaille, ma lecture a été assez froide, presque clinique. Nulles émotions dans ces pages où un homme et un chien font leur première rencontre, leurs premiers pas ensemble, où ce jeune chiot apprend à découvrir son nouvel univers.

Merde alors, qu’est-ce qui m’arrive ? Aurais-je perdu ma capacité à m’émouvoir ? Serai-je jalouse de sa relation fusionnelle avec son beau chien ?

Impossible, j’ai vécu aussi ce genre d’histoire et je suis toujours capable de m’émouvoir dès qu’un humain et un animal ont une relation fusionnelle ou qu’une personne perd son chien, qu’il ait été perdu, volé (comme pour les chats).

Alors docteur, la cause du malaise ? Cela est dû au style d’écriture de l’auteur, dont certaines tournures de phrases étaient assez difficiles à lire, alambiquées, comme si l’auteur avait voulu complexifier le récit au lieu d’aller au plus simple.

Si mon fourgon blanc prend la direction de là-bas, ce ne sera pas pour voir si ce n’est pourvoir un réel déjà bien garni de ses bonheurs et de ses manques.

Un vertige m’y attend, de ceux que les évidences contraires de l’élan et du frein creusent à merveille. Je sais ce que signifie aller là-bas, du côté de Mâcon. Ça n’est pas rendre visite.

Bref, le style ampoulé m’a empêché de vibrer de cette relation entre l’auteur et son chien, nommé Ubac, ainsi que le fait qu’il parle plus de lui que de son animal. Trop de « je », ce qui m’a fait rester à distance de ce récit, puisque je n’y trouvais pas ce que je cherchais : les émotions d’une telle relation.

Alors oui, ce n’est pas toujours facile à expliquer ce genre d’amour avec un animal,  pas toujours évident de raconter, de mettre les mots sur ces belles histoires, afin de faire vibrer son lectorat et j’avoue que j’aurais du mal à raconter mes histoires fusionnelles avec certains chiens, qu’ils aient été des chiens malins ou des un peu con (j’en ai eu un, mais c’était un amour).

Les émotions sont arrivées pour la fin de vie de Ubac, là, mon coeur s’est serré et mes yeux se sont humidifiés. Hélas, ensuite, l’auteur a fait trop long et l’ascenseur des émotions est redescendu et j’ai terminé les dernières pages assez péniblement.

Dommage, j’attendais beaucoup de cette lecture, dont des vibrations fortes et elles ne furent pas au rendez-vous. Vu que sur Babelio, les critiques sont positives à l’écrasante majorité, il y a plus de chances que vous passiez du bon temps dans cette lecture que moi.

 

Miss Cox et le Mystère du Ruban rayé – Une histoire paranormale de Sherlock Holmes : Sadie De Winter

Titre : Miss Cox et le Mystère du Ruban rayé – Une histoire paranormale de Sherlock Holmes

Auteur : Sadie De Winter
Édition : Auto édité (29/04/2023)
Édition Originale : Miss Cox und das Rätsel des gestreiften Bandes: Eine paranormale Sherlock Holmes Geschichte
Traduction : Gunda Plewe

Résumé :
Une cliente désespérée au 221B Baker Street ? Ce n’est pas un événement inhabituel.
Mais quand Sherlock Holmes demande de l’aide à son employée de maison, cela devient une situation peu commune.

Miss Drusilla Cox, n’étant pas contre une petite aventure policière, accepte d’accompagner Miss Helen Stoner à Stoke Moran. La sœur jumelle de cette dernière, Julia, y a trouvé la mort il y a deux ans dans des circonstances troublantes. Les nuits précédant sa mort, Julia avait été régulièrement réveillée par un étrange sifflement, mais elle n’avait pas accordé d’importance à ce bruit.

Julia était alors sur le point de se marier, et maintenant Miss Helen Stoner a l’intention de se marier à son tour. Et comme sa sœur jumelle, elle est depuis peu tirée de son sommeil la nuit par un sifflement insistant…

Il s’agit d’une variation paranormale de l’histoire de Sherlock Holmes intitulée « Le Ruban moucheté ». L’histoire est racontée du point de vue féminin et se termine bien sûr différemment de la version édulcorée que le Dr Watson a écrite à l’époque.

Critique :
Rien à dire, le Sherlock Holmes de la couverture est à croquer, un vrai sexy lovely boy ! C’est ce qui a attiré mon œil en premier, puis, j’ai vu que c’était un pastiche holmésien, alors, j’ai foncé.

