La reine noire : Pascal Martin

Titre : La reine noire

Auteur : Pascal Martin
Édition : Jigal Polar (2017)

Résumé :
En ce temps-là, il y avait une raffinerie de sucre dont la grande cheminée dominait le village de Chanterelle. On l’appelait la Reine Noire. Tous les habitants y travaillaient. Ou presque…

Mais depuis qu’elle a fermé ses portes, le village est mort. Et puis un jour débarque un homme vêtu de noir, effrayant et fascinant à la fois…

Wotjeck est parti d’ici il y a bien longtemps, il a fait fortune ailleurs, on ne sait trop comment… Le même jour, un autre homme est arrivé. Lui porte un costume plutôt chic. L’un est tueur professionnel, l’autre flic. Depuis, tout semble aller de travers : poules égorgées, cimetière profané, suicide, meurtre…

Alors que le village gronde et exige au plus vite un coupable, dans l’ombre se prépare un affrontement entre deux hommes que tout oppose : leur origine, leur classe sociale, et surtout leur passé…

La Reine Noire est peut-être morte, mais sa mémoire, c’est une autre histoire…

Critique :
Chanterelle-les-Bains, ça sent bon la destination de vacances, non ? Les doigts de pieds en éventail, l’amusement…

Non, oubliez cette destination pour vos futures vacances, sauf si vous voulez visiter la Lorraine industrielle et son ancienne raffinerie de sucre, qui, quand elle a fermé, a tué le village qui ne vivait que pour sa reine noire (le surnom de la haute cheminée).

Voilà une petite pépite noire qui prenait la poussière dans mes étagères depuis sa sortie en format poche. Mince alors, je ne me doutais pas que c’était un petit diamant brut qui me ferait passer un excellent moment de lecture.

Si j’aurais su, j’aurais lu plus tôt (Petit Gibus, sors de ma grammaire !). Imaginez un petit village, comme il en existe partout, avec ses commères, ses colporteurs de ragots, son esprit de clocher. Pas envie d’aller y vivre !

Comme dans un bon vieux western, deux hommes font leur entrée dans ce village qui est mort socialement. Si le premier laisse perplexe de par son habillement tout en noir, ses lunettes de soleil opaques (un gothique ?) et sa BM rutilante, le second qui porte un beau costume et roule dans une vieille Volvo, est reconnu tout de suite.

C’est Michel Durand, un ancien enfant du pays, de retour pour quelques jours au village. Il est psychiatre et tête sa pipe éteinte comme un Maigret, tout en s’aspergeant de parfum et de petrol-han. Il est flic et se garde bien de le signaler.

Dans ce polar noir à l’écriture serrée comme un café expresso, mais non dénuée d’humour (noir, bien entendu), on se demande bien qui sera Le Bon, qui sera le Truand et qui jouera le rôle de La Brute.

Parce qu’ici, tout n’est pas tel qu’on nous le montre, qu’on veut nous le faire croire… Les apparences sont trompeuses. Voyez, Wotjeck, habillé comme un gothique, c’est un tueur sans scrupules (Le Truand ou La Brute ?) et pourtant, il aime les chats et ne brutalise pas les personnes atteintes de déficiences mentales. Serait-ce le Bon, alors ? un peu de tout à la fois ?

Quant au nouveau maire, c’est un magouilleur de première, oscillant entre le Truand et la Brute. Heureusement qu’il y a le flic, intègre et tout. Recherchant la justice pour la faire triompher, nom d’une pipe qu’il tète comme un petit veau au pis !

Ce polar noir brouille les pistes, mélange les cartes et il faut avancer dans le récit pour que le puzzle se mette en place et nous montre l’image complète. L’auteur a construit habillement son récit, donné un passé à ses personnages, leur a donné du piquant, du mordant et des casseroles aussi.

On pourrait se demander comment c’est possible d’avoir autant de personnages avec autant de casseroles au cul, un village avec autant de personnes pas nettes, cachant des sombres secrets peu reluisants.

Et puis, j’ai repensé que tous les pays en possédaient. Regroupés dans des hémicycles, vociférant, parlant pour ne rien dire, dormant, parfois, malgré la présence des chaînes de télé. Une belle bande de guignols avec des squelettes dans leur placard !

