American predator : Maureen Callahan

Titre : American predator

Auteur : Maureen Callahan
Édition : Sonatine (04/11/2022)
Édition Originale : American Predator: The Hunt for the Most Meticulous Serial Killer of the 21st Century (2019)
Traduction : Corinne Daniellot

Résumé :
C’est l’un des tueurs en série les plus terrifiants des États-Unis. Il a réellement existé, et pourtant, vous ignorez son nom… Pour l’instant.

Anchorage, sur les rivages glacés de l’Alaska. Dans la nuit du 2 février 2012, la jeune Samantha Koenig termine son service dans un petit kiosque à café, battu par la neige et le vent.

Le lendemain, elle n’est toujours pas rentrée chez elle. Une caméra de vidéosurveillance apporte vite la réponse : on y voit clairement un inconnu emmener l’adolescente sous la menace.

Commence alors une véritable chasse à l’homme, qui permet au FBI de mettre la main sur un suspect potentiel, Israel Keyes. Un homme qui semble pourtant au-delà de tout soupçon, un honnête travailleur, vivant seul avec sa fille.

À travers une enquête digne des meilleurs thrillers, Maureen Callahan retrace le parcours meurtrier d’un prédateur au modus operandi glaçant qui a sévi durant des années sur l’ensemble du territoire américain, sans jamais être inquiété.

Véritable voyage au cœur du mal, American Predator décrypte les rouages angoissants d’un esprit malade et ceux, grippés, d’une machine policière empêtrée dans ses luttes internes. Un périple sauvage, aux confins de la folie.

Critique :
Un tueur silencieux, invisible, inconnu, jamais soupçonné, qui frappe au hasard, sans jamais avoir de profil type pour ses victimes…

Non, il ne se prénomme pas Monoxyde de Carbonne, mais tout comme lui, il vous frappe soudainement. La différence est que vous allez souffrir avant de mourir…

Ma frangine a eu une excellent idée de m’offrir, pour ma Noël, le American Predator.

Bonne idée, excellente, même, car je pensais connaître la plupart des serial killer américain. Loupé, il y en avait un qu’on ne connaissait pas.

Ceci n’est pas un roman policier, une fiction, mais une histoire vraie, à ne pas mettre dans les mains des gens les plus sensibles, même si une grande partie du gore nous sera épargnée, le tueur préférant ne pas tout dire. L’imagination fait son boulot et c’est encore pire.

Maureen Callahan, l’autrice, a minutieusement recoupé ses sources, fait un travail journalistique fou, titanesque, écoutant des enregistrements, lisant des retranscriptions, avant de nous livrer la quintessence de son travail dans ce roman glaçant.

Nous ne sommes pas au temps reculé des présidents Lincoln ou Washington, mais dans cette Amérique de 1980, il est possible de ne pas déclarer ses enfants à l’état civil, de ne pas les envoyer à l’école, ni chez le médecin, de déménager souvent, tout en passant sous tous les radars. Big Brother faisait dodo ?

En tout cas, les enfants n’ont pas conscience qu’ils loupent tous les plaisirs enfantins, vivant en quasi autarcie, sans aucun regard sur le Monde, comme s’ils vivaient dans une grotte. Comme des Amish, des Mormons et autres congrégations religieuses strictes auxquelles ils adhéreront au fil des ans.

Israel est un tueur méticuleux, il sait comment échapper aux radars, circuler sans laisser de traces numériques, planquer des kit de meurtres, se débarrasser des cops et on en vient à se demander comment, dans une Amérique post 11 septembre 2001, un homme qui vit chichement peut se payer des billets d’avion et circuler avec des armes démontées dans ses bagages.

La psychologie d’Israel est complexe, il n’a aucun remords, joue avec les agents du FBI, avec le procureur, qui ne s’en rend même pas compte. Encore une aberration avec ce procureur qui mène les interrogatoires, alors qu’il est bien expliqué dans le livre que ce n’est pas permis, que cela pourrait faire tomber le procès, même avec un avocat débile sortant de l’école.