The Speckled Band (La bande mouchetée) fait partie de mes nouvelles préférées, chez Conan Doyle, malgré les erreurs effroyables qu’il y a dans cette histoire (cet animal est sourd, il n’entend donc pas le sifflement de son maître et en plus, il ne boit pas de lait).

Anybref, découvrir cette nouvelle en version fantastique, avec des métamorphes et un final différent de celui de l’original, cela m’a titillé la curiosité et comme cette nouvelle ne fait que 46 pages, ce fut vite dévoré !

Les points d’achoppements ont été avec quelques fautes de français, notamment dans l’accord d’un participe passé avec être qui n’a pas été accordé et un oubli de féminisation d’adjectifs (intelligent au lieu d’intelligente, puisque c’est de Miss Cox qu’il s’agissait et que, jusqu’à preuve du contraire, elle ne s’est pas définie comme non genrée). Bon, rien de rédhibitoire !

J’adorais les écouter discuter de leurs affaires, et je pouvais participer aux devinettes sans être vu. J’étais loin d’être aussi intelligent que le grand détective, mais j’étais généralement un peu plus rapide que Watson dans ce qu’ils appelaient la déduction.

Les points forts de cette nouvelle version, c’est qu’elle chamboule toute la résolution de l’affaire, telle que l’avait racontée Watson et je dois dire que cette nouvelle version est bien trouvée et en accord avec le côté fantastique et de la présence des métamorphes.

Alors oui, ma préférence sera toujours pour l’originale, il va sans dire, mais au moins, l’autrice nous a fait une réécriture originale et intelligente. J’ai été bluffée et je me suis surprise à rire.

Il va sans dire que l’héroïne étant Miss Cox, c’est elle qui part à Stoke Moran et c’est elle qui mènera l’enquête, tout en protégeant Miss Helen Stoner, la cliente de Holmes. Il faut donc vous attendre à ne pas avoir beaucoup de présence du détective de Baker Street et une quasi absence de Watson, qui sera cité, présent aussi, mais sans ligne de dialogue.

Une belle petite découverte, ce pastiche holmésien, qui s’éloigne de ce qu’on a l’habitude de lire, notamment par son côté fantastique totalement assumé (et pas expliqué logiquement comme dans le canon holmésien). Et ça lui va bien.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°055].

Le dernier étage du monde : Bruno Markov

Titre : Le dernier étage du monde

Auteur : Bruno Markov
Édition : Anne Carrière (25/08/2023)

Résumé :
L’art de la guerre consiste à soumettre son adversaire sans le combattre. C’est ainsi que le père de Victor Laplace s’est fait détruire. C’est ainsi que le jeune Victor espère venger sa mémoire, en s’infiltrant au cœur même du système qui l’a brisé.

Sa stratégie est claire : se faire embaucher dans le prestigieux cabinet de conseil que dirige son ennemi, l’approcher pas à pas, l’écouter patiemment dévoiler la recette de ses triomphes, l’accompagner dans son ascension en attendant l’ouverture, la brèche où il pourra s’engouffrer.

Une partie d’échecs pour laquelle l’apprenti possède une arme décisive : sa maîtrise des algorithmes et de l’intelligence artificielle.

Car à l’heure où le succès ne répond plus au mérite ou à l’intelligence, mais à d’autres règles sociales qu’on peut traduire en équations, celui qui sait les déchiffrer peut à tout moment renverser le jeu en sa faveur.

Mais à quoi devra renoncer Victor Laplace pour parvenir au dernier étage du monde ?

Dans une variation sur le thème des Illusions perdues, teintée d’un esthétisme à la Tom Wolfe, Bruno Markov réinvente le mythe de la réussite individuelle à l’heure des nouvelles technologies.

Critique :
La vengeance est un plat qui se mange froid et Victor Laplace a pris son temps pour y arriver. Tel un Comte de Monte-Cristo, il a aussi mis les moyens pour y arriver.

Il aurait pu attendre sa cible dans une ruelle, le tabasser, le flinguer… C’est plus rapide, mais est-ce que ça aurait fait un pitch intéressant pour un roman ? Peut-être pas…

Là, ce sera plus long, plus complexe, plus tortueux et avec le risque de perdre son identité véritable, à force de porter les costumes d’un personnage que l’on n’est pas.

