Frère Athelstan – 11 – La pierre de sang : Paul C. Doherty

Titre : Frère Athelstan – 11 – La pierre de sang

Auteur : Paul C. Doherty
Édition : 10/18 Grands détectives (2013)
Édition Originale : Bloodstone (2011)
Traduction : Christiane Poussier et Nelly Markovic

Résumé :
Décembre, 1380. Lorsque le cadavre de Sir Robert Kilverby est découvert dans une pièce fermée à clé, Frère Athelstan est appelé pour aider le coroner du roi dans son enquête.

Car Sir Robert avait en sa possession une relique inestimable, une pierre de sang sacrée, qui a maintenant disparu. Sir Robert est-il mort d’une cause naturelle ou a-t-il été assassiné ?

Athelstan se montre sceptique vis-à-vis des rumeurs de malédiction qui plane sur Sir Robert, mais quand il découvre qu’un deuxième soldat a été horriblement assassiné dans la même nuit, les rumeurs ne semblent plus si farfelues…

Critique :
Pour terminer mes lectures 2023 en beauté, j’ai décidé d’aller faire un tour dans les ruelles puantes de Londres, avec mes deux vieux copains que sont le coroner du roi, John Cranston et son ami, Frère Athelstan.

Cette fois-ci, nous avons fait moins de tavernes que d’habitude, Cranston a moins bu et fait moins de sieste… Serait-il malade ? Que nenni, juste que nous n’avons pas eu le temps de prendre du bon temps, vu tous les meurtres qui ont eu lieu en 380 pages.

Dans cette enquête, nos deux amis vont marcher sur des œufs, car, une fois de plus, le régent, le terrible Jean de Gand, leur met la pression. Une relique a disparue et il faut la retrouver au plus vite.

La relique est le Passio Christi formé, selon la légende, par le sang et la sueur du Christ. C’est un rubis énorme qui vaut du fric, mais surtout, l’excommunication à celui ou celle qui le déroberait. De nos jours, ça fait rire, mais en 1380, personne ne rigole et tout le monde croise les doigts qu’on la retrouve.

Ce polar historique est fort détaillé en vie et mœurs de l’époque, ce n’est donc pas à lire si vous être à la recherche de course-poursuites à cheval ou de rythme endiablé. Athelstan prend son temps, même s’il a la pression du régent gérant le royaume.

On pourrait trouver des longueurs dans les récits de l’auteur, pour moi, il n’en est rien, j’apprécie toujours en apprendre un peu plus sur cette époque à laquelle je n’ai absolument pas envie de vivre et je trouve que cela immerge plus facilement les lecteurs dans l’époque, dans ses odeurs, ses habitants et leur mode de vie.

De plus, l’auteur n’est jamais lourd, toutes ces infos sont diluées dans le récit et je n’ai jamais l’impression de recevoir un cours magistral sur le Londres des années 1380. L’univers est riche et on sent que l’auteur connaît son sujet, sait de quoi il parle.

Pas de folies non plus dans les explications finales, tout est clair, logique, réaliste, sans chichis, mais au moins, ce n’est pas tarabiscoté ou capillotracté. Bref, ce que j’aime (même si j’adore les romans d’Agatha Christie et ses résolutions qui m’ont toujours troué le cul).

C’était une bonne pioche pour terminer l’année, en douceur (tout est relatif, vu les nombreuses morts), en beauté (relative aussi, avec les pendaisons, les odeurs, la misère, les gens qui grognent), avec deux vieux amis que je connais bien, maintenant, et que je retrouverai au cours de l’année qui vient, parce que décidemment, ces romans sont des petites douceurs, des gourmandises à lire sans prise de tête.

Une fin d’année réussie, coincée que j’étais entre un Athelstan et un Montalbano (pour la bouffe, préférez le commissaire Montalbano)…

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°092].

Frère Athelstan – 10 – La Taverne aux oubliés : Paul Doherty / Paul Harding

Titre : Frère Athelstan – 10 – La Taverne aux oubliés

Auteur : Paul Doherty / Paul Harding
Édition : 10/18 Grands détectives (2007)
Édition Originale : The House of Shadows (2003)
Traduction : Christiane Poussier et Nelly Markovic

Résumé :
Au coeur du quartier le plus mal famé de Londres où officie tant bien que mal frère Athelstan, « La Nuit de Jérusalem » est une taverne où escrocs, tire-laine, gueuses et fiers-à-bras aiment à se retrouver pour festoyer.

Mais lorsque trois meurtres sont commis au beau milieu de la grande chasse aux rats annuelle, l’endroit devient soudain beaucoup moins attirant ! Les victimes : un pauvre hère pris pour un autre et deux prostituées.

Or, les jeunes femmes étaient les filles de Guinevere la blonde, célèbre catin disparue vingt ans auparavant dans des conditions mystérieuses…

S’il veut retrouver la quiétude de son église de St Erconwald, frère Athelstan, secrétaire du coroner de Londres, devra plonger dans le passé et faire face à des secrets bien gardés…

Critique :
« The House of Shadows » (titre en V.O) n’a rien à voir avec la chanson « The House of Rising Sun » (The Animals), parce que la première est une taverne où tous les escrocs de Londres se retrouve pour ripailler, tandis que la seconde était une maison de jeux.

Malgré tout, toutes les deux sont des maisons de perdition. Et dans la taverne « La Nuit de Jérusalem » (The House of Shadows), il va y avoir des meurtres : un rouquin, deux prostituées et ensuite, plusieurs autres. Oui, on meurt beaucoup !

