Jeudi noir : Michaël Mention

Titre : Jeudi noir                                                                 big_4

Auteur : Michaël Mention
Édition : Ombres Noires (2014)

Résumé :
8 juillet 1982, Séville. Coupe du monde de football, demi-finale France-R.F.A.L’ambition contre l’expérience. L’espoir porté par Mitterrand contre le fatalisme du mur de Berlin. Et pour les deux équipes, une même obsession : gagner sa place en finale.

Face aux puissants Allemands, Platini, Rocheteau, Giresse : une équipe de France redoutable.

Mais le pire s’invite : les coups pleuvent, le sport devient guerre, et la mort arbitre.Pour la première fois, le match mythique vécu en direct, sur le terrain.

Une expérience radicale, entre exaltation et violence.

Critique : 
Le foot et moi, ça fait 2. Hormis quelques matchs lors des coupes du Monde ou d’Europe, je ne le regarde pas.

D’ailleurs, il a fallu que ma petite sœur suive le Coupe du Monde en 1998 pour que nous regardions pour la première fois du foot ensemble, ma sœur, ma mère et moi. Mais pas notre père…

Malgré tout, je ne sais toujours pas reconnaître un hors-jeu quand il y en a un et je ne suis jamais devenue une fana de ce sport où l’argent fait sa loi.

Alors vous pensez bien qu’un roman relatant le match France/RFA lors de la demi-finale de la Coupe du Monde à Séville en 1982, ça ne m’intéressait pas du tout.

Sauf que l’auteur ne m’est pas inconnu, qu’il m’a enchanté avec un autre roman et que des copains/ines sur la Toile m’ont donné l’envie de le lire.

Heureusement d’ailleurs, parce que j’aurais fait l’erreur stupide de passer à côté d’un excellent roman.

Certes, il relate de manière précise ce match de foot que je n’ai jamais vu et qui fut hard, mais il ne fait pas que ça !

Derrière la narration d’un joueur fictif, une sorte de douzième homme sur le terrain, il y a toute une réflexion profonde sur la France, l’Europe, l’Allemagne de l’après-guerre, la montée du racisme et les valeurs qui à une époque, avait fait la grandeur de la France.

Sans parler d’un gros tacle dans les tibias d’une certaine presse… celle qui joue aux vautours.

À ma droite, des journalistes jouent des coudes en vue d’obtenir la meilleure photo. Avec l’évacuation de Patrick, ils n’ont pas raté leur soirée. Ces hyènes ne vivent que pour le scoop, si possible le plus macabre. Ce sont eux qui ont tué Romy. Notre meilleure actrice, la femme ultime. Son gosse empalé sur la grille, ça ne suffisait pas, alors ils ont poussé le vice jusqu’à se déguiser en infirmiers pour le photographier sur son lit de mort. Pourritures.

Et puis, ce match de foot, ce n’est pas un match, c’est une bataille, une guerre larvée qui va atteindre son paroxysme après l’agression… La tension est palpable à tel point qu’on pourrait la couper au couteau.

On a beau connaître l’issue du match, savoir pour qui sera Waterloo, malgré tout, on espère voir gagner l’équipe de France. On tremble même à chaque tir cadré vers les buts.

Jamais je n’aurais cru possible que le récit d’un match de foot puisse me prendre aux tripes ainsi. Ni que le récit puisse atteindre autant de profondeur.

L’auteur arrive à nous décrire la haine et la rage qui monte dans l’esprit des joueurs et dans les gradins, à nous raconter du foot qui avait tout du pugilat.

Rien à dire, on sent le travail de documentation derrière tout cela ainsi que le talent de l’auteur pour mettre tout cela en phrases cohérentes et donner du suspense à un match que l’on sait plié d’avance.

Une Mention « très bien » aussi à l’auteur pour ses petites intro musicales en début de chaque chapitre… Phrases d’intro qui se retrouvaient ensuite dans les premières phrases du chapitre. Là, je tire mon chapeau.

Bref, vous l’aurez compris, pas besoin d’aimer le ballon rond pour le lire, même pas besoin d’avoir vécu le match en direct (bien que cela doit donner une autre saveur au roman) ou de le visionner sur You Tube.

Moi, je me suis juste contentée de voir la fameuse charge de Schumacher « Bison » sur Battiston. Là, on comprend que cela ait failli mettre le feu au stade, et pas dans le bon sens. On se demande même pourquoi l’arbitre regardait ailleurs.

