Titre : Lëd
Auteur : Caryl Férey
Édition : Les arènes Equinox (14/01/2021)
Résumé :
Norilsk est la ville de Sibérie la plus au nord et la plus polluée au monde. Dans cet univers dantesque où les aurores boréales se succèdent, les températures peuvent descendre sous les 60°C.
Au lendemain d’un ouragan arctique, le cadavre d’un éleveur de rennes émerge des décombres d’un toit d’immeuble, arraché par les éléments. Boris, flic flegmatique banni d’Irkoutsk, est chargé de l’affaire.
Dans cette prison à ciel ouvert, il découvre une jeunesse qui s’épuise à la mine, s’invente des échappatoires, s’évade et aime au mépris du danger. Parce qu’à Norilsk, où la corruption est partout, chacun se surveille.
Et la menace rôde tandis que Boris s’entête…
Critique :
L’agence de voyage Caryl Férey est spécialisée dans les voyages de l’extrême.
Avec elle, c’est Voyage En Terre Inconnue et non Échappées Belles dans un joli département de France.
Comme l’agence Ian Manook, elle vous emporte à la rencontre d’autres peuples, d’autres cultures méconnues, dans des régions où vous n’irez sans doute jamais en vacances. L’auteur, lui, avant d’écrire son roman, l’a visitée avant vous, prenant les risques pour vous.
Norilsk est en Sibérie, au bout du monde, là où s’échouent les gens qu’on ne veut plus voir, que l’on veut punir, que l’on veut exiler ou bien les travailleurs de l’extrême, pénétrant dans la mine de nickel pour en extraire ce précieux métal, au mépris de toutes les règles de sécurité. Norilsk, qui avait était Norillag, un camp du Goulag…
Business is business et la main-d’œuvre est corvéable à merci, n’ayant pas plus de prix pour les patrons, les actionnaires qu’une crotte sur le trottoir. Ici, les conditions humaines sont en dessus de tout et les conditions climatiques totalement extrêmes.
Comme souvent, dans les romans de Caryl Férey, les meurtres ne sont là que pour parler d’un pays, d’une culture, de ses habitants, pour dénoncer des exactions politiques, des mafias, des gangs, des citoyens lambda…
Le système Russe n’en sort pas grandi, mais l’auteur ne fait que dénoncer ce qui est vrai, sans fioritures, décrivant ce peuple slave qui a souffert, qui souffre toujours, qui a une capacité de résilience énorme, qui a morflé durant des siècles, qui morfle encore, dont les dirigeants successifs, certains étant des dictateurs fous, ont commis des horreurs et où celui qui est assis sur le trône en commet toujours, n’ayant aucune considération pour les droits des femmes, des homosexuels, des minorités ethniques, des étrangers.
Ce polar à lire sous une tonne de polaire vu la température (-64° durant les premières pages) ne possède pas une intrigue tarabiscotée, ni de résolution finale à la Agatha Christie, mais une ligne claire, facilement compréhensible.
Sous cette simplicité apparente, il y a du travail de documentation phénoménal, des décors grandeur nature, des personnages marquants, cassés par la vie, cherchant juste à survivre dans cette ville plus polluée que nos pays en entier.
Je me suis attachée à Boris, le flic bourru, à Sacha qui pratique le béhourd et joue au mineur la semaine, à Gleb, artificier dans la mine, homosexuel cachant sa liaison avec le beau Nikita, mineur de fond aussi. J’ai aimé Dasha, jeune fille cherchant le passé de sa babouchka…
Lëd est un polar noir, dur, violent, brut de décoffrage mais possédant une certaine poésie dans ses personnages, cabossés, vivant dans un lieu qui n’accorde aucun répit, autant la Nature que la pollution extrême qui y règne, bossant pour une société pour qui vous n’êtes rien, dans un monde où la corruption est un sport national, obligatoire pour survivre ou juste pour s’enrichir sur le dos des plus faibles que vous.
Un roman noir de l’extrême où les crimes mystérieux ne servent qu’à dénoncer les systèmes pourris du pays, la corruption, le stalinisme, le communisme, les goulags, les mines de nickel, la pollution, la minorité des Nenets qui disparaît lentement mais sûrement, le racisme, l’homophobie (là-bas, on en meurt), la virilité poussé à son paroxysme par une société qui veut des hommes, des vrais, les horreurs de l’Histoire,…
Un superbe roman, une fois de plus. J’ai peur du suivant car je me demande dans quel pays, société, culture, l’auteur va nous emmener.
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Oui encore un très bon Caryl Fèrey ! Tu avais lu Norilsk ? Tu sais le récit d’un voyage que l’écrivain a entrepris en Sibérie au-delà du cercle polaire, à Norilsk. Cet ancien goulag devenu la plus grande cité minière et la ville la plus polluée du monde, est fermé aux touristes et aux Russes, accessible seulement avec une autorisation du FSB. Une ville sans animaux et sans arbres.
