Les enquêtes de Frère Athelstan – 06 – Le Repaire des corbeaux : Paul Doherty

Titre : Les enquêtes de Frère Athelstan – 06 – Le Repaire des corbeaux

Auteur : Paul Doherty
Édition : 10/18 Grands détectives (2003)
Édition Originale : The House Of Crows (1995)
Traduction : Christiane Poussier et Nelly Markovic

Résumé :
En ce printemps 1380, l’heure n’est pas à la facilité pour le coroner de Londres, Sir John Cranston et son fidèle clerc, frère Athelstan.

Tandis que des paroissiens terrifiés prétendent qu’un démon rôde autour de St Erconwald en quête de victimes innocentes, le régent, Jean de Gand, fait appel à eux. Il a besoin d’argent pour poursuivre la guerre en France.

Mais les membres du parlement se montrent particulièrement rétifs – et l’assassinat de quelques représentants du comté de Shrewsbury n’arrange pas sa cause.

Il demande à Cranston de découvrir le criminel sinon il perdra toutes ses chances d’obtenir les taxes requises…

Critique :
Lorsque je suis malade, que je n’ai pas la forme, j’apprécie les lectures réconfort comme un Commissaire Montalbano ou un Frère Athelstan. Ce n’est pas la même chose, certes, mais je suis sûre de passer un bon moment.

J’avais le choix entre le soleil de la Sicile, sa bonne cuisine, la mer où l’on peut nager et le climat maussade de l’Angleterre, sa ville de Londres, en 1380, sa puanteur, le manque d’hygiène total, où l’on ne mange pas bien… Am Stam Gram et c’est Londres qui a été tirée au sort.

Pas grave, il y fait moche, on y pend les voleurs, on y éviscère les complotistes, les procès ne sont pas équitable, les rats sont de sortie, mais j’étais en excellente compagnie avec le frère Athelstan et le coroner Sir John Cranston.

Au programme, nous avons des disparitions de chats, un diable qui se promène dans la paroisse de St Erconwald et qui effraie tout le monde, un soldat de la Tour qui a disparu et des assassinats énigmatiques des représentants du comté de Shrewsbury.

Au parlement, qui n’est pas celui que nous connaissons de nos jours, le régent a rassemblé les communes : il a besoin de fric pour aller faire la guerre et s’enrichir un peu plus.

L’argent, sous le biais de taxes ou d’impôts, sont demandés aux riches (ah, tiens, pas con, ça !), qui, ensuite, les salopards, les récupère sur leurs serfs, leur demandant de travailler plus et de gagner moins (le contraire de la phrase à Sarko). Ben voyons ! Faut pas s’gêner !

Comme toujours, « C’est todi li p’tit qu’on spotche » (c’est toujours le plus petit que l’on écrase). Hélas, le plus pauvre, lui, il ne sait se retourner sur personne. Il bosse fort, il ferme sa gueule et surtout, il ne l’ouvre pas. Bizarrement, il y a un air de déjà vu…

Aux armes, les damnés de la terre. Ah, pardon, on me signale que le syndicalisme et le socialisme ne sont pas encore né. Anybref, le climat est plus tendu que la tcholle à Sifredi quand il tourne dans un film X. Les paysans voudraient vendre le fruit de leurs terres et ça grogne sur le régent qui pompe l’argent à tout va.

Ce que j’apprécie, dans les enquêtes de notre duo, c’est justement leur duo ! Entre Athelstan, effacé, homme de Dieu, sobre comme un moineau, intelligent et le coroner Cranston, grande gueule, assoiffé perpétuel, grand buveur, affamé non stop, gros, gras et aussi délicat qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine, ça marche à fond !

Une sorte de Sherlock Holmes, version robe de bure et un Watson version Depardieu hurlant qu’on lui apporte à boire. Détonnant, oui, mais un duo équilibré, qui s’apprécie, qui se respecte et qui se fait confiance.

L’époque troublé de 1380 est bien représentée aussi, sans pour autant que cela pèse sur le récit. La ville de Londres, sa crasse, ses miasmes, sa puanteur, ses déchets à l’air libre, tout ça est bien présent aussi et fait de la ville un personnage à part entière.

Les mœurs de l’époque sont présentes aussi, ce qui vous fait une immersion totale, les odeurs en moins (merci !). Le tout est parfaitement intégré au récit, ce qui en fait un ensemble homogène, équilibré.

Dans les romans, il y a toujours une enquête plus importante, plus longue, celle qui ne trouve sa résolution qu’à la fin, et des enquêtes, plus petites, qui semblent moins importantes, et que notre duo résout sur le côté, durant leurs pérégrinations.

Avant Athelstan, j’avais compris qui était le diable, j’avais résolu la disparition du soldat de la Tour, mais j’étais bien incapable de comprendre la disparition soudaine des chats, pourtant, les indices étaient bien là et je n’avais pas su les lire, comme je l’avais fait pour le diable et le disparu.

Pour les meurtres des représentants de Shrewsbury (un p’tit coucou à mon autre moine préféré, frère Cadfaël, pas à la même époque), je fus aveugle totalement et lorsque le coupable est révélé, j’en suis tombée de ma chaise. Excellent !

Une fois de plus, ce sixième opus des enquêtes de frère Athelstan est une réussite à tous les points de vue et il m’a remonté le moral.

Maintenant que j’ai passé un agréable moment en compagnie de mon duo de choc, à respirer l’horrible puanteur de la ville de Londres, à grogner devant les conditions de travail des pauvres gens, tandis que les nantis pètent dans la soie, je m’en vais aller soigner mon mal de gorge au soleil de Sicile et aller me faire exploser le ventre en mangeant avec le commissaire Montalbano !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°200].