Le jour où Kennedy n’est pas mort : R. J. Ellory

Titre : Le jour où Kennedy n’est pas mort

Auteur : R. J. Ellory
Édition : Sonatine (04/06/2020)
Édition Originale : Three Bullets (2019)
Traduction : Fabrice Pointeau

Résumé :
La vérité est plus forte que tout.

C’est l’une des histoires les plus connues au monde – et l’une des plus obscures. Le 22 novembre 1963, le cortège présidentiel de John F. Kennedy traverse Dealey Plaza. Lui et son épouse Jackie saluent la foule, quand soudain…

Quand soudain, rien : le président ne mourra pas ce jour-là.

En revanche, peu après, Mitch Newman, photojournaliste installé à Washington, apprend une très mauvaise nouvelle. La mère de Jean, son ex-fiancée, lui annonce que celle-ci a mis fin à ses jours.

Le souvenir de cet amour chevillé au corps, Mitch tente de comprendre ce qui s’est passé. Il découvre alors que Jean enquêtait sur la famille Kennedy. Peu à peu, le photographe va s’avancer dans un monde aussi dangereux que sophistiqué : le cœur sombre de la politique américaine.

Sexe et manipulations, mensonges et assassinats… Dans cette histoire alternative où l’on retrouve le clan Kennedy au complet ainsi qu’un certain Lee Harvey Oswald, JFK semble avoir échappé à son destin. Pour combien de temps ?

Critique :
Cette uchronie aurait pu aussi s’appeler « Le jour où le tailleur rose Chanel de Jackie ne reçu pas la cervelle de John Kennedy »…

Titre sans doute non retenu car trop long. Trop gore aussi… Pas une bonne pub pour les tailleurs Channel, ni pour les décapotables.

À propos de capote, il semblerait que JFK était un chaud lapin qui tirait très souvent son coup (sauf que le dernier tir fut pour Lee Harvey Oswald – ok, je sors).

L’a-t-il fait plus souvent qu’un certain DSK, ça, l’Histoire ne le dit pas car on n’a pas compté les tirs.

Pour revenir aux choses sérieuses, le titre en V.O était bien trouvé car mystérieux (Trois balles – Celle qui l’a manqué, celle qui l’a tuée et celle qui a changé le monde).

Le portrait de JFK est sans paillettes et loin de ce que j’ai toujours entendu depuis que je suis gosse : Kennedy, le gendre idéal, parfait, le bô gosse, le jeune président, le sourire ravageur.

Les médias nous ont vendu un homme qui n’existait pas, on nous a fabriqué une légende, dressé un portrait flatteur de JFK et passé sous silence ses défauts, ses manies, ses erreurs, ses amitiés avec la mafia, les magouilles de son élection.

Dans cette uchronie, on part du principe que JFK n’a pas été abattu à Dallas, le 22/11/63… Qu’est-ce qu’il se serait passé ensuite, si John avait pu travailler à sa réélection ? Vous avez 432 pages pour y répondre.

Mêlant habillement la politique de l’époque, les personnages réels et ceux de fiction, cette dystopie nous montre un JFK tel qu’il était et nous sommes loin de la légende qu’on nous a fait bouffer durant des décennies.

Le portrait réel de John n’est pas flatteur et on a même envie d’aller le classer parmi les présidents les plus catastrophiques alors qu’on aurait eu envie, avant, de le mettre parmi les meilleurs.

Propagande, quand tu nous manipules et qu’on te croit sur parole.

Mais Ellory ne se contente pas de nous montrer les coulisses du pouvoir et de la chambre, il propulse aussi Mitchell Newman, un pauvre journaliste raté, dans une enquête sur un événement qu’il semble avoir eu lieu à Dallas, au moment où Kennedy traversait Dealey Plaza dans sa Ford Continentale décapotable.

Ce n’est pas lui qui avait soulevé le lièvre, mais son ex-petite amie, que l’on vient de retrouver suicidée (alors qu’elle avait un chat !) et dont la police est venue chercher tout ses papiers de journaliste. Louche, très louche.

Newman va devenir un nouvel homme (son nom était-il prédestiné ?) en se lançant sur l’enquête, commençant à sortir de sa léthargie, de son laisser-aller, de son apitoiement sur lui-même et ce qu’il va découvrir, sur l’enquête et sur lui-même, va le changer. Et il va hériter d’un chat.

L’équilibre est bien respecté entre le côté politique et celui de l’enquête de Mitch, qui est parti de quasi rien et à tout de même remonté une fameuse piste, sans jamais rien lâcher, emmerdant tout le monde dans cette quête qu’il n’accomplit que pour tenter de se racheter, tant il s’en veut encore d’être pari en Corée, laissant sa copine seule.

Il n’a manqué qu’une chose dans le roman : des émotions. Ellory m’a habitué à des émotions dans ses romans, certains m’ayant même foutu le coeur en vrac, mais ici, j’en ai moins ressenti, n’arrivant pas à m’attacher à Mitch, le trouvant un peu trop pathétique de vouloir effacer sa faute du passé en se rachetant aux yeux d’une morte.

Maintenant, ce n’est pas parce que je n’ai pas ressenti des émotions qu’il n’y en avait pas, juste que je suis restée de marbre face à elles.

