Ormeshadow : Priya Sharma

Titre : Ormeshadow

Auteur : Priya Sharma
Édition : Le Bélial’ Une Heure Lumière (08/04/2021)
Édition Originale : Ormeshadow (2019)
Traduction : Anne-Sylvie Homassel

Résumé :
Angleterre, fin du XIXe siècle. Fonctionnaire de province, le père du jeune Gideon Belman subit divers échecs financiers qui l’obligent, lui et sa famille, à quitter Bath pour l’ancestrale ferme de son frère, au lieu-dit Ormeshadow, sis au pied d’une colline à la forme caractéristique.

À en croire la légende locale, un dragon serait endormi sous cette colline et un trésor s’y trouverait dissimulé, trésor dont les Belman seraient les gardiens. Une simple légende, rien d’autre…

L’oncle de Gideon, homme fruste et brutal, nourrit des rapports conflictuels avec son frère. Un jour, à la suite d’une énième dispute, le père de Gideon disparaît. Qu’est-il advenu de lui ? Nul ne le sait ou ne tient à le savoir, et le jeune garçon reste vivre à la ferme avec sa mère, son oncle et la famille de ce dernier.

Les années passent et Gideon, désormais adolescent, n’oublie pas cette histoire de trésor caché. Mais les tensions ne cessent de croître chez les Belman. Qui sait ce qu’elles libéreront ?…

Âpre récit initiatique, aussi riche et sombre que la glèbe rocailleuse de son décor, Ormeshadow évolue dans les ombres grises qui séparent la littérature fantastique du mainstream. Salué par la critique anglo-saxonne, ce court roman a été couronné par le prix Shirley Jackson 2019.

Critique :
Angleterre, époque victorienne, mon époque préférée. Non, non, rangez vos belles robes, mesdames, vos services à thé et vous, messieurs, remisez au placard vos beaux costumes car c’est dans l’Angleterre rurale que cette novella nous emmène.

Pour un homme qui a été secrétaire, qui aime lire, écrire et évoluer dans des bibliothèques, tout abandonner pour partir avec sa femme et son fils, travailler dans la ferme dont il a hérité la moitié avec son frère, c’est un pas qu’il n’est pas facile de franchir.

Et John Belman accompli ce retour vers la terre, allant habiter chez son frère cadet qui gère la ferme depuis le début puisqu’il n’a pas eu l’opportunité de faire des études.

Si les citadins regardent les bouseux avec condescendance, la réciproque a lieu quand le rat des ville va aux champs. Les villageois ont toujours pensé que le père de Gidéon les prenait de haut puisque lui avait fait des études, était lettré.

C’est tout ce microcosme qui se met en place avec l’arrivée du lettré au pays des bouseux. Pourtant, John ne les a jamais dénigré, il a travaillé la terre aussi, plus jeune, il sait tondre des moutons, mais face à son frère qui est taiseux, colérique, tyrannique et sanguin, il s’écrase.

Ce court récit (le plus long pourtant de la collection) suit le parcours initiatique de Gidéon,, jeune garçon rêveur et naïf, qui a bien du mal à s’adapter à la vie rurale, surtout quand on a un oncle bourru qui n’est jamais satisfait de votre travail, qu’il vous traite en domestique et que vos cousins sont des casseurs de couilles.

L’auteure a réussi à décrire la vie campagnarde, dure, sans concession, à la merci des éléments naturels. Cette vie de misère où les paysans du coin, éleveurs de moutons, tirent le diable par la queue, se fichant bien des légendes entourant le village et cette terre où l’on dit qu’une dragonne s’est assoupie il y a des siècles.

C’est âpre et violent comme récit car notre Gidéon n’est pas fait du même bois que les autres, son père ne l’a jamais battu, lui-même ne sait pas se battre et sa mère n’a rien d’une mère à mon sens. Elle est froide avec lui, ne l’aide pas, ne le soutient pas. Je l’ai détestée autant que j’ai apprécié Gidéon.

Ce que j’ai aimé dans ce récit fantastique, c’est que vous pouvez le voir de deux manières différentes. Soit comme Gidéon, vous voyez le dragon, vous sentez son souffle, sa colère, soit vous décidez que les évènements sont dû à une cause naturelle, mais cette dernière option vous ferait perdre la magie de cette novella.

Omershadow est un récit bouleversant, celui de l’apprentissage de la vie dure par un jeune gamin, à coups de poings, de brimades, de travail dur dans les champs, sous la houlette d’un oncle qui en veut au gamin à cause de la jalousie qu’il a toujours eu envers son frère.

C’est un conte initiatique qui sent bon le fantastique. Une légende qu’un père raconta à son fils, passant avec lui des moments de douceurs, de partage et qui à servi à Gidéon de refuge quand il devait faire face à la dureté de la vie, des gens.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 11 Juillet 2020 au 11 Juillet 2021) [Lecture N°269], Le Challenge A Year in England pour les 10 ans du Mois anglais [Lecture N°19], Le Challenge Animaux du monde 2020 chez Sharon [Lecture N°61] et Le Mois anglais (Juin 2021 – Season 10) chez Lou, Cryssilda et Titine.

23 réflexions au sujet de « Ormeshadow : Priya Sharma »

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    • J’apprécie le fantastique, surtout lorsqu’il est esquissé de la sorte, sans être nommé vraiment, sans que l’on sache s’il est vrai ou imaginé. On a le choix et j’aime ça 🙂

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  5. Quôa??? Pendant l’époque victorienne il y avait aussi des ruraux ??? Ah mais quelle horreur! Je ne trempe pas le bas de mes robes dans le fumier!!! Et nan! Pas question de renoncer aux thés les plus délicats dans la porcelaine la plus fine !!! J’irai pas! Épicétou!!l Les trésors cachés c’est bien joli mais je ne les tolère que dans la cave ou le grenier d’un manoir. Les araignées me gênent moins que la fange!!!

    Ouais chuis snooooobe et alors??? 🧐

    Ma libraire est ravie… son cerveau va pouvoir se remettre à l’endroit!

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    • Mais oui, madâme, on a du fumier, de la boue et des odeurs puantes ! 😀 Remontez le bas de votre belle robe, sans dévoiler vos chevilles délicates que l’on ne peut voir et agitez votre éventail devant votre nez délicat que vous pouvez couvrir d’un mouchoir en dentelle de Bruges. 😀

      J’ai entendu soupirer d’aise ta pauvre libraire d’ici 😆

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      • De toute façon avec un corset bien serré on ne respire plus assez pour se rendre compte des odeurs immondes de cette campagne reculée ! 😂

        Ouaip… je vais laisser la libraire souffler un peu planquée dans son stand de bédé (elle sait qu’elle peut s’y cacher pour être certaine de m’échapper)! 🤣

        Aimé par 1 personne

        • Oui et si on sert à fond le corset, on ne respire plus du tout et tout est plus facile 😆

          Qu’est-ce que cette pauvre libraire ne doit pas faire pour être un peu tranquille 😆

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