Titre : Au revoir là-haut
Auteur : Pierre Lemaitre
Édition : Albin Michel (21/08/2013)
Résumé :
Sur les ruines du plus grand carnage du XX° siècle, deux rescapés des tranchées, passablement abîmés, prennent leur revanche en réalisant une escroquerie aussi spectaculaire qu’amorale. Des sentiers de la gloire à la subversion de la patrie victorieuse, ils vont découvrir que la France ne plaisante pas avec Ses morts…
Fresque d’une rare cruauté, remarquable par son architecture et sa puissance d’évocation, Au revoir là-haut est le grand roman de l’après-guerre de 14, de l’illusion de l’armistice, de l’État qui glorifie ses disparus et se débarrasse de vivants trop encombrants, de l’abomination érigée en vertu.
Dans l’atmosphère crépusculaire des lendemains qui déchantent, peuplée de misérables pantins et de lâches reçus en héros, Pierre Lemaitre compose la grande tragédie de cette génération perdue avec un talent et une maîtrise impressionnants.
Critique :
Gavrilo Princip avait-il la moindre idée en assassinant François-Ferdinand de Habsbourg-Este de ce que son geste allait déclencher dans l’Europe et dans le Monde ?
Si oui, il mériterait qu’on le ressuscite afin de lui faire subir tous les outrages connus et imaginables, car son coup de feu à mis le feu aux poudres, poussant des pays à se faire la guerre, même si on se doute qu’ils n’attendaient tous que ça : le truc qui allaient leur permettre de se rentrer tous dedans.
Mais qui pâtit le plus d’un conflit ? Les soldats, qui ont plus à craindre de leur hiérarchie que de l’ennemi, tapis dans des tranchées insalubres ainsi que les civils qui perdent tous un père, un frère, un fils…
Par contre, pour les crapules, les arrivistes, les magouilleurs, un conflit, c’est du pain béni pour faire du commerce en stoemelings (en noir) et s’en foutre plein les fouilles pendant que d’autres chient dans leur froc de peur car on leur demande d’aller au casse-pipe pour récupérer 2 mètres de terrain.
Mais une fois la guerre terminée, peut-on encore profiter d’un bon plan pour se remplir les poches puisqu’on étaient dans les tranchées et que tout ce qu’on a gagné, ces des trous partout, des blessures violentes ou un traumatisme à vie ? Ou des galons non mérités…
Nous donnant à suivre Henry d’Aulnay-Pradelle, salaud flamboyant, digne des meilleurs fils de pute de la littérature.
Disons le de suite, le surnom qui irait comme un gant à d’Aulnay-Pradelle c’est « sale enculé » et n »y voyez pas dans son cas une passion pour la sodomie, juste un triste constat : c’est un enculé !
Possédant du cran (ce n’est pas un Joffrey Barathéon), du sadisme (mais pas au point d’un Ramsey Snow-Bolton), il a tout d’un Euron Greyjoy, surtout vu son comportement à quelques jours de l’armistice, afin de motiver ses troupes à attaquer la cote 113 et d’y gagner son grade de capitaine.
Face à lui, un couillon de soldat, le pauvre Albert Maillard, doté d’une conscience, lui, mais de peu de courage, toujours à réfléchir, à ne pas oser, à ne pas prendre de décision, castré aussi par une mère qui lui répète sans cesse qu’il est un pleurnichard, pire qu’une fille.
Il va souffrir encore après la guerre, notre Albert, comme s’il n’avait pas déjà assez souffert avant , lui qui a embrassé la Mort à pleine bouche, respirant son souffle fétide.
Ajoutons un troisième larron à ces deux personnages principaux déjà bien esquissés : Édouard Péricourt qui paiera cher son acte d’héroïsme, comme quoi, les bonnes actions ne sont pas toujours récompensées.
De joyeux il deviendra apathique, pourtant, notre homme aura une brillante idée, niveau magouille, même si au niveau éthique elle est des plus discutable.
Le talent de Pierre Lemaitre est de nous présenter 3 personnages dont aucun n’est tout à fait aimable, même si certains, au départ, donneraient à penser qu’ils sont des gentils et l’autre un charognard d’enculé. Bon, le salaud restera un salaud…
La plume de Pierre Lemaitre m’a emporté dans les tranchées de novembre 1918, dans la France d’après-guerre, celle qui a préféré célébrer ses morts plutôt que ses vivants, me plongeant dans le quotidien de deux hommes qui tirent le diable par la queue pendant que d’autres pètent dans la soie.
Les 100 premières pages décrivent bien l’atmosphère des tranchées, sans trop en faire, sans sombrer dans le pathos, ensuite, on découvre l’envers du décor avec les hôpitaux militaires, où il ne fait pas bon vivre non plus.
Ensuite, on découvre l’imbécilité du gouvernement, le rapatriement des soldats qui se déroule dans le plus grand bordel possible, les soldats démobilisés longtemps après la guerre, l’imbécilité des officiers, les bilans horribles du nombre de morts par jour, tout ça pour rien, pour gagner quelques mètres.
