Basil et Victoria – Tome 1 – Sâti : Edith Grattery et Yann

Titre : Basil et Victoria – Tome 1 – Sâti

Scénariste : Yann
Dessinateur : Edith Grattery

Édition : Les Humanoïdes Associés (1990/2003)

Résumé :
Dans un Londres à la Dickens, deux orphelins dépenaillés maraudent à la recherche du bon coup qui va leur permettre de survivre un jour de plus.

Il y a tout d’abord Basil, qui chasse le rat en compagnie de son fidèle Cromwell. Rêveur patenté, c’est un grand amateur de pintes de bigorneaux.

Et puis il y a Victoria, grande raconteuse d’histoires qui jure qu’enfant, elle fut volée à la cour par un odieux gitan.

Si Basil et Victoria ont de multiples sujets de dispute, à commencer par les autres filles qui tournent dans le secteur, leur amitié les conduira surtout à vivre des aventures qui les mèneront jusqu’au bout du monde.

Critique :
Grâce au Mois Anglais, je fais des découvertes que jamais je n’aurais faites si je n’avais pas poussé mes recherches sur le thème « bédés se déroulant en Angleterre ».

Pourtant, j’ai failli refermer cet album après l’avoir ouvert, tant les dessins ne me plaisaient pas. Mais puisque le vin était tiré… Et puis, qui sait, je pouvais avoir une belle surprise.

Disons-le de suite, les coloris monochromes ne sont pas ma tasse de thé.

Tant qu’ils restaient dans les tons sépias, beiges, marrons, ça allait, mais nom de Zeus, lorsque l’on colorie plusieurs pages dans des tons sombres oscillant sur le bleu nuit, on ne voit plus grand-chose ! Idem pour un incendie avec des cases dans les tons rouges…

Dommage que les dessins et les coloris aient nuit à l’album car il y a du bon dans ce scénario qui n’est clairement pas pour les enfants !

Basil, le copain de Victoria, sans doute guère plus de 10 ans, a toujours un morceau de cigarette aux lèvres et ne le lâche jamais car il est présent à toutes les cases. Nos deux mômes, qui vivent dans les bas-fonds de Londres, sont en couple, divorcent souvent, se disputent et rien ne leur est épargné. Ou presque…

Si vous vouliez une visite des quartiers mal famés sous la reine Victoria, vous allez être servi ! Si vous chercher des personnages bien campés, vous en aurez et ne croyez pas que la petite Victoria soit une jeune fille frêle. Les culottes, c’est elle qui est les porte, n’a pas d’empathie, même pour son chien, qu’elle fera combattre contre une nuée de rats afin d’obtenir de l’argent pour sauver son grand frère de la pendaison…

Basil est le gentil du couple, celui qui a des émotions, celui qui veut sauver Sâti, la jeune Hindoue qui a disparu. Cela donnera même un grand moment entre Watson et Victoria, cette chasse à la gamine perdue.

Non, clairement, ce n’est pas pour les enfants ! On est dans une bande dessinée qui a tout d’un roman noir tant le côté social est présent, tant la misère des plus pauvres qui essaient de survivre comme ils peuvent, côtoie la richesse et la décadence des riches qui vont aux pendaisons comme on irait à un spectacle.

Le rythme est soutenu, les dialogues assez cru, mais ils font mouche et appellent un chat un chat.

Non seulement la bédé est une critique acide de la société victorienne, où, au moment de son jubilé, Victoria régnait sur un empire sur lequel le soleil ne se couchait jamais et où l’Angleterre, à son apogée, avait des milliers de gens qui crevaient de faim, de froid, de misère…

Mais en plus, les auteurs ne se privent pas non plus pour nous parler d’une tradition de la société Hindoue, pourtant interdite depuis plus d’un siècle, mais qui a toujours cours puisque la femme n’a aucun droit ou nous faire assister à une pendaison, à des combats entre chiens et rats…

Une découverte en demi-teinte : si j’ai aimé le scénario qui ne s’embarrasse pas du politiquement correct, si j’ai retrouvé dans ces pages ce que j’avais lu dans « Les bas-fonds de Londres » de Chesney, si j’ai aimé les personnages de deux gamins, si j’ai aimé le portrait cynique de la société victorienne, je n’ai pas aimé les dessins sous forme de crayonnés et j’ai détesté les coloriages monochromes.

Malgré tout, j’aimerais lire la suite des albums pour voir ce qui va arriver à nos deux gosses et au chien Cromwell qui est un très grand chasseur de rats.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (juillet 2019 – juillet 2020) – N°249, Le Challenge Animaux du monde 2020 chez Sharon [Lecture N°12] et Le Mois Anglais chez Lou, Titine et Lamousmé (Juin 2020 – Saison 9).

17 réflexions au sujet de « Basil et Victoria – Tome 1 – Sâti : Edith Grattery et Yann »

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  5. Il me tente bien, malgré ton avis sur les dessins (pour ma part, j’aime bien celui de la couv mais l’intérieur est sans doute différent, tant pis je prends le risque, pour le scénario : j’aime tout ce qui a trait à l’époque victorienne, voir l’envers du décor également !).

    Aimé par 1 personne

    • Je fais en sorte de choisir des romans ou des bédés qui sortent un peu de l’ordinaire et qui n’ont sans doute pas eu une portée médiatique comme les « Blake et Mortimer »… J’essaie d’équilibrer tout ça, entre les médiatiques, les locomotives et les p’tits oubliés dans l’ombre. Ça ne changera rien au monde mais si ça peut donner envie à deux ou trois… c’est déjà ça.

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  7. Ce Londres glauque à souhait me tente terriblement surtout que personnellement les planches monochromes ne me dérangent pas.
    Merci de la découverte
    Bonne journée

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