Gun Machine : Warren Ellis

Titre : Gun Machine

Auteur : Warren Ellis
Édition : Éditions du Masque / Le Livre de Poche (2015)

Résumé :
John Tallow est un flic new-yorkais typique : célibataire, désabusé, plus trop dans le coup. Son équipier de toujours, lui, c’est le bon flic, celui que tout le monde aime.

Ils sont appelés pour intervenir dans un immeuble décati de Pearl Street, où un forcené en surpoids nu comme un ver hurle et tire sur tout ce qui bouge dans la cage d’escalier. Rosato monte le premier, se fait exploser le cerveau devant Tallow, impuissant, qui est éclaboussé des restes gluants et visqueux de son co-équipier.

Fou de rage, il décharge son flingue sur le forcené et défonce en même temps le mur d’un appartement.

Quand les techniciens de scène de crime arrivent sur place, ils tombent nez à nez avec une centaine d’armes, fixées sur les murs, du sol au plafond… Des armes qui semblent correspondre à des meurtres non élucidés.

Convoqué par sa supérieure, Tallow se fait passer un savon.

Le meilleur flic de la brigade est mort et les voilà avec un arsenal d’armes relié à des cold cases sur les bras.

Sa punition : démêler l’affaire avec pour seule aide deux bras cassés. Une journée qui commence très mal…

Critique
Vous aimez suivre un lieutenant de police un peu barje sur les bords qui enquête dans une histoire pas du tout comme les autres, aidé d’un duo de bras cassés frappadingues, oscillant entre le génie et l’autisme pour le public relation ?

Vous aimez les coups retors dans le dos et les magouilles en haut de l’échelle ?

Vous avez un faible pour les dialogues pas piqué des vers et le langage argotique vous met en joie ?

Alors voilà un roman noir fait pour vous, messieurs dames !

John Tallow est un flic new-yorkais, à Manhattan. Le genre de flic qui se la coule douce. Mais voilà qu’après la mort de son collègue, abattu par un gros forcené tout nu, notre John Tallow se met à jouer les John Wayne, refroidit le gars et sans le faire exprès, met la main sur un appart entièrement tapissé de flingues.

Forcené à poil se campa au bord du palier, pointa son fusil et tira. Le coup arracha la partie supérieure gauche du crâne de Jim Rosato. Il y eut un ploc quand un bout de sa cervelle s’écrasa contre le mur.

C’est à kiki tout ça ?? On ne le sait pas…

Au bas mot (et Obama), il y a au moins 200 armes correspondant à quelques 200 homicides non résolus… Le tout rendrait la Lilly Rush de Cold Case folle de joie et en transe orgasmique.

— Tout ce que t’as fait, lieutenant, c’est trouver l’adresse du diable à New York, et maintenant, il a changé de crémerie.

Tallow, lui, il s’est mis tout le monde à dos et va se retrouver obligé de bosser avec deux techniciens de scène de crime (TSC) totalement hors-normes !

— D’accord. Si vous me disiez qui s’occupe de la planque de Pearl Street ?
— Ah. Ça.
Tallow était à peu près sûr qu’il ne venait pas d’avouer avoir fricoté sexuellement avec des chatons, pourtant l’expression du très gros APTS laissait planer le doute.
— Alors c’est toi, poursuivit l’autre.
— C’est moi.
— J’irais m’installer à l’hôtel si j’étais toi, mec. Dis à personne quel hôtel. Et achète-toi une armure.

Quand tout le monde vous lâche ou tente que vous couliez tout seul dans la maison poulaga, parce qu’ici, ben, on est pas dans la série Blue Bloods (ou une autre) où tout le monde y s’aime et qu’il est solidaire, loin de là ! La grande famille, c’est pas chez les flics, ici, c’est chacun pour soi et tous contre John, presque.

Quand on vous colle dans les pattes Bat, un technicien bricoleur de génie mais un peu zot (fou, en bruxellois) et une autre – Scarly – tout aussi disjonctée, lesbienne et pas faite pour les relations humaines… Oh my god !

— Franchement, dit Scarly, si j’avais su que le mariage c’était autant d’emmerdes, je serais jamais allée dans les manifs pour demander d’y avoir droit. Vous pouvez vous le garder, hétéros de mes deux.

Oui, ça fait des étincelles ce super trio qui s’étoffera au fil des pages et vous fera vivre un récit des plus atypiques, à l’exact opposé des sentiers battus de ce que l’on pourrait s’attendre avec un roman composé d’enquêteurs ou de policiers new-yorkais (genre scénario de NYPD Blue).

Un petit roman noir aux dialogues jouissifs, plaisant, amusant, avec du suspense, du mystère, un méchant des plus étrange, un roman qui m’a entrainé dans les bas-fonds de Manhattan, m’apprenant des tas de petites choses sur la ville, son Histoire et me faisant lever les yeux au ciel de bonheur devant les dialogues argotiques et d’une composition littéraire loin d’une symphonie de Mozart. Ici, ça cause mal.

Sa queue reposait sur ses burnes joufflues comme un clito grisâtre. Sa poitrine arborait un pauvre tatouage au nom de Regina, étiré par ses nichons poilus.

— Le premier jour où mon vieux père m’a cru assez malin pour me branler et mâcher du chewing-gum en même temps, voilà ce qu’il m’a dit. Il m’a dit : « Le truc avec le terrain, fils, c’est qu’on en fait plus. » […]

Mais putain, qu’est-ce que c’était bon !

— Tiens cette putain de porte, merde ! C’est comme essayer de botter les fesses d’un cochon à travers le chas d’une aiguille, ce truc !

Cerise sur le gâteau, ce roman fait partie des A.A ! Non, pas les Alcoolos Anonymes, bande de moules, mais c’est un Anglais qui parle de l’Amérique ! Double challenge et double emmerdements pour les deux taulières que sont Noctembule et Titine, tout ça avec un seul roman…

Étoile 4

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2015-2016), Le « Challenge US » chez Noctembule, « Ma Pedigree PAL – La PAL d’excellence » chez The Cannibal Lecteur et « A year in England » chez Titine.

34 réflexions au sujet de « Gun Machine : Warren Ellis »

  1. Ping : Challenge Thriller et polar – session 2015-2016, bilan final | deslivresetsharon

  2. Ping : Le challenge USA | 22h05 rue des Dames

  3. Ping : Bilan Livresque Mensuel : Janvier 2016 | The Cannibal Lecteur

  4. Ping : A year in England – Récapitulatif | Plaisirs à cultiver

  5. Moi, je suis plus Warren Ellis, l’homonyme.
    A savoir le gars du bush qui a une gueule de zombi sdf bourré au lait de kangourous fermenté qui bosse avec Nick Cave. Du bon rock.
    Mais ce Warren Ellis a l’air sympa à suivre aussi.

    Aimé par 1 personne

C'est à votre tour d'écrire !

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.