La bouffe n’est pas en cause, les boissons non plus. Par contre, les épées, poignards, pièges à loup, seront cités à comparaître.

Londres, en 1380, était mal famée, sale, puante, malodorante, remplie de gens louches, de voleurs, d’assassins, de tire-laine et j’en passe. La parcourir, en compagnie de Frère Athelstan et du coroner Sir John Cranston, n’est jamais une partie de plaisir, même si j’aime les retrouver régulièrement. Heureusement, les livres ne sont pas en odorama. Et puis, du fond de mon fauteuil, je ne risque pas grand-chose…

On ne lira pas cette série pour avoir des polars historiques rythmés, mais pour le côté historique bien rendu, pour l’immersion dans la ville Londres plus vraie que nature et pour le côté politique qui règne en cette époque (sans que cela soit trop prégnant).

L’auteur connait son Histoire sur le bout des doigts et sait comment la mettre en scène à l’aide de petits détails qui vous plongeront dans le grand bain : nourriture, lexique de l’époque (mais on comprend tout), habillement, décors, personnages secondaires ou ceux qui ne font que passer, prisons, justice, exécutions, religion, mœurs,…

Sans jamais devenir lourd, l’auteur incorpore ces ingrédients dans son récit et cela donne un plat bien cuisiné, bien équilibré. Aucun ingrédient ne prend le pas sur les autres.

Pour la résolution des meurtres, une fois encore, notre frère Athelstan va faire fonctionner ses petites cellules grises, faire des déductions, ne digne fils qu’il est de Poirot, Holmes et Columbo (oui, ils s’y sont mis à plusieurs).

Attention, il est à noter que le frère Athelstan est vêtu de la bure des Dominicains, pas d’un imper froissé ou d’un costume de Savile Row.

D’habitude, dans les romans, il y a trois enquêtes, dont une qui semble être minime, mais qui ne l’est jamais. On change un peu dans ce dixième tome, puisqu’on a un cold case et des meurtres tout frais, mais pas de petits mystères sur le côté.

Mon flair était aux abonnés absents, car je n’ai pas trouvé la personne coupable, ni le truc dans l’astuce, ou l’astuce dans le truc. Sur le coup, je me suis bien faite balader et j’ai ouvert grand ma bouche à la fin. Bien joué !

Une fois de plus, un polar historique agréable à lire, une plongée totale dans le Londres de 1380, un duo qui marche du tonnerre, des petites répliques amusantes, des morts qui se ramassent à la pelle et un récit qui se lit avec plaisir et qui vous transporte dans le temps.

#lemoisanglais

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°235] et Le Mois Anglais, chez Lou et Titine – Saison 12 – Juin 2023 [Fiche N°37].

Frère Athelstan – 09 – L’auberge du Paradis : Paul C. Doherty

Titre : Frère Athelstan – 09 – L’auberge du Paradis

Auteur : Paul C. Doherty
Édition : 10/18 – Grands détectives (2006)
Édition Originale : The Field Of Blood (1999)
Traduction : Christiane Poussier et Nelly Markovic

Résumé :
À l’automne 1380, frère Athelstan espérait enfin pouvoir se consacrer à ses turbulents paroissiens de Southwark, mais sa fonction de secrétaire du coroner de Londres, sir John Cranston, l’oblige bien malgré lui à se plonger dans une nouvelle et ténébreuse affaire.

Trois corps dont celui d’un messager royal sont découverts dans une bâtisse en ruine. Le même jour, une jeune prostituée accuse son ancienne patronne, dame Kathryn Vestler, d’avoir commis plusieurs assassinats.

Avec sa virtuosité coutumière, Paul Harding nous entraîne, au cœur d’un Londres flamboyant et inquiétant, sur les pas de ses deux héros dans une aventure où les cadavres foisonnent, l’amour fait des siennes et un trésor suscite toutes les convoitises…

Critique :
Malgré la crasse et l’insalubrité des ruelles, des auberges, des tavernes, c’est toujours avec plaisir que je trouve frère Athelstan et le coroner Sir John Cranston, pour enquêter sur des meurtres mystérieux ou des petites énigmes qui semblent banales, au départ, mais qui se révèlent souvent plus profondes qu’il n’y paraissait.

Comme d’habitude, dans ce neuvième tome, nous nous trouvons face à trois affaires à résoudre : trois corps retrouvés dans une maison en ruine, plusieurs corps retrouvés enterrés dans un champ et deux jeunes amoureux qui ne peuvent se marier en raison de la parenté de leurs aïeules.

Pour une fois, la plus petite des énigmes ne cachait pas de profondeur insoupçonnée, elle était simple, sans être simpliste et il faudra aussi un coup de pouce du destin pour aider Athelstan dans cette tâche difficile puisque son prédécesseur a liquidé les registres paroissiaux.

Les deux plus grosses enquêtes, avec les meurtres, seront moins faciles à résoudre. Pourtant, Athelstan doit le faire, sinon, une femme sera pendue et pour l’autre, sa paroisse devra payer une amende faramineuse, puisque l’un des assassinés est un messager royal (selon la loi de l’époque, le village où l’on découvre le corps est frappé d’une lourde amende, à moins qu’on n’arrête le meurtrier). Inique, comme loi.

— Vous connaissez la loi, reprit-il. À moins que cette paroisse ne livre le meurtrier, tout le monde ici paiera une amende sur la moitié de ses biens. Les juges du roi, ajouta-t-il après avoir, d’un geste, apaisé la clameur grandissante, siègent au Guildhall. Je suis sûr qu’un édit sera émis. La taxe serait fort lourde.

