Christmas Challenge – Comment faire craquer le flic bourru d’à côté : Nina Loren

Titre : Christmas Challenge – Comment faire craquer le flic bourru d’à côté

Auteur : Nina Loren
Édition : Autoédité (05/12/2022)

Résumé :
Herschel Richter est un aspirant écrivain, une carrière potentielle dans laquelle il fonde tous ses espoirs après avoir été contraint d’abandonner son ancien poste de courtier à Calgary. Réfugié dans sa ville natale perdue au beau milieu des Rocheuses, le jeune homme est dévasté en constatant qu’on vient de le cambrioler : l’ordinateur portable contenant tout son travail a bel et bien disparu.

Tandis que le sergent Sawyer Lundblad, le chef bourru, mal élevé mais terriblement charismatique du poste de police local, vient constater les dégâts, l’un comme l’autre voient leurs premières impressions et leurs idées reçues voler en éclats à mesure que l’avancée du dossier de plainte les force inlassablement à passer du temps l’un avec l’autre.

Pendant que la tranquille bourgade se prépare à célébrer un Noël paisible, nos deux héros se retrouveront bien malgré eux confrontés à une attirance mutuelle qui pourrait bien faire d’un banal fait divers le début d’une véritable histoire d’amour

Seront-ils prêts à relever le nouveau challenge que la vie leur réserve ?

Critique :
Oui, en principe, je ne lis jamais de roman se déroulant pendant la période de Noël à Noël (ma copinaute Bianca le confirmera), et encore moins des romances.

Là, avec ce genre de lecture, je surprend toutes celles et ceux qui me connaissent bien et qui savent que j’ai un côté Grinch, avec les romans (et les téléfilms) de Noël.

Mais, après avoir lu un roman assez fort et violent, j’avais besoin de douceur, c’est pour cela que je suis sortie de mes sentiers battus, en sélectionnant une romance de Noël M/M (homme/homme).

Pourquoi M/M ? Parce que j’avais envie et que je garde un bon souvenir d’une lecture de Noël en 2020 (Un chocolatier pour Noël de Hope Tiefenbrunner).

Bon, on ne va pas se mentir, après l’écriture forte de Pierre Pouchairet (L’or vert du Sangha), celle de cette romance est terriblement plate, les dialogues ne sont pas d’Audiard, c’est pétri de bons sentiments, on sent venir l’écueil, la fin est écrite d’avance… Ben oui, une romance de Noël ne peut pas mal se terminer !

Malgré tout, je n’ai pas envie de cracher du venin sur cette romance qui a le mérite de m’avoir offert une parenthèse de calme, quelques sourires et une jolie histoire d’amour et Herschel le gentil et Sawyer, le flic bourru, qui, au départ, n’était pas gagnée.

Avec 216 pages au compteur, l’autrice ne pouvait pas se permettre de faire trop durer les choses et, contrairement à un vieil Harlequin où les deux protagonistes tombaient dans les bras l’un de l’autre, juste avant le mot « FIN », au moins, ici, ça commence avant.

Hélas, on n’échappera pas à certains clichés, certains poncifs que l’on retrouve aussi dans les séries télé TF1, où, quand tout semble bien parti, on a un retournement de situation, un écueil devant le navire, une merde qui vous tombe dessus…

On n’échappe pas non plus au cliché de celui qui embrasse comme un Dieu et du couple où l’un est une personnalité forte, qui protège (Sawyer) et un autre plus fragile, qui a besoin d’être rassuré, protégé et qui prend soin du ménage (Herschel). Ce n’est pas irréaliste, je sais, c’est même une réalité dans bien des couples (homo ou hétéro).

Pourtant, j’aurais aimé avoir une autre figure de couple que la sempiternelle image qui fut celle des romances Harlequin ou Barabara Cartland et de la société patriarcale dans laquelle nos parents ont évoluée. Nous sommes en 2022 et dans les couples, ce n’est plus tellement ce rapport d’un protecteur (Sawyer) et d’une petite chose fragile (Herschel).

Dans un couple hétéro, une femme peut être forte comme son homme (pas en muscles mais en esprit, en gueule, psychologiquement,…), donc, j’aurais aimé lire une romance homo où les deux hommes sont égaux dans leur force et leur caractère, au lieu d’avoir le cliché d’un musclé qui n’a peur de rien (Sawyer) et d’un autre, aussi épais qu’un sandwich SNCF (Herschel).

Ceci n’est que mon avis, cela ne m’a pas empêché de profiter de ma lecture, sans pour autant que je ne lève les yeux au ciel en râlant devant les clichés.

Vu que je lis peu de romances (et que je n’en lirai pas plus souvent), j’aurais aimé me trouver face à quelque chose qui change vraiment de ce que nous avons été habitué et que l’on sorte du Complexe de Cendrillon, ce désir inconscient éprouvé par quelqu’un d’être pris en charge (le plus souvent par son partenaire masculin, dans les couples hétéros).