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Non seulement je l’ai lu, Norilsk, mais je l’ai chroniqué ! Sauf si tu ne parles pas du roman mais d’un autre ouvrage que l’auteur aurait fait… et je parie que c’est ça…
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Caryl Férey découvre la Russie dans un contexte extrême… Un livre qui oscille entre enquête gonzo et récit au décor noir.
Grand voyageur, il n’avait pourtant jamais été en Russie. Encore moins en Sibérie. Il n’aime pas le froid et avait quelques a priori sur les Russes. Mais il a dit oui. Et il s’est embarqué avec son acolyte « La Bête » dans une aventure sans égal : découvrir Norilsk, cité minière aux mains des oligarques, à trois cents kilomètres au-dessus du cercle polaire. Un ancien goulag, fermé aux touristes et aux Russes, accessible uniquement avec une autorisation du FSB. Une ville sans animaux, sans arbres. En résumé, la ville la plus pourrie du monde.
Revenu de ce voyage pas comme les autres, nourri de rencontres inoubliables, il en tire un livre qui oscille entre enquête gonzo et récit au décor noir.
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Il avait raconté dans LGL son voyage pour PAZ où traverser une rue pouvait être signe de perte de vie car tu entrais dans la région des gangs et autres joyeusetés.
Ok, j’essaierai de trouver le livre qu’il a fait avant le roman alors !!
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Jamais déçue avec Caryl. Je fais encore des cauchemars de certains de ces livres.
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Il est terrible, hein !
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J’ai des livres de lui à la maison et j’ai peur de le lire car je crains qu’il enrichisse mes cauchemars
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Au point où nous en sommes…
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je prend en ce moment de la drogue légal pour avoir un sommeil paisible même si pas récupérateur. Peut-être essayé alors 🙂
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Je touche du bois (mon crâne), j’ai un sommeil qui est bon, je m’endors assez vite, si je me réveille la nuit, je repars aussi sec mais j’ai du mal à me lever le matin…
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tu as un sommeil paisible et tu aimes ton lit 🙂
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Oui, j’ai du mal à le quitter le matin, je l’avoue.
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il faut prendre un lit moins confortable 🙂
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Vite, un grabat !
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c’est quoi un grabat?
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Un lit dur, inconfortable, un lit de misère. Le genre de lit dans lequel tu ne voudrais pas te coucher et encore moins paresser au matin 😆
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je ne connaissais pas ce mot 🙂 Merci à toi.
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Il est dans mon vacobulaire depuis des années, mais je l’utilise peu, pas facile à placer 😆
Contente de t’avoir appris une chose 😉
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on parle rarement de son lit en même temps 🙂
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Oui, sauf si c’est pour…. dormir ! 😆
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J’avoue que j’ai lâché Ferey ces dernières années pourtant j’ai adoré certains de ses romans mais…autant que j’en ai détesté d’autres.
C’est si dur de choisir et de renoncer parfois 😦
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J’en avais sauté un, toujours pas lu Mapuche (honte à moi) et j’ai adoré Paz, hutu, et les autres.
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je suis en train de le lire et j’adore dans tous les sens du terme: le côté thriller et surtout l’énorme travail de Caryl Férey sur la « Russie » et ses dérives..
je l’ai emprunté à la BM et comme je commençais à avoir des post-it à la tonne je l’ai acheté pour pouvoir le savourer pleinement
je découvre l’auteur avec ce livre et je sens que je vais approfondir 🙂
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J’adore Férey, il a le don d’emmener ses lecteurs ailleurs, d’aller plus dans le profond, dans l’humain et ses dérives. PAZ m’avait enchanté.
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Il va falloir que je lise du caryl didonc…..pourquoi ne pas commencer dans la fraicheur !?
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Ou dans la moiteur de la nouvelle-zélande ou dans celles des pays infestés de narcos ? Ou en afrique du sud ?
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Il a meme fait dans mon sud…les mapuches…lol
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Pas encore lu et ce n’est pas bien parce que je veux le lire !
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Ooooohhhhhhh…tu serais dans mon grand sud didonc…;)
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Mais oui !
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Ce qui est pratique en Sibérie c’est qu’on a l’impression que les exilés politiques y sont mis au frigo comme à la morgue avant même d’être morts!!! KELLORREUR!!! Nan… Franchement il fait trop froid pour moi dans ce roman. Pas envie de chopper un rhume ou des engelures en tournant les pages!!! 😀
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Et on se plaint de nos pays ! Bon, toi, on pourrait encore t’exiler dans un DOM-TOM pas cool, mais un belge, ça ne peut que s’exiler à… pffff, c’est tellement petit, le pays, que même exilée tu serais toujours dans la civilisation 😆
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ça fait frissonner tout ça! Mais je note!
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Avec des épaisseurs, on survit au froid de l’endroit, mais en effet, pour le reste, on frissonne et là, aucune couverture ne pourra nous réchauffer.
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