Titre : La conspiration des médiocres- « Perro » Lascano 04
Auteur : Ernesto Mallo
Édition :
Édition Originale : La conspiración de los mediocres (2015)
Traduction : Olivier Hamilton
Résumé :
En Argentine, au début du règne du dictateur Videla, Perro Lascano, jeune policier intègre, enquête sur le suicide d’un Allemand.
Se rendant compte qu’il s’agit en réalité d’un meurtre, il contrarie ses supérieurs corrompus en creusant cette piste et trouve dans le bureau du mort un carnet rédigé par un homme qui a été gardien à Auschwitz.
Critique :
Ce quatrième et dernier tome des enquêtes de « Perro » Lascano est en fait sa première enquête car nous le retrouvons dans l’Argentine des années 70, tout jeune policier, mais déjà tel que nous le verrons ensuite : intègre, incorruptible, ne lâchant jamais rien, tel un chien tenant un os.
Par contre, notre chien est un solitaire et il ne rejoindra jamais la meute des assassins du Triple A (Alianza Anticomunista Argentina).
Lascano dérange, il gêne, et donc, quoi de plus simple que de le mettre sur l’enquête d’un suicide. Elle est bien bonne… Si on voulait se foutre de sa gueule, c’est loupé car le suicide n’en est pas un, c’est une exécution déguisée.
Le faux suicidé est un Allemand et l’enquête va en déranger plus d’un et certains voudront faire cesser la chasse du chien Lascano à tout prix, lui mettre un collier et une laisse autour du cou afin qu’il arrête de chercher des puces sur les dos qu’il ne faut pas.
À mon avis, je viens de lire le Perro Lascano le plus sordide, le plus glaçant, bref, le plus mieux. Lascano est jeune et nous découvrons avec lui l’Argentine de Isabel Perón (1974/1976), qui sera déposée par la junte militaire que dirige le général putschiste Jorge Rafael Videla.
Une fois de plus, la résolution du crime est accessoire, de toute façon, l’assassiné était un salopard de la pire espèce, comme tous les autres qui émigrèrent après la Seconde Guerre Mondiale en Argentine, sans que celle-ci ne s’offusque de leur passé (les autres pays non plus, notamment les États-Unis avec les scientifiques nazis).
Et si tout vous semble aller dans un seul sens, méfiez-vous, parce que Mallo n’a pas pour habitude de suivre un chemin tracé mais de bifurquer à un moment donné et de vous emmener sur d’autres chemins, plus escarpés, plus sombres, moins connu…
La résolution de l’enquête devient donc accessoire pour le lecteur car moins importante que l’Histoire dans l’histoire que l’auteur dévoile, se servant de ce crime pour nous la conter.
Dans ce récit, ce qui est le plus glaçant, c’est la traduction du carnet de cet Allemand ainsi que les exactions des hommes de Videla, la corruption, les meurtres, les exécutions, la police infiltrée par les types du Triple A, les tortures, les disparitions des gens qui dérangent ou qui pourraient en dire trop sur un indice d’une scène de crime,…
Du début à la fin, j’ai eu du mal à lâcher le roman tant il était prenant, tant il était poisseux de violence et de sang, tant la chape de plomb pesait sur mes épaules à cause de l’atmosphère que l’auteur a su rendre réaliste puisqu’il nous parlait de ce qu’il avait connu dans son pays.
Comme à son habitude, Ernesto Mallo ne s’embarrasse pas de tirets cadratins ou de guillemets pour ses dialogues qui se retrouvent noté en italique, tout simplement, avec les paroles des protagonistes qui se retrouvent toutes l’une sous l’autre, ce qui est plus facile à déchiffrer que lorsque les dialogues se retrouvent insérés dans la narration normale, comme je l’ai déjà vu.
Pour sa première enquête littéraire, Lascano paraît plus humain que dans les suivants car il est amoureux et donc, différent. La vie lui a déjà réservé bien des tourments, bien des peines, mais elle ne l’a pas encore cassé comme il semblait l’être dans les autres romans. Celui nous expliquera pourquoi.
Un roman noir écrit au vitriol, taillé au scalpel, un roman court mais ultra percutant, sombre, violent. L’auteur ne s’encombre pas de fioritures et va directement à l’essentiel. Du brut de décoffrage qui écorche la gorge et pique aux yeux.
Un Perro Lascano qui ne lâche rien mais qui va payer le prix de son honnêteté. Une enquête retorse où les atmosphères angoissantes du pays sont plus importantes que tout le reste. Il m’a glacé, ce roman noir.
Challenge Thrillers et Polars de Sharon (juillet 2019 – juillet 2020) – N°225 et le Mois Espagnol et Sud-Américain chez Sharon – Mai 2020 [Lecture – 13].

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Alors, comme c’est un retour dans le passé, on peut débuter par ce roman là? ça me tente beaucoup…ton billet est sacrément enthousiaste.
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Oui, tu peux commencer par ce tome 4 qui est en fait le 0, celui par lequel tout commence… Ou faire comme moi en commençant par « l’aiguille dans la botte de foin » et suivre l’ordre puisque « la conspiration », ce premier tome, est sorti après tous les autres… Une aspirine ? :p
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Le quatrième volet qui est sa première enquête … 🤔 Ouh là là c’est déjà trop compliqué pour le cerveau qui se cache sous mes boucles blondes ce retrofutur en direct du passé ! Tu veux me rendre folle ou quoi? Ça y est je t’ai démasquée ! 😜
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Oui, je voulais te rendre folle mais le boulot était facile, tu l’étais déjà (la preuve, tu suis mon blog !! mdr).
Alors en effet, le tome 4 est le tome 1, ou le 0 si tu préfères… Tu es toujours là ?
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« Plus on est se folles, plus on rigole! » ( réplique tirée de « Priscilla, Folle du désert »)
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J’étais attirée par le titre et maintenant par tes mots! Je le veux mais 4 enquêtes même si ça finit en apothéose ça me fait peur un peu quand je regarde du côté de ma pile à lire…Dilemme et problème de lectrice du jour…lol.
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Il est court, si ça peut te faire infléchir ta décision… et si jamais, papa Nowel peut passer plus t^tot que prévu 🙂
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Tu peux ne lire que celui-ci, si tu veux…
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Oh punaise noir noir noir…il y a tous les ingredients et les hommes de la pire espece pour rendre ce roman glacant…mais cela semble reussi le melange…ouah
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Oui, il est glaçant mais bien écrit, le mélange est harmonieux, si j’ose dire quand on mélange des assassins, une dictature, la junte militaire et les exactions des nazis.
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un melange parfait…bref…;)
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Merci pour ta participation !
Lu les précédents romans lors de précédentes éditions.
Hier à Cuba, demain en Colombie, après-demain au Chili, c’est déjà pas mal pour moi.
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Hé, on déconfine bien, là ! Greta va t’engueule pour avoir pris autant l’avion ces derniers livres 😆
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C’est un risque, effectivement. Là, je vais faire une pause à Ménilmontant, avant de repartir pour Cuba puis l’Espagne.
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