Enterre mon coeur à Wounded Knee : Dee Brown

Titre : Enterre mon coeur à Wounded Knee

Auteur : Dee Brown
Éditions : 10/18 Domaine étranger (1995) – 556 pages / Albin Michel (2009)
Édition Originale : Bury my heart at wounded knee (1970)
Traduction : Nathalie Cunnington

Résumé :
« Plus de deux cents cultures indiennes ont été virtuellement détruites, entre le Massachusetts et la Californie, au cours de l’histoire des Etats-Unis. Il nous faut nous souvenir de ce qui s’est passé à Sand Creek ou à Wounded Knee. » Jim Harrison

Largement fondé sur des documents inédits – archives militaires et gouvernementales, procès-verbaux des traités, récits de première main… –, ce document exceptionnel retrace, de 1860 à 1890, les étapes qui ont déterminé « La Conquête de l’Ouest ».

De la Longue Marche des Navajos au massacre de Wounded Knee, il se fait ici la chronique de la dépossession des Indiens de leurs terres, leur liberté, au nom de l’expansion américaine.

Si l’Histoire a souvent été écrite du point de vue des vainqueurs, Enterre mon cœur donne la parole aux vaincus, de Cochise à Crazy Horse, de Sitting Bull à Geronimo, et compose un chant tragique et inoubliable.

Publié pour la première fois en 1970 aux États-Unis, traduit dans le monde entier, où il s’est vendu à plus de six millions d’exemplaires, « Enterre mon cœur à Wounded Knee » est devenu un classique.

Critique :
Sur l’île de San-Salvador, les Tainos vivaient tranquille et puis, un Colomb est arrivé… Ce fut le début de tous les malheurs de l’Amérique et de ses autochtones.

Le colon Colomb, ils auraient mieux fait de le liquider au lieu de l’accueillir et de le traiter avec honneur. Les Tainos étaient doux, gentils, donc faibles, pour l’envahisseur.

Peu de temps après, il a été décidé que les Tainos devaient bosser, se convertir au christianisme et adopter notre mode de vie…

C’est ainsi que l’envahisseur Blanc a toujours fait et continue de faire (d’autres aussi, hélas) : il investit la place, décide de comment les indigènes doivent se comporter et ensuite, on les dégage, on déforeste, on pille les richesses, on massacre et quand on se casse, tout est déglingué, foutu, désertique, passant de belle île verte à désert. Nous sommes pire que des sauterelles, pire qu’un covid19.

Bien sûr, tout cela fut considéré comme un signe de faiblesse, sinon de paganisme, et Colomb, en bon Européen moralisateur, acquit la conviction que ce peuple devait être « contraint à travailler, semer et faire tout ce qu’il est nécessaire de faire, enfin, d’adopter nos mœurs ». Ainsi, au cours des quatre siècles qui suivirent (1492-1890), des millions d’Européens et leurs descendants entreprirent de faire adopter leurs propres mœurs aux peuples du Nouveau Monde.

Ce roman, hautement documenté, comprenant des dépositions et des témoignages d’Indiens ou d’autres personnages clés. Rares sont les livres qui peuvent prétendre avoir changé le cours de l’Histoire. « Enterre mon cœur à Wounded Knee » est l’un d’entre eux.

Fidèle aux documents d’époque, Dee Brown fait enfin entendre la voix d’hommes qui ont dû faire face à des situations extrêmement difficiles pour leur peuple : Manuelito, Cochise, Red Cloud, Crazy Horse, Géronimo, Santanta, Ouray, Dull Knife, Little Wolf, Standing Bear, Chef Joseph ou Sitting Bull. Des hommes dont le plus grand tort a peut-être été de faire aveuglément confiance à leurs interlocuteurs tant ils semblaient incapables d’imaginer qu’on puisse leur mentir.

Ce classique de l’histoire des États-Unis est intéressant à lire, mais il a tendance à vous mettre le moral à zéro lorsque vous lisez toutes les injustices faites aux Indiens. Heureusement que ces derniers, grands guerriers braves, ont rendu une partie des coups qu’ils ont reçu, mais ce ne sera jamais assez comparé à ce qu’on leur a fait subir.

Boucs émissaires au moindre massacre, les Hommes Blancs n’ont cessé de les accuser de tous les maux et de les chasser de leurs terres ancestrales. Leur faisant signer des tas de contrats ou de traités qu’ils ne respectaient jamais, les Hommes Blancs ont toujours eu la langue fourchue : tenant deux discours, ils s’empressaient de renier leur parole une fois qu’ils avaient obtenu ce qu’ils voulaient des Indiens.

Au travers de plusieurs grands événements, ce documentaire se veut équitable : il ne met pas les Indiens avec les Bisounours non plus. Dans ce livre, au moins, ce ne sont plus des figurants réduits au silence ou comme dans les films westerns, des sauvages emplumés massacrant les pauvres pionniers.

Pourtant, une partie des guerriers incriminés par les Tuniques Bleues ou autres juges, n’avaient pas de sang Blanc sur les mains, n’ayant jamais combattu les envahisseurs, se contentant bien souvent de tenter de vivre en harmonie, jusqu’à ce que les Blancs décident de les envoyer sur des terres incultes, battues par les vents, trop humides ou trop sèches, trop chaudes ou trop froides, faisant marcher les Indiens jusqu’au bout de l’épuisement.

Ces Américains de maintenant qui jugent certaines peuplades comme barbares feraient mieux de se regarder le nombril. Hurlant lorsque des terroristes cassent des vieilles cités antiques, ils oublient que leurs ancêtres brûlèrent des champs de magnifiques pêchers appartenant aux Indiens Navajos, détruisirent la Nature et polluèrent les rivières, sans parler de polluer les esprits avec ses religions, différentes de celles des Indiens.

