Le carré des indigents‭ : ‬Hugues Pagan

Titre : Le carré des indigents

Auteur : Hugues Pagan
Édition : Rivages Noir (05/01/2022)

Résumé :
L’inspecteur principal Claude Schneider, fraîchement muté dans une ville moyenne de l’est de la France, reçoit comme première affaire celle de la disparition d’une jeune fille sans histoire.

Son père a signalé son absence alors qu’elle n’est pas rentrée de la bibliothèque. Finalement, le cadavre de Betty est retrouvé peu après, atrocement mutilé à la gorge.

Critique :
La prochaine fois qu’un scrogneugneu me balancera, d’un air infatué (ou moqueur), que « les romans policiers, ce n’est pas de la littérature, que je ferais bien de lire des vrais livres », je pense qu’il serait de bonne guerre que je lui balance ce polar noir dans la gueule, afin qu’il constatât que cela fait moult années que le polar n’est plus un roman de gare.

N’espérez pas lire ce polar noir en vitesse, il faut être concentré sur sa lecture, l’auteur utilisant des phrases bien plus complexes que le traditionnel « Sujet – Verbe – Complément ». Ses constructions de phrases sont belles, brillantes, recherchée. Mais c’est une lecture plus exigeante, il est déconseillé de rêvasser en lisant.

La société des années 70 que nous brosse l’auteur n’est pas brillante. Non, ce n’était pas mieux avant. Dans ses pages, c’est sombre et ce sont les petites gens qui sont mises à l’honneur, ainsi que les membres d’un commissariat, un peu à la manière de la série du 87è district (Ed McBain).

L’inspecteur principal Schneider est un homme taciturne, il a fait la guerre d’Algérie, est revenu avec des blessures à l’âme et au cœur, mais son personnage sort tout de même des sempiternels flics bourrus alcoolos. Mais que ça fait du bien d’avoir un enquêteur qui sort des portraits habituels, qui a du répondant (avec peu de mots, mais souvent cinglants) et qui se fout de tout, sauf de ses enquêtes (il ne fait pas de la lèche).

Hugues Pagan a une plume incisive, cynique, caustique, mâtinée de termes argotique, de langage un peu cru, sans être vulgaire. Du langage de flics des années 70, de celui des gens d’en bas. Un langage qui colle parfaitement bien à l’atmosphère de ce roman noir, qui est parfaitement dans le ton des années 70 et qui lui donne un petit truc en plus.

L’enquête ne sera pas facile : pas de témoins de la mort d’une jeune fille qui rentrait chez elle à bicyclette et que l’on retrouvera morte. Schneider mène l’enquête, boit beaucoup, fume comme un dragon, se moque des colère de celui que l’on surnomme Dieu (le chef du commissariat), ne trempe pas dans les magouilles des ripoux et tente de faire la lumière sur ce crime banal mais terriblement dégueulasse.

Un roman noir, social, terriblement sombre, rempli de désespoir, de tristesse, aux atmosphères poisseuses, peuplé de personnages forts, qui dégagent une présence qui restera, même après la fermeture de ce roman.

Un roman que j’ai refermé avec une pointe de tristesse, avec la sensation que je quittais une épique de flics que j’avais apprécié, qui m’avaient marqué, notamment Schneider. Un roman noir qui va à son rythme, qui ne fait pas dans la surenchère ou la vitesse, mais qui marque tout de même.

PS : merci au Top 10 (chez Collectif Polar) de la flingueuse Chantal qui m’a donné envie de lire ce roman noir ! C’est mauvais pour la PAL, ces top, mais on y trouve parfois des pépites cachées qui méritent d’être mises en avant !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°107].

35 réflexions au sujet de « Le carré des indigents‭ : ‬Hugues Pagan »

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  4. Vendu! 👍

    Purée ! Et dire qu’il va falloir attendre un an pour le demander au Père Noël !!!! Tu crois que je peux tenter le coup des Rois Mages pour l’obtenir ? 😁

    C’est pas encore cette année que je vais me refaire les Harry Potters, ou la Recherche du temps perdu! 🙄

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      • Non mais! Je donne pas dans la gerontophilie! Je ne vais quand même pas laisser le Père Noël me farcir comme une dinde !!! 😂

        Ça pourrait fair un bon scénario de films pour adultes… un vieux barbu ventru qui passe dans toutes les cheminées… les unes après les autres… Ça serait plus drôle que les téléfilms de Noël à défaut d’être original ! 😂

        Rhoooôô! Faut que j’arrête le champagne moi! Je dis n’importe quoi après !!!🙄

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        • Mais c’est un sexy père Noël, qui arrivait devant ta cheminée ! 😆 Avec le goupillon parfait pour le ramonage !

          Oh oui, un porno de Noël, un sugar Nowel porn 😆

          Moi, faut que j’arrête le Monbazillac !! 😉

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    • Je viens seulement de découvrir l’auteur…

      Oh, mon dieu, la pauvre SF ! Encore pire… Plus maltraitée que les polars ! Je ne te parlerai pas de la fantasy, c’est pas mieux. Tu as droit à « Et te ne voudrais pas lire de la vraie littérature, au lieu de tes trucs avec des dragons ? »(parce qu’il y a des dragons dans tous les livres de fantasy, bien entendu)…. Argh !

      Comme si seule la littérature blanche était de la littérature et avait le droit de cité ! Grrrr

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      • Etant entourée de gens qui lisent assez peu, je suis épargnée par ce genre de réflexions ! Mais c’est vrai que lorsque je dis apprécier la SF (ou la fantasy, même si j’en lis peu), je remarque souvent un certain étonnement…

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        • Les pires horreurs sont souvent dites par des personnes qui ne lisent pas… mais qui croient tout savoir et qui voudrait que l’on lissasse des grandes œuvres classiques (alors que Hugo, à son époque, était décrié et que Zola fut fini après sa lettre « j’accuse »).

          Eux n’en lisent pas, mais s’imaginent que nous ne devrions lire que des grands auteurs. Ils ne savent pas que dans les récits de SF, fantasy fantastique, policier, les sociétés ne sont jamais que des copies des nôtres, que les travers humains sont les mêmes, que les auteurs puisent dans l’Histoire.

          Le pire peut aussi venir de celles et ceux qui lisent des grandes oeuvres (j’en ai connu) et qui vilipendent le genre littéraire que nous lisons. Ça me fait toujours monter la moutarde au nez, même lors des pénuries de cet article ! :p

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