Face à un prédateur à l’état pur, on se liquéfie, en tant que lecteur. Les agents, eux, doivent rester zen, ne rien montrer et tenter de faire copain avec lui, afin de lui tirer les vers hors du nez, sinon, ils devront le relâcher.

Israel est un bon travailleur, un bon père, il fut un bon soldat. Bref, rien ne laissait présager qu’il était un terrible prédateur à l’affut de multiples victimes. Un véritable Janus à deux visages, à multiples personnalités.

Le plus troublant, le plus glaçant, c’est qu’on ne saura jamais le nombre de victimes de Keyes. Le secret sera gardé par lui et il sera impossible d’être sur à cent pour cent qu’une personne disparue a croisé sa route un jour.

L’homme est imbu de sa personne, joue avec les flics, le FBI, a des demandes précises, se comporte tel un enfant exigeant, mais derrière cette façade, c’est un psychopathe qui joue avec les autres, comme un chat avec une souris, laissant croire qu’il va lâcher du lest.

Vous ne connaîtrez pas le point de vue des familles des victimes, le roman documentaire se contentant de rester du côté des enquêteurs et du tueur (on ne saura pas ce qu’il se passe dans sa tête, hélas).

Cela rend le récit encore plus glaçant, plus impersonnel, sans chaleur aucune et avec peu de dialogues. Pas d’inquiétude, cela marche super bien avec ce genre de récit. Je l’ai dévoré en deux jours, sans problèmes.

Comme quoi, il est possible de garder ses distances avec les personnages, même ceux des enquêteurs, et de vibrer quand même.

À réserver tout de même aux passionnés de criminalité, aux férus de serial-killer, aux amateurs de psychologie criminelle ou à tous ceux et celles qui voudraient en savoir plus sur ce tueur en série qui fut bien moins médiatisé que les autres et était inconnu.

Un excellent roman réaliste, une brillante enquête réalisée par l’autrice sur Keyes et moi, je remercie ma frangine pour ce cadeau parfait !

“Tous les psychopathes ne sont pas des tueurs en série, mais tous les tueurs en série sont des psychopathes […]”

“L’ensemble de la psychologie criminelle et judiciaire demeure hanté par une question fondamentale : est-ce qu’on naît psychopathe ou est-ce qu’on le devient ?”

Si un tueur comme Israel Keyes existe, cela signifie que quelqu’un de plus diabolique encore suivra.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°115].

20 réflexions au sujet de « American predator : Maureen Callahan »

  1. Ping : Bilan Livresque Annuel 2022 et Coups de Cœur selon les catégories ! [Épisode 2/3] | The Cannibal Lecteur

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  3. Salut ma belette ! je ne suis pas très fan des thrillers, tu le sais ( enfin je crois ), mais ce bouquin je l’ai sur ma liste d’emplettes, justement parce que ce n’est pas un roman et que c’est une histoire vraie. Qui plus est les critiques sont plutôt bonnes ! tu en es la preuve ! 🙂

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    • Merci ma souris préférée ! :p

      Moi, je suis fan de thriller (mais plus des anciens où l’on court partout comme des poulets sans tête), de polars, romans noirs… et oui, c’est une histoire vraie, ce qui la rend plus terrible encore ! la réalité ne dépassera jamais la fiction… :/

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  5. J’ai repéré ce livre sur le blog de L’oeil noir et depuis il est dans ma liste de souhaits ! J’ai regarder un reportage un jour par hasard sur ce tueurs en série, et plus j’y pense, plus je me demande si cette lecture est pour moi finalement. Encore un livre qui va me bouleverser et me répugner à la fois. Bon allez, je le laisse dans ma liste encore. 🤭

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  6. Voilà un type très bien avec qui on aimerait boire un mojito dans un coin sombre et isolé! De préférence dans une boucherie, avec plein de grands couteaux, de scies à os, de hachoirs etc…
    😀 😀 😀

    Bref, encore un bouquin qui va grossir ma PAL! Elle n’est plus très loin de devenir plus grosse que moi ma PAL… J’te jure! C’est à ce point! 😆

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