Negra soledad – Heredia T07 : Ramón Díaz-Eterovic

Titre : Negra soledad

Auteur : Ramón Díaz-Eterovic
Édition : Métailié Biblio hispano-américaine (04/05/2017)
Édition Originale : La música de la soledad (2014)
Traduction :

Résumé :
Heredia, le détective privé des quartiers populaires de Santiago, vient de se décider à mettre fin à sa solitude de célibataire : il va enfin se marier – à reculons. C’est alors qu’Alfredo, son ami avocat, est retrouvé mort.

Depuis peu, il avait été engagé par les habitants d’un village du nord du Chili, aux prises avec une exploitation minière polluante bien décidée à exproprier tout le monde.

Entouré de ses complices de toujours, Simenon, son chat et confident, Anselmo, le kiosquier turfiste, et la commissaire Doris qui aimerait tant trouver une place auprès de lui, Heredia découvre l’ampleur des problèmes environnementaux au Chili, et leurs dénouements souvent tragiques : soif de lucre des entreprises, contamination des sols, indulgence coupable des autorités, spoliation des paysans.

Heredia, c’est l’âme nostalgique d’un Santiago qui n’existe plus, les rêves brisés d’une génération sacrifiée, mais c’est aussi l’histoire chilienne revue et corrigée par un justicier mélancolique et intègre. Et toujours aussi allergique aux ordinateurs…

Critique :
N’ayant jamais lu les enquêtes du détective privé Heredia, j’ai profité du Mois Espagnol pour le sortir de mes étagères où il prenait la poussière depuis trop longtemps.

Comme j’avais envie de révolte, de rébellion, j’ai commencé par le dernier tome, le septième. Oui, que voulez-vous, je suis une rebelle !

Directement, ça a matché avec Heredia le bourru, détective privé qui enquête à la vitesse d’un Maigret, qui fume comme un dragon, boit comme un gosier en pente et ne lâche jamais rien dans ses enquêtes, un peu à la Montalbano…

Sauf qu’avec Montalbano, on a de l’humour et de la bonne bouffe. Notre Heredia est moins épicurien que le commissaire sicilien et son univers est bien plus sombre. La carte postale du Chili ne donne pas envie d’aller y arpenter les rues des villes (sorry, hein, Rachel !) et si avec Montalbano, tout se termine bien, on sent bien que dans l’univers d’Heredia, on risque que les méchants gagnent.

L’affaire ? Un avocat, ami d’Heredia, exécuté dans son bureau d’un côté. De l’autre, une grosse société minière pollueuse qu’il fout en l’air la nature, la santé des habitants d’un petit village et dont personne n’écoute les plaintes, les craintes.

C’est David armé d’une branchounette contre Super Goliath qui possède la puissance de feu d’un croiseur et des flingues de concours. De plus, pour ces puissantes sociétés pleine de fric et qui veulent encore en faire plus, c’est facile avec les habitants : soit elle les corrompt (au Nord, c’était les corons), soit elle menace.

Bref, que tu le veilles ou non, la société gagne. Pas possible que t’en réchappes, ils rappent tout (♫) et personne au bled n’a envie de chanter ♫ Intimidez-moi ♪ (sur l’air de déshabillez-moi) même si certains luttent et résistent, prouvant qu’ils existent.

L’univers dans lequel Heredia évolue est noir, sombre, la ville change, ses petits bistrots disparaissent, le progrès est en marche et notre détective se ferait traiter d’Hamish car il n’a pas de smartphone, même pas un bête portable et est aussi habile avec un PC qu’un cochon de sa queue. Il enquête à l’ancienne et j’ai aimé ça.

Heredia, c’est aussi un homme qui ne sait pas se décider, qui a peur de se mettre en ménage avec Doris, la commissaire de police. Il a connu des histoires d’amour mais toutes se sont terminées et il a peur du changement, notre détective bourru qui possède néanmoins un grand cœur.

L’écriture de Ramón Díaz-Eterovic est un plaisir à lire et ses personnages ont une réelle dimension, de la profondeur, du réalisme. Si tout le monde parle avec son chat, jamais nous n’avons eu la chance que nos félins nous réponde, comme le fait Simenon, le chat de Heredia. Il est plein de philosophie, cet animal gourmand et dodu.

Sur le final, j’ai eu peur que l’auteur ne me réserve un coup de pute et il a osé le faire, copiant Elizabeth George et me plongeant dans un désarroi total. Là, j’ai regretté amèrement d’avoir commencé par le dernier roman et j’ai maudit l’auteur d’avoir osé…

C’est sur la pointe des pieds que j’ai quitté le détective bourru qui se faisait consoler par son chat, les laissant seuls avec leur discussion, leur peine, leur grand vide. Sans cela, je serais allée fouiller les bouquineries à la recherche d’une autre enquête de Heredia, mais là, pas le courage, pas l’envie.

Un excellent roman noir où Heredia le détective prend son temps, remontant les pistes une à une, une critique sociale et environnementale du Chili, dénonçant entre autre la corruption du système judiciaire et, entre autre, de la toute puissance des sociétés minières qui salopent partout mais ne veulent pas se salir les mains…

Sans le coup de pute de l’auteur, c’était 4 Sherlock assurés… Pauvre Heredia, ton père littéraire devait t’en vouloir…. Heureusement qu’il te reste Simenon.

