Les mois d’avril sont meurtriers : Robin Cook

Titre : Les mois d’avril sont meurtriers                      big_4

Auteur : Robin Cook
Édition : Gallimard (1995)

Résumé :
Histoire d’un flic qui, par désespoir et nostalgie du « bon vieux temps », s’est réfugié dans une quête éperdue, impitoyable de la Justice.

Portrait, aussi, d’un tueur psychopathe, pervers, implacable et plein d’une étrange bonne conscience.

Avec une galerie de pauvres types, d’indics, de malfrats miteux et de traîtres distingués.

L’auteur : Robert, William, Arthur Cook dit Robin Cook est un écrivain britannique.

À ne pas confondre avec son homonyme Robin Cook, écrivain américain, chirurgien et auteur de thrillers du monde médical !

Fils de bonne famille (un magnat du textile), Cook passe sa petite enfance à Londres, puis dans le Kent pendant la guerre.

Critique : 
Recette de cuisine conCOOKtée par l’auteur : vous prenez un homme, vous le tuez au moyen d’un pistolet d’abattage et vous le débitez en morceaux, sciant les os et toutes les attaches.

Ensuite, faites chauffer de l’eau et trempez les morceaux afin de faire bouillir toutes les chairs afin de les rendre méconnaissables. Vous devez obtenir une masse gélatineuse et grisâtre avec la peau qui se détachera toute seule du corps. Une fois ce résultat obtenu, mettez le tout dans quatre grands sacs plastiques, agrafez et c’est prêt ! Dégustez !

« La boucherie. Tu le découpes… Un bon couteau et un aiguisoir, un marteau également pour briser les os, comme ça tout rentrera dans les casseroles. Tu aiguises le couteau et tu tranches la colonne vertébrale en deux ou trois endroits, aux vertèbres. Tu coupes la tête, les pieds et les mains. Surtout la tête et les mains. Tu fais sauter les dents également ; voilà le marteau. Tu transperce la mâchoire au couteau et tu les fais sauter.[…] Du feu pour le faire cuire ? Facile ! Pourquoi pas un bon vieux réchaud à gaz de camping. Un petit réchaud plat, un truc qu’on peut fourrer facilement dans la voiture et deux ou trois bonbonnes de gaz – quoi de plus innocent ? Un pique-nique. Un pique-nique à minuit ! »

Devant cette scène de crime pour le moins originale, notre policier, un sergent désabusé par les blessures personnelles, se met dans la peau du tueur et analyse la scène de crime avec rigueur. Bingo, il a déjà un nom de suspect !

Quand les assassins veulent jouer au plus malin, ils font des fautes et on les repère de suite.

« Ce meurtre, c’est du travail d’artiste. À ce niveau, c’est de la tuerie de spécialiste. Il n’empêche, quelle sorte de passé ? Dans quel métier un tueur peut-il avoir appris à faire cuire un bonhomme de manière qu’on ne puisse plus l’identifier ? »

Notre sergent n’est pas un crétin, il a la pugnacité d’un bouledogue refusant de lâcher le mollet de sa proie. Solitaire, aussi, et non armé. De plus, il a du caractère, notre sergent, n’hésitant pas à répondre aux supérieurs (à Bowman, notament) et refusant tout avancement…

— Ce que je n’aime pas, moi, dit Bowman, en virant au rouge, ce sont les petits gradés qui s’imaginent en avoir dans le citron.
— Les hauts gradés qui n’ont rien dedans, c’est encore pire.

— De qui s’agit-il ?
— Personne n’en sait rien. Tout ce qu’on sait, c’est qu’il a été assassiné.
— Ça, c’est de la déduction !
Ne m’asticote pas, dit Bowman, après que le déclic se fut produit. Pas aujourd’hui. Ni un autre jour.

La vie l’a brisé et son seul remède, c’est le travail. Il fait partie du service A14, celui des « décès non éclaircis » au commissariat de Poland Street, dit l’Usine (the factory). Son boulot ? S’occuper des décès jugés « sans importance » pour la presse et le grand public.

Pour lui, c’est là qu’il fait le meilleur boulot : au service des petites gens.

Le talent de l’auteur est de nous conter l’affaire en utilisant le récit à la première personne du singulier (le sergent est le narrateur) et en mélangeant un peu tout : les souvenirs divers du sergent, son enquête qui commence le 14 avril 1983 et les avances dans le temps puisque dès le premier §, nous le voyons sonner chez le coupable, avec, un prime, le récit de la soirée qui précéda le meurtre.

