L’héritier de Moriarty : Annelie Wendeberg [LC avec Bianca]

Titre : L’héritier de Moriarty

Auteur : Annelie Wendeberg
Édition : Presses de la cité – Sang d’encre (26/04/2018)
Édition Originale : The Journey (2014)
Traducteur : Florence Hertz

Résumé :
Anna Kronberg revient… enceinte et traquée.

Enceinte de son pire ennemi, Anna Kronberg a repris espoir quand elle est parvenue, épaulée par Sherlock Holmes, à empoisonner Moriarty.

Mais le redoutable professeur a tout mis en œuvre pour pouvoir continuer, même après sa mort, à torturer la mère de son enfant à naître : il a demandé au colonel Moran, son homme de main et grand chasseur de gibier, de mettre la main sur Anna et Holmes, puis d’attendre la naissance de l’enfant, d’enlever le nouveau-né et de tuer les deux acolytes.

Commence alors une course-poursuite entre plusieurs continents, sur fond de menaces d’attaques bactériologiques, de réseaux d’espionnage et de prémisses de grand conflit mondial.

Holmes et Kronberg sont prêts à tout pour contrer les funestes projets de Moriarty, même à mettre en scène une fausse-couche…

Critique :
C’est avec un polichinelle dans le tiroir que nous retrouvons Anna Kronberg, pataugeant dans la lande humide en compagnie de Sherlock Holmes.

Dans son ventre, l’enfant de Moriarty grandi et, suivant la haute silhouette de Holmes, elle fuit le colonel Sebastian Moran.

Ce troisième épisode, je l’attendais et le craignais à la fois car il fallait rebondir sur un tome 2 très huis clos où Holmes était peu présent et où Anna avait affronté Moriarty.

Enceinte et en fuite, cela pouvait vite tourner en eau de boudin ou en guerre larvée avec un Holmes excédé par une femme en cloque qui, soyez certain, n’a pas envie de mettre sur l’mur, au-dessus du berceau, une photo d’Arthur Rimbaud !

Et puis, avec un Holmes aux p’tits soins, qui s’défonce en huit pour qu’elle manque de rien la p’tite… Et bien, ça la fout en rogne, Anna, qu’on lui fasse preuve de sollicitude ou qu’on la croie en porcelaine.

L’auteur a bien tiré son épingle hors du jeu, sans tomber dans les pièges d’une pareille histoire, évitant tous les écueils guimauviens et nos amis avaient beau être à pied et trempé, on s’est vite retrouvé à la moitié du récit qu’on n’y avait rien vu.

Le couple Holmes-Kronberg marche du tonnerre sans jamais sombrer dans la mièvrerie. Il est composé de respect, de sentiments amoureux (pour Anna), d’amitié, de cerveaux connectés et d’un Holmes qui a envie de faire un pas en avant tout en faisant trois pas en arrière.

Accorder leurs violons semble être une tâche pour le moins difficile, surtout que Holmes ne montre jamais ses sentiments et que s’il se dévoile un peu, c’est pour mieux se refermer, tel une huitre à qui on voudrait voler sa perle.

Un passage que j’ai bien aimé, ce sont les réflexions d’Anna sur les prostituées et sur le carcan dans lequel la société victorienne se réfugie, regardant ailleurs. Le fait d’avoir visionnéé des reportages sur Jack The Ripper m’a ouvert une fenêtre en plus dans le récit.

Anna n’a pas sa langue en poche et elle ne se prive pas de fustiger cette société qui refuse des droits aux femmes, qui les empêche d’accéder à certaines professions, sur le fait que cette société bien-pensante évite de parler de sexe et qu’elle fasse comme si les femmes tombaient enceinte de par l’opération du Saint-Esprit ! Savoureux !

Niveau rythme et suspense, on n’est pas volé. L’ombre de Moran et de son sbire plane sur le récit et si l’homme était un animal, on sentirait son haleine fétide sur nos talons. D’ailleurs, tout comme Holmes et Anna, on n’est jamais trop sûr d’avoir réussi à le berner.

L’ennemi est à la hauteur, c’est un chasseur de grands fauves et si Holmes est traqué aussi, c’est Anna qui fait souvent figure de chèvre pour appâter le chasseur transformé en tigre.