 

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 11 Juillet 2020 au 11 Juillet 2021) [Lecture N°256], Le Challenge Animaux du monde 2020 chez Sharon [Lecture N°55] et le Mois Espagnol chez Sharon – Mai 2021.

30 réflexions au sujet de « Negra soledad – Heredia T07 : Ramón Díaz-Eterovic »

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    • Heredia se plaint que sa ville change et qu’elle se modernise, qu’on arrache les petits quartiers pour en faire des autres.

      L’auteur n’aurait pas dû faire ce qu’il a fait, c’est pas gentil pour Heredia, pour les lecteurs, pour le chat Simenon et ça ne sert à rien dans le récit en plus 😥

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      • Oh cela reste tout un debat la modernite….personnellement, je pense que cela a fait du bien a Santiago….c’est simple il y a 17 ans, je disais qu’il n’y avait rien a faire par ici, d’aller directement dans le nord ou le sud….meme ma belle-mere a pu en profiter dans son grand nord, elle mange autre chose que du chilien, par ex…apres, c’est vrai que cela fait changer toute une societe….au niveau de l’entraide….bref, Santiago s’est modernise peut-etre au detriment de certains secteurs….et certains, pas que des riches, ont reussi a se developper…comme Recoleta, Quinta Normal, Bellavista…etc….

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  5. ¡Negro es negro contigo! ¿Que puede esperar? Nada! Tout est glauque ici! Pauvre petit chat! Il n’est pas devenu suicidaire dans un tel contexte??? Je me barrerai rapidement sur mes quatre pattes moi! Le problème avec les anciennes dictatures, c’est qu’elles laissent toujours place a des sociétés anarchiques où les riches finissent toujours pas imposer une autre forme de dictature! Au Chili… En Russie… etc…

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    • Bin pas vraiment au Chili…la dictature a reussi le coup de rester quand meme en place malgre la democratie…d’ailleurs on a vote la semaine derniere pour une assemblee qui va detruire (enfin) l’heritage de Pinochet: sa constitution…..

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      • Oui oui… les dictatures se suivent et de ressemblent… et pendant ce temps le petit peuple souffre et trime… en France on connait ça : une fois la tyrrrrrranie royaliste renversée on a eu Robespierre qui envoyait à la guillotine sur simple dénonciation qu’on ne vérifiait même pas…

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      • Et tous ceux que l’on a jamais jugé, et tous ces documents secrets défense, censurés, inaccessibles… Il y a du boulot, ce sont les écuries d’Augias que l’on doit nettoyer…

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    • Ma que, elle cause espagnol aussi ! 😆 Et tu cuisines espagnol aussi, parce que si oui, je viens chez toi 🙂

      Quand on évacue une dictature, il est souvent tentant d’en rebâtir une autre, comme après une révolution où certains la confisquent et basta le peuple.

      Les riches sont au pouvoir, ce ne sont plus les gouvernements qui dictent leurs lois :/

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      • J’ai une super recette de risotto au poivron y chorizo avec mon Cookeo mais on peut adapter ça en cuisson classique ¡Olé!

        Pour 4: tu coupes un ou deux poivrons en petits dés et tu coupes un oignon ou deux pareil… et tu coupes un demi chorizo en petits petits petits morceaux. Tu te prépares un demi litre (ou plus? Comme on est plus en cuisson vapeur sous pression la quantité peut augmenter…) de bouillon de poulet.

        Tu poêles les poivrons et oignons au beurre, puis tu rajoute 400g de riz arborio, et les dés de chorizo… tu attends en remuant que le riz commence à devenir translucide… et louche à louche (une nouvelle méthode de secourisme) tu ajoutes ton bouillon dans le riz qui va cuire doucement en buvant le bouillon. Comptes entre une vingtaine et une trentaine de minutes selon ton goût pour la cuisson du riz (certains l’aiment plus ou moins ferme).

        Je ne garantis pas le résultat en cuisson classique car je le fais toujours avec la machine. Cette proposition de recette est une adaptation à partir d’une autre que j’ai déjà faite… ce qui me laisse dans le doute c’est le meilleur moment de mettre le chorizo avec cette adaptation…

        Mais comme disait l’autre c’est en forgeant qu’on devient… cuisinière !🤭

        Évidemment mes enfants n’aiment pas! 😤

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        • Mon mari fait du super risoto et pour ne pas qu’il soit sec comme celui de sa soeur, il rajoute encore un peu de bouillon à la fin et de la crème ! Onctueux à souhait !! Et il y va louche après louche aussi. Une fois, au nouvel an, sa soeur avait envoyé le risoto à table avant que son frère ne l’arrange » à sa sauce et il était sec, putain !! J’ai précisé ensuite, comme si nous étions dans un resto, qu’avant d’envoyer en salle, fallait que je valide 🙂

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          • T’as raison!!!! J’ai oublié l’ajout de crème à la fin!!!! Honte à moi! Ça aurait manqué !!!! Faut en mettre !!!

            Ayé! J’ai faim maintenant moi! Et comme j’ai puni Toqué en l’envoyant s’occuper du dîner je suis pas prête de passer à table! 😬

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            • Tu peux aussi y foutre un peu de parmesan… miam !

              C’était nouilles chinoises à midi avec les restes de steak de l’avant veille. Chouchou aux fourneaux et moi avec le torchon et la raclette car cela plus de 7 jours que je n’avais pas lavé (je ne fous rien quand je suis malade).

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