Athelstan n’a pas beaucoup d’éléments pour résoudre toutes ces enquêtes, mais il est rempli de sagacité et bien souvent, un détail, viendra l’éclairer. Parfois, c’est le hasard qui lui fait voir ce détail, qui le met sur la piste. Malgré tout, il possède de petites cellules grises qui fonctionnent très bien.

Son duo improbable avec le ventripotent et soiffard coroner marche du tonnerre, parce qu’ils ont beau être diamétralement opposé de caractère et de méthode de vie, tous les deux cherchent à rendre justice, à emprisonner les coupables et laisser les innocents hors des prisons.

Non, on ne révolutionne pas le polar, les véritables coupables ne sont pas vraiment une surprise, je les avais repéré de suite et soupçonné, mais le tout était de prouver qu’ils étaient coupables et là, c’est moins facile. Heureusement que Athelstan a la ruse du serpent…

Un polar historique qui se lit tranquillement, sans se prendre la tête, mais qui fait du bien au moral, car, une fois de plus, je retrouve des vieux copains et on a éclusé quelques chopes de bières ensemble.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°151], Le Mois du Polar, chez Sharon – Février 2023 (N°34) et le Challenge British Mysteries 2023 chez Lou et Hilde – De janvier à mars (N°08).

Absolution par le Meurtre – Soeur Fidelma 01 : Peter Tremayne [Par Dame Ida, Pseudo-Historienne à seize heures]

Titre : Absolution par le Meurtre – Soeur Fidelma 01

Auteur : Peter Tremayne
Édition : 10/18 Grands détectives (2004 / 2011)
Édition Originale : Absolution by Murder
Traduction : Cécile Leclère

Résumé :
En l’an de grâce 664, tandis que les membres du haut clergé débattent en l’abbaye de Streoneshalh des mérites opposés des Églises romaine et celtique, les esprits s’échauffent.

C’est dans ce climat menaçant qu’une abbesse irlandaise est retrouvée assassinée.

Amie de la victime sœur Fidelma de Kildare va mettre tout sur talent et son obstination à débusquer le coupable. Jeune femme libre et volontaire, Fidelma n’est pas une religieuse tout à fait comme les autres…

Avocate irlandaise célèbre dans tous les royaumes saxons, elle sillonne l’Europe pour résoudre les énigmes les plus obscures en compagnie du moine Eadulf.

Dans cette première enquête, leur collaboration sera mise à rude épreuve tandis que les meurtres se multiplient à l’abbaye.

L’avis de Dame Ida :
Absolution par le Meurtre est un roman policier historique dont le personnage principal deviendra un personnage récurrent repris par l’auteur.

Sœur Fidelma de Kildare, éminente juriste de son époque est en outre douée d’un véritable talent pour résoudre les énigmes ; talent qui sera mis à l’œuvre pour retrouver l’assassin de l’Abbesse Etain trouvée assassinée au moment où débute une rencontre entre les différents courants du christianisme se développant sur les îles de ce qui deviendra plus tard le Royaume Uni.

Et oui, nous sommes au VIIe siècle. Le Royaume-Uni est loin d’être unifié, que ce soit d’un point de vue politique comme du point de vue religieux.

Il est composé d’une infinité de petits royaumes de cultures différentes et où le statut de la femme varie de manière étonnante, et le catholicisme romain est encore loin d’avoir la main mise sur le pays évangélisé par Saint Colomban (ou Colombus en latin), dont la légende veut qu’il soit le premier témoin des apparitions du monstre du Loch Ness… En effet, des églises locales se réclament de l’enseignement de ce saint qui différerait de celui de Rome.

Nous découvrons que si certains moines ou ascètes ont fait le choix de suivre la recommandation de Saint Paul et de rester célibataires et chastes, il ne s’agit pas encore d’une obligation pour les religieux qui peuvent vivre en couvant mixtes, et où les prêtres et les évêques peuvent se marier. Mais évidemment…

Être évêque ou abbesse à la tête d’une riche et influente communauté reste tout de même un privilège des personnes issues de la caste aristocratique.

Note de Dame Ida : En réalité l’obligation du célibat dans le clergé ne se mettra en place qu’entre le XIe et le XIIe siècle… Pour des questions économiques : le Vatican ne voulant pas entretenir les veuves et orphelins laissés par les prêtres, et au passage, rester le seul héritier de ce qu’ils laissaient. Et le mariage ne deviendra un sacrement de l’Eglise Catholique au XIIe siècle également !

Anybref, ce roman comportait un grand nombre d’ingrédients pour me faire kiffer grave la race de ma mémère :

De l’histoire et qui plus est de l’histoire religieuse (on ne se remet pas comme ça d’avoir été première en catéchisme en étant petite), des meurtres, une enquête… Un peu d’amour… Un contexte faisant évidemment penser, peut-être un peu trop, au fabuleux roman d’Umberto Ecco, le « Nom de la Rose »…

Ou aux enquêtes d’un autre moine anglais, Frère Athelstan, célèbre sur ce blog… Et qui pourrait être son grand frère spirituel pour ne pas dire son inspirateur (il est apparu en 1991 et elle en 2004), bien qu’il ait vécu cinq siècles plus tard.

Mais la magie n’a pas opéré sur moi malgré mes attentes.

Pourquoi ? Ah… Oui bonne question… Il faut que je me la pose, que j’analyse et que j’argumente.

Le haut moyen âge anglais est une période que je ne connaissais pas du tout. Aussi, bien que curieuse, je me suis retrouvée totalement perdue car sans références. Je devais compter intégralement sur l’auteur pour me guider. Pourquoi pas ? Après tout je ne demandais qu’à apprendre !

