Une saison pour les ombres : R. J. Ellory

Titre : Une saison pour les ombres

Auteur : R. J. Ellory
Édition : Sonatine (05/01/2023)
Édition Originale : The darkest saeson (2022)
Traduction : Étienne Gomez

Résumé :
Nord-est du Canada, 1972. Dans cette région glaciale, balayée par les vents, où l’hiver dure huit mois, la petite communauté de Jasperville survit grâce au travail dans les mines d’acier. Les conditions de vie y sont difficiles. Au-delà du village, il n’y a rien. Juste une nature hostile, quelques ours, des loups.

Aussi quand le corps d’une adolescente du village est découvert aux abords de la forêt, la gravité des blessures laisse supposer qu’elle a été victime d’une bête sauvage.

Ce sera en tout cas la version officielle. Et tout le monde prie pour qu’elle soit vraie. Mais, quelques temps plus tard, le corps d’une autre jeune fille est retrouvé.

Montréal, 2011. Le passé que Jack Deveraux croyait avoir laissé derrière lui le frappe de plein fouet lorsqu’il reçoit un appel de Jasperville. Son jeune frère, Calvis, est en garde-à-vue pour tentative de meurtre. De retour sur les lieux de cette enfance, qu’il a tout fait pour oublier, Jack découvre qu’au fil des années, l’assassin a continué à frapper.

L’aîné des Deveraux comprend alors que la seule façon de mettre fin à cette histoire tragique est de se répondre à certaines questions, parfois très personnelles. Mais beaucoup, à Jasperville, préfèrent voir durer le mensonge qu’affronter la vérité.

Critique :
Dehors, il faisait gris, le vent était froid et moi, au lieu de choisir un roman se passant sous le soleil, je me suis aventurée à Jasperville, au nord-est du Canada !

Cette petite ville, c’est le trou du cul du monde, un trou du cul gelé, un lieu où l’on se gèle tout ce qui dépasse (peut-être même le kiki, si l’on n’y fait pas gaffe), où l’été ne dure que 4 mois et l’hiver, sans soleil, 8 mois.

Bref, le lieu où personne n’a envie d’aller passer des vacances, ni même bosser et pourtant, il y a des gens qui y vivent et qui s’accommodent de ce froid, de cette solitude et des horreurs qui s’y passent.

L’auteur a choisi l’alternance des époques (de 1969 à 2011), afin de nous plonger encore mieux dans cet environnement peu habituel où il faut résister à la Nature hostile, aux froids extrêmes et aux animaux sauvages qui vivaient déjà là avant l’arrivée de l’Homme et de la société d’extraction de minerai de fer, la Canada Iron (je lui préfère le Canada Dry).

Après un chapitre consacré à ce qu’il se passe dans le présent, le suivant est consacré à l’enfance de Jacques (Jack) Deveraux, à sa famille et de ce qu’il s’est passé dans cette petite ville où des crimes atroces ont été commis, même si tout le monde a préféré les attribuer à des animaux sauvages.

Le nouveau roman d’Ellory n’est pas vraiment un roman policier habituel : il faut attendre la moitié du livre pour que Jack arrive enfin à Jasperville et il faut encore du temps avant qu’il ne commence son enquête.

Nous sommes dans un roman d’atmosphères et d’introspection, car Jack Devereau est parti en 1984, abandonnant son petit frère avec son père et n’est plus revenu dans cette ville depuis 25 ans.

Sa conscience le travaille, il a des regrets, des choses à se faire pardonner et son petit frère semble être devenu fou, parlant de wendigos, ces créatures surnaturelles, maléfiques, anthropophages… Bref, des bestioles que vous n’avez pas envie de croiser. Légendes ? Réalité ?

Ce roman est noir, foncièrement noir comme le charbon, avec peu de lumière, même lorsque durant 4 mois, le soleil ne descend jamais sous l’horizon. Rien à redire, Ellory a réussi ses décors et durant ma lecture, j’avais froid, j’ai ressenti au fond de mes tripes la désolation de ce lieu, la dépression qui pouvait atteindre tout le monde, surtout durant les mois sombres de l’hiver et face à ce haut fourneaux qui ne s’arrêtait jamais.

