Titre : Cible mouvante
Auteur : John Ross MacDonald
Édition : Gallmeister (2012)
Résumé :
Qu’un homme d’affaires surmené ait une envie de « disparaître » pour s’aérer un peu, quoi de plus naturel ? Mais quand il s’agit d’un industriel aussi fortuné que Ralph Sampson qui « pèse » au bas mot cinq million de dollars et fréquente assidûment les milieux louches de Los Angeles, on peut s’interroger sur la réalité de ladite fugue.
Pour Lew Archer, le privé chargé de l’enquête, le problème est clair: il ne peut s’agir que d’un enlèvement savamment orchestré.
Plus inquiétant cependant : c’est dans l’entourage de Sampson qu’il faut chercher les coupables. Pour mener à bien sa mission et protéger la vie de l’otage, Archer doit aller vite.
Mais le jeu est dangereux et lui-même n’est pas certain d’en sortir vivant… Et pour cause! La rançon demandée est de cent mille dollars.
Critique :
Lew Archer, ancien flic, est devenu un privé. Sa prochaine mission, s’il accepte : retrouver Ralph Sampson le multimillionnaire dont on ne sait s’il a fait une fugue volontaire ou si on l’a enlevé. C’est Darty mon kiki !
Conseil : on ne doit pas ouvrir un Lew Archer pour son intrigue ou son tempo d’enfer, les deux étant secondaires.
Non pas que l’enquête soit bâclée, lente, à chier ou capillotractée, loin de là, mais ici, le plus important, c’est toute la galerie de personnages qui gravite autour d’Archer (lui aussi vaut le détour).
Cette petite galerie est un joli panel de ce que la société peut nous offrir… Ils valent tous leur pesant de cacahuètes. Quand à Lew Archer, il est entêté, utilise des remarques d’une fine ironie et à une connaissance de la psychologie humaine acérée. Mais il reste humain car il lui arrive de se tromper et alors là, ça le décourage.
J’ai aimé son attitude glaciale, son culot, son arrogance, ses répliques qui font mouche et son humour un peu mi-ironique mi-pince-sans-rire. C’est un détective qui sait comment susciter n’importe quelles réactions chez ses interlocuteurs afin de les traire de leurs précieuses informations pour résoudre ses enquêtes. La fin justifie l’utilisation de moyens pas toujours honnêtes pour faire parler les gens, même en les saoulant.
Autre avantage du roman : nous sommes après la Seconde Guerre Mondiale, dans les années 40 et donc, pas de GSM, smartphone, Internet, GPS, mouchard sur les bagnoles… Rien, que dalle, on fait tout à la vieille méthode : les téléphones à cadrans et les bonnes vieilles filatures ! Le privé dans toute sa splendeur.
Niveau plume, celle de Macdonald n’a rien d’académicienne… Non, son style à lui est fleuri, imagé, métaphorique, jouissif.
L’horloge mâchait très lentement, mastiquant chaque minute soixante fois.
Il me rendait nerveux, comme on peut l’être quand on parlemente avec un bouledogue inconnu sur les terres de son maître.
Il invente même des mots tels que « troudeballo-succion » (après « entrouducuter » de Loevenbruck). Bref, on peut dire que si certains ressemblaient plus à Robert qu’a Redford, la plume a plus du Victor que du Hugo. Ou plus de Hugo que de Victor, au choix. Sans jamais sombrer dans le vulgaire, le facile et en se permettant même des petits traits philosophiques.
— Vous ne pouvez pas en vouloir à l’argent pour le mal qu’il fait aux gens. Le mal est chez les gens, et l’argent n’est que la patère à laquelle ils l’accrochent. L’argent les rend fous quand ils ont perdu toutes leurs autres valeurs.
Le tout servi avec des dialogues savoureux comme un bon hamburger bien gras dégoulinant de sauce… Certes, à une réception chez la baronne de la Tronche-En-Biais, ça fait mauvais genre, mais qu’est-ce qu’on se relèche les doigts !
