Les enquêtes d’Enola Holmes – Tome 2 – L’affaire Lady Alistair : Nancy Springer

Titre : Les enquêtes d’Enola Holmes – Tome 2 : L’affaire Lady Alistair (The Case of the Left-Handed Lady)

Auteur : Nancy Springer
Édition : Nathan (2007 – 2010)

Résumé :
Je m’appelle Enola, qui à l’envers se lit : alone,  » seule  » en anglais. Et c’est bien seule que je me suis retrouvée à quatorze ans, lorsque ma mère a disparu de façon inexpliquée.

Partie à sa recherche, j’ai échappé à la vigilance de mes frères aînés, Mycroft et Sherlock Holmes, qui souhaitaient m’expédier en pension. A l’image de mon détective de frère, j’ai alors ouvert à Londres un cabinet de  » Spécialiste en recherches – Toutes disparitions « .

Et quelle ne fut pas ma surprise lorsque je découvris l’identité de mon premier client : le docteur John Watson.

Critique :

Dans ma critique précédente, je vous avais parlé de la petite sœur de Sherlock et Mycroft Holmes : Enola, 14 ans. Comment ça « vous ne voyez pas de qui je parle ? ». Pour les retardataires, allez lire la critique du tome 1 et suivez !

Le tome 2 m’attendait et c’est avec plaisir que j’ai ouvert cette suite des aventures d’Enola Holmes, la sœur cadette imaginaire des frères Holmes et que j’ai plongé dans cette aventure, avant de plonger dans la piscine…

Les livres n’étant pas épais et se lisant vite, ils sont parfaitement adaptés aux vacances.

L’auteur avait planté son décor et ses personnages dans le tome 1 « Double disparition » et je suis familiarisée avec l’univers d’Enola, jeune fille indépendante, courageuse et débrouillarde.

Oui, la petite a de la suite dans les idées, un cerveau, et elle sait s’en servir, n’étant pas la sœur cadette de Sherlock pour rien.

Là, elle compte bien enquêter sur la mystérieuse disparition de sa mère, tout en montant un cabinet de « Spécialiste en recherche » car son pécule n’est pas infini.

Pas facile de mener ses enquêtes à Londres sans se faire remarquer de ses frères. Surtout que son premier client n’est autre que le docteur Watson en personne !

Enola, déguisée et se faisant passer pour la secrétaire du Dr Ragostin, Ivy Meshle, a eu chaud.

Niveau fausses identités multiples, elle en ferait pâlir de jalousie certains parce qu’elle en use et en abuse, alternant les rôles comme au théâtre.

Mieux, ayant découvert la pauvreté de Londres, elle se déguise en bonne sœur et vient en aide aux plus démunis. Or un soir, elle est victime d’un étrangleur, qui la laisse presque morte sur le trottoir.

Oulà, et si on rajoute la disparition d’une jeune lady, on a du pain sur la planche.

« The game is afoot ! » comme le dit si bien Sherlock.

Ce deuxième tome nous plonge très vite dans l’ambiance sombre de Londres, alternant entre les beaux quartiers et les plus sordides.

Sans bouger du bord de la piscine ou de votre fauteuil, vous vous retrouvez dans le Londres du XIXème siècle : ses quartiers coupe-gorge, sa pauvreté, ses revendications sociales, ses suffragettes, sa misère, ses crèves la faim,…

Outre que l’ambiance londonienne est bien recrée, avec son fog et tout ce qui fait le charme de la ville à cette époque (puanteur comprise dans le prix), il y a aussi le fait qu’on nous parle des tenues vestimentaires…

Une fois de plus je remercie l’auteur de nous en apprendre plus sur les différents costumes de cette époque, là où d’autre ne s’en sont pas donné la peine.

L’habit FAIT le moine parce que la façon de s’habiller définit la classe sociale à laquelle vous appartenez. Enola, tout en enquêtant ou en se déguisant, nous en apprend un peu plus sur ses fringues, sans que cela soit ennuyant.

Bien ficelé, prenant, ce roman se lit rapidement, agréablement, sans se prendre la tête.

Ok, si on pousse la réflexion à fond, l’intrigue policière ne casse pas trois pattes à un unijambiste, mais j’ai pris plaisir à lire les messages codés qu’Enola faisait passer dans les journaux, tentant d’avoir des nouvelles de sa maman tout en évitant de se faire repérer par Sherlock qui, tel un chien de chasse, est sur sa piste.

Sans être transcendantales, les différentes intrigues s’imbriquent parfaitement, pas de découvertes parachutées dont on ne sait où, pas d’évènements incongrus, tout est parfaitement agencé.