Mais voilà… Le roman est plutôt court. Beaucoup trop court en comparaison à son ambition de nous faire découvrir la face cachée de la lune. D’autant que le haut moyen âge anglais est une période éminemment complexe sur le plan religieux et politique, le pays étant divisé en de multiples petits royaumes plus ou moins antagonistes en fonction des périodes et ayant chacun leurs mœurs et où le paganisme cohabite encore avec le christianisme.

Entre les Saxons, les Pictes, les Irlandais, les celtes, les habitants des « Angles », et j’en oublie… Cela fait énormément d’informations à enregistrer et à intégrer.

Or quand elles tombent toutes en même temps comme une avalanche dès les premières dizaines pages (mention spéciale pour le passage où Fidelma se fait présenter TOUS les personnages forts nombreux présents pour le débat théologique qui s’annonce), un cerveau moyen est vite saturé.

L’auteur semble oublier ici, dans sa hâte de nous en dire le plus possible en un minimum de temps, que le lecteur n’est pas nécessairement historien et n’aborde pas son roman comme un livre de référence historique.

Et oui, le lecteur moyen qui ouvre un roman est d’abord là pour se distraire, même s’il n’est pas allergique quant à la perspective d’apprendre des choses.

Tout est question de dosage et d’équilibre dans un roman historique, et là pour un roman de moins de deux cents pages, allier action et une période aussi complexe de l’histoire relevait de la gageure.

Outre l’avalanche de données historiques, celles-ci étaient souvent amenées avec maladresse. Quand on rajoute tout un tas d’explications historiques dans les dialogues, ça peut rapidement avoir un aspect très artificiel soulignant que ledit dialogue n’a pas pour fonction de faire progresser l’action, mais de déployer les éléments culturels de contexte.

C’est un défaut que je repère assez souvent dans les premières pages de certains romans où les premiers dialogues sont là pour planter le décor, mais cherchent à en dire trop pour que cela puisse garder l’aspect d’un vrai dialogue naturel.

Cette maladresse est sans conteste liée à la petite taille du roman, et à certains moments les explications académiques qui nous sont exposées viennent briser le rythme de l’action et créer des longueurs m’amenant à me demander quelle place il restera à la résolution de l’intrigue.

Toutes ces informations auraient nécessité d’être davantage délayées dans l’action, de manière subtile pour ne pas assommer le lecteur. Mais pour ce faire, il aurait alors fallu que le roman soit plus long. Je doute que le « Nom de la Rose » ait été aussi plaisant à lire s’il avait été plus court.

En outre, que de personnages ! Ils sont fort nombreux ! Et si on ajoute toutes les informations historiques, religieuses, aux nombre de personnages à mémoriser là, c’est vraiment trop pour une mémoire déjà saturée.

D’autant que tous ces personnages ont des noms au sonorités barbares, exotiques ou originales, bien éloignées de nos habitudes, ce qui rend la mémorisation encore plus compliquée. Parfois j’étais complètement perdue et j’avais l’impression de lire un ouvrage de fantasy de l’ère hyperboréenne !

Et je passe sur les liens d’alliances, d’inimitiés ou familiaux complexes (les familles recomposées n’ont pas attendu le XXe siècle pour apparaître en Occident !!!) entre tous ces personnages qui sont évidemment à assimiler si l’on veut pouvoir comprendre les éventuels mobiles du meurtrier.

Effectivement, un meurtre a toujours un mobile… et débusquer tous les motifs pour lesquels on aurait pu vouloir la mort des victimes, et les liens possibles entre ces mobiles, c’est une nécessité incontournable de l’enquête.

Aussi le lecteur doit alors essayer de tous enregistrer… ou y renoncer et donc… renoncer à participer à l’enquête en essayant de devancer la sagacité de l’héroïne. Il est pourtant là le plaisir de la plupart des lecteurs de polars, non ?

Quand tout cela vous tombe sur la tronche en quelques dizaines de pages c’est tout de même beaucoup et une telle densité n’est pas forcément très heureuse.

Moi, ça m’a réduite d’emblée à une position passive et de renoncement à tout comprendre ou à essayer de mener l’enquête aux côtés de Fidelma. Je l’ai suivie passivement… En spectatrice peu certaine de comprendre ce qu’elle lisait. C’est une posture qui m’a été assez peu agréable, peu stimulante. Et comme j’ai tendance à m’endormir facilement quand je lis, j’avoue avoir régulièrement piqué du nez.

Par ailleurs, je suis parfois assez perplexe avec certaines approximations utilisées par les auteurs ou les traducteurs quand les romans sur fond historique.

La vulgarisation auprès du grand public encourage assez ce phénomène qui m’avait heurtée il y a quelques années quand dans un livre de Christian Jacq sur l’époque pharaonique j’ai lu qu’il faisait « prendre leur douche » à ses personnages là où un bain ou une toilette aurait été plus compréhensibles, ou faisait intervenir une « gynécologue » là où un médecin ou une sage-femme aurait été moins anachroniques.

Là, je ne sais trop quoi penser de la fonction « d’avocate » attribuée à Sœur Fidelma. Le mot « lawyer » en anglais peut se traduire de différentes manières, et dans le cas présent, le terme de « juriste » m’eut paru plus indiqué car le mot « avocat » peut nous renvoyer à des représentations très différentes de ce à quoi peut correspondre le parcours de Fidelma dans son contexte historique particulier.

