La vague arrêtée : Juan Carlos Méndez Guédez

Titre : La vague arrêtée

Auteur : Juan Carlos Méndez Guédez 🇻🇪
Édition : Métailié Noir (2021)
Édition Originale : La ola detenida (2017)
Traduction : René Solis

Résumé :
Magdalena a quitté le Venezuela pour Madrid, elle est devenue une enquêtrice réputée, tout va bien pour elle, à l’exception d’un amant envahissant et indiscret. On lui propose une nouvelle affaire : un homme politique madrilène lui demande de retrouver sa fille et de la lui ramener, elle aurait été enlevée et retenue à Caracas.

Magdalena est sûre de ses compétences et elle a une arme secrète : des dons que lui a accordés María Lionza, la déesse guerrière vénézuélienne, bref elle est un peu sorcière et a des intuitions salvatrices.

Mais rien ne va se passer comme prévu, sa magie est intermittente et Caracas, la ville la plus dangereuse du monde, a beaucoup changé. De surprise en surprise, nous allons nous plonger dans une ville en crise et être confrontés à sa faune dangereuse.

Un thriller palpitant avec une détective unique en son genre.

Critique :
Mais pourquoi n’ai-je pas lu plus tôt ce roman, moi ? Au moins, il n’a pas pris les poussières plus de trois années, mais tout de même, j’avais un bon roman noir et je ne le savais même pas.

Magdalena Yaracuy vit à Madrid, elle a quitté Caracas (Venezuela) il y a quelques années et voilà qu’elle va devoir y retourner pour tenter de résoudre une affaire de disparition. Begoña de Sotomayor, la fille d’un politicien ultra catho de Madrid, a disparu là-bas.

Et apparemment, comme Dieu est occupé ailleurs, le politicien a demandé de l’aide à Magdalena, qui elle, bosse avec l’aide de María Lionza, une déesse guerrière vénézuélienne. Oui, elle est un peu sorcière à ses heures. Magnifique, j’étais déjà conquise !

Une fois de plus, ceci n’est pas un thriller trépidant qui va à toute berzingue, mais plutôt un roman noir d’ambiance, d’atmosphère et qui va nous montrer l’envers du décor du Venezuela et non celui des cartes postales avec des paysages magnifiques.

L’avantage, c’est que comme dit Magdalena, pas besoin de gratter beaucoup pour arriver aux égouts et à la merde. Pas besoin de plonger pour atteindre les bas-fonds. Encore un pays où je n’ai pas envie de mettre les pieds, même si on me paie le billet.

– Cette ville n’est pas simple. En ce moment, ici, pas besoin de gratter beaucoup pour arriver aux égouts et à la merde. Pas besoin de plonger pour atteindre les bas-fonds. Caracas elle-même est le bas-fond pourri où il faut se boucher le nez et faire semblant de vivre.

Au travers de l’enquête de Magdalena, l’auteur va en profiter pour nous parler du pays, de sa culture, de sa politique, des assassinats, des magouilles, des exécutions, de tous les produits manquants, bref, de tout ce qui gangrène le pays. Et croyez-moi, les problèmes sont légions et nous donnent envie de trouver bien banals ceux de nos pays.

Magdalena est un personnage haut en couleur, qui n’a pas froid aux yeux, qui aime s’envoyer en l’air, qui sait se défendre et qui n’a pas laissé son intelligence dans une consigne de gare.

Non, elle va remonter la piste lentement, mais sûrement, mettant à jour tous les petits détails cachés, toutes les saloperies tapies dans les placards, avant de nous donner la solution, façon poupées gigognes, tant il y avait des ramifications dans cette disparition.

Et puis, Magdalena, c’est aussi une certaine verve, de l’humour, des réparties et son don de voyance, accordé par la déesse María Lionza. Attention, n’allez pas croire que la déesse fasse le job à sa place ou qu’elle lui balance la vision des coordonnées GPS de la fille disparue ! Pas de ça, Lisette, Magdalena, elle bosse à l’ancienne, avec des indics, des renseignements qu’elle achète, elle suit les pistes, remonte les égouts…

– Ah, au fait… regarde si tu peux envoyer quelqu’un ramasser un blessé du côté de l’avenue Andrés Bello. Rien de grave. Une blessure au pied. Je nettoyais mon pistolet quand le coup est parti et un ami a essayé de stopper la balle avec sa chaussure.

Anybref, voilà un roman noir comme je les aime, corsé, serré, noir, sombre, qui met en avant un pays et une ville que je ne connais pas du tout, avec des personnages marquants (même les seconds rôles) et une enquête qui va se révéler bien plus retorse que l’on aurait pu le penser. Et puis, tout n’est pas sombre, il y a aussi de la lumière et ça fait du bien.