Kill the indian in the child : Elise Fontenaille-N’Diaye

Titre : Kill the indian in the child

Auteur : Elise Fontenaille-N’Diaye
Édition : Oskar – Société (28/09/2017)

Résumé :
Comme tous les jeunes Indiens, Mukwa, 11 ans, est envoyé à Sainte-Cécilia, un pensionnat canadien dont l’éducation est confiée à des religieux. Malheureusement, cet établissement ne ressemble en rien à une école traditionnelle.

Pour tout apprentissage, le jeune Ojibwé découvre l’humiliation, la privation de nourriture, les mauvais traitements…

Car le mot d’ordre est Kill the Indian in the child : éliminer l’Indien dans l’enfant, lui faire oublier sa culture, sa religion, ses origines.

Mais Mukwa se rebelle, décide de fuir et de rejoindre son père trappeur, dans la forêt…

Critique :
L’Homme Blanc n’aime pas ceux qui ne lui ressemblent pas, ceux qui n’ont pas la même culture que Lui, ceux qui croient à un autre Dieu que Le Sien.

Donc, avec les Amérindiens, il fallait les transformer en Hommes Blancs, leur extirper leur culture, leurs croyances, leurs modes de vies, bref, commettre un génocide culturel.

Et un génocide tout court, parce que bien des enfants sont morts dans les pensionnats des bons Pères Blancs (et des bonnes sœurs).

Ces religieux qui n’ont de religieux que le nom, qui n’ont pas dû lire les préceptes enseignés par Jésus (ce que vous faites aux plus petits d’entre nous…) et qui aiment se vautrer dans la violence et l’asservissement des autres.

Il fallait tuer l’Indien dans l’enfant et en faire de bon petits canadiens chrétiens.

Ce roman s’adresse avant tout aux plus jeunes, le niveau de lecture est donc très facile pour l’adulte que je suis. Malgré tout, il m’a touché en plein cœur, même si je connaissais le sujet. Il m’écœure toujours, il me débectera toujours, surtout que les principaux coupables n’ont jamais été punis.

Mukwa est un jeune indien Ojibwé, contraint d’aller dans le pensionnat de Sainte-Cécilia où il y subira, comme les autres, des brimades, des coups, de la torture avec de l’électricité (qu’on y asseye les tortionnaires !), des attouchements, des privations, de la bouffe dégueu,…

On a beau être dans de la littérature jeunesse, les sévices ne seront pas édulcorés pour autant et le passage où le pauvre gamin doit remanger la nourriture qu’il a vomi m’a soulevé les tripes. Je ne comprendrai jamais comment l’on peut faire subir ça à des gosses.

Et nous ne sommes pas dans les années 1800, mais dans les 1900, dans le récit, inspiré d’une histoire vraie (avec les noms des protagonistes et du pensionnat changés), on vient de marcher sur la lune.

L’histoire réelle, s’est passée dans les années 1960, quant on n’avait pas encore foulé l’astre dans lequel je suis souvent, mais tout de même.

Une lecture bourrée d’émotions, d’eau dans les yeux et de rage envers ces hommes et ces femmes d’église, ces frustrés de je ne sais pas où, qui se sont permis de faire subir à des enfants des horreurs dignes des tortionnaires habillés de costard noirs, taillés par Hugo Boss, ceux qui avaient des raideurs dans le bras…

Un petit livre glaçant qui permettra aux plus jeunes, comme aux adultes, d’ouvrir les yeux sur un scandale peu connu et qui pourrait, ensuite, donner l’envie d’en apprendre un peu plus sur les traitements réservés aux enfants Amérindiens au Canada.

PS 1 : Les explications à la fin de l’ouvrage sont tout aussi glaçantes puisque l’on y apprend que le dernier pensionnat a fermé ses portes en 1996 (putain, si tard ??), que plus de 150.000 enfants y ont été déportés, brimés et torturés (tiens, on n’avait dit « plus jamais ça », après la découverte des camps de concentration ??) et que 30.000 ont trouvé la mort.

PS 2 : j’ai toujours aimé les corbeaux, leur vouant une tendresse particulière, aimant les regarder voler, aimant même les entendre croasser. Maintenant, je les regarderai autrement, car je penserai à Mukwa et à son papa, ainsi qu’à tous les enfants morts dans ces pensionnats de la honte.

Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 94 pages).

40 réflexions au sujet de « Kill the indian in the child : Elise Fontenaille-N’Diaye »

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  4. J’ai l’impression que cette thématique revient fort sur le devant de la scène en ce moment (mais il n’y a pas eu un scandale « récemment » de corps d’enfants morts issus de ces institutions retrouvés dans des fosses au Canada ou qqchose du genre?). Bref j’aime beaucoup lire sur ce sujet (même si le sujet en lui-même est glaçant) donc je suis ravie de cette sorte d’engouement littéraire! Je vais me procurer ce titre en tout cas!!

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  6. Malheureusement le Canada n’est pas exempt de crimes et génocide…
    La colonisation a fait des dégâts et ses retombées sont parfois encore bien présentes. Le pire c’est que même une fois « devenus canadiens » ils étaient toujours rejetés…

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    • Alors qu’ils sont du pays plus que les canadiens ! La preuve que l’absurde ne tue pas celui qui l’utilise… les canadiens se plaignent des immigrés et ils en sont eux-mêmes, ne respectant pas les habitants premiers…

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  7. Aaarrrggghhhhh!!!! 😱😱😱 Belette continue à explorer les scandales les plus glauques et les plus insupportables de l’histoire coloniale puisqu’il s’agit bien d’un crime colonialiste en l’occurence!

    Oui… tout cela est atrocement vrai… L’histoire du Canada n’est pas plus nette que celle d’autres pays… je pense aussi au traitement infligé aux francophones par les britanniques au XVIII…

    Bref que du glauque… que du vrai… que des choses que la mémoire collective ne doit pas oublier même si et surtout parce que c’est dérangeant.

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    • Oui, tu vas finir par m’envoyer chez un psy afin de vérifier que je n’ai pas un problème sous-jacent dans ma caboche, à force lire des romans parlants des horreurs de l’humain… :/

      Crime colonial oui, génocide aussi… j’ai lu que 90 à 95% des amérindiens avaient été tués par l’homme blanc. Le grand remplacement, ce sont les Blancs qui l’ont fait, n’en déplaise à l’autre Zigoto !

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      • Une honte! Et encore… les mots me manquent ! En plus ils ont pratiqué la guerre bactériologique en « offrant » des couvertures contaminées par la varioles aux premières nations… c’était moins cher que les balles! 🤬

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    • Oui, tout à fait… surtout à une époque pas si lointaine que ça.

      Et on traite les autres de barbares ?? Pourtant, on parle du Canada, ici, pas d’une république bananière ou une dictature…

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