— Comment vous êtes-vous retrouvé là ?
J’avais la flemme de lui expliquer.
— J’y suis entré sur un coup de tête. Et j’en suis sorti sur un coup de poing.
L’enquête part un peu dans tous les sens et après quelques moments plus longs, pour planter le décor, le reste filera tout seul pour donner un final en feu d’artifice qui m’a emporté au-delà d’un Colonel Moutarde dans la véranda avec la clef anglaise.
Bien que j’ai vu venir certaines choses, l’auteur a tout de même réussi à me surprendre.
Il ne me reste plus qu’à aller prendre un bon bol d’air pur car après avoir écumé les bars enfumés avec Lew Archer (incarné au cinéma par Paul Newman, miam) et bu plus que de nature toutes sortes d’alcool, m’être pris des coups sur la tête, des flingues sur la tempe, et bien, j’ai besoin de calme.
Pas de panique, je compte bien remonter dans la décapotable de ce cher Lew pour une nouvelle enquête !! Mais attention, toujours avec les éditions Gallmeister qui nous offrent une traduction intégrale et pas amputé comme à l’époque de la mythique Série Noire.
Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2015-2016), Challenge « La littérature fait son cinéma – 4ème année » chez Lukea Livre et « Le Mois Américain » chez Titine.
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Ça fait du bien ces ambiances rétros.
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Une section spéciale oldies !!
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un bon moment de lecture apparemment 🙂
Tu avais lu le roman dans l’ancienne traduction?
J’adore ton expression : chez la baronne de la Tronche-En-Biais 🙂
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Non, non, lu dans la nouvelle traduction, chez Gallmeister c’est que les traductions intégrales !! Et c’est tant mieux.
Un roman qui fait du bien entre deux autres.
La baronne de la Tronche-en Biais vient de Sim qui jouait ce personnage dans ses sketches…
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je ne connaissais. Je suis encore trop jeune pour connaître si bien Sim 🙂
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Dis tout de suite que je suis trop vieille !!! Non, mais !!! Arrrghhhhh…. mdr
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tu ne prends pas un an de plus bientôt? 🙂
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Chuuuut, faut pas le dire !! Oui, je vais prendre un an de plus en novembre… ou un an de moins… 😀
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ou tu ne bouges plus de chiffre depuis un moment 🙂
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oui, mais là, je vais en bouger deux d’un coup…. 😦
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mais dis toi qu’après tu garderas le même âge pendant 5 ans 🙂
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Non, pendant 10 ans !!!
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10 ans. Le choc est difficile…. 🙂
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Très… je pense à un suicide littéraire avec un 50 nuances, ou un twilette, ou un harlequin…
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et pourquoi pas tout d’un coup? 🙂
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Purée, la totale, alors… mais le suicide sera direct et pas à petit feu comme le suggérait cet empoisonnement progressif à la littérature qui n’a de littérature que le nom…
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mais tu pourrais être surprise… et pourquoi pas devenir après accro à Harlequin. qu’en plus d’aller chercher ton Spirou toutes les semaines tu prendrais un harlequin et tu ne pourrais plus t’en passer. 🙂
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Faudrait pas voir à pousser bobonne dans les orties, surtout lorsqu’elle ne porte pas de petite culotte !! Jamais de la vie ! J’ai lu quelques Harlequins à une époque lointaine, mais là, c’est terminé !! 😀
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bon, il y a des harlequins gamme au dessus…. Va falloir lire toutes les nuances de grès et après tu arrêteras peut-être de lire des livres sanglants 🙂
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Je veux lire les 50 nuances mais dans sa version « raconté par la bite de Grey » ou « raconté par la chatte à Ana »… sinon, c’est non !