Dans ce roman, Herschel aimerait que Sawyer donne des ordres (gentiment), qu’il le protège, qu’il prenne une partie du contrôle. Bizarrement, ça passe mieux dans le film « Pretty Woman », alors que c’est pareil, si pas pire : Edward Lewis modelant Vivian Ward telle qu’il la veut, telle que la société, dans laquelle il évolue, veut voir les femmes : un bel objet… Ce que ne fera pas Sawyer ! Herschel, lui, demandera juste un peu moins de gros mots (et il a raison).

Anybref, sans casser la baraque, tout en restant très classique dans son scénario, cette romance se laisse lire sans difficulté, sans prise de tête et putain, ça fait du bien.

Non, cette romance ne m’a pas offert du « temps disponible de cerveau », parce que je me suis attachée aux personnages, mais il m’a fait entrer dans une petite bulle de douceur, un moment hors du stress du monde, de la course aux cadeaux (même si l’histoire se déroule à Noël, nous ne sommes pas dans la débauche de cadeaux hors prix ou de bouffe exagérée).

Donc, malgré mes quelques bémols, cette lecture reste tout de même un bon moment de lecture. Rien de plus, mais parfois, on ne demande rien d’autre qu’un peu de tendresse dans ce monde de brute.

Rassurez-vous, je repars dans mes polars, dans mes crimes, mes romans noirs et je garderai la littérature sentimentale pour mes fins d’années. Une romance ou deux par an, ça va, plus, je saturerais très vite de tous ces bons sentiments.

PS : l’autrice s’est permise de prendre des libertés avec certains délais, parce que là, ils ont eu droit à un « service » rapide (no spoil), digne du couple Angelina Jolie/Brad Pitt ou des Halliday… Mais je pinaille ! 😉

 

25 réflexions au sujet de « Christmas Challenge – Comment faire craquer le flic bourru d’à côté : Nina Loren »

  1. Ping : Bilan Mensuel Livresque : Décembre 2022 | The Cannibal Lecteur

    • À croire que ces auteurs/autrices écrivent pour des lecteurs qui aiment les clichés (rassurants, les clichés). Moi pas de trop. Bon, c’était pour passer un peu de bon temps et ne pas me prendre la tête, ce qui était réussi.

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    • Ben je ne l’ai pas encore fini mais bien bien entamé et ça me fait bien rigoler. C’est mignon… le côté polar est plié en 5 chapitres, le coeur de l’énigme résolu en quelques lignes… donc c’est plus du prétexte à un roman sentimental.

      Un bémol cependant parce que je râle tout le temps…

      C’est écrit par une femme probablement hétérosexuelle si j’en juge la façon dont elle fait entrer cette relation gay dans les cases des repères hétéros classiques où tu en a un « qui fait »forcément l’homme (une caricature testostéronée qui jure tout le temps et plein de muscles autogénérés et qui est sexuellement exclusivement actif…) et un autre qui a un rôle plus dans les clichés « féminins » (sensible, écrivain, qu’aime pas les gros mots, accro à la déco et qui aime bien être dominé – comme si toutes les femmes aimaient ça d’ailleurs!)… Sérieusement c’est divertissant mais tellement emprunt de clichés à côté de la plaque que ça pourrait en devenir franchement irritant pour des lecteurs vraiment LGBT…

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      • Oui, très cliché, faut pas trop y faire gaffe, mais en effet, c’est un peu décevant que l’on nous décrive un tel couple, parce que même M/F, ce serait limite phallocratique (un homme bourru qui jure et une femme qui aime le ménage et qu’on la protège).

        Diantre, sortons des clichés !

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        • D’autant que selon les dernières statistiques que j’ai vues (mon job m’oblige à suivre « l’actualité » de la sexualité vu tout ce que j’entends de ses mutations) il faut savoir que :

          -1/3 des gays interrogés au hasard n’ont pas pratiqué le sexe anal lors de leurs derniers ébats (une partie non déterminée d’entre eux « les side » ne le pratiquant jamais)
          – plus de 90% de ceux qui pratiquent le sexe anal sont « versatiles » c’est à dire qu’ils sont « top » (dessus) ou « bottom » (dessous bien que certaines positions renversent cette définition) selon l’humeur du moment…

          Bref la situation décrite dans ce roman n’est pas impossible mais non statistiquement représentative des pratiques du monde gay. 🤓

          Et surtout demander « qui fait l’homme et qui fait la femme » à un couple gay est une question qui n’a absolument aucun sens ! 😉 Alors… reprendre ce cliché éculé sans valeur dans une romance gay est un peu ennuyeux.

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          • Oui, comme pour les lesbiennes, il n’y en a pas une qui fait l’homme, puisqu’il n’y a pas d’hommes… cliché d’hétéro qui a besoin de se rassurer et de trouver un truc habituel auquel se raccrocher !

            Bon, on devra encore faire avec les clichés ! :/

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