Cette vidéo m’a aussi appris qu’en 82, les maillots n’étaient pas floqués du noms des joueurs et que leurs shorts étaient à la limite de faire dépasser leurs service trois-pièces.

Des shorts aussi riquiqui que les esprits de certains bas-de-plafonds qui pensaient (et pensent toujours) qu’une équipe de foot nationale doit être composée à sang pour sang de joueurs du pays… Vous savez, des vrais, pas des produits d’importation…

Moi, tout ça me débecte car qui peut dire qu’il est plus Français/Belge/Italien…. que son voisin ?

Être Français, ça veut dire quoi ? Qu’on est né en France, c’est tout ? Je refuse de croire que ça se résume à un droit du sol, bassement territorial. Le sol, ce n’est que de la matière. Moi, je parle d’identité, l’essence même de ma personne.

L’important n’est pas d’être français, mais de s’accepter comme tel. S’accepter pour mieux accepter l’autre, qu’il soit allemand, malien ou je ne sais quoi. En finir avec ces barrières inutiles que sont le racisme, les religions, l’exclusion. Noirs, Blancs, catholiques, musulmans, juifs, hétéros, homos… on est pareils. Tous mortels. Alors, qu’on arrête nos conneries et qu’on profite de la vie, ensemble.

Une belle découverte que ce roman et je m’en serais voulue d’être passée à côté.

« Ma Pedigree PAL – La PAL d’excellence » chez The Cannibal Lecteur.

BIBLIO - Pedigree PAL

21 réflexions au sujet de « Jeudi noir : Michaël Mention »

  1. Ping : Jeudi noir – Michaël Mention | 22h05 rue des Dames

  2. Ping : Bilan Livresque : Décembre 2014 | The Cannibal Lecteur

  3. Ping : 2014 en révision | The Cannibal Lecteur

  4. Comme toi j’ai attaqué ce Jeudi Noir presque à rebrousse poil, le fois et moi ça fait cinq ! Sauf que je connaissais ce match pour l’avoir vécu en live (devant la TV). Et comme toi je ne regrette pas l’expérience, le cul entre deux chaises (entre essai et fiction) Michael Mention s’en sort haut la main. Pas de carton rouge pour lui.

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    • Non, vraiment génial ! mais sans des amies pour me le conseiller, j’aurais hésité quand même, bien que Yvan ne soit pas un mordu de foot et qu’il possède, parait-y, une chatte… oups, je sors en courant !! 😆

      Tes doigts ont dérapé parce que tu notes « le fois et moi »

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        • Oui, avec la saisie intuitive, tu te retrouves avec des « stage d’esclavage » au lieu de « stage d’escalade »… 😆 bref, la merde !

          Non, le foie, j’aime pô, rien que de penser à ce que je mange, j’ai envie de vomir… 😦

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    • Oui, chaque année, WP m’envoie de la neige durant le mois de décembre ! Me demande plus où on clique, mais je l’avais fait en 2013 et il a remis ça cette année 😀

      Oui, je lis de tout, mais surtout ce qui m’est recommandé par les autres, sur les blogs, les gens auxquels je fais confiance parce que je sais que leurs avis n’est pas « acheté » 😉

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  5. J’aime beaucoup ta citation finale. Le foot, j’ai grandi avec, mon père jouait en amateur dans sa jeunesse, un de mes copains a tenté de faire carrière, sa santé en a décidé autrement, nous avons même une classe foot dans mon établissement. Ce livre me tente beaucoup.

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    • Il y a bcp de racisme dans le foot et beaucoup râlent encore quand ils voient des équipes nationales composées de joueurs qui ne sont pas 100% du cru… :/

      Le livre est à découvrir, pour sa réflexion psychologique et raciale. 😉

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  6. je pense que si je lisais ce livre j’aurai pu ecrire la meme introduction….Bon ca fait trop de fois que je vois de bonnes chroniques pour ce livre et meme si les filles s’y mettent 😉 alors je vais me pencher sur ce livre s’il traverse ma route….

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    • Il y a des mecs qui l’ont lu et qui n’aiment pas le foot non plus ! J’y croyait pas, jusqu’à ce que Collectif Polar sur FB me le conseille aussi. Une femme qui me conseille un livre qui parle de foot alors qu’elle ne l’aime pas non plus, je ne pouvais que relever le défi 😉

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