La profession d’avocat ne s’est développée sous la forme que nous lui connaissons en France qu’aux alentours du XIIIe siècle… Peut-être existaient ils ailleurs avant ? Mais certainement pas tout à fait comme nous les voyons aujourd’hui.

Et quand on nous parlera du « divorce » d’un roi chrétien, on pourra être interloqués si nous restons sur l’idée que l’Eglise ne reconnaît pas le divorce. Le terme de « répudiation » (séparation demandée par le mari, et validé par les autorités) n’aurait-il pas été plus judicieux que le divorce (prononcé par une autorité tierce, extérieure au couple) ?

Alors oui, quand on sait qu’alors le mariage n’était pas encore un sacrement chrétien à l’époque, mais un simple arrangement financier entre familles, peut être comprend-on mieux… Mais ça n’est pas expliqué.

En fait tout au long du roman j’aurais l’impression que l’auteur soit va trop loin dans ses explications (trop lourdes ou maladroites au moment où il les donne), ou alors qu’il n’en donne pas assez pour que je puisse comprendre clairement de quoi il parle.

Sans oublier les mots moyenâgeux en langues anciennes locales, liés aux fonctions ou statuts parfois non expliqué, ou insuffisamment expliqués…

Je ne saurai trop à qui attribuer ces approximations (à l’auteur ? à la traductrice ?), mais quoi qu’il en soit, le résultat est que j’imagine que d’autres approximations ont pu m’échapper étant donné que je ne connais rien à cette époque particulière, et que je peux avoir été induite en erreur dans les subtilités de ce qui me sera expliqué sur le contexte historique.

De fait, je ne suis pas sûre de ce que je croirai avoir appris de ma lecture et n’en serait pas franchement satisfaite pour l’édification de ma culture générale. Et ça c’est un peu décevant.

L’intrigue est honorable mais n’a pu que souffrir dans son développement des défauts inhérents au trop faible nombre de pages et au déséquilibre entre son traitement et la présentation du contexte historique.

En outre, je me demande même si l’héroïne est si sympathique que cela. Elle est parfois un brin pète-sec et limite imbue d’elle-même face à certains personnages à qui elle va reprocher la même chose.

Comme elle a beaucoup investi le champ du savoir, la question de savoir qui a le plus grand savoir va revenir sur le tapis à chaque rencontre décisive et j’ai trouvé ça limite pénible. Je sais que c’est dur d’être reconnue en tant que femme de tête et encore plus à cette époque…

Mais les concours de quéquettes qui m’ennuient déjà quand ils opposent des hommes, me navrent carrément quand ils impliquent aussi des femmes qui acceptent de s’approprier les défauts des hommes. Mais l’auteur étant un homme, il a peut-être oublié que les femmes et qui plus est quand elles sont instruites, évitent de se vautrer dans leurs travers ?

Bon elle n’a pas que des mauvais côtés évidemment, mais en même temps l’auteur la rend tellement surhumaine que forcément ça n’en est pas totalement crédible parce que… je me sens jalouse.

Ce livre est la première aventure de Sœur Fidelma. Peut-être ne s’agit-il que d’un tour de chauffe et que l’auteur a pu poursuivre son œuvre en s’appesantissant moins sur le contexte ou du moins en équilibrant mieux l’intégration des éléments historiques au développement de l’intrigue ?

Anybref, avant de mettre ma note, je rappelle que celle-ci n’est jamais représentative que du plaisir que j’ai pu prendre (ou pas) à lire un livre, ce qui signifie que quelqu’un d’autre pourrait tout à fait avoir envie de donner une autre note que la mienne en fonction du plaisir qu’il ou elle aura pu y trouver.

Ne vous arrêtez pas à mon avis si le sujet peut vous intéresser. Au contraire, lisez le livre et venez me dire en quoi vous seriez d’accord ou non avec moi.

Mais moi vous l’aurez bien compris… je n’ai pas eu ici le plaisir escompté en me lançant dans cette lecture.

 

Les enquêtes de Frère Athelstan – 08 – La Chambre du diable : Paul C. Doherty

Titre : Les enquêtes de Frère Athelstan – 08 – La Chambre du diable

Auteur : Paul C. Doherty
Édition : 10/18 Grands détectives (2005)
Édition Originale : The Devil’s Domain (1998)
Traduction : Christiane Poussier et Nelly Markovic

Résumé :
En cet été 1380, l’agitation familière des rues de Londres est troublée par l’annonce d’une macabre nouvelle : un prisonnier, capturé en mer quelques jours plus tôt, vient d’être empoisonné dans son cachot de Hawkmere Manor.

L’homme était français, et, pour prévenir les représailles de ses compatriotes, Jean de Gand, le régent de la couronne, décide en hâte de mander sir John Cranston et son fidèle clerc, le frère Athelstan, pour enquêter.

Mais les suspects sont légion et le pire est à craindre… Complots, amours arrangées et vin amer nous plongent au coeur d’un Moyen Âge délicieusement inquiétant.

Critique :
Lorsque j’ai envie d’une chouette lecture, je sais que je peux faire confiance au duo d’enquêteurs mis en scène par Paul Doherty : le frère Athelstan et le coroner du roi, sir John Cranston.

Attention, la série de romans les mettant en scène sont de véritables romans noirs !

Le contexte social est présent, avec les miséreux vivant dans la crasse, la promiscuité, mangeant du pain noir et dur, buvant de l’eau croupie, le tout dans un monde où l’hygiène est absente à tous les étages.