L’auteur connait son canon holmésien, s’en inspire, tout en s’en détachant. Enola n’est pas que la digne héritière du célèbre détective mais elle a un p’tit truc en plus : l’intuition féminine.

Plaisant à lire, distrayant, le livre parfait pour les vacances ou pour un moment de calme.

Lu dans le cadre des Challenges « Thrillers et polars » de Liliba,  « Polar Historique » de Samlor,  « Sherlock Holmes » de Lavinia sur Livraddict, « I Love London » de Maggie et Titine, « Le mois anglais » chez Titine. et le challenge « Victorien » chez Arieste.

Extraits du tome 2 où l’on comprend que Sherlock est attaché à sa petit soeur :

– Nous ne serions pas dans cette situation déplorable, déclare le plus jeune et le plus longiligne des deux messieurs en grande discussion dans ce petit salon feutré, si vous ne vous étiez mis en tête, à toute force, de la placer dans un pensionnat !
Sec comme un coup de trique, les traits taillés à la serpe, il arpente le parquet ciré à longues enjambées d’échassier. Son costume noir de la tête aux pieds – jaquette à queue de pie, pantalon à pli, souliers étincelants – fait de lui un grand héron sévère.
– Mon très cher frère…
Douillettement enfoncé dans les capitons d’un fauteuil de cuir pleine peau, le plus âgé des deux – et le plus plantureux – lève bien haut des sourcils pareils à des broussailles en hiver.
– Pourquoi tant d’âpreté ? Cela ne vous ressemble guère.
Il s’exprime en toute placidité, car ce lieu est son club, son territoire attitré, son espace pour échanges privés. Et c’est en salivant d’avance à la pensée de l’excellent rosbif qui va suivre qu’il poursuit, affable :
– Même s’il est indéniable que la jeune écervelée se trouve seule dans ce chaudron de ville et qu’elle pourrait fort, à l’heure qu’il est, s’être déjà fait dépouiller de tous ses biens, si ce n’est pire, je ne vois là aucune raison de vous laisser emporter par vos émotions.
– Et le moyen de faire autrement ?
Pivotant sur ses jambes sans fin, l’arpenteur jette à son ainé un regard d’aigle.
– C’est notre sœur !
– Une sœur tellement plus jeune qu’en tout et pour tout, dans votre vie, vous avez dû la voir deux fois !
L’échassier s’arrêta net.
– Une fois aura suffit.
Sa voix s’est radoucie. Ce n’est pas son aîné qu’il regarde, mais le lambris de chêne ou plutôt, par-delà le lambris, un point invisible, quelque part dans l’espace et le temps.
Et il reprend à mots lents :
– Elle me rappelle l’adolescent que j’étais à son âge. Tout en bras et en jambes. Trop de nez, trop de menton. Gauche et solitaire, à sa place nulle part…
– Ridicule ! Elle est de sexe féminin. Son intellect est peu développé, elle a besoin de protection… Votre comparaison ne vaut pas.
Pareille insulte au sens commun assombrit l’homme d’autorité, mais, en fin diplomate, il se fait conciliant.
– Interroger le passé de la sorte ne sert rigoureusement à rien, croyez-moi. La seule question de bon sens à se poser pour l’heure est celle-ci : comment comptez-vous la retrouver ?
Avec un effort manifeste, le cadet s’arrache à sa contemplation lointaine et ses yeux gris perçants se tournent vers son aîné.
Après un silence, il dit sobrement :
– J’ai un plan.
– Je n’en attendais pas moins. Peut-être même allez vous m’en faire part ?
Silence. L’aîné se renfonce dans son fauteuil avec un sourire pincé.
– Toujours ce besoin de vous draper de mystère, hein, Sherlock ?
Alors le cadet – que d’autres nomment « le grand détective » – hausse les épaules éloquemment. Il a retrouvé son flegme, plus coriace encore que celui de son aîné.

CHALLENGE - Sherlock HolmesCHALLENGE - Faire fondre la PAL

CHALLENGE - Mois anglais - keep-calm-and-read

CHALLENGE - DEstination la PAL

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    • Oui, c’est cool, ça se lit sans prise de tête et on apprend des tas de petites choses sur la vie victorienne. Charlotte Pitt nous parle rarement de ses petits dessous, Enola détaille les releveurs de buste, les sculpteurs de poitrine et tout le tralala des dames de la haute, sans parler de la hauteur des jupes.

      Plus elles étaient longues, plus tu étais de la haute extraction…

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