Les personnages, quels qu’ils soient, étaient bien campés, réalistes, complexes, alliant de la fragilité et de la solidité. Bref, tout simplement humains, terriblement humain. On pourrait être n’importe lequel, il est facile de s’y identifier, de les comprendre, d’être d’accord avec leurs colères ou avec leur fuite.

Certains ont fui leur passé, d’autres n’ont pas pu y échapper, mais au final, est-ce qu’on arrive vraiment à se détacher de notre passé, à le fuir ? Ou bien est-il toujours tapi en nous, tel un wendigo attendant de nous attraper, pour nous emporter là où on ne veut pas aller ?

Ce roman sombre et froid, est très bien construit, j’ai apprécié le voyage, même si j’ai eu froid aux miches. Les personnages, bien campés, m’ont subjugués de par leur réalisme et l’enquête, bien que ramassée sur le derniers tiers, était bien construite, et réaliste, elle aussi, pour un homme qui n’est pas un policier, même s’il est enquêteur puisque son job est « expert en incendie pour les assurances ».

Malgré tout, le coup de coeur n’est pas total, il a manqué une étincelle pour allumer le feu, un accélérant, un produit inflammable qui aurait transformé ce roman en brasier, emportant tout sur son passage, comme certains romans de l’auteur ont fait.

Attention, la lecture fut bonne, même si j’espérais un coup de coeur !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°137], Le Mois du Polar, chez Sharon – Février 2023 (N°20).et le Challenge British Mysteries 2023 chez Lou et Hilde – De janvier à mars (N°05).

30 réflexions au sujet de « Une saison pour les ombres : R. J. Ellory »

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  5. Ah ben nan! Il fait trop froid ici… 😂 Cela dit… le Canada, Rock Voisine, Garou, Céline Dion… le sirop d’érable… les caribous… la poutine (pas le dictateur! Les frites gratinées au cheddars !)… Justin Trudeau (quel bel homme dirait Jack Lang!)… les tabernacles… c’est bien tentant! 😂

    Ellory… je sais que c’est un bon auteur mais… ma seule expérience avec lui a été fastidieuse. J’avais du mal avec sa narration… je trouvais qu’il ne se passait rien alors que manifestement l’action avançait quand même. J’en garde un souvenir d’ennui. Alors si tu me dis qu’il faut attendre ici la moitié du livre pour que ça démarre vraiment je crois que je vais passer mon tour. Pour mon prochain essai avec lui, quand ma PAL le permettra (hahahaha! 🤣😂🤣) je pense préférable alors d’en choisir un autre!

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      • 😱Mon Dieu! Confusion totale! J’ai bien fait de vérifier ! J’avais lu le Dalhia Noir d’Ellroy et pas Ellory! Chuis pourtant pas dyslexique !!! 🙄

        A chaque fois que tu présentes un roman d’Ellory je me souviens juste que j’avais dû mal lire le nom de l’auteur du Dalhia Noir et que ce devait être Ellory et pas Ellroy. Or en fait j’avais bien lu visiblement et je me suis toujours dispensée de découvrir Ellory à cause de mon ennui face à Ellroy!! 😱

        Bon ben plus d’excuse pour le demander à ma libraire ! Même s’il n’y a pas Rock et ses potes dans un coin (trop occupés à jouer à « touche-touche-sous-la-douche » un jeu affectionné par les sportifs) je trouverai bien un bûcheron barbu et carré en chemise à carreaux sentant bon l’homme et la sève! 🥰 C’est officiel, je suis une dépravée mais ne le répète pas à Toqué!!!

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        • Ah bon, une confusion de lettres ! Bon, ce truc m’arrive souvent aussi… mais maintenant, je comprends mieux !! mdr

          Par contre, pour la libraire, ça va pas être possible le click et cueillette pour les bédés… :/

          C’est comme pour les joueurs de hockey sexy, on n’arrivera pas à les passer pour qu’ils arrivent chez nous 😆

          J’aime

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