Le récit se veut réaliste au niveau des douleurs ressentie par une femme enceinte ainsi que dans la scène d’accouchement. Le fait qu’Anna soit médecin donne aussi plus de corps à ce genre de détails puisqu’elle connait bien l’anatomie humaine.

Dommage que le récit n’ait pas été un peu plus long ce qui l’aurait étoffé. C’est bien joli de nous reparler de la menace bactériologique des tomes 1 et 2, mais l’auteure ne pousse pas assez loin cette menace et cela donne un sentiment inachevé, comme si on avait mis des épices sur le plat principal mais oublié de saler un des accompagnement.

Le final est comme il devait être, dans la logique. J’aurais aimé un autre, mais ce que mon coeur désirait mon esprit ne pouvait le valider car il aurait été à l’encontre de ce que les trois tomes nous avaient montré.

Une belle trilogie politico-historique avec, en toile de fond, les prémices de ce qui deviendra La Grande Guerre avec son cortèges d’horreurs dont on aura un bref aperçu dans l’annexe.

Une trilogie holmésienne où Holmes n’est pas le personnage principal mais qui se retrouve tout de même aux avants-postes avec une compagne d’enquête qui n’a pas démérité sa place.

Une LC surprise avec Bianca car non programmée au départ. Ma binôme savait que j’attendrais le mois de juin pour le lire et elle a attendu avec moi aussi, afin que nous le découvrions ensemble. Merci à elle.

3,78 Sherlock

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (2017-2018) et Le Mois anglais saison 7 chez Lou et Cryssilda (juin 2018).

 

15 réflexions au sujet de « L’héritier de Moriarty : Annelie Wendeberg [LC avec Bianca] »

  1. Ping : Bilan provisoire du challenge polar et thriller 2017-2018 | deslivresetsharon

  2. Ping : Bilan Livresque Mensuel : Juin 2018 | The Cannibal Lecteur

  3. Ping : The English Month is finish… Fuck ! – Bilan de la Saison 7 – Juin 2018 | The Cannibal Lecteur

  4. Mmmouais… Même chose que dans mon com précédent: le pastiche est un art difficile et quand il s’éloigne beaucoup de l’esprit du canon en rajoutant des éléments incompatibles (après la mort de Momo, Holmes disparaît et ne revient que pour faire sa fête à Moran et là on réécrit l’histoire) ça me dérange un peu beaucoup même si j’entends bien que ce roman a quelques qualités. Je n’arriverai pas à passer outre et ça me fera monter la tension. De toute façon j’ai pas lu le un et le deux… alors l’affaire est pliée en ce qui me concerne! 🤨

    Aimé par 1 personne

    • je pourrais t’aider pour les tomes 1-2, pas pour le 3, plus tard, sans aucun doute, les miracles ont lieu tous les jours…

      Oui, ici on réécrit l’histoire, je te citerais bien Dumas mais cela fera des vagues chez certaines excitées qui se sont déchaînées ailleurs, dans un magasine (et elles pourraient me lire, qui sait).

      L’auteur a bien réécrit l’histoire, elle est logique et réaliste. J’ai bien aimé.

      Si tu changes d’avis, accroche un mojito à la fenêtre de ton salon 😆

      J’aime

      • 🤐 T’as raison! Faut pas fâcher Marlene S.! C’est vrai… les fâmes doivent bien se caser dans le crâne que tous les mecs sont des gros nuls qui nous zéxploitent! C’est comme ça épicétou! T’as pas le droit de ne pas être d’accord même si tu es censée être libre de tes opinions et la liberté d’expression et toussa toussa! Du moment que tu ne contestes pas LA Vérité politiquement correcte de la pensée unique tu dis ce que tu veux!!! 😬

        J’aime

  5. Merci à toi car ce 3e tome me faisait peur aussi car comme tu le sais je n’ai pas apprécié le 2e mais celui-ci est bon et effectivement question suspens et rebondissements on n’est pas volé !

    Aimé par 1 personne

    • Les tomes 2 ne sont pas toujours facile à aborder, l’auteure a pris des risques, a changé par rapport au tome 1 et a dû en surprendre plus d’un. Le huis clos, j’avais aimé.

      Merci de m’avoir attendu 🙂

      J’aime

  6. Ping : L’héritier de Moriarty – Annelie Wendeberg | des livres, des livres !

C'est à votre tour d'écrire !

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.