Shiloh : Shelby Foote

Titre : Shiloh

Auteur : Shelby Foote
Édition : Rivages (06/02/2019)
Édition Originale : Shiloh (1952)
Traducteur : Olivier Deparis

Résumé :
Immense romancier américain, dans la lignée de William Faulkner, Shelby Foote est un auteur encore assez méconnu en France.

Un de ses livres les plus importants en Amérique s’appelle Shiloh, épopée miniature qui raconte la guerre de Sécession en 200 pages à travers la voix de soldats ou lieutenants des deux camps.

Chaque chapitre est ciselé à la perfection, explorant la nature humaine, l’absurdité des combats, l’étrange ivresse de la cause et la détresse inévitable devant le spectacle de la violence et la mort. Tous les paradoxes à l’œuvre dans une guerre.

Critique :
Si avant ce roman on m’avait parlé de « Shiloh », j’aurais de suite pensé à Alambix (Astérix et le bouclier Arverne) désignant une réserve de grain, de son parler bien particulier.

Raté et j’ai moins envie de rire car Shiloh est le lieu d’une bataille durant la guerre de Sécession, 6 et 7 avril 1862.

Moins connue que celle de Bull Run, mais tout aussi absurde, inutile, sanglante et tout ce que vous voulez comme adjectif désignant les guerres.

Shiloh, en fait, c’était petite chapelle du sud-ouest du Tennessee et durant quelques jours, ce ne fut pas un lieu de paix ou de recueillement mais un lieu où des hommes se donnèrent la mort et où certains prirent peur.

Renseignements pris sur Wiki, il parait que l’armée de l’Union déplora 13.047 victimes (1.754 tués, 8.408 blessés et 2.885 disparus) et les pertes des Confédérées furent de 10.699 hommes (1.728 tués, 8.012 blessés et 959 disparus ou prisonniers).

À ce moment là, ce fut une des batailles plus sanglantes de l’Histoire des États-Unis. Qui l’eut cru ?

Les deux camps furent horrifiés par le carnage (tu m’étonnes). Personne ne pensait que la guerre allait durer encore trois années et que huit batailles allaient être encore plus sanglantes… Glaçant, n’est-il pas ?

Tiens, Wiki me dit aussi qu’en hébreu, Shiloh signifie « havre de paix » et désigne, soit la ville de Silo (Canaan), soit la figure biblique Shiloh (figure biblique) dont la signification est contestée. La vie est ironique, je trouve…

Ce récit choral donnera la parole autant à des confédérés qu’à des fédérés et quel que soit le camp choisi, les peurs, les questions, les attentes sont les mêmes, qu’ils soient simples soldats, artilleurs ou officier.

Après ma lecture, je serais incapable de vous faire un cours sur cette bataille, mais je pourrais vous résumer la chose en un seul mot : bordel ! Oui, c’est le mot car c’était un sacré bordel sur le champ de bataille et, comme dans toutes les guerres, cette bataille était absurde et les gains minimes en cas de victoire.

Juste pour faire mousser les officiers… Comme toujours. Mais qui monte au front ? Les soldats, même si, dans ces armées, nous avons des officiers pourvus de sacrées paires de coui**** car ils chargent en tête, avec leurs hommes et font preuve de bravoure (ou de folie pure, les deux termes sont jumeaux).

Un récit glaçant sur la folie humaine, sur l’inutilité des guerres voulues par des bureaucrates qui ne la feront jamais, un récit qui n’hésite pas non plus à parler des peurs ressenties par les soldats, lorsqu’ils sentent que tout est perdu, leur honte avouée pour certains, ou le déni, pour d’autres.

Un récit qui nous plonge au cœur de la bataille, dans l’exaltation avant les combats, dans les conditions météorologiques déplorables avec de la boue, de la pluie, du froid, qui nous laisse voir les craintes des hommes quand la bataille a commencé et les horreurs que ce genre d’activité réserve : douleurs, amputations, blessures, confusions, morts, décisions imbéciles…

Je vous avoue avoir soupiré d’aise une fois la dernière page tournée. Mais je ne sais pas pourquoi, les cris des soldats m’ont poursuivis et il me faudra un certain temps avant de rire devant un ancien album des Tuniques Bleues.

Terrible et magnifique en même temps. Il était plus que temps que ce roman nous parvienne dans sa traduction pour les francophones.