A contrario, les riches et les puissants sont très riches (et très puissants), se moquent bien des petites gens qui crèvent la dalle, passent leur temps à chasser, s’amuser et le régent du royaume, Jean de Gand, n’a pas encore compris que si ses sujets avaient moins l’estomac dans les talons, ils penseraient moins à ourdir des complots ou à se révolter.

L’Angleterre et la France sont à couteaux tirés, les guerres entre les deux pays font rage, avec quelques accalmies de temps en temps. On se bat surtout sur la mer, à coup d’attaques de bateaux, de pillages de leur marchandise ou carrément en mettant à sac des villes, tuant tout ce qui y respire. Ambiance…

Les enquêtes de nos deux compères sont toujours un bon prétexte pour nous donner une petite leçon d’Histoire, nous expliquer les mœurs de l’époque, faire de la politique, de l’espionnage, jouer avec les fausses informations afin de dérouter l’ennemi.

Pas de panique pour les allergiques au genre, le tout est parfaitement intégré au récit, l’auteur réussissant le subtil équilibre entre les données historiques et l’enquête policière. Il sait planter ses décors, installer ses personnages, mettre les ambiances qu’il faut, là où il faut, afin de vous plonger dans un Londres du Moyen-Âge, mieux que si vous y étiez (ouf, pas d’odeurs dans le roman, ni de risque de marcher sur un truc dégueulasse ou de se prendre la vidange d’un pot de chambre sur la tête).

Comme d’habitude, plusieurs enquêtes se croisent dans le roman. La plus importante concernant des meurtres par empoisonnement d’officiers français, des marins prisonniers, attendant que l’on paie leur rançon. Belle énigme, belle utilisation d’un poison que je ne connaissais pas (mais qui m’intéresse fortement, tiens).

À côté, quelques énigmes secondaires, qui, à première vue, ont l’air simple, voire fantaisiste, comme toujours, mais qui ne le sont jamais. Des fantômes dans le cimetière, ça prête à sourire. Détrompez-vous !

Une femme abandonnée qui se donne la mort, c’est bête, surtout pour elle qui risque de finir enterrée à minuit, à un carrefour, mais non, une fois de plus, il y a autre chose de caché derrière tout cela et qui permet à l’auteur de nous montrer une autre facette de l’époque trouble et dangereuse dans laquelle nos deux amis, Athelstan et Cranston, naviguent.

Mon seul bémol sera pour ce qu’il se passait à la fin dans le précédent roman (Le jeu de l’assassin) : un personnage important recevait l’ordre de déplacement, un ordre qui ne souffrait d’aucun retard. Notre compère faisait ses bagages, quittait l’endroit où il vivait. Suspense terrible. Ben non, au début de ce nouvel opus, il est de nouveau dans ses quartiers, un contre-ordre étant intervenu, lui faisant faire demi-tour avant même que l’on remarque son départ. Heu, un peu facile, non ?

Ce mini bémol n’en est un que parce qu’il donne l’impression que l’auteur a fait du suspense pour rien…

Une fois de plus, la série « Athelstan/Cranston » ne m’a pas déçue, me proposant une belle enquête, avec recherche des indices et travail des petites cellules grises. Je n’avais pas trouvé le modus operandi des meurtres… En tout cas, il me plaît bien (sourire carnassier), ce modus operandi…

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°012].

Les enquêtes de Frère Athelstan – 07 – Le Jeu de l’assassin : Paul Doherty

Titre : Les enquêtes de Frère Athelstan – 07 – Le Jeu de l’assassin

Auteur : Paul Doherty
Édition : 10/18 Grands détectives (2004)
Édition Originale : The Assassin’s Riddle (1996)
Traduction : Christiane Poussier et Nelly Markovic

Résumé :
En 1380, les morts brutales et soudaines ne sont pas rares dans les ruelles sordides de Londres.

Aussi, personne ne s’émeut lorsque l’on repêche dans la Tamise le corps d’Edwin Chapler, clerc de la chancellerie de la Cire verte. Le jeune homme s’est noyé après avoir été assommé d’un violent coup sur la nuque.

Mais, peu après, on découvre Bartholomew Drayton, usurier et prêteur sur gages, gisant dans sa chambre forte, un carreau d’arbalète fiché dans la poitrine…

Les deux meurtres auraient-ils un rapport ? Sir John Cranston, coroner de la ville de Londres, et frère Athelstan sont chargés de l’enquête.

Critique :
Un usurier est retrouvé mort, assassiné, dans sa chambre forte, ce qui en fait un meurtre en chambre close.

D’un autre côté, un clerc de la chancellerie de la Cire verte est assassiné et son corps jeté dans la Tamise.

Pour ceux et celles qui ne savent pas, pour quitter l’Angleterre, il fallait obtenir un visa, un sceau sur un papier. L’ancêtre du passeport, en quelque sorte.

On pourrait croire que des gens sont mécontents des services de la chancellerie, car ses employés vont tomber comme des mouches, assassinés par un mystérieux jouvenceau.

Comme d’habitude, Sir John Cranston et le frère Athelstan vont se retrouver face à trois énigmes à résoudre : celle de la chambre close, celle des meurtres de la chancellerie de la Cire verte et d’un Christ en croix qui pleure des larmes de sang, provocant l’émoi chez les paroissiens de Athelstan, ainsi qu’ailleurs. C’est un miracle, Salomon, un vrai miracle !

Les trois affaires s’emboitent parfaitement l’une dans l’autre et c’est toujours un plaisir de suivre les pérégrinations de nos deux hommes, que tout oppose et qui, pourtant, sont amis. Un Sherlock Holmes et un Watson du moyen-âge.