Sans oublier qu’à force de regarder dans l’abîme, l’abîme regarde aussi en nous… Victor Laplace, à force de jouer le game et de pousser ses algorithmes toujours plus fort, risque de se comporter comme les autres, ces puissants qui nous gouvernent au travers des banques, des sociétés de consultant et de l’internet.

Mon plus gros bémol sera pour les quelques longueurs dans le texte. Le roman fait 446 pages et si certains passages m’ont captivés, d’autres m’ont fait bailler d’ennui. Trop de blablas, trop d’introspections, trop de détails sur de l’insignifiant, comme les actes accomplis par Victor au lever.

Certes, ils avaient pour but de nous montrer la vacuité de ces gens qui suivent des programmes de remise en forme, de régimes spécifiques fait à base de protéines, mais ils étaient surtout trop verbeux et j’ai décroché plusieurs fois.

L’autre bémol sera pour le final qui prendra trop de temps, faisant ralentir le rythme à un point tel que je me suis crue enlisée dans la mélasse. Bon, à un moment donné, il faut conclure et ne pas faire durer les choses…

Par contre, les points positifs de ce roman qui parle de vengeance, de sociétés, d’informatique, c’est qu’il est accessible à tout le monde et qu’il vous glace les sangs, lorsque l’on voit comment on se fait manipuler, diriger et sucer toutes nos données.

Le téléphone portable et l’internet ont changé la donne, mais le jour où l’on a mis l’internet sur des smartphones, là, on peut se dire, que l’on s’est fait avoir comme des bleus. Depuis, tout le monde poste tout et n’importe quoi et les sociétés qui se nourrissent de nos données, se les revendant toutes et les utilisant pour mieux cibler qui ils veulent.

Dites-vous bien que grâce aux algorithmes, certains en savent plus sur chacun nous que nos parents, nos enfants, nos amis, nos collègues, nos psys, nos confesseurs,… Pire, ils en savent plus que la CIA, plus qu’un bourreau qui nous aurait torturé et plus que nous, sur nous-même. Même si vous n’êtes pas assidus aux écrans et réseaux sociaux, ces algorithmes sont capables de dresser un portrait de vous des plus fidèle. C’est glaçant.

Ce roman qui parle de vengeance, de déshumanisation, de licenciement, de toujours plus de contrôle sur les humains, au travers d’outils censés les aider, de manipulations, d’Internet, me laisse un peu le cul entre deux chaises et prouve, une fois de plus, qu’on peut ne pas avoir tout aimé d’un roman, mais en ressortir tout de même ébranlée, glacée, mal à l’aise.

Si je devais faire la balance de cette lecture, je dirais qu’elle a manqué d’équilibre et a joué à l’ascenseur émotionnel, me faisant passer d’un ennui profond à certains passages, puis monter dans les hauteurs, augmentant mon rythme cardiaque et me glaçant les sangs.

Une lecture que je ne regrette pas d’avoir faite, je me suis couchée moins bête et plus méfiante encore de ces putains d’algorithmes, même si je ne suis pas une grande utilisatrice des réseaux sociaux.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°054].

‭Les Folles enquêtes de Magritte et Georgette – 06 – Charleroi du crime : Nadine Monfils [LC avec Bianca]

Titre : Les Folles enquêtes de Magritte et Georgette – 06 – Charleroi du crime

Auteur : Nadine Monfils
Édition : Robert Laffont – La bête noire (31/08/2023)

Résumé :
À Charleroi, la mort frappe toujours deux fois.

Georgette, l’épouse de René Magritte, est une gourmande ! Elle adore « les merveilleux », ces gâteaux à la meringue, spécialité belge. Elle va souvent chez le pâtisser et fait la connaissance de sa compagne. Mais un jour, la pauvre pâtissière se fait renverser par une voiture qui prend la fuite.

Quelques mois plus tard, son mari se balade aux Puces de Bruxelles, et trouve une caisse remplie de vieilles photos ainsi qu’un article de journal jauni dans lequel il découvre que sa dulcinée est morte à Charleroi dans un incendie alors qu’elle était adolescente…

Une femme qui meurt deux fois ! Voilà un mystère à résoudre qui ne peut qu’enchanter le couple Magritte.

Critique :
♫ Dans la ville d’Charleroi  ♪ Y’a les travaux qu’avancent pas ♪ Y’a les TEC en grève ♪ Le long des terrils morts ♪ (*)

Désolée pour les habitants du Pays Noir, du borinage, ce n’est pas pour les descendre ou les mépriser du haut de la capitale, loin de là.

