Cœurs solitaires : John Harvey

Titre : Cœurs solitaires [Inspecteur Resnick 1]

Auteur : John Harvey
Édition : Payot et Rivages (1993)

Résumé :
Shirley Peters a été tuée, et son ancien amant l’avait menacée de mort. Pour l’inspecteur Resnick, il s’agit là d’un drame passionnel, ce genre de drame auquel il a l’impression d’être confronté tous les jours.

Mais quand une seconde femme est sauvagement violée et assassinée, il semble évident qu’un « serial killer » est à l’œuvre et qu’il choisit ses victimes parmi les femmes esseulées qui cherchent un compagnon dans la rubrique locale des cœurs solitaires.

Journaliste, poète, scénariste et romancier, John Harvey est une révélation majeure du roman noir anglais.

Critique : 
Lire une enquête de l’inspecteur Charles Resnick, c’est comme regarder un épisode de Derrick, mais avec la profondeur en plus !

Niveau trépidations, nous sommes loin d’un thriller (normal, ceci n’en est pas un) mais j’en ai tout de même ressentis « dans le creux de mes reins » comme le chantait la Bardot sur sa Harley Davidson.

Oui, niveau profondeur, c’est du gorge profonde, et je ne parle pas du mystérieux informateur de Fox Mulder !

— Une femme comme elle, intervint Despard, en lui prenant la main ostensiblement, n’importe quel type a envie de l’entreprendre dans un coin.

Ceci est un roman noir anglais pourvu de flics qui enquêtent sur la mort brutale et mystérieuse d’une dame qui ne cherchait qu’un plan cul de temps en temps… Tuée par son mari jaloux et violent ?

Et si ce n’est pas lui, qui est-ce alors ?? L’affaire s’annonce difficile et les flics piétinent, enquêtent à l’ancienne (nous sommes en 1989) et se grattent le sommet du crâne afin de trouver qui s’en prend à des jeunes femmes.

Oui, l’inspecteur Resnick a le rythme d’un Derrick, mais le scénario de John Harvey est bien plus étoffé (pas compliqué, vous me direz) et les personnages plus travaillés.

Resnick eut un léger haussement d’épaules.
— J’ai senti qu’on faisait fausse route.
— À ce rythme-là, Charlie, vous finirez par lire dans le marc de café.

Rassurez-vous, la comparaison avec le lymphatique Derrick – héros des pensionnés qui s’emmerdent grave – n’est là que pour l’humour, ici, nous sommes dans un vrai roman noir et l’auteur n’a plus rien à prouver à ce niveau là.

Si Resnick est un inspecteur un peu désabusé, il n’est pas alcoolo, de plus, il pratique l’humour noir et le cynisme pour le plus grand plaisir du lecteur.

Howard Colwin était l’homme pour qui on avait inventé le terme de rétention anale. On ne l’avait jamais vu traverser une pièce sans serrer les fesses.

Resnick s’assit lentement. Songeant qu’on pense toujours en avoir vu assez, en matière de connerie. Qu’on s’étonnera plus.

Amateur aussi de jazz, de ses 4 chats, de sandwichs un peu bizarre et portant un complet encore plus avachi que celui de Columbo (et je ne vous parle même pas de la cravate !), Resnick n’a rien d’une gravure de mode ni d’un flic banal. Et je l’aime bien.

Son maquillage était le plus parfait que Resnick ait vu depuis qu’il s’était retrouvé coincé dans l’ascenseur d’un grand magasin avec quatre vendeuses du rayon parfumerie.

La plume d’Harvey glisse lentement durant les 296 pages, mais elle parsème son récit de petits traits d’humour, d’esprit, de petites répliques, qui feront sourire plus d’une fois le lecteur, pris au jeu de l’enquête et dévorant le roman afin d’en savoir plus sur la vie de Resnick et sur celle des flics qui l’entoure.

De caractère ordinairement taciturne, Kevin Naylor était la bande des Monty Pythons à lui tout seul en comparaison de son petit copain Dennis.

La seule question qui me reste, c’est « le mobile du coupable et pourquoi certaines femmes en particulier » (si ce n’est que c’était des chaudes). Ce n’est pas expliqué en détail dans le final et il ne reste plus qu’au lecteur qu’à se faire son propre avis sur la chose.

Un roman noir avec de la profondeur, qui dépeint la vie d’une petite société anglaise, qui nous parle des relations entre les flics et le reste de la populace – que ce soit avec des braves gens ou des bandits, truands – des meurtres sans profusion d’hémoglobine, de la violence uniquement lorsque c’est nécessaire (y’en a peu), des bons mots, des petites scènes de la vie quotidienne des personnages, qu’ils soient principaux ou secondaires.

Quand on lit l’inspecteur Charles Resnick, on a l’impression de connaître l’équipe depuis longtemps et on ne pense qu’à une chose : lire la suite !

— D’après lui, dès que le traitement s’arrête, notre client redevient comme un castor à la saison des amours.
— Ce sont les termes du rapport ?
— Plus ou moins, enfin, je traduis.
— C’est gentil de votre part.
Avec Millington, le moindre trait d’humour ou d’ironie tombait à plat.

 Étoile 3,5

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2015-2016), « A year in England » chez Titine et Le Mois du Polar chez Sharon (Février 2016).

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26 réflexions au sujet de « Cœurs solitaires : John Harvey »

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  7. J’ai essayé de regarder un Derrick à deux reprises… A chaque fois je dormais au bout d’un quart d’heure. Véridique! C’est bête… J’aurais dû l’enregistrer pour les jours où j’ai du mal à dormir… Depuis je remplace par du Proust… Très bien écrit cela dit (on ne peut pas lui retirer ça!!!)… Mais il ne se passe pas grand chose non plus (ben déjà que Gala ça ne me passionne pas… alors les potins mondains du XIXème… Pfff…)… Je sais, je sais… Je suis une atroce inculte!

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    • faut regarder Columbo, au moins, tu sais déjà qui a tué et ensuite, tu peux dormir.

      Derrick, c’est du bon pour les homes, les petits vieux adorent ça ! J’en ai regardé étant jeune, pour résister à la tentation de dormir et j’ai gagné !

      Gala ? le truc avec les pages en papier glacé que tu ne saurais même pas te torcher le cul avec ?? je passe !

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