Anybref, même si l’auteur flirte avec la ligne rouge des stéréotypes réunis dans ce village (la bonne du curé, les joueurs de cartes, le flic, le tueur à gages, le politicien véreux, magouilleur, phallocrate à la main lourde, le manipulateur, les langues de putes, le gigolo, les femmes faciles, le chat cabossé, la jeune fille désespérée,…), le tout est présenté d’une telle manière que ça passe sans soucis, tant l’humour et l’ironie sont présents, sans oublier les surprises d’un scénario qui n’ira pas là où on l’attend.

Voilà donc un excellent roman noir à la française, inattendu, un rural noir qui fleure bon le western, sans les duels dans la rue, mais avec des confrontations plus psychologiques, cachées, faites par des gens qui sont comme le dieu Janus, celui aux deux visages. L’un que l’on montre à tout le monde et le caché, qui doit bien rester caché !

Dans les non-dits, les lecteurs comprendront ce qu’il s’est passé dans l’envers du décor, qui est l’auteur des sabotages, qui tire les ficelles, qui ne veut pas être le pantin… Et surtout, qui sont les plus pourris dans l’histoire (ils sont nombreux).

J’espère juste que ce petit polar noir, aussi sombre qu’un café, mais avec moins d’amertume, ait bénéficié d’un bon succès, en librairie. On voit toujours les mêmes en tête de gondole alors que parfois, des petits romans sont de petites pépites noires, mais ne seront jamais mis sous les feux des projecteurs.

Moi, je me suis éclatée avec cette lecture !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°71].

16 réflexions au sujet de « La reine noire : Pascal Martin »

  1. Ping : Bilan Livresque Annuel 2022 et Coups de Cœur selon les catégories ! [Épisode 2/3] | The Cannibal Lecteur

  2. Ping : Bilan Livresque Annuel 2022 et Coups de Cœur ! [Épisode 1/3] | The Cannibal Lecteur

  3. Ping : Quatrième bilan du challenge Polar et Thriller 2022-2023 | deslivresetsharon

      • Ah ben nan alors ! J’aime pas zoner… Tant pis ! 😦

        J’y ai eu un compte… mais pas longtemps… J’aime pas comment on exploite les salariés et surtout sans payer autant d’impôts qu’il faudrait…

        Sans parler du côté aléatoire des livraisons… Tu reçois… tu reçois pas… Des fois c’est livré « chez un voisin » que tu connais pas trois rues plus loin… Et bien entendu il faut que tu devines qui… Ou alors… tu dois payer plus cher…

        Un jour mon père y a acheté un truc et depuis tous les ans ils essaient de lui prélever 6,90euros sans qu’il sache pourquoi (il fait opposition évidemment!)… Bon je lui ai expliqué qu’il serait peut être nécessaire qu’il ferme son compte… Mais j’avoue que de fermer son compte c’est aussi facile que de quitter la scientologie… Si tu ne vas pas chercher l’info sur comment faire (via Google) tu ne trouves pas la procédure sur leur site… Bon mon père pourrait effacer ses données de paiement sur son compte mais… se souvient il seulement de ses identifiants depuis ? 😀 Un jour je serai bonne fille et je m’en occuperai ! 😆

        Aimé par 1 personne

        • Je commande rarement et j’ai toujours tout eu, et quand j’ai pas eu, j’ai eu remboursement sans même bouger le petit doigt. Bon, pour le côté social, cette société est merdique à mort, c’est de l’esclavage, mais de temps en temps, quand je n’ai pas le choix, je dois m’asseoir à la table du diable et prendre une grande fourchette.

          Pour ton père, il lui suffit de changer sa visa, avec un nouveau code (les trois chiffres derrière), plus moyen de lui pomper des sous.

          Jamais ils ne m’en ont pompé, mais je suis pas premium, c’est peut-être ce qui fait que ton père a des débits, il a pris le compte premium qui te donne droit à être livré plus vite.

          Je n’aime pas commander chez eux, si je sais, lorsque je passe la frontière, je vais dans une échoppe de librairie et j’achète en direct !

          J’aime

C'est à votre tour d'écrire !

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.