Une fois de plus, le côté historique est présent, sans jamais étouffer le récit, tant l’auteur l’incorpore parfaitement bien à son enquête. L’écriture est simple, sans être simpliste et les dialogues entre le coroner et le frère sont des petits bonbons à déguster sans modération.

Le régent est une fois de plus intransigeant avec nos deux enquêteurs, vu qu’il faut retrouver le magot qui se trouvait dans la chambre forte et qui a été volé. Ah, ces foutues têtes couronnées !

Frère Athelstan va encore avoir fort à faire pour démêler cet écheveau, tout en cherchant comment prouver que le crucifix miraculeux n’est qu’un faux grossier.

Rien n’est jamais simple dans ces romans, lorsque l’on pense que les ouailles de notre bon frère n’en font qu’à leur tête, dans le but de se mettre de l’argent en poche, on apprend, à la fin, que ce n’était pas aussi manichéen qu’on aurait pu le penser au départ.

Pour une fois, j’ai été plus forte que notre enquêteur en robe de bure… Une remarque innocente d’un protagoniste de l’affaire des clercs assassinés m’a mis la puce à l’oreille et j’ai compris qui était le meurtrier.

Attention, le mobile n’est pas si flagrant que cela, si on n’est pas mis en alerte par cette réflexion innocente, il sera impossible de comprendre avant les explications finale de notre homme de foi. Je vous rassure de suite, cela n’a pas gâché mon plaisir, que du contraire !

Par contre, je ne vais pas trop attendre avant de lire le tome suivant, car celui-ci se terminait sur un cliffhanger du tonnerre de Dieu !

#MoisAnglais2022

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°236] et Le Mois Anglais – Juin 2022 (Chez Titine et My Lou Book).

Les enquêtes de Frère Athelstan – 06 – Le Repaire des corbeaux : Paul Doherty

Titre : Les enquêtes de Frère Athelstan – 06 – Le Repaire des corbeaux

Auteur : Paul Doherty
Édition : 10/18 Grands détectives (2003)
Édition Originale : The House Of Crows (1995)
Traduction : Christiane Poussier et Nelly Markovic

Résumé :
En ce printemps 1380, l’heure n’est pas à la facilité pour le coroner de Londres, Sir John Cranston et son fidèle clerc, frère Athelstan.

Tandis que des paroissiens terrifiés prétendent qu’un démon rôde autour de St Erconwald en quête de victimes innocentes, le régent, Jean de Gand, fait appel à eux. Il a besoin d’argent pour poursuivre la guerre en France.

Mais les membres du parlement se montrent particulièrement rétifs – et l’assassinat de quelques représentants du comté de Shrewsbury n’arrange pas sa cause.

Il demande à Cranston de découvrir le criminel sinon il perdra toutes ses chances d’obtenir les taxes requises…

Critique :
Lorsque je suis malade, que je n’ai pas la forme, j’apprécie les lectures réconfort comme un Commissaire Montalbano ou un Frère Athelstan. Ce n’est pas la même chose, certes, mais je suis sûre de passer un bon moment.

J’avais le choix entre le soleil de la Sicile, sa bonne cuisine, la mer où l’on peut nager et le climat maussade de l’Angleterre, sa ville de Londres, en 1380, sa puanteur, le manque d’hygiène total, où l’on ne mange pas bien… Am Stam Gram et c’est Londres qui a été tirée au sort.

Pas grave, il y fait moche, on y pend les voleurs, on y éviscère les complotistes, les procès ne sont pas équitable, les rats sont de sortie, mais j’étais en excellente compagnie avec le frère Athelstan et le coroner Sir John Cranston.

Au programme, nous avons des disparitions de chats, un diable qui se promène dans la paroisse de St Erconwald et qui effraie tout le monde, un soldat de la Tour qui a disparu et des assassinats énigmatiques des représentants du comté de Shrewsbury.

Au parlement, qui n’est pas celui que nous connaissons de nos jours, le régent a rassemblé les communes : il a besoin de fric pour aller faire la guerre et s’enrichir un peu plus.

L’argent, sous le biais de taxes ou d’impôts, sont demandés aux riches (ah, tiens, pas con, ça !), qui, ensuite, les salopards, les récupère sur leurs serfs, leur demandant de travailler plus et de gagner moins (le contraire de la phrase à Sarko). Ben voyons ! Faut pas s’gêner !

Comme toujours, « C’est todi li p’tit qu’on spotche » (c’est toujours le plus petit que l’on écrase). Hélas, le plus pauvre, lui, il ne sait se retourner sur personne. Il bosse fort, il ferme sa gueule et surtout, il ne l’ouvre pas. Bizarrement, il y a un air de déjà vu…

Aux armes, les damnés de la terre. Ah, pardon, on me signale que le syndicalisme et le socialisme ne sont pas encore né. Anybref, le climat est plus tendu que la tcholle à Sifredi quand il tourne dans un film X. Les paysans voudraient vendre le fruit de leurs terres et ça grogne sur le régent qui pompe l’argent à tout va.

Ce que j’apprécie, dans les enquêtes de notre duo, c’est justement leur duo ! Entre Athelstan, effacé, homme de Dieu, sobre comme un moineau, intelligent et le coroner Cranston, grande gueule, assoiffé perpétuel, grand buveur, affamé non stop, gros, gras et aussi délicat qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine, ça marche à fond !

Une sorte de Sherlock Holmes, version robe de bure et un Watson version Depardieu hurlant qu’on lui apporte à boire. Détonnant, oui, mais un duo équilibré, qui s’apprécie, qui se respecte et qui se fait confiance.

