Le club des prédateurs – Tome 1 – The Bogeyman : Valérie Mangin et Steven Dupré

Titre : Le club des prédateurs – Tome 1 – The Bogeyman

Scénariste : Valérie Mangin
Dessinateur : Steven Dupré

Édition : Casterman (27/01/2016)

Résumé :
Londres 1865.

Tandis que dans leurs clubs les gentlemen font bonne chère, dans leurs usines les enfants des pauvres se tuent au travail.

Tout autour, le brouillard dissimule mal les monstres et les criminels. Jack, un petit ramoneur insoumis, voudrait combattre tous ces prédateurs, et en particulier l’effrayant Bogeyman (croque-mitaine), le meurtrier de son père.

Le hasard va le rapprocher d’une très jeune héritière, Liz, qui pourrait changer sa vie.

Mais des rues mal famées jusqu’au Club le plus select, leur innocence va laisser place à la pure terreur.

Critique :
Une fois de plus, sans le Mois Anglais, jamais je n’aurais sélectionné cette bédé, je ne la connaissais même pas avant (merci le Net).

Sans lire le résumé, je me suis plongée dedans, appréciant directement les dessins, fourmillant de détails, notamment entre les pauvres et les bourgeois.

Tout le monde assiste à la pendaison d’une gamine qui a assassiné le poissonnier qui l’avait surprise en train de voler des déchets pour les manger.

La bonne société palabre sur les pauvres, sur leur intelligence à peine plus haute que celle d’animaux ou d’indigènes de la Nouvelle-Calédonie, sans même être choqué que pour survivre, certains doivent bouffer des déchets. Eux se bâfrent de sandwich pendant la pendaison, alors que les autres crèvent la dalle sous leurs yeux.

La conscience tranquille parce qu’ils visitent les pauvres, en tant que lecteur/trice, on ne peut que s’indigner de la pensée de ses personnages imbus d’eux-même et de leur pouvoir. Et puis, les enfants que ces femmes pauvres pondent, ça fait de la main-d’oeuvre bon marché pour la filature du mari de mâdâme.

Il y a bon nombre de bédés qui m’ont fait des effets monstres, notamment en terme d’humour, de scénario, de profondeur, de dessins… J’ai déjà lu des bédés noires, mais là, j’ai rarement été dans de l’aussi glauque, de l’aussi dérangeant, à tel point que je n’avais plus très faim à la fin de ma lecture.

Si on voulait choquer, c’est réussi !

Le scénario est travaillé, les décors encore plus et les différents personnages nous entraîneront dans deux divers univers aux antipodes l’un de l’autre : une famille pauvre qui crève de faim, une famille riche qui ne manque de rien. Le travail des gosses dans les filatures face à l’oisiveté d’une épouse qui ne désire qu’une chose, que sa fille Elizabeth fasse plus tard un beau mariage.

Les paroles prononcées par les bourgeois font mal au bide, mais elles ne sont que le reflets des pensées de l’époque, faudra les avaler, les digérer (si c’est possible) et ne pas les oublier car même de nos jours, j’entends encore des conneries aussi énormes que celles présentes dans l’album.

Les personnages de Jack, jeune voleur déguisé en ramoneur et d’Elizabeth, la jeune fille riche, sont sympathiques car notre demoiselle, bien qu’ayant une cuillère en or dans la bouche, a un coeur et pense à la charité chrétienne, la vraie, celle qui ne rejette personne, celle qui accepte tout le monde, surtout le plus faible qu’elle doit protéger.

On sent qu’il y un truc pas net avec le fameux Bogeyman, ce croque-mitaine qui fait peur à tous les gosses mais sincèrement, je ne m’attendais pas à une telle révélation en fin d’album. Sciée j’ai été, dégoûtée aussi. Jack The Ripper peut aller se rhabiller car la scène tout aussi terrible que celle présente dans le manga Black Butler, quand Ciel est enlevé (mais différente)…

Là, c’est ce qui s’appelle un tacle. Je vais laisser passer quelques jours et ensuite, je lirai le tome 2 pour voir si quelqu’un va mettre fin aux agissements du Bogeyman et de ces riches bourgeois qui se croient au-dessus des lois et de l’Humanité.

