Solo – 06 – La fin d’un cercle infini : Óscar Martín

Titres : Solo – 06 – La fin d’un cercle infini

Scénariste : Óscar Martín 🇪🇸
Dessinateur : Óscar Martín

Éditions : Delcourt Contrebande (2023)

Résumés :
Les humains ont décidé de frapper fort. Sans relâche, soldats et mercenaires attaquent et déciment les factions herbivores les plus proches. Alors que le conflit entre espèces se répand, Legatus et son peuple n’ont plus d’autre choix que de prendre position. Vont-ils rejoindre la bataille finale ?

Critique :
Tout comme le tome 4 (Legatus), ce tome est excellent ! Déjà, l’auteur nous a offert un album de plus de 140 pages, ce qui a évité une coupure dans la fin de cet arc narratif.

Cet album reste très écologique, mais aussi hyper violent, car certains veulent arriver à la paix en passant par la guerre : Si vis pacem, para bellum.

Effectivement, si les herbivores veulent être tranquilles et éviter de se faire manger, il leur fait exterminer tous les carnivores, les bouffeurs d’os et autres cannibales de cet endroit. Oui, mais, tous les carnivores ne sont pas à mettre dans le même panier…

Tels les extrémistes de nos sociétés, qui, de tous temps ont prêché le retour à la race pure (ou à ce que tout le monde reste chez soi), ces esprits agités ont fermé leurs oreilles aux autres qui prônaient la modération, l’intégration, l’éducation et de laisser le temps au temps pour que les carnivores et cannibales apprennent un autre régime alimentaire.

Mener bataille et emmener son peuple à la mort, ce n’est pas ce que j’appelle vivre en paix, ni préserver les siens ! On se rend compte que celui qui ressemble à Coco Lapin a peur des autres, peur de l’intégration et que la peur lui fait prendre le pouvoir, les armes et que sans la peur des autres, jamais il ne se serait lancé dans cette guerre.

Une fois de plus, les dessins font mouche, les personnages anthropomorphiques sont très réalistes, autant dans leurs postures, que dans leurs qualités dues à leur race. Les scènes de batailles sont détaillées, tout comme les décors, même si nous sommes dans une partie désertique et les tons pastels allaient à merveilles à cet album.

Anybref, cet un excellent album, qui termine un nouveau cycle et qui le termine de manière brillante, faisant aussi le parallèle avec la série dérivée « Solo – Chemins tracés » que je venais de lire.

L’univers mis en place par l’auteur est assez riche, il l’a approfondi au fur et à mesure et nous a proposé des personnages marquants, ce que soit Solo le rat ou Legatus le chien.

Je suis contente d’avoir découvert cette série et de l’avoir poursuivie, après une longue pause, car elle vaut clairement le détour, pour peu que l’on aime les univers apocalyptique et la violence.

Le jeu de l’ange – Le cimetière des livres oubliés 02 : Carlos Ruiz Zafón

Titre : Le jeu de l’ange – Le cimetière des livres oubliés 02

Auteur : Carlos Ruiz Zafón
Édition : Pocket (04/11/2010)
Édition Originale : El Juego del angel (2008)
Traduction : François Maspero

Résumé :
Dans la turbulente Barcelone des années 1920, David, un jeune écrivain hanté par un amour impossible, reçoit l’offre inespérée d’un mystérieux éditeur : écrire un livre comme il n’en a jamais existé, « une histoire pour laquelle les hommes seraient capables de vivre et de mourir, de tuer et d’être tués », en échange d’une fortune et, peut-être, de beaucoup plus.

Du jour où il accepte ce contrat, une étrange mécanique de destruction se met en place autour de lui, menaçant les êtres qu’il aime le plus au monde.

En moyennant son talent d’écrivain, David aurait-il vendu son âme au diable ?

Critique :
On pourrait rebaptiser ma biblio « le cimetière des livres oubliés », tant elle est remplie de livres qui prennent la poussière depuis des années, oubliés de moi-même, achetés parce que je voulais les lire au plus vite et qui, tels des bonnes bouteilles de vin, ont maturé en étagères de chêne (ou de sapin, plutôt, je dirais même en bois Ik Éa).

Anybref, après 14 ans, il était plus que temps de déboucher cette bouteille et de humer son arôme, tout en espérant qu’elle soit aussi bonne que le précédent cru de cette saga.

Il ne faut pas commencer ce roman en pensant que cela va être un thriller qui roule à du 100 à l’heure, car l’auteur prend le temps de poser ses décors (Barcelone) et ses personnages. Que ce soit David Martín, que nous suivrons, ou la famille qui avaient les honneurs du premier tome, les Sempere, père et fils (on croisait le fils et le petit-fils dans le premier volume).

Ce roman mélange plusieurs genres de manière harmonieuse et c’est pour cela que l’on ne sentira pas le poids des pages de ce pavé (666 pages), mais aussi que l’on se passionnera pour ce récit qui en plus d’avoir un petit côté ésotérique et fantastique, s’attachera aussi au genre gothique et policier, puisque derrière David Martín, il y aura un cortège de personnes assassinées.

C’est aussi un roman faustien, puisque le pacte que David Martín va passer avec cet homme étrange, qu’il surnommera « Le patron » a tout d’un pacte avec le porteur de la lumière, Lucifer en personne. Mais vous n’aurez jamais de certitude, ce sera à vous de décider qui vous croyez : David ou les autres. Tout est suggéré en finesse, rien ne sera révélé. Et tant mieux.

Plusieurs éléments sont là pour accrocher le lecteur : le scénario mystérieux, les personnages sympathiques (ou pas), les atmosphères étranges, mais il y a aussi l’écriture de l’auteur qui nous embarque pour un voyage que l’on n’a pas envie qu’il se termine. Il y a de l’exubérance, dans son écriture. Elle m’a fait penser à celle des feuilletons publiés dans les journaux, avant, et elle allait parfaitement bien à ce genre de roman.

Quant aux dialogues, certains m’ont fait sourire, notamment pour leurs bonnes réparties entre deux personnages, mais aussi les réflexions de certains, comme le patron, entre autre, qui m’ont fait réfléchir, parce que non dénuées de sens. J’en ai surlignées assez bien dans mon édition papier.

Oui, cette lecture fut une réussite, un beau voyage dans une Barcelone des années 1920 à 1935, une lecture remplie de mystères, d’intrigues, de passion, de folie (ou pas) et qui met en avant un pacte faustien (ou pas), le tout servi par une écriture qui m’a emportée, à tel point que j’ai bouffé ce pavé en deux jours, sans même me rendre compte que j’avalais les pages, tant j’étais immergée dedans.

Comme toujours, je me poserai la question : mais pourquoi diable ai-je laissé traîner ce super roman dans mes étagères, alors que j’avais adoré le premier ? Les yeux plus gros que le ventre, sans aucun doute. Là, il va aller retrouver le premier tome dans mes étagères des coups de cœur !

EDIT : le premier volume (L’ombre du vent) se trouve chroniqué ici !