Charleroi a mauvaise presse, la faute sans doute à ses politiques (tous des socialistes) et à son passé de ville minière. On croit que tout y est noir. Les préjugés ont la peau dure, à tort et à raison.

J’étais contente que ce 6ème opus des enquêtes de Magritte et de son épouse Georgette se déroule au pays noir, dans cette ville que je connais mal et qui, je l’avoue, ne m’attire pas, niveau tourisme ( il y a des quartiers de la capitale dans lesquels je n’ai pas envie de mettre les pieds non plus).

Un des avantages de cette série de cosy-mystery, c’est qu’ils me permettent de voyager dans mon propre pays, de le découvrir d’une autre manière, puisque, en ce temps-là, pas de travaux qui durent, qui durent et pas de TEC (transports en commun) en grève (oui, les blagues sur les TEC en grève sont légions chez nous).

C’est un autre Charleroi que j’allais découvrir, grâce à Magritte, tout en apprenant des anecdotes sur ce peintre célèbre, croiser d’autres personnages célèbres et écouter zwanzer à la bruxelloise ou causer en patois, puisque Charleroi est une ville Wallonne et que, si je ne comprends pas ce wallon-là, certains mots allaient tout de même chanter dans ma tête. Et ce fut le cas.

Comme toujours, l’enquête prend son temps, Magritte, sa femme et leur chienne fouinent partout, aidé par leur ami policier, Jefke de Bruxelles. Comme souvent, c’est grâce à Loulou la chienne que l’enquête prendra un nouveau tournant et un coup d’accélérateur.

Non, Magritte et Georgette ne sont pas des Sherlock Holmes ou des Hercule Poirot, il enquêtent à leur niveau, mettent leur nez partout, nous offre une petite dose d’humour, bienvenue par les temps qui courent (c’est moi où ça devient de pire en pire ?) et une résolution d’énigme qui tient la route, sans pour autant être recherchée (Agatha Christie est indétrônable).

Mais je m’en fous, je ne lis pas leurs enquêtes pour découvrir une enquête de malade, mais pour passer un bon moment de lecture avec deux personnages hauts en couleur, tout comme les personnages secondaires, dont Carmen, la reine de la loque à reloqueter.

On ne se prend pas la tête et on met les pieds dans un autre univers, celui d’une Belgique qui n’existe plus, puisque nous sommes dans les années 50. Une époque où Bruxelles brusselait… Déjà à l’époque, Jefke le policier se lamentait que les vieux Bruxellois au langage si particulier, disparaissaient, ainsi que tous les petits commerces, et autre caberdouches (cafés).

Une enquête au pays noir qui met de la joie au cœur. Autrement dit, une LC réussie, une fois de plus, avec ce duo que Bianca et moi apprécions grandement. Son avis ne dira pas le contraire.

(*) Sur l’air de « Dans le port d’Amsterdam » de Jacques Brel (qu’il me pardonne).

Petite anecdote : si un jour, vous devez prendre l’avion et qu’il est indiqué « Bruxelles Sud/ Brussels South » (pour décoller ou y atterrir), n’allez pas, comme des connaissances à moi (et bien d’autres aussi), à l’aéroport de Zaventem qui se trouve dans la périphérie de Bruxelles ! Grosse erreur ! Fatale erreur !

L’aéroport de Brussels South est en fait celui de… Charleroi (oui, oui, ce n’est pas une couille) ! Pourquoi cette dénomination erronée ? D’après un de nos humoristes, c’est dû au fait que quand les passagers entendaient « Charleroi », ils refusaient de descendre de l’avion (François Pirette, tu me fais toujours bien rire). L’humoriste étant originaire du borinage, il sait de quoi il parle. En vrai, c’est pour le rendre plus visible et plus attractif…

Anybref, tout ça pour vous dire que c’est un bel exemple de surréalisme à la Belge, que n’aurait pas renié Magritte. Et à mon avis, cela l’aurait fait bien rire.

EDIT : la preuve que je ne disais pas des carabistouilles avec les TEC en grève de Charleroi : ce jeudi 12 octobre 2023, il y a eu un « Mouvement d’humeur spontané » aux TEC Charleroi (autrement dit, une grève surprise, sans préavis de grève, sans les syndicats). Cette action était motivée par “un ras-le-bol” des chauffeurs…

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°053].