La Science de Sherlock Holmes – Les débuts de la science criminelle : E.J. Wagner

Titre : Science de Sherlock Holmes : Les débuts de la science criminelle

Auteur : E.J. Wagner
Édition: Le Pommier

Résumé :
Angleterre, début du XXe siècle : tandis que l’ombre de Jack l’Éventreur plane encore sur Londres, sir Arthur Conan Doyle assiste avec passion à la naissance de la science criminelle.

Le Maître en est persuadé : la science a un rôle crucial à jouer dans le système judiciaire…

Tel est le premier fondement de La science de Sherlock Holmes.

Qu’il se mêle de poison, de cendres de tabac ou de traces de pneus, le célébrissime détective fait en effet preuve d’un véritable esprit scientifique.

L’ouvrage explore cet aspect fascinant de sa carrière, en montrant combien ses enquêtes reposaient sur les dernières découvertes scientifiques de l’époque.
Le livre constitue ainsi une introduction de qualité aux différents domaines de la police scientifique, de la médecine légale à l’expertise des écritures, en passant par la balistique, l’analyse des empreintes digitales ou la toxicologie.

Une postface de Patrick Rouger, coordinateur de Police technique et scientifique, nous présente les outils que la police scientifique actuelle mettrait à la disposition de Sherlock Holmes s’il revenait enquêter au XXIe siècle.

Extrait :

Londres, 1887. Entrelacs d’étroites rues pavées où le fracas des fiacres pressés se mêle au vacarme des pubs enfumés. Hommes arborant barbes, capes et cannes au pommeau d’argent.

Méli-mélo de curiosités offert dans d’immenses musées aux regards de dames voilées, drapées dans des manteaux de fourrure, discrètement parfumées de lavande – des dames dont le maintien rigide suggère qu’elles savent l’étreinte de leur mari rare et révérencieuse, et celle de leur corset ferme et constante.

Filles des rues imbibées de gin, sans toit, malades, avec sur elles tous les vêtements qu’elles possèdent, démangées de vermine, se mouvant d’un pas lourd – vers le pub, l’asile, l’hôpital, le fleuve…

Le fleuve, c’est la bourbeuse Tamise, dont les forts courants remuent la vase des profondeurs, dont les eaux lentes pénètrent la ville, seule force motrice des péniches qui apportent l’indispensable charbon.

Des essaims de gamins des rues farfouillent les berges pour récupérer ce qu’ils peuvent – bois, charbon, pièces de monnaie – et récoltent bien souvent le choléra, charrié par les eaux usées qui se mêlent dans toute leur impureté à celle du fleuve.

La ville grouille de vendeurs des rues, de charretiers, de chevaux, de voleurs à la tire, de ramoneurs et de bonnes d’enfants, précieuses ou miséreuses.

On y trouve des parcs raffinés et des abattoirs bruyants, des logements ouvriers et des demeures majestueuses, tous enveloppés dans des nappes de brouillard épais, illuminés par l’éclairage au gaz.

On y trouve de grands hôpitaux, St Mary’s, Guy’s, St Bart’s, leurs amphithéâtres, leurs laboratoires aussi, où l’on mène parfois de bien macabres recherches, tous stores baissés, à l’abri des regards de la foule.

Dans la première des aventures de Sherlock Holmes, Une étude en rouge, on pénètre derrière ces stores pour voir Stamford, une vieille connaissance de Watson, conduire ce dernier vers le laboratoire où va bientôt se sceller la plus célèbre amitié de la littérature policière.

Critique :

Mon détective préféré et les débuts de la science criminelle… certains auteurs devaient connaître mes goûts pour me pondre une chose pareille, me voyant déjà saliver devant leur ouvrage.

Oui, j’aime Sherlock Holmes et oui, j’aime la science criminelle, ainsi que la médecine légale et la police scientifique (la vraie, pas celle qui à partir d’une mauvaise photo de trois pixels arrive à vous sortir une plaque d’immatriculation lisible ou la forme du plombage de la dernière molaire du suspect…).

Non, parler de cadavres à table ne me répugne pas. Mon entourage, oui…

Bref, même si vous ne connaissez pas Sherlock Holmes, vous savez qu’il était fortiche comme détective et qu’il est connu pour ses qualités de déduction, sa passion pour la chimie ainsi qu’un intérêt plus qu’intéressé pour la science.