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c’est originale comme version. C’est en bd? 🙂
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Non, hélas, l’auteur ne l’a pas écrite, mais ça pourrait se faire en parodie et en dessin, ce serait plus coquin ;-))
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c’est peut-être en cours d’écriture 🙂
une bd avec 50 nuances, il y a de l’idée et tu as déjà des titres en plus 🙂
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50 nuances différentes pour raconter la même histoire !! Au fait, il avait bien 50 nuances l’enfoiré de Grey ??
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l’enfoiré de Grey…. la vilaine 🙂
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Un pute de fils !!
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en voilà une expression…
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sa mère ne m’ayant rien fait, je ne puis dire « fils de pute », donc, je l’insulte lui. ;-))
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🙂
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Lorsque tu insultes quelqu’un de « pute de fils », il met dix secondes à comprendre !
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je confirme 🙂
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hihihi
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Il y avait aussi, chez San-Antonio, la Baronne de Maideux… ;-))
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moins glamour 🙂
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Tout à fait ! Mais San-Antonio fait dans le cochon, le non politiquement correct, il fait dans le sauvage et pas pour le grand public… 😛 Je te parle de Eva Tférembroquer ?
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Eva Tférembroquer, je ne connais pas.
Je n’ai jamais lu de San Antonio non plus, je vais essayer cette année 🙂
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Je te conseille « vol au-dessus d’un nid de cocu », « les vacances de Bérurier », « on liquide et on s’en va ». Et les écrits du père, pas ceux du fils ou du saint-esprit !!
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j’en ai trouvé dans la rue dernièrement 🙂 Sur une poubelle à recyclage 🙂
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Warf ! la totale là !!!
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on peut trouver des livres partout 🙂
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Partout partout ?? Même aux WC ?? mdr
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dans mes wc, il y a un étagère 🙂
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Dingue !! Je lis jamais dans les wc, c’est contre nature. 😛
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J’ai un livre pour lire dans les toilettes 🙂
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Non, moi pas, c’est contraire à tout… Mdr
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Je suis même entrain d’expérimenter le livre à lire dans le lit 🙂
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Je déteste lire dans mon lit aussi… dans le lit, à part dormir et baiser, je ne fais rien d’autre ;-))
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je tente le matin en me réveillant avant de mettre le pied par terre 🙂
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quoi ? de lire ou de baiser ?? mdr
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les deux en même temps 🙂
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pas drôle pour celui qui fait la besogne, il va avoir l’impression que tu t’emmerdes, là !!
Une femme frigide avoue enfin son fantasme à son Mari : Faire l’amour pendant qu’un grand noir les évente avec une avec de grande feuilles de bananier.
Surpris mais amusé, décidé à en finir avec la frigidité de sa femme, l’homme décide de sauter le pas.
Le soir venu, rien à faire, le grand noir évente tant qu’il peu, l’homme donne le meilleur de lui-même, mais l’orgasme reste hors d’atteinte pour sa femme.
Celle-ci suggère alors : « écoute mon chéri, je ne sais pas, peut être pourriez vous inverser les rôle un moment, j’aurais peut être un déclic ».
Le mari se met alors à éventer sa femme au prise avec le noir.
Soudain, tout s’enchaine, celle-ci se met à hurler de plaisir.
Son orgasme dure sans discontinuer une dizaine de minute avant qu’elle s’écroule essoufflé.
L’homme, l’air outré, se retourne alors vers le grand noir :
« Alors ! T’as compris maintenant comment il fallait éventer !? »
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Par contre, avec les collègues de boulot, on fait souvent réunion syndicale (comme on dit) dans les chiottes. C’est parfois là qu’on a plus le temps de se causer !
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réunion syndicale dans les oua oua… Vous avez des toilettes mixtes?
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Non, mais les mecs viennent papoter avec nous dans nos chiottes et nous, on hurle « dehors » ou « au viol » ça dépend. Mais si on a terminé nos besoins et qu’on se lave les mains, on rigole tous ensemble.