Une bédé sombre, très noire, qui, cyniquement, nous portraitiste l’Angleterre victorienne dans ce qu’elle a de plus honteux : l’exploitation des pauvres, l’exploitation de l’Homme par l’Homme, le capitalisme dévorant, la misère humaine, les pendaisons publiques, les esprits étriqués de ceux qui avaient de l’argent et la débauche de ces costumes cravates bourrés de fric mais sans aucun état d’âme, conscience…

Une bédé qui me reste sur l’estomac, même si elle est très bien faite. Ceux qui l’ont lue sauront pourquoi…

PS : à noter que la couverture donne déjà le ton avec une jeune gamine qui donne la main à un homme adulte portant un masque de loup. Sachant que dans les contes pour enfants, le loup représente le prédateur sexuel (pauvre animal), on se doutait que si la référence n’était pas pédophile, elle impliquerait sans aucun doute un autre truc pas net.

— Elizabeth, elle est gentille même si elle ne croit pas au Bogeyman…
— Ça ! Personne n’y croit ! Mais c’est bien cette ordure qui a tué mon père ! Si seulement on pouvait attirer les bobbies dans sa tanière ! Mais le quartiers est trop pauvre pour eux : ils risqueraient de se salir !
— Ils finiront bien par le trouver Jack : tous les méchants sont punis un jour ou l’autre.
— Tu parles ! Ce qui arrive au peuple tout le monde s’en fiche. Il n’y a pas de justice pour nous! La justice c’est seulement pour les bourgeois !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (juillet 2019 – juillet 2020) – N°258 et Le Mois Anglais chez Lou, Titine et Lamousmé (Juin 2020 – Saison 9).

17 réflexions au sujet de « Le club des prédateurs – Tome 1 – The Bogeyman : Valérie Mangin et Steven Dupré »

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  6. Ah ouais? Comme ça t’aime le glauque? Ben console-toi! La gamine qui a fini pendue pour avoir volé des queues de poisson elle a eu droit à un dernier repas, et maintenant elle aura plus jamais faim! 😬

    🤨 Nan mais… Ça s’arrange pas là!🙄
    Je deviens désespérante tant mon cas semble désespéré… 😟 voire carrément préoccupant… 🤔

    Anybref ça commence bien durement cette bédé… mais c’est à l’image de ce fucky victorian eara! Fallait pas être pauvre à ce temps là!!!

    Pas certaine d’avoir envie de lire cette histoire même si cette période est passionnante… les inégalités sociales y étaient effroyables… et pire encore… le statut des enfants et des femmes (donc imagine pour les p’tites filles!) était inférieur à celui du cheval de maître! Alors que le souverain était une femme!!! 🙄

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    • Non, elle n’a eu droit à rien ! La société carcérale n’allait pas lui offrir un repas, ce sont des radins ! Je sais aller dans le plus glauque.

      Je suis un cas désespéré aussi, je sais être cynique, horriblement cynique. Je ne te parlerai même pas des blagues horribles que j’ai dans ma mémoire. On peut rire de tout mais pas avec tout le monde.

      Oui… mais putain, dans quel livre on disait cette phrase ?? Que la société était phallocrate alors qu’une femme était sur le trône ?? Bon, on peut éliminer Troie et Gengis Khan, c’était pas dans ces romans là… j’ai trop lu, je mélange tout ! Holmes réuni les tribus mongoles et attaque Troie dans un bus Imperial ! 😀

      Des voix vont sans doute s’élever pour faire réécrire tous les romans se déroulant dans l’époque victorienne. Avec eux, les enfants mangeront à leur faim, les femmes auront des droits… 👿

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      • Troie? Mais je t’ai déjà dit! J’ai pas vu le Hun ni le d’Eux! 😂🤣😂 Mais je veux bien épouser le cheval et devenir reine ! 🤪 Et après je kidnappe le Dr Who et avec son aide, je deviens dictatrice Cosmoplanétaire des dimensions parallèles et perpendiculaires! Na!🤩

        Aimé par 1 personne

    • Stéphane Bern ? Pourquoi ? Parce qu’il aime l’histoire ?

      La bédé ne se voile pas la face, la misère, tu te la prends dans la gueule… et c’était jamais mieux avant… c’est pas toujours mieux maintenant. Certains se battent pour les esclaves morts dans les années 1800 alors qu’ils devraient se battre pour ceux des années 2020 !

      Le final est horrible quand on découvre le but du club…

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