Le tout reste cohérent et on avance par petits morceaux dans cette enquête qui, sous couvert d’un meurtre barbare, cache un Iceberg capable de faire couler beaucoup de personnes !

Si le rythme est lent, ce n’est pas un problème car on ne lit pas ce livre pour du trépidant, mais pour les rencontres entre le sergent et des truands, mais aussi avec le coupable, un psychopathe qui fait froid dans le dos.

Un roman noir, sombre, avec de l’humour grinçant, des personnages forts, haut en couleur et des politiciens aussi retors que les truands. Les dialogues ou les pensées du sergent sont croustillantes !

« Ma quéquette était toute petite, toute recroquevillée contre mes testicules, et j’avais les membres comme des lambeaux de vieux papiers ».

Après une telle lecture, je n’ai qu’une envie : continuer le voyage littéraire en compagnie du 4ème tome de la série « Factory » pour retrouver mon sergent fêlé dans « J’étais Dora Suarez« .

Quelques extraits « drôles » :

« Ce nouveau type qu’ils ont à leur ambassade ici depuis qu’Andropov est arrivé au pouvoir, Gureyvich. Il est malin, le salaud ».

— Pat Hawes ne parlait pas, répondit-elle, il grognait. Tout ce qu’il voulait, c’était baiser à la hussarde. C’est toujours ce qu’ils veulent, les hommes que j’ai. Les femmes, pour eux, elles ont rien dans le citron ».

 

— Les matons ne sont pas millionnaires. Ils tentent le coup quand ça rapporte et que leur salaire est insuffisant, et ça égaye les longs dimanche, pas vrai ? Hawes est directement sorti par la grande porte, n’est-ce pas ?
— Ce n’est presque plus la peine de les coller en cabane, surtout ceux qui sont bourrés de fric. Il y avait une voiture qui l’attendait juste dehors.
— Ma foi, c’est à pleurer. Ce qu’on appelle un quartier de haute sécurité de nos jours, c’est aussi étanche qu’une boite à sardines.
— Si vous devez régler ça, dit Georges, vous feriez bien de vous remuer, ça s’agite en haut lieu cette fois-ci… Les grands chefs sont comme des poulets à quoi on aurait coupé la tête.

Challenge « Thrillers et polars » de Liliba (2013-2014), le Challenge « I Love London II » de Maggie et Titine, le Challenge « La littérature fait son cinéma – 4ème année » chez Lukea, le « Mois anglais III » chez Titine et Lou et le « Challenge Ma PAL fond au soleil – 2ème édition » chez Métaphore.

16 réflexions au sujet de « Les mois d’avril sont meurtriers : Robin Cook »

  1. Ping : Le "Mois Anglais 2014" : Bilan de mes publications | The Cannibal Lecteur

  2. Ping : Bilan Livresque : Juin 2014 | The Cannibal Lecteur

    • Tu ne risques pas de te tromper, Cook l’anglais est souvent publié chez Rivages & Payo ou Folio.

      Et puis, en cas de doute, tu lis le titre, l’américain ne fait que dans la médecine !!

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  3. Ping : Le Mois Anglais is back the 1er juin : check-list et liste définitive ! | The Cannibal Lecteur

  4. Il me semble que lors du Marathon des mots de Toulouse, un artiste avait lu un extrait d’un bouquin de Robin Cook. J’avais trouvé que c’était très noir. Peut être que mes souvenirs e mélangent un peu. De même, il me semble avoir vu un reportage sur lui (il avait un béret sur la tête) alors qu’il vivait dans le sud de la France et qu’il parlait français avec l’accent du midi. Je confonds ? J’ai rêvé ? On tout ça est réel ? Toi, qui semble bien le connaître tu devrais savoir me répondre.

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  5. Ping : Billet récapitulatif du mois anglais 2014 | Plaisirs à cultiver

  6. Miss Belette,
    Une tres belle chronique de ce très noir roman… Et Dora Suarès ne devrait pas te décevoir…
    J’attends ton ressenti. Je viens de terminer son dernier roman. Billet a paraitre bientôt…

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    • Merci Vincent 😉 Je suis en plein Dora et c’est pas l’exploratrice !!

      Super !! 128 pages de lues et j’adore ! Ah, le personnage du sergent, c’est un sacré personnage !

      Quel titre du roman de Cook es-tu en train de lire ??

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