Son odeur après la pluie : Cédric Sapin-Defour

Titre : Son odeur après la pluie

Auteur : Cédric Sapin-Defour
Édition : Stock La Bleue (29/03/2023)

Résumé :
C’est une histoire d’amour, de vie et de mort. Sur quel autre trépied la littérature danse-t-elle depuis des siècles ? Dans Son odeur après la pluie, ce trépied, de surcroît, est instable car il unit deux êtres n’appartenant pas à la même espèce : un homme et son chien. Un bouvier bernois qui, en même temps qu’il grandit, prend, dans tous les sens du terme, une place toujours plus essentielle dans la vie du narrateur.

Ubac, c’est son nom (la recherche du juste nom est à elle seule une aventure), n’est pas le personnage central de ce livre, Cédric Sapin-Defour, son maître, encore moins. D’ailleurs, il ne veut pas qu’on le considère comme un maître. Le héros, c’est leur lien.

Ce lien unique, évident et, pour qui l’a exploré, surpassant tellement d’autres relations. Ce lien illisible et inutile pour ceux à qui la compagnie des chiens n’évoque rien.

Au gré de treize années de vie commune, le lecteur est invité à tanguer entre la conviction des uns et l’incompréhension voire la répulsion des autres ; mais nul besoin d’être un homme à chiens pour être pris par cette histoire car si pareil échange est inimitable, il est tout autant universel.

Certaines pages, Ubac pue le chien, les suivantes, on oublie qu’il en est un et l’on observe ces deux êtres s’aimant tout simplement.

C’est bien d’amour dont il est question. Un amour incertain, sans réponse mais qui, se passant de mots, nous tient en haleine. C’est bien de vie dont il est question. Une vie intense, inquiète et rieuse où tout va plus vite et qu’il s’agit de retenir. C’est bien de mort dont il est question.

Cette chose dont on ne voudrait pas mais qui donne à l’existence toute sa substance. Et ce fichu manque. Ces griffes que l’on croit entendre sur le plancher et cette odeur, malgré la pluie, à jamais disparue.

Critique :
L’odeur d’un chien mouillé est unique au monde… Assez forte, incommodante et pourtant, lorsque notre chien n’est plu, cette odeur particulière nous manque, comme le cliquetis des griffes…

Des chiens exceptionnels, j’en ai connu, ils me manquent encore.

Alors ce roman qui parle d’un amour fusionnel entre un homme et son chien, bouvier bernois, ça me parlait, me donnait envie de le lire, même en sachant que le final serait larmoyant, parce que oui, un jour, nos animaux de compagnie nous quittent.

Alors que je m’attendais à recevoir des émotions en pagaille, ma lecture a été assez froide, presque clinique. Nulles émotions dans ces pages où un homme et un chien font leur première rencontre, leurs premiers pas ensemble, où ce jeune chiot apprend à découvrir son nouvel univers.

Merde alors, qu’est-ce qui m’arrive ? Aurais-je perdu ma capacité à m’émouvoir ? Serai-je jalouse de sa relation fusionnelle avec son beau chien ?

Impossible, j’ai vécu aussi ce genre d’histoire et je suis toujours capable de m’émouvoir dès qu’un humain et un animal ont une relation fusionnelle ou qu’une personne perd son chien, qu’il ait été perdu, volé (comme pour les chats).

Alors docteur, la cause du malaise ? Cela est dû au style d’écriture de l’auteur, dont certaines tournures de phrases étaient assez difficiles à lire, alambiquées, comme si l’auteur avait voulu complexifier le récit au lieu d’aller au plus simple.

Si mon fourgon blanc prend la direction de là-bas, ce ne sera pas pour voir si ce n’est pourvoir un réel déjà bien garni de ses bonheurs et de ses manques.

Un vertige m’y attend, de ceux que les évidences contraires de l’élan et du frein creusent à merveille. Je sais ce que signifie aller là-bas, du côté de Mâcon. Ça n’est pas rendre visite.

Bref, le style ampoulé m’a empêché de vibrer de cette relation entre l’auteur et son chien, nommé Ubac, ainsi que le fait qu’il parle plus de lui que de son animal. Trop de « je », ce qui m’a fait rester à distance de ce récit, puisque je n’y trouvais pas ce que je cherchais : les émotions d’une telle relation.

Alors oui, ce n’est pas toujours facile à expliquer ce genre d’amour avec un animal,  pas toujours évident de raconter, de mettre les mots sur ces belles histoires, afin de faire vibrer son lectorat et j’avoue que j’aurais du mal à raconter mes histoires fusionnelles avec certains chiens, qu’ils aient été des chiens malins ou des un peu con (j’en ai eu un, mais c’était un amour).

Les émotions sont arrivées pour la fin de vie de Ubac, là, mon coeur s’est serré et mes yeux se sont humidifiés. Hélas, ensuite, l’auteur a fait trop long et l’ascenseur des émotions est redescendu et j’ai terminé les dernières pages assez péniblement.

Dommage, j’attendais beaucoup de cette lecture, dont des vibrations fortes et elles ne furent pas au rendez-vous. Vu que sur Babelio, les critiques sont positives à l’écrasante majorité, il y a plus de chances que vous passiez du bon temps dans cette lecture que moi.