L’homme-bouc : Éric Corbeyran et Aurélien Morinière

Titre : L’homme-bouc

Scénariste : Éric Corbeyran
Dessinateur : Aurélien Morinière

Édition : Robinson (16/09/2020)

Résumé :
Lorsqu’on lui signale la disparition d’une adolescente au coeur de la forêt limousine, l’enquêtrice Gaëlle Demeter affronte une étrange réalité où se mêlent traditions et superstitions.

Face à l’inconnu, elle fait appel à son amie, Blanche.

Blanche est chamane. Elle connaît certains chemins qui mènent aux replis du monde…

Critique :
Je ne sais pas si l’Homme bouc sent mauvais, mais en tout cas, une chose est sûre : il vaut mieux ne pas croiser sa route !

Le Limousin, ses forêts profondes, ces jeunes filles qui disparaissent, ces vieilles croyances…

Un album qui mélange le fantastique et la sorcellerie, sans pour autant que cela ne tourne en eau de boudin. L’équilibre est là entre réalisme et croyances.

Une bédé de presque 200 pages, dans des tons noir et blanc, aux dessins somptueux et majestueux, qui donnent du relief et de la présence aux décors, ainsi qu’aux personnages. On est dans des graphismes réalistes et je les ai adoré. Mais il ne donne pas envie d’aller se balader dans le Limousin, à cause du Mal qui rôde. Le syndicat d’initiative du Limousin n’appréciera sans doute pas ce roman graphique…

Les ambiances, sont sombres, poisseuses, angoissantes. Ceci n’est pas un album à laisser traîner entre les mains d’un enfant. Il y a de la violence, des tripes à l’air, des momies et un gosse pourrait flipper en le feuilletant.

L’enquête n’avancera pas très vite, les gendarmes ont peau de balle et sans l’aide de Blanche, une chamane, ils n’auraient pas beaucoup avancé dans cette disparition mystérieuse. Malgré tout, on est scotché à ces pages, durant la lecture, tant le suspense nous prend aux tripes.

Cette bédé à tout d’un roman noir, on y croisera de la misère humaine, celle d’une mère qui s’est retirée de la société après la disparition de sa fille, bien des années auparavant.

C’est un rural noir, une enquête qui flirte avec le fantastique, avec les croyances et qui va nous balader dans des forêts magnifiques, aux frontières du réel, sans que les auteurs se prennent les pieds dans le tapis.

Un roman graphique noir, sombre, oppressant, angoissant et une fois la lecture terminée, on se surprend à reprendre sa respiration normale.

Une enquête qu’on ne lira pas pour ses multiples rebondissements, puisqu’il n’y en a pas vraiment, mais pour ses ambiances, ses décors, ses personnages et pour la balade, en toute sécurité (pour les lecteurs).

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°148] et Le Mois du Polar, chez Sharon – Février 2023 (N°31).

Nellie et Philéas, Détectives Globe-trotters – 01 – Le crime de Whitechapel : Roseline Pendule

Titre : Nellie et Philéas, Détectives Globe-trotters – 01 – Le crime de Whitechapel

Auteur : Roseline Pendule
Édition : Gulf Stream Editeur (07/04/2022)

Résumé :
Quand Nellie Bly, la célèbre reporter, rencontre Phileas Fogg, le héros de Jules Verne, les coupables n’ont qu’à bien se tenir !

Le Londres du XIXe siècle pour décor, les meurtres de Jack l’éventreur comme contexte : une aventure corsée aux rebondissements multiples et inattendus ! 1889, New York puis Londres.

Quoi de mieux qu’un tour du monde pour dénicher des scoops ? Elizabeth, journaliste en herbe surnommée Nellie, quitte New York pour Londres.

La capitale anglaise est en effervescence : Jack l’éventreur aurait encore frappé ! Persuadée que cette exclusivité lui vaudra l’article du siècle, Elizabeth mène l’enquête et rencontre Phileas, un jeune gentleman lui aussi fasciné par l’affaire.

Désormais en duo, les apprentis détectives cavalent après les indices dans les sombres ruelles de la ville. Et si l’assassin n’avait rien à voir avec l’insaisissable Jack ?

Critique :
Les auteurs adorent raconter sur la jeunesse de personnages, qu’ils soient de fiction (Holmes, Lupin) ou réels (Agatha Christie, Alfred Hitchcock).

Ici, l’autrice a mélangé la fiction (Phileas Fogg) avec la réalité (Elizabeth Cochrane devenue Nellie Bly).

En ouvrant ce roman jeunesse, je me demandais bien comme l’autrice allait pouvoir faire intervenir deux gamins face à un tueur tel que Jack The Ripper.

J’ai tiqué en voyant la date : 1889 ? Mais, les crimes se sont déroulés en 1888, en 1889, le Jack avait pris sa retraite ! Lui manquait-il des trimestres pour sa pension ? Bon sang, mais c’est bien sûr : Jack était une femme et on lui avait sucré des mois de cotisations !!

Pas de doute, nous sommes bien dans de la littérature jeunesse : notre Elizabeth, passagère clandestine sur un navire, tombe sur un gentil capitaine, qui ne la passe pas par dessus-bord (sinon, pas de roman) et qui ne lui demandera pas de jouer à la prostituée pour son équipage (sinon, le roman serait interdit au moins de 18 ans et réservé pour des pervers pédophiles).

Dans les romans jeunesse, tout se goupille assez facilement et deux enfants de 12/13 ans arrivent à enquêter, relever des indices, suivre des pistes, là où les flics de Scotland Yard n’y arrivent pas (l’inspecteur Fix n’est pas une lumière non plus). Bref, ils se démerdent mieux que des adultes !

Elizabeth et Phileas sont deux personnages sympathiques, des gamins dont on aimerait qu’ils soient nos amis, si nous avions leur âge. Phileas est un détective en herbe, se livrant à des déductions, comme un Sherlock Holmes, tandis que Elizabeth est plus débrouillarde, sait mentir et jouer la comédie.

Ce sont deux mondes qui se télescopent, puisque Elizabeth est tombée dans la pauvreté après le décès de son père, tandis que Phileas est issu de la bourgeoisie pétée de thunes dont le père est toujours en voyage. Le choc des cultures…

Le roman se lit très vite, sur une petite soirée, les 153 pages sont avalées et digérées. Rien d’exceptionnel dans l’enquête et la résolution. J’avais compris, avant l’heure, ce qu’il en était réellement de l’assassinat. Ce n’était pas la foire aux boyaux, aux tripes, donc…

Si j’ai bien aimé cette lecture détente, je ne peux pas dire qu’elle m’ait emportée ou que je l’ai adorée, comme la série des « Sherlock, Lupin & moi », dont l’écriture est un niveau au-dessus de ce roman.

Malgré tout, il est agréable à lire, sans prise de tête et après avoir lu quelques romans assez sombres, un peu de douceur ne faisait pas de tort. Je lirai sans doute les deux autres romans, juste pour la parenthèse qu’ils m’offriront lorsque j’en aurai besoin.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°147], Le Mois du Polar, chez Sharon – Février 2023 (N°30) et le Challenge British Mysteries 2023 chez Lou et Hilde – De janvier à mars (N°07).