22 réflexions au sujet de « Shiloh : Shelby Foote »

  1. Je viens de terminer cette lecture. J’avoue que sans le club de lecteurs de ma bibliothèque, je ne me serais jamais tournée vers ce genre de récit. Et pourtant… même si j’ai eu du mal à entrer dedans, j’ai bien vite été happée par cette histoire et les personnages qui la racontent. Une très belle découverte : d’un livre, d’un fait historique et d’un écrivain !

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  2. Oui… un grand auteur… un grand bouquin… mais… c’est la guerre. Le truc ou des mecs meurent pour toujours pour des causes pas toujours justes (ok les nordistes avaient raison d’être contre l’esclavage… mais les sudistes ? Hein? Ils pouvaient pas délocaliser en Asie du Sud Est! Je déconne! Pas taper! 😳)… c’est triste. Et c’est dur.

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    • Et tu crois VRAIMENT que les nordistes étaient pour l’abolition de l’esclavage et qu’ils n’avaient pas des Noirs pour les servir ? Pas tous, d’accord, ils étaient un peu plus libre qu’au Sud, mais pour faire le sale boulot, on envoyait les Noirs. Lis « Black Face », l’album des Tuniques bleues, je l’ai chroniqué.

      Les Tuniques Bleues – Tome 20 – Black Face : Raoul Cauvin & Willy Lambil

      Bien des gens du Nord lorgnaient sur les riches demeures du Sud… On ne fait pas la guerre pour des idéaux, ou si on la commence ainsi, on se retrouve vite à convoiter les biens d’autrui :/

      L’esclavage existe toujours de nos jours pour que des grosses boites se fasse plus de pognon en vendant leurs fringues au prix maximum avec un coût minimum (Nique, pas exemple – oui je l’ai fait exprès) ou des chaines comme Prix Marque (idem) pour te vendre des t-shirt made in Bangladesh à 3€ (oui, j’en ai, pas frapper). Dans ce dernier cas, le ratio prix de revient/prix de vente est moins élevé et le bénéfice n’est pas de 120%.

      Oui, c’est dur… :/ Et nous sommes complices.

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    • Je ne suis pas sûre que ça les ferait réfléchir et comprendre… Ils ne veulent PAS comprendre combien les guerres sont inutiles, barbares et certains pensent même que les guerres nettoient les racailles et autres bandits… Ils ne sont pas au courant que sous l’occupation, ce sont les racailles et autres bandits qui proliféraient (en plus de certaines bonnes gens) !

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        • Heureusement, en 14 (1914), les pères étaient fiers d’envoyer leurs fils à la guerre bouffer du teutons ! Malheur aux tires-au-flan ! Et ces soldats qui avaient fait la Grande Guerre avaient des reproches à faire à ceux de la 40, ceux de la drôle de guerre… Toujours la même chose, rien ne change.

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          • Mais le retour est toujours dramatique….j’ai une amie qui fut aux states le mois dernier…ils parlent constamment de la fierte de leurs soldats (meme a l’atterrissage, elle a hallucine)….mais quand ils reviennent, il n’y a personne pour s’en occuper….la grosse majorite finit SDF et sans solution pour toute(s) leur(s) maladie(s)…comme apres 18…bref….

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            • Oui, l’hypocrisie humaine, ou sa manière d’oublier et de fermer les yeux. Le héros, ça va, le soldat qui revient en entier et plein d’énergie, ça va, mais les blessés, les traumatisés, non, on les balance. Dans Choc, on le ressent bien avec des soldats de la grande guerre qui mendient dans les rues.

              L’Homme retourne vite sa veste. D’ici peu de temps, les gens vont critiquer l’argent versé pour reconstruire ND de Paris et dire qu’on aurait pu en faire autre chose. L’Homme est ainsi :/

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              • j’ai une amie qui dit….avant on polemiquait pour la politique et la religion…maintenant pour une photo de salade de tomates (pasdesaison, pasassezvegan, troppolluee, celafaitdesanorexiques)….bref, on rale c’est le sport mondial…;)

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                • Oui, on peut râler sur tout ! Moi, je m’amuse à relever les illogismes ou les conneries, comme de ceux qui manifestent pour le climat de leur lieu de villégiature : la côte Belge. Ils y sont allé en train ou en voiture ? Et d’autres trucs, ça me fait rire mais ça me rend dingue aussi, je devrais arrêter. Bon, je ne partage qu’avec les personnes dans la même pièce que moi…

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