Le Nouveau : Keigo Higashino [LC avec Rachel]

Titre : Le Nouveau

Auteur : Keigo Higashino
Édition : Actes Sud (01/06/2021)
Édition Originale : Shinzanmono (2012)
Traduction : Sophie Refle

Résumé :
Muté depuis peu au commissariat de Nihonbashi, au cœur de Tokyo, Kaga Kyochiro enquête sur le meurtre d’une femme retrouvée étranglée dans son appartement.

Fidèle à ses habitues, il s’interroge sur des détails anecdotiques. Comme cette gaufre fourrée au wasabi retrouvée chez la victime.

Car ce qui intéresse avant tout cet inspecteur hors norme, c’est de comprendre les tenants et les aboutissants du crime.

Le maître incontesté du polar japonais est de retour avec un magistral roman à tiroirs.

Critique :
On peut dire que ce roman policier est atypique car il ne suivra jamais une narration conventionnelle, un déroulement de polar conventionnel, mais se présentera face à vous avec des multiples tiroirs qui, à première vue, sembleront anodins, mais ne le seront jamais.

Sans avoir relu le résumé, je me suis engagée dans ce roman et d’entrée de jeu, j’ai été déboussolée.

On entrait dans la vie d’un commerçant de quartier, le crime dont on nous parlait était vague, nous n’en savions quasi rien, mais nous avions déjà un suspect. Et puis, bardaf, nous passion dans un autre commerçant, une tenancière de restaurant.

Oui, sur le moment, j’ai cru avoir affaire à un recueil de nouvelles policières, mais il n’en était rien, c’était juste l’auteur qui nous la faisait à l’envers, imbriquant des histoires dans l’histoire et il l’a fait avec intelligence, brio, sans jamais lasser son lecteur ou se prendre les pieds dans le tapis.

Kaga Kyochiro est lui même un policier atypique, extrêmement observateur, il veut tout comprendre, même des détails insignifiants. C’est grâce à ces détails qui ne semblaient pas importants qu’il va résoudre cette affaire d’assassinat et c’est seulement sur la fin que le lecteur aura droit à une vue sur la scène de crime.

Comme face à un peintre, ce n’est qu’au fur et à mesure que nous aurons une vue d’ensemble et que nous pourrons voir apparaître toute la toile que l’auteur nous a montrée, au fur et à mesure, en nous introduisant dans ces familles qui avaient, sans le savoir, un lien avec l’affaire du meurtre.

Il y a énormément de poésie, de sentiments, d’émotions diverses, dans ces intrusions au cœur de famille commerçantes (ou non) qui exercent leur métier dans le vieux Tokyo, celui qui a gardé son âme et son authenticité.

Mélange à la fois doux et acidulé, ces portraits ne serviront pas qu’à faire avancer l’enquête, mais ils nous permettront aussi de mieux s’imprégner de la culture japonaise et d’une partie de sa société où le sens de l’honneur prime encore.

Jamais le narrateur ne nous en dévoile trop, puisque nous ne serons jamais dans la tête du brillant enquêteur Kaga, qui semble toujours surgir quand on ne l’attend pas et poser des questions de plus bizarres, qui semblent sans rapport avec son enquête.

Kaga, c’est un croisement entre Sherlock Holmes, Hercule Poirot (son soucis de l’habillement distingué en moins) et de Columbo (sans l’imper fripé), pour l’attachement qu’il porte aux petits détails insignifiants (sa femme en moins).

Finalement, la toile apparaît, dans toute sa splendeur et tout est expliqué sans que le lecteur perde pied, s’exclamant « Bon sang, mais c’est bien sûr » afin de se donner une contenance, mais se disant, en lui-même, que jamais il n’aurait su élucider ce crime sans la perspicacité de l’inspecteur Kaga.

Un roman policier brillant, qui casse les habitudes, qui fuck la narration linéaire habituelle, qui prend le lecteur à rebrousse-poil, afin de lui faire vivre une autre expérience d’enquête. Brillant et intelligent, cette enquête à tiroirs.