La lecture n’est pas toujours facile, l’écriture de l’auteur est parfois répétitive dans ses descriptions, les Indiens de toutes les peuplades ayant souvent vécu les mêmes avanies et autres saloperies de la part des colons Blancs.

Le rythme de lecture est aussi ralenti par les multiples pauses que j’ai faite, tant j’en avais mal au bide de lire leurs souffrances multiples qui ont menées à un génocide. Nous sommes loin de la conquête de l’Ouest vue par les films western ou avec humour, dans les Lucky Luke.

Il n’y a rien de glorieux à voler les terres des habitants, même si les Indiens ne se considéraient pas comme propriétaire de leurs terres. Il y avait de la place pour tout le monde, mais la gabegie de l’Homme Blanc qui veut tout posséder à débouchée sur un massacre odieux et innommable, dont Wounded Knee sera le point d’orgue.

Un document que je ne regrette pas d’avoir lu, même si mon coeur est, une fois de plus, en vrac. L’Histoire de l’Amérique est sombre, sanglante et il n’y a pas grand chose de bon à en ressortir.

Ce ne fut que massacres, assassinats, guerres, batailles, expropriation, vols, mensonges, manipulations, magouilles, fausseté, paroles non tenues et tout était bon pour déposséder les Indiens de ce qu’ils possédaient et pour les plier à nos mœurs à nous, alors qu’elles ne leur convenaient pas (et qu’on ne peut forcer une personne à faire ce qu’elle n’a pas envie de faire).

Les Blancs ont pris peur et ont appelé l’armée. Nous demandions humblement qu’on nous laisse vivre notre vie, et les soldats ont cru que nous voulions prendre la leur. Nous avons appris leur arrivée. Nous n’avions pas peur. Nous espérions pouvoir leur parler de nos problèmes et obtenir de l’aide. Un Blanc nous a affirmé qu’ils avaient l’intention de nous tuer. Nous n’avons pas voulu le croire, mais certains ont pris peur et se sont enfuis dans les Badlands. [Red Cloud]

Les premiers Indiens aux corps déchiquetés et sanglants furent transportés dans l’église éclairée à la bougie. Peut-être virent-ils, s’ils étaient suffisamment conscients, les décorations de Noël accrochées aux poutres. Au niveau du chœur au-dessus du pupitre, une banderole étalait en lettres grossières les mots suivants : PAIX SUR TERRE ET AUX HOMMES DE BONNE VOLONTÉ.

Car ce que démontre Dee Brown, c’est la façon systématique dont les gouvernements américains de l’époque ont utilisé le mensonge et la manipulation pour, tribu après tribu, faire main basse sur les terres indiennes. Pressions des immigrants et des colons avides de terres, pressions des lobbies, soif de gloire des militaires et soif de pouvoir des politiciens, tout participe finalement à expliquer ce terrible et inéluctable malentendu qui a marqué depuis les relations entre Indiens et Blancs.

Lu dans son édition 10/18 (Domaine étranger) de 556 pages.

  • La longue marche des Navajos
  • La guerre de Little Crow
  • Les Cheyennes partent en guerre
  • L’invasion de la vallée de la Powder River
  • La guerre de Red Cloud
  • « Le seul bon Indien est un Indien mort »
  • Ascension et chute de Donehogawa
  • Cochise et la guérilla apache
  • Les épreuves de Captain Jack
  • La guerre pour sauver les bisons
  • La guerre pour les Black Hills
  • La fuite des Nez-Percés
  • L’exode des Cheyennes
  • Comment Standing Bear devint une personne
  • « Dehors, les Utes ! »
  • Le dernier des chefs apaches
  • La danse des Esprits
  • Wounded Knee

Le pavé de l’été – 2021 (Saison 10) chez Sur Mes Brizées.

13 réflexions au sujet de « Enterre mon coeur à Wounded Knee : Dee Brown »

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  4. Allez vlan! Déjà que les amerloques m’ont bien énervée en manoeuvrant en sous main pour nous faire annuler le marché de la France pour vendre des sous marins aux australiens… mais franchement là… on comprends où sont les racines de leur absence d’âme ou de conscience!! Le genre de bouquins qui me ferait monter la tension… 😜

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    • Dire que les américains sont d’anciens européens… ça me troue toujours le cul !

      Hé, si je veux vendre MES sous-marins, je ferais aussi capoter le marché des autres… Mais attention, faut pas leur faire ce coup de pute à eux 😆

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      • J’organise un hrand repas patriote: on mangera de la cuisse de kangourou et des koalas à la broche!!! Et on alimentera le feu avec des boomerangs réduits en miettes! Même Toqué a jeté tous ses slips kangourous!!! 🥳

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          • Ouais mais quand y a écrit Calvin Klein dessus le slip kangourou coûte un bras et fait un beau paquet et des belles fesses à monsieur jusqu’à ce que tu le passes en machine! 😂

            Cela étant le string léopard et autres conneries de sous vêtements supposés sexys pour hommes sont si ridicules que la crise de rire qu’ils me donnent ne met pas Monsieur en confiance… 🤣

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            • Même en CK, même en CR7, je ne veux pas un kangourou pour les fesses et le paquet de mon homme !!!!

              Dans les magasins du quartier homo de Bxl, il y a souvent des slips affriolants en vitrine, mais jamais il ne voudrait porter ça… dommage, ça m’excite bien 😆

              Avec une belle paire de fesses, un string pour mec, c’est génial !

              Bon, nous n’avons pas les mêmes goûts, on ne se croisera jamais au rayon slips 😆

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