L’époque troublé de 1380 est bien représentée aussi, sans pour autant que cela pèse sur le récit. La ville de Londres, sa crasse, ses miasmes, sa puanteur, ses déchets à l’air libre, tout ça est bien présent aussi et fait de la ville un personnage à part entière.

Les mœurs de l’époque sont présentes aussi, ce qui vous fait une immersion totale, les odeurs en moins (merci !). Le tout est parfaitement intégré au récit, ce qui en fait un ensemble homogène, équilibré.

Dans les romans, il y a toujours une enquête plus importante, plus longue, celle qui ne trouve sa résolution qu’à la fin, et des enquêtes, plus petites, qui semblent moins importantes, et que notre duo résout sur le côté, durant leurs pérégrinations.

Avant Athelstan, j’avais compris qui était le diable, j’avais résolu la disparition du soldat de la Tour, mais j’étais bien incapable de comprendre la disparition soudaine des chats, pourtant, les indices étaient bien là et je n’avais pas su les lire, comme je l’avais fait pour le diable et le disparu.

Pour les meurtres des représentants de Shrewsbury (un p’tit coucou à mon autre moine préféré, frère Cadfaël, pas à la même époque), je fus aveugle totalement et lorsque le coupable est révélé, j’en suis tombée de ma chaise. Excellent !

Une fois de plus, ce sixième opus des enquêtes de frère Athelstan est une réussite à tous les points de vue et il m’a remonté le moral.

Maintenant que j’ai passé un agréable moment en compagnie de mon duo de choc, à respirer l’horrible puanteur de la ville de Londres, à grogner devant les conditions de travail des pauvres gens, tandis que les nantis pètent dans la soie, je m’en vais aller soigner mon mal de gorge au soleil de Sicile et aller me faire exploser le ventre en mangeant avec le commissaire Montalbano !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°200].

Les enquêtes de Frère Athelstan – 04 – La Colère de Dieu : Paul Doherty

Titre : Les enquêtes de Frère Athelstan – 04 – La Colère de Dieu

Auteur : Paul Doherty
Édition : 10/18 Grands détectives (2017)
Édition Originale : The Anger Of God (1993)
Traduction : Nelly Markovic et Christiane Poussier

Résumé :
Automne 1379 : alors que le pouvoir de la Couronne est représenté par Jean de Gand, duc de Lancastre, le royaume est en effervescence.

Les Français investissent les ports du sud du pays et le mécontentement monte dans les campagnes où les paysans fomentent une révolte sous l’égide d’un mystérieux chef qui s’est autoproclamé « Ira Dei », la Colère de Dieu.

Gand s’est engagé à gagner à son parti les grands marchands princes de la capitale, mais ses plans sont mis en échec par une série de meurtres mystérieux et sanglants.

C’est alors que Sir John Cranston, mandaté par Gand pour retrouver une rançon mystérieusement disparue, se tourne vers frère Athelstan.

Critique :
Puisque j’avais enchaîné quelques déceptions littéraires, je me suis tournée vers une valeur sûre : ce bon vieux Frère Athelstan, lui demandant de me guider sur les voies littéraires, qui, comme chacun le sait, sont impénétrables.

Attablée à la taverne avec le coroner du roi, Sir John Cranston, nous avons vidé quelques pichets de clairet et de godale. C’est donc fortement éméchée que je les ai suivi dans leurs différentes enquêtes.

Comme toujours, ouvrir une enquête de Frère Athelstan, c’est faire une plongée violente dans une autre époque, dans un monde d’hommes, de crasse, de puanteur, de misère. Et j’en passe, heureusement qu’en littérature, les odeurs ne passent pas.

Mais c’est aussi entrer dans un polar historique qui fait du bien, revoir des compagnons d’enquêtes qui ne manquent pas de piquant, réviser son Histoire d’Angleterre sans peine et arpenter des ruelles sombres sans prendre grand risque.

L’intérêt de ces romans policiers historiques, c’est qu’ils sont toujours bien écrit, bien mis en page, que les personnages, récurrents ou de passage, ont de l’épaisseur et que, sans en faire trop, l’auteur arrive à nous restituer leurs caractères et leurs motivations.

Une fois de plus, plusieurs mystères se retrouvent dans ces pages : un exorcisme, des membres de suppliciés qui disparaissent dans la nuit, un ami de Sir John Cranston décédé et dont il suspecte l’épouse de l’avoir tué, ainsi que des meurtres qui semblent avoir été commis par un assassin plus qu’habile puisqu’ils ne trouvent pas son modus operandi.

Petit à petit, les mystères satellitaires se résolvent et l’auteur garde le plus important pour la fin. Ce n’est jamais tiré par les cheveux, toujours bien expliqué, pas trop simpliste, sans pour autant vous faire choir de votre séant. En un mot, c’est plus que correct.

Jamais trop long, jamais trop court, les romans ont la bonne taille et ne deviennent jamais ennuyant, ne m’ont jamais fait dormir ou soupirer d’ennui. L’Histoire est incorporée avec intelligence dans le récit et même les plus réfractaires (ou les allergiques), ne risquent pas l’indigestion (ou les boutons).

Sans jamais diluer l’enquête dans des circonlocutions, l’auteur va droit au but, se permettant juste d’ajouter des petits détails de la vie de la paroisse à charge du Frère Athelstan ou de celles dans Londres. Cela ajoute du piment à l’enquête et du cachet historique au roman.

Toujours un plaisir !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°144], Le Mois du polar chez Sharon – Février 2022 [Lecture N°28] et Le Challenge