Sans Rachel et sa proposition de LC, jamais je n’aurais lu ce policier et j’aurais eu grand tort car là au moins, on révolutionne le polar et on jette aux orties le Colonel Moutarde et son sempiternel chandelier.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°18].

38 réflexions au sujet de « Le Nouveau : Keigo Higashino [LC avec Rachel] »

  1. Ping : Challenge polar et thriller – le bilan de Belette. = | deslivresetsharon

  2. Ping : Bilan Livresque Annuel 2021 et Coups de Cœur ! [Épisode 1/2] | The Cannibal Lecteur

  3. Ping : Challenge polar et Thriller – le second bilan de Belette | deslivresetsharon

  4. Ping : Bilan Livresque Mensuel : Août 2021 | The Cannibal Lecteur

  5. Un roman qui ressemble à une expérience intéressante pour le lecteur… avec un policier qui serait une sorte de Holmes nippon (ben ouais, la capacité à voir tous les p’tits détails intéressants)… moi que le Japon tente depuis longtemps mais c’est hors de prix et faut y aller en avion et pis les policiers peuvent garder les étrangers 2 ou 3 semaines en prison sans preuve de culpabilité et faire pression pour te faire signer des aveux pour un simple regard qui ne leur a pas plu… et ton avocat ou ton consulat n’y peuvent rien, ce qui n’est pas ma conception d’un pays fréquentable… donc j’ai renoncé !

    En plus je ne suis pas certaine qu’on y fasse des mojitos… ils ont une merveilleuse gastronomie très raffinée et variée (y a pas que les sushis!) mais question boisson c’est moins palpitant, non?

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    • Tu leur apprendra à faire les mojitos en prison ! 😆

      Oui, un Holmes nippon (ni mauvais, comme dit l jeu de mot), ça marche aussi avec les Nikkon… Je sors !

      Au moins, il te révolutionne un peu le polar classique ! J’aime ça.

      Sinon, je n’aime pas les sushis…

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      • Il paraît que les sushis qu’on nous sert en Europe sont merdiques et mal faits d’après un youtubeur franco-japonais que je regarde des fois. Le riz utilisé n’est pas adéquat, ils oublient souvent de mettre le wazabi entre le riz et le poisson… les qualités de poissons ne sont pas top etc… il faudrait aller dans des grands restos japonais étoilés pour être certaine d’en trouver des corrects.

        Moi ne préfère les sashimis (t’as le poisson crû et pas le riz merdique servit chez nous)… et on oublie la brochette boeuf-fromage fondant bien écœurante qui n’existent pas au Japon puisqu’on y utilise pas les produits laitiers! La brochette boeuf-fromage est à la cuisine japonaise ce que la pizza hawaïenne (avec de l’ananas) serait à la cuisine italienne!!! Une invention aussi dégueue qu’improbable!

        Hum… oui… je sais je deviens bavarde quand on parle de bouffe… que veux tu… je ne pense qu’à ça!!! Même si je suis bannie des trois quarts des magasins de fringues et condamnée aux rayons mémères des autres qui font encore des trucs à ma taille! 😬

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        • J’ai mangé une fois du poisson cru, en ceviche, parce que je connais le cuistot et que je sais qu’il ne sert que des bons produits. Ailleurs, je n’en prendrai pas. Sashimi, je ne connais pas… brochette boeuf fromage non plus, mais je sais que les Japonais ne sont pas porté sur les produits laitiers comme nous.

          Quant à la pizza Hawaï, que j’adore, c’est ma préférée et je trouve super bon de tomber sur de l’ananas sucré et sur un morceau d’anchois salé ! Na ! Oui, on fait la pizza nous même, pâte comprise. 😛

          Ok, me voici interdite d’entrée en Italie, maintenant… mdr

          Bah, la mode est un éternel recommencement, j’ai déjà vu dans des rayons des robes ressemblant à celle de ma grand-mère décédée en 2003 !! Alors, tu es pile à la mode 😆

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