Le club des veuves qui aimaient la littérature érotique : Balli Kaur Jaswal

Titre : Le club des veuves qui aimaient la littérature érotique 🇬🇧

Auteur : Balli Kaur Jaswal (Singapour) 🇸🇬
Éditions : Belfond (2018) / Nami (2024)
Édition Originale : Erotic Stories for Punjabi Widows (2017)
Traduction : Guillaume-Jean Milan

Résumé :
Âgée d’une vingtaine d’années, Nikki vient d’abandonner ses études et travaille dans un pub en attendant de trouver sa voie. Une émancipation peu courante pour une jeune femme sikh.

Jusqu’au jour où, partie déposer une annonce au temple de Southall pour sa sœur en quête d’un mariage arrangé, Nikki tombe sur une étonnante offre d’emploi : on cherche une enseignante pour donner un cours de créative writing à un petit groupe de femmes siks. Elle aime lire, elle aime écrire, elle saute sur l’occasion.

Mais alors qu’elle pensait animer un atelier d’écriture à des apprentis auteurs, elle se retrouve face à une poignée de femmes majoritairement analphabètes, délicieusement déchaînées, bien décidées à parler d’érotisme et à partager leurs expériences amoureuses et familiales, souvent comiques, parfois bouleversantes, mais toujours pleines d’humanité…

Quand un banal club de lecture devient le théâtre des plus incroyables révélations…

Au croisement entre Joue-la comme Beckham, Kaboul Beauté et Sept mers et treize rivières, un roman d’empowerment féminin grand public, qui questionne avec originalité et peps la place des femmes et le poids de leur voix dans une société dominée par la religion, la tradition et les hommes.

Critique :
Avec un titre avait pareil, ce roman ne pouvait qu’éveiller ma curiosité ! Comme l’histoire se déroulait à Londres, je pouvais le faire entrer dans le challenge du Mois Anglais et valider une nationalité de plus sur mon planisphère (Singapour, ce n’est pas le plus évident à cocher).

Ce roman m’a fait découvrir la culture Pendjabie et sikhe, à Londres, où la plupart vivent dans le même endroit (à Southall), ayant recréé une sorte de communauté, ce qui sécurise surtout les femmes, peu habituées à aller dans d’autres quartiers.

Une fois de plus, les traditions sont hyper importantes dans cette culture et pour certains, il vaut mieux être morte que déshonorer sa famille… Oui, cela ne concerne que les filles, un homme pouvait coucher avant (pour eux, c’est être homo, le déshonneur suprême).

Ce roman a des petits airs de feel-good, même s’il aborde tout de même des problématiques graves de cette société, notamment dans le sort réservé aux femmes et dans les traditions super bien ancrées, qui font qu’elles les respectent, sans rien remettre en question et les reproduisent avec leurs filles.

Normal, je dirais, elles n’ont pas vécu autre chose qu’un mariage arrangé et une vie sous l’autorité d’un mari. Société patriarcale à mort, phallocratique et en plus, les hommes frustrés qui n’ont rien à faire de leurs journées, passent leur temps à surveiller les femmes, les jeunes filles…

Ces cours normalement dévolus à l’alphabétisation des femmes, ne se retrouvent que des veuves, parce qu’elles s’ennuient et qu’elles veulent passer le temps. Là aussi, on va apprendre beaucoup de choses sur le statut des veuves dans cette culture et c’est désespérant, tant il faut respecter toutes les traditions, notamment celle de ne plus avoir de mari, d’amant, de relations avec un homme…

Alors, pour elles, ces cours, ce sera l’occasion de pouvoir libérer leur paroles et parler de leurs fantasmes, de rire un peu, de se décharger de leur fardeaux, devant Nikki, leur jeune professeur, qui n’en reviendra pas. Elle, elle est pendjabie aussi, mais plus libre.

Mon petit bémol sera pour le fait, qu’à un moment donné, les petits récits coquins et érotiques racontés par ces femmes, vont devenir un peu trop présent et que cela va ralentir un peu le rythme du roman. Petit bémol, parce que pour le reste, c’est très agréable à lire, j’ai aimé les différents personnages et en apprendre plus sur cette culture que je ne connaissais pas.

Anybref, c’est frais, c’est amusant, ça ne mange pas de pain, mais c’est instructif, parce que c’est toute une culture, une société, qui va se dévoiler en racontant des histoires érotiques, en parlant de leurs fantasmes, en livrant quelques petits secrets et on va assister à une libération de ces femmes, trop longtemps soumises à un carcan sociétal, familial et cela fait un bien fou.

Une lecture bien agréable, percutante à certains moments et qui m’a fait me sentir bien, d’appartenir à ma culture où je jouis (oh oui) tout de même d’une belle liberté. Hem, pourvu que ça dure, vu ce qui arrive, vu que l’on perd toujours des droits partout et qu’il faut sans cesse les protéger, se battre, gueuler…

PS : il est totalement différent du roman « Les veuves de Malabar Hill », même si les communautés décrites sont semblables (mais pas tout à fait les mêmes). Malgré tout, dans ces romans, j’ai appris beaucoup de choses sur les conditions des femmes dans les sociétés hindoues.

#lemoisanglais2024

  • Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°242].
  • Le Mois Anglais – Juin 2024 (@lemoisanglaisofficiel @lou_myloubook et @plaisirsacultiver) – Fiche N°36