Boucherie, c’est le terme qui convient, abattoir aussi.
La duperie de certains pour gagner des galons, la duplicité de ces mêmes pour gagner du fric sur le dos des pauvres gens. Bien que certaines duplicités soient plus pires que d’autres, je trouve.
Un roman magnifique, dont je comprends qu’il a gagné le Goncourt tant son atmosphère est prégnante, ses personnages forts, cyniques, qui m’ont fait rire, souffrir et donner des envies de meurtre, le tout servi par une écriture magnifique qui joue avec les mots et nos maux.
Lemaître manie sa plume de main de maître (oui, je sais, elle était facile), cette plume qui te titille là où ça fait le plus de bien et procure instantanément une jouissance littéraire.
Une lecture intense qui me fera regarder les cimetières militaires et les monuments aux morts d’une autre manière.
Merci à Bianca pour cette LC car sans elle, ce roman serait toujours sur mes étagères (lien vers sa chronique dans son nom).
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Coucou ma louloute belge!
j’ai adoré tous les romans noirs de Pierre Lemaitre mais j’avoue un peu piteusement que celui-ci, aussi réussit doit-il être, ne m’a pas encore donné envie.
J’ai toujours eu du mal avec les romans de guerre…. 😦
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La guerre est au début, ensuite, on la quitte, on passe dans l’après guerre.
De mon côté, pas encore lu les autres romans de Lemaître, ces noirs.
Sinon, comment ça roule, ma mouloute française ??
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Ça roule comme je peux. .. je me noie et je ne sais pas nager. .. 😯
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Je sais nager, mais pas sauver des noyés… je te lance la bouée !
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En forme de canard stp
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No problem !
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J’ai adoré ce bouquin. Un pari osé pour l’auteur qui sortait de sa zone de confort. Ca devait être le premier d’une grande saga ; je ne sais pas où en est le projet.
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Je ne savais pas que c’était en fait un départ de saga, je n’ai jamais rien entendu dire.
Oui, il est sorti de sa zone de confort, et il le fit bien !
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Une trilogie sur l’entre-deux guerres. Le prochain devrait sortir en janvier 2018 et le dernier en juillet 2020.
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Aha, mais comme soeur Anne, je n’ai encore rien vu venir 😉
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Encore un qui prend la poussière sur mes étagères.
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Rhôôô, est-ce que je laisse mes super livres prendre la poussière sur mes étagères, moi ???
Oui, je sors…
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Mouais… 🙂
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Tu n’es pas convaincue, on dirait ! 😆
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🙂
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Je n’ai pas encore pris le temps de lire le roman mais j’ai lu la BD et vu le film de Dupontel et j’ai beaucoup aimé les deux. Tu me donnes envie de me mettre au livre 🙂
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Moi, je dois faire le film et la bédé ! Yapuka… allez, on se motive là !
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Là visiblement le mois américain est fini! 🤡🤡🤡
Celui là je l’ai lu l’an dernier ! Formidable! L’humour noir comme je l’aime et un brin de fantaisie quasi sur réaliste à la Pennac… ravie qu’il t’ai plu!
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Non, il n’est pas fini, j’ai juste intercalé une chronique d’un autre roman pour cause de LC !!
Oui, il m’a bien plu !!
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oh oui tu decris vraiment bien cette guerre absurde et ignoble…..je pense qu’il est deja en poche…il va falloir que je me le trouve…bien que cela va me faire encore mal…cette guerre je la trouve terrible….y’a pas de mots….
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La décrirais-je aussi bien que ceux qui l’ont vécu ? Hélas non, mais hélas aussi, j’ai un peu capté la connerie humaine !
Toutes les guerres sont terribles, chacune à leur manière et lorsque tu penses ne pas savoir faire pire, ben ils y arrivent ! 😦
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oh oui…on a deja eu cette discussion….non on ne peut pas la decrire…mais je pense qu’on la ressent plus que d’autres…surtout les va-t-en guerre…..en tout cas c’est bien triste…
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Si on a de l’empathie, on ressent tout ce qu’on doit ressentir… et ça fait mal !
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effectivement….cela fait meme mal…pucha…..
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Saloperies de guerres !
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plus rien a rajouter….
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:p
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C’est l’une de mes prochaines lectures, j’ai hâte ! Je veux le lire avant la sortie de l’adaptation ciné le 25 octobre !
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Toujours mieux de lire le livre avant de voir le film !
Bonne lecture 😉
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Très bon billet, c’est vrai que pradelle est un beau salaud. Ce roman est proche du coup de coeur, une lecture prenante et passionnante que j’ai été ravie de faire avec toi
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Merci à toi ! Pas encore eu le temps d’aller te lire, je suis à la bourre, comme d’hab, ou alors, je veux faire trop de choses en même temps 😀
Une super LC et Pradelle était un enculé de sa mère 😉
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Quel beau roman et quelle jolie chronique ! merci ! franck
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