Nous en avons la preuve dans « Une étude en rouge » où la rencontre entre Holmes et Watson se déroule dans le laboratoire de l’hôpital Saint Barts’, Holmes tout heureux car il venait de mettre au point un réactif qui n’était précipité que par l’hémoglobine.

Léger inconvénient pour l’holmésien qui voudrait retrouver son détective fétiche dans cet ouvrage, et bien, il est peu présent malgré le fait que l’auteur se soit évertuée à mettre en relation les enquêtes du fameux locataire du 221b avec les avancées scientifiques de son époque (relevant même les quelques fautes dites par Holmes sur certains faits, tel les machines à écrire ou le réactif précipité par l’hémoglobine).

Certes, les références à Holmes sont là et bien là mais n’escomptez pas qu’elles occupent la majorité des pages.

Oh, attention, je ne regrette rien ! Que du contraire, ce genre de livre, c’est du petit lait pour moi.

Les treize chapitres thématiques nous éclairent sur les grands domaines ainsi que les avancées dans la science criminelle. A la fin de chaque grand chapitre, un récapitulatif de « ce qu’il reste » de nos jours.

Non, non, la science criminelle dont on nous parle n’est pas imbuvable !

Le livre est truffé de petites anecdotes, d’expériences ou d’enquêtes criminelles réelles (menées à la fin du 19ème siècle ou au début du 20ème siècle, au Royaume-Uni, en France ou Allemagne) de la manière dont elles furent (ou pas) résolues et de ce qu’il en a découlé comme avancée…

Et tout se déroule dans le temps, hormis quelques unes qui ont eu lieu dans les années 40.

Facile à lire, agréable à découvrir, j’avais les yeux émerveillés, me goinfrant de tous les détails.

Ah, que de progrès ont été réalisés, que ce soit dans la médecine légale (autopsie réalisées dans de meilleures conditions, recours à l’entomologie, à la toxicologie), dans l’étude de la balistique, sans oublier le fameux fichage des criminels (Bertillon et surtout Locard), dans l’étude des scènes de crime, dans le recours aux experts… (qui n’étaient pas de Miami, de Las Vegas ou de Manathan).

Last but not least, le dernier chapitre sera consacré à tout ce qui concerne les croyances et superstitions de l’époque. Un régal !

D’ailleurs, j’en ai appris une bien bonne : dans le but de calmer les spasmes du gros intestin, un médecin préconisait l’usage de la nicotine, sous forme de fumée et introduite… Hé oui !

Zéro pointé aux puristes qui ont pensé que la fumée était introduite par la bouche. Pour soigner le gros intestin, on attaque par le bas et la fumée était introduite dans le rectum, dirigée soit par un entonnoir ou par un soufflet, quand ce n’était pas par l’introduction d’un cigare dans le fondement, bout incandescent fiché en plein dedans… plus facile pour l’introduction de la fumée.

Dingue, non ?

Une autre ? On disait que l’onanisme provoquait, entre autre, la phtisie, le ramollissement du cerveau, la démence, la folie et la dégénérescence précoce…

Rassurez-vous, ce ne sont là que les conneries de la médecine de l’époque et je me dis que, de nos jours, rien n’a changé quand on nous vante les mérites de la carotte pour soigner des cancers.

Bref, pour ceux et celles qui ont envie de découvrir les balbutiements de la science criminelle, sans un expert qui ôte ses lunettes noires toutes les deux minutes, ce livre est fait pour vous.

Ou tout simplement par curiosité…

La postface (rédigée par un expert contemporain, excusez du peu) est consacrée aux outils (en particulier la génétique) dont notre cher Sherlock Holmes disposerait s’il œuvrait de nos jours.

Rien à redire sur l’auteur, on sent qu’elle a mis les main dans le sang et dans les tripes, plongeant dans des archives criminelles comme d’autre plongent dans les eaux turquoises, nous faisant croiser la route de personnages réels tels Vidocq, Bertillon ou Locard.

Ok, Sherlock Holmes est un peu relégué au second plan par rapport à la science criminelle, mais l’auteur ne l’oublie pas et on sent que là aussi, elle connait son sujet.

Vous l’aurez compris, j’ai trouvé ce petit livre scientifique PA-SSIO-NNANT !

Pas besoin d’avoir regardé tous les épisodes des experts pour comprendre et dans le pire des cas, il y a un glossaire pour les mots que vous n’auriez pas capté.

Titre participant aux challenge « Sherlock Holmes » de Lavinia, à « Polar Historique » de Samlor et « Thrillers et polars » de Liliba.

CHALLENGE - Sherlock Holmes

CHALLENGE - 77158541_pCHALLENGE - Polar historique

14 réflexions au sujet de « La Science de Sherlock Holmes – Les débuts de la science criminelle : E.J. Wagner »

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    • Ma connaissance de Sherlock n’est rien en comparaison à l’érudition de certains, surtout au niveau cinéma ou, de mémoire, ils te citent le réalisateurs, l’année et tout le reste !! Lysander, pour ça, est fort niveau ciné.

      Ma passion étant la lecture, je me défends dans mon domaine, mais ne parlant pas anglais, je suis impuissante devant les pastiches holmésiens non traduit.

      « On fait c’qu’on peut »…

      J’ai encore à apprendre, c’est ça qui est merveilleux ! Mon détective n’a pas fini de me surprendre au niveau des pastiches et adaptations.

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  7. Je l’ai offert à une amie mais je ne l’ai personnellement pas encore lu. Une erreur que je compte bien réparer parce que tout comme toi, la médecine légale et les autres sciences forensiques, j’adore ! D’ailleurs, j’en ai fait la spé de mon master. Ce qui fait qu’effectivement, je me laisse facilement emporter à parler restes osseux (mes chouchous) et rythmes de décomposition du corps à table. Les gens apprécient bizarrement peu quand j’en arrive à certains détails dégoulinants ou odorant (il arrive que le matin à 8h, en passant devant le labo, de douces odeurs de viande grillée en émanent…) … D’ailleurs, croisons les doigts, j’espère faire un de mes deux stages du semestre en salle d’autopsie. Je reviendrais sans doute avec des anecdotes croustillantes.

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    • Je n’irai pas jusqu’à découper un cadavre, j’en serais bien incapable et je ferme toujours les yeux devant les opérations chez le Docteur House ! Mais parler de corps en décomposition, ça me gêne pas.

      Le livre est super et je regrette de l’avoir fait trainer avant de le lire. Ma PAL est tellement immense que je ne sais plus quoi lire.

      Je croise les doigts que tu ailles faire ton stage en salle d’autopsie, n’oublie pas que l’odeur d’un cadavre se fixe dans les capteurs du nez et qu’on à l’impression que son odeur nous suit.

      J’aime regarder les Experts, mais tout est un peu trop « too much », ils font tout eux-même et les résultats arrive eu 2 minutes. Ok, faut faire ça pour que l’épisode avance, mais si on veut apprendre des choses, faut pas les regarder en croyant que tout est vrai.

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      • Je ne regarde pas les Experts, moi mon truc, c’est plus Bones, même si c’est bourré d’impossibilités scientifiques.

        Et pour la PAL tellement immense qu’on ne sait plus par quel bout la prendre, je vis la même chose, mais je ne voudrais surtout pas qu’il en soit autrement !

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        • J’aimais bien les premières saisons des Experts Las Vegas, ça changeait.

          Je sais que bourré d’incohérences, mais c’était juste pour passer un bon moment et hurler de rire avec leurs photos à 4 pixels qu’ils savaient agrandir sans que cela devienne flou.

          Ma PAL aussi est énorme, et je sais que rien ne changera parce que je veux pas que ça change.

          C’est grave ? Je tombe des nues quand j’entends des gens dire « je n’ai plus rien à lire ». Pas demain la veille que ça arrivera.

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          • heu…comment avouer… il m’arrive aussi de me planter devant ma PAL et de me lamenter ‘booooouuuuh, j’ai plus rien à lire ; je suis trop malheureuse’. Pour certains/certaines, ce sont les vêtements et le fameux « j’ai plus rien à me mettre », pour moi, c’est la même mais avec les livres….

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            • Tiens donc, un rapprochement que je n’avais pas fait. Je ne comprenais pas ceux qui avaient des gardes-robes remplies et qui hurlaient qu’ils n’avaient plus rien à se mettre, mais je sens que je vais faire preuve d’empathie envers eux.

              Mon homme ne comprend pas pourquoi j’achète encore des livres alors que j’en ai plein.

              Impulsif.

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