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tout dans la bonne ambiance 🙂
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Oui, heureusement, on s’entend bien !
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les journées de boulot se passent mieux 🙂
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Beaucoup mieux ! Même si tout n’est pas toujours rose avec la nouvelle direction… on s’en branle, on rit, ça les fait chier !
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vous faîtes marcher votre imagination 🙂
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Oui, et elle marche bien !
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je n’en doute absolument pas 🙂
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Hihihi
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Il est quelque part dans mon immense PAL (dans la version Gallmeister). Très tentant.
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Si tu as la bonne version, alors, tant mieux ! Je n’aurais pas voulu lire la caviardée.
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Bien envie de faire la connaissance du personnage !
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Si tu veux, tu l’ajoutes sur la liste de papa Nowel :-))
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il est sur mon étagère (en France), il faudra que je le récupère, à l’occasion
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Oui, il faudra… c’est la version originale de chez Gallmeister ou une version tronquée ??
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Le côté lancinant dont tu parles m’a poussé à abandonner les Lew Archer, après en avoir lu trois ou quatre !
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Je n’en suis pas encore dégoûtée !! heureusement…
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ahah, tu as réussi à créer un lien totalement improbable entre ce livre et celui de Loevenbruck (il t’a profondément marqué on dirait hein) 😉
Pas trop mon style de polar, mais ta chronique l’est (à mon goût)
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Oui, un lien improbable, en effet, d’ailleurs, je l’ai cherché, le jeu de mot. mdr
En effet, Hugo m’a marqué… et pas le Victor Hugo !
Non, en effet, pas ton style du tout…
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Que voilà une belle chronique. Avec Ross MacDonald , je n’ai jamais été déçu. Et son privé est vraiment attachant.
Tu as raison, Gallmeister a bien fait de le retraduire pour donner toute l’ampleur du personnage mais aussi d’ancrer les propos de l’auteur dans son temps.
Merci de lui rendre ce bel hommage.
Et puis Newman dans la peau de Archer, on en redemande.
Tu as raison miam et remiam 😉
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Il était temps de rendre à tout ces romans noirs américains leur véritable traduction !! Quand je pense que Boris Vian se permettait de changer des choses, j’en vomis de rage.
Je n’avais jamais lu l’auteur et j’ai profité des retraductions pour le découvrir, pour ne pas être déçue avec une traduction à la con.
Je vais me faire la suite !! Et penser à Paul Newman… rhââââ
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voui, mais c’est Boris Vian 😉
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M’en fiche ! Il n’avait pas le droit ! On ne réécrit pas ses livres, alors, il ne doit pas le faire avec ceux des autres.
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J’ai pas vérifié les traduction qui ont été faites de ses bouquins, je t’avouerai…Mais bon, c’est le reflet d’une époque, que veux-tu ?
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Nan, ça m’énerve les caviardages !! Vérifie la maison d’édition, surtout. Gallmeister est la seule à l’avoir fait dans les règles de l’art :-))
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Dans la collection Quarto, Gallimard a fait retraduire les textes originaux d’auteur américain du noir, me semble-t-il !
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Oui, il y a pour le moment une sorte de retour aux origines avec des nouvelles retraductions intégrales !! Ils ne sont plus tenus au format des 240 pages et beaucoup demandent de nouvelles traductions. ouf !!
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Ouf, comme tu dis 🙂
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Yes !!
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J’avais beaucoup aimé le personnage de Lew Archer, un privé introspectif et qui s’intéresse à la psychologie des personnes qu’il croise. J’avais également apprécié qu’il évite la violence, les bagarres, il est finalement moins archétypal que Marlowe ou Spade.
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Oui, assez philosophe blasé, le Lew… pas un détective comme on en voit, mais on s’emmerde pas en sa compagnie. ses réparties sont souvent étonnantes.
C’était mon premier et je les ai acheté parce que c’était la véritable traduction et pas la mal foutue de chez Série Noire…
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