Une uchronie bien ficelée, qui nous montre l’envers du décor, l’envers de la légende et croyez-moi, elle n’était pas reluisante, la légende de JFK, ni celle de sa famille.

Le roman nous montre un président accro aux médocs, à la santé chancelante, aux appétits sexuels gargantuesques et un homme qui ne tenait pas si bien la barre du pays qu’on a voulu nous faire croire.

Ellory n’a pas choisi la facilité en revisitant un événement marquant du siècle dernier, cette scène d’un président qui s’écroule et de son épouse qui fiche le camp (j’aurais fait pareil), de ces images qui furent diffusées des milliers de fois.

En s’affranchissant de cet assassinat qui fit couler beaucoup d’encre et dont on ne saura jamais le fin mot, l’auteur développe un autre roman, une autre histoire, comme le fit Stephen King, mais d’une autre manière.

Le sujet n’était pas facile, il était glissant mais Ellory tire son épingle du jeu dans cet univers de l’uchronie et nous propose un roman qu’il est difficile de lâcher, même si, comme je l’ai dit, je n’ai pas ressenti des émotions.

PS : Juste un détail qui m’a perturbé : John est surnommé Jack, ce qui est normal, mais quand, au même moment, vous lisez aussi un livre qui parle de Jack The Ripper, à un moment donné, votre cerveau amalgame les deux et dans un éclair d’imbécillité, vous vous surprenez à crier que Kennedy était Jack The Ripper…

Faut que j’évite de lire deux livres en même temps, ça ne me réussi jamais, mon esprit mixant le deux, quand bien même les sujets traités sont aux antipodes l’un de l’autre : Holmes et la guerre de Troie, par exemple… Non, Holmes ne se trouve pas sur une galère Itaquienne et non, Ulysse n’est pas à Baker Street.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (juillet 2019 – juillet 2020) – N°284 et Le Mois Anglais chez Lou, Titine et Lamousmé (Juin 2020 – Saison 9).

29 réflexions au sujet de « Le jour où Kennedy n’est pas mort : R. J. Ellory »

  1. Bonjour et merci pour cette critique ! Je viens de lire ce roman et, malheureusement, malgré l’idée de départ intéressante, je n’ai pas été globalement convaincu, même si j’ai quand même passé un bon moment… Ce livre ne me laissera pas un souvenir impérissable et j’ai trouvé la fin un peu poussive. Dans la même veine, j’ai beaucoup plus apprécié le « 22/11/63 » de Stephen King !

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    • Ben oui, la pauvre bête avait été laissée dans l’appart et les enfoirés de flics devant ne lui avaient même pas mis à manger ! Namhého !

      Le titre serait drôle au moins ! Et dirait bien tout ce qu’il doit dire.

      JFK, on nous l’a emballé d’un bel emballage avec des paillettes et des noeuds… Et j’ai avalé ! 😆

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  5. J’ai beaucoup aimé malgré le manque d’empathie flagrant pour Mitch.
    Quant à la face obscure de JFK, je la connaissais déjà pour avoir lu plusieurs bouquins et articles sur le sujet… le gars ne m’intéresse pas particulièrement mais je me méfie de ceux qu’on a tendance à mettre sur un piédestal.

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    • Il avait une gueule d’ange et un sourire qui fait encore craquer les filles dans les reportages… Oui, j’étais jeune et je l’ai jugé sur sa belle gueule… Shame on me… :/

      Le mystère de son assassinat plane et les mystères, ça fait vendre !! 😀

      Moi je ne suis assise que sur mon cul… 😉

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  7. ahahah quelle intro ! 😉 (espèce de folle)
    C’est vrai qu’il y a moins d’émotions dans ce Ellory-là que dans certains autres, il est différent. C’est aussi ça son talent, de savoir proposer d’autres ambiances

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  8. Cela semble etre toute une uchronie trop bien….mais bon il y a aussi les haters qui ont font un portrait nefaste de Kennedy….je pense, comme d’hab, la barre se trouve au milieu….dans les haters il y a ceux qui voulaient que la guerre du vietnam continuent et la legende continue….on a le meme effet avec Obama…ceux qui le detestent continuent a le depeindre comme minable sur tous les bords…..
    Mais bon ce livre a l’air bon tout bon….;)

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    • Si tu veux voir le type comme une salopard, quoiqu’il fasse, il en restera un à tes yeux. À la fin, ces gens-là se persuadent qu’ils ont raison. Je n’entrerai pas dans ce jeu-là. Obama n’était pas tout blanc, il avait des défauts, c’est un être humain. Mais je l’appréciais plus qu’un Trumpette ou un Bush.

      Pour moi, le portrait doit être juste : à charge et à décharge.

      Même les pires dictateurs/assassins ont peut-être fait un truc bien dans leur vie. Ça ne fera pas pencher la balance dans l’autre sens, mais ça doit être souligné aussi.

      Je ne connais pas assez Kennedy, j’en avais eu une mauvaise vision : la belle, la fabriquée… même si depuis quelques temps j’avais ajusté mon viseur 😀

      Voilà pourquoi je préfère toujours discuter avec des gens « modérés » et pas avec des haters (j’ai appris un nouveau mot), des trolls, des obtus du cerveau, des coincés de la pensée…. 😀

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