On était des loups : Sandrine Collette

Titre : On était des loups Auteur : Sandrine Collette Édition : J.-C. Lattès (24/08/2022)

Résumé : Ce soir-là, quand Liam rentre des forêts montagneuses où il est parti chasser, il devine aussitôt qu’il s’est passé quelque chose. Son petit garçon de cinq ans, Aru, ne l’attend pas devant la maison. Dans la cour, il découvre les empreintes d’un ours. À côté, sous le corps inerte de sa femme, il trouve son fils. Vivant.

Au milieu de son existence qui s’effondre, Liam a une certitude. Ce monde sauvage n’est pas fait pour un enfant. Décidé à confier son fils à d’autres que lui, il prépare un long voyage au rythme du pas des chevaux. Mais dans ces profondeurs, nul ne sait ce qui peut advenir. Encore moins un homme fou de rage et de douleur accompagné d’un enfant terrifié.

Dans la lignée de Et toujours les Forêts, Sandrine Collette plonge son lecteur au sein d’une nature aussi écrasante qu’indifférente à l’humain. Au fil de ces pages sublimes, elle interroge l’instinct paternel et le prix d’une possible renaissance.

Critique :
Du personnage de Liam, nous n’en saurons pas beaucoup, juste qu’il semble être un survivaliste, ou du moins, un homme qui a choisi de vivre dans les montagnes, reclus, avec peu de contact avec les autres humains.

Nous ne connaîtrons pas l’endroit où le récit se déroule, mais vu les étendues, ce n’est pas en Belgique ! France ? Amérique ? Tout est permis. Liam est un peu fruste, bougon, a ramené une femme parce qu’elle voulait vivre avec lui et lui a fait un enfant un peu à contrecœur.

Lorsque le drame survient, il ne sait quoi faire de cet encombrant gamin de 5 ans, qui va le gêner dans ses chasses, qu’il ne pourra pas laisser seul dans la cabane, les voisins les plus proches se situant à des heures de marches (ou de chevauchée, puisqu’il possède deux chevaux).

Son récit est à son image : fruste, sans fioritures, sans beaucoup de ponctuation, sans guillemets ou tirets cadratins, les dialogues se trouvant saisis dans le texte brut. Lorsqu’on lit son histoire, on la croirait écrire par un homme qui a arrêté après ses primaires ou alors, par un auteur qui manque de talent.

Une écriture pareille, ça passe ou ça casse. Chez moi, c’est passé comme une lettre à la poste (un jour où il n’y a pas grève), car cette écriture rustre, brute de décoffrage, ajoutait du relief au récit, du réalisme. Un homme vivant dans la nature, chassant le gibier et vivant en autarcie peut-il écrire comme une personne lettrée ? Non, ça ne l’aurait pas fait…

Ce roman, c’est l’histoire d’un homme qui n’est pas près pour être père, qui a eu un père violent et qui a peur de reproduire cette violence (il fera même pire). Celle d’un homme attaché à sa vie dans la nature et qui aimerait se débarrasser de son gamin encombrant en le confiant à de la famille.

Liam est un homme d’action, pas de réflexion, pas d’introspection. Il agit, il parcourt la forêt, il chasse, il se tient éloigné de ses semblables. Oui, Liam est un loup.

Comme bien des voyages, celui qu’il fera en compagne de son gamin sera initiatique, l’occasion pour eux deux de se retrouver seuls, d’avoir du temps pour se parler… Ah non, Liam est un taiseux, je vous le disais, il ne sait pas quoi dire à son fils, il ne trouve pas les mots. Alors, ils chevauchent durant des jours et des jours…

Un récit anxiogène, manquant tout de même de réalisme dans le fait que le gamin, 5 ans, qui n’a jamais monté à cheval, va rester sur sa selle durant des heures et des heures, des jours et des jours, sans jamais se plaindre d’avoir mal son cul, ses cuisses, ses muscles… Oui, à force de monter, le corps s’adapte, on n’a plus mal, mais avant que ça n’arrive, je vous garantis que l’on a des douleurs partout !

Un récit sombre, violent, anxiogène, mais au moins, dans toute cette noirceur, il y a une petite lumière qui brille !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°62].