Les malvenus : Audrey Brière

Titre : Les malvenus

Auteur : Audrey Brière
Édition : Seuil – Cadre noir (02/02/2023)

Résumé :
1917. Alors que la Première Guerre mondiale fait rage, un homme est retrouvé mort dans une cave du village de Haut-de-Coeur, en Bourgogne. Pas mort d’un excès de froid, de faim ou de vin, comme d’autres, mais proprement égorgé.

Ici, bon nombre des habitants ont grandi sans autre père et mère que les religieuses du majestueux couvent des Ursulines.

C’est le cas de l’inspecteur de police Matthias Lavau : recueilli tout petit par le couvent, il est parti faire ses armes à Paris et à Lyon avant de finalement rentrer au bercail. Talent syna? II se souvient de tout, tout le temps. Une mémoire parfois lourde à supporter, mais dans ses enquêtes, un atout précieux.

La aussi est un ancien des Ursulines : Thomas Sorel, bien connu dans les alentours, et presque unanimement détesté… C’est le bras armé du très redouté maire. Beaucoup ont souhaité sa mort, pour des raisons valables, le plus souvent.

Dans l’atmosphère crépusculaire de l’hiver interminable qui s’est abattu sur la région, Matthias et son assiste Esther vont devoir démêler les racines du Mal, entrelacées depuis des décennies et profondément plantées dans les passions, les vices et les secrets de Haut -de-Coeur.

Critique :
Dans ce roman, l’autrice ne perd pas de temps à passer à l’acte, dès les premières lignes, vous vous prenez les pieds dans un cadavre, un homme assassiné qui vous foutra du raisiné plein vos petites mains !

Un crime à résoudre ? Les Experts CSI Bourgogne débarquent peut de temps après. Générique !

Who are you ? Who, who, who, who ? […]
Well, who are you? (Who are you? Who, who, who, who?)
I really wanna know (Who are you? Who, who, who, who?)
Tell me, who are you? (Who are you? Who, who, who, who?)
‘Cause I really wanna know (Who are you? Who, who, who, who?)

Hein ? Quoi ? Oups, pardon, j’oubliais que nous sommes en 1917, en pleine Première Guerre Mondiale et que les deux enquêteurs, bien que techniciens de scènes de crimes, n’en sont pas encore au niveau des Experts Las Vegas Miami, même si Bertillon et Locard ont déjà bien fait avancer la science criminelle (Holmes aussi).

Dans une France déchirée par la guerre, sous restrictions alimentaires, un petit village, sous la neige, vivote du mieux qu’il peut. L’orphelinat des Ursulines n’est pas loin et la plupart des anciens orphelins n’ont jamais quitté le coin, restant à proximité. L’inspecteur de police Matthias Lavau est un ancien des Ursulines. Esther Louve, son aidante, est issue d’ailleurs.

L’autrice s’est attachée à bien nous faire ressentir le froid de l’hiver, la neige qui vous rentre dans les chaussettes trouées, les privations alimentaires, la pauvreté des gens, leur indigence. Elle n’a pas oublié d’épaissir, d’approfondir ses personnages, qu’ils soient secondaires ou principaux, comme Matthias Laveau et Esther Louve. Pas de manichéisme ! Même pour TS, le mort, qui était une crapule.

Ce qui frappe, d’emblée, ce sont les mystères qui tournent autour de ces deux personnages. Esther Louve fait des cauchemars bizarres et ce n’est qu’à la fin que l’on comprendra leur signification, quant à Matthias, inspecteur à la mémoire infaillible, j’ai souvent eu envie de lui botter les fesses, tant il pouvait être abject et très con, parfois, notamment en foutant en taule des personnes qui n’ont pas la carrure pour ce crime.

Durant l’enquête, qui ne se passera pas ailleurs que dans le village et ses alentours (les bois où des loups rôdent, un château en ruine), le récit plongera dans le passé de certains des protagonistes, afin de nous éclairer sur leur personnalité et les surprises ne manqueront pas, les gens pouvant changer et devenir moins borné au fil des pages et du temps.

Sans être pourvu de multiples rebondissements, ce polar m’a tenu en haleine grâce à la construction de son récit, alternant entre le présent (1917) et le passé des différents personnages, mais aussi grâce à ces personnages, ni tous noirs, ni tous blancs, ambigu, rempli de complexités, cabossés. Les mystères sont très intrigants et j’avais envie de découvrir ce qui s’était passé.

Au moins, je n’ai pas été trompée sur la marchandise : sur le final, on a des rebondissements et on se demande comment tout cela va se terminer pour certains, car à force de fouiller dans les placards et d’en sortir des squelettes, on se doute que risque de péter à la gueule de certains… Au moins, le récit était élaboré et l’autrice ne s’est pas perdue dans le final.

Pour un premier roman, c’est une réussite indéniable ! S’il y a une nouvelle enquête du duo Matthias/Esther, je serai au rendez-vous.

Un dernier mot : laissons de côté les comparaisons notées sur le bandeau-titre, même si ce polar historique tire habillement son aiguille du jeu, ce serait lui porter préjudice que de dire qu’il est entre Lemaître et Vargas. Il est très bon et n’a pas besoin de cela pour l’être.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°170].

22 réflexions au sujet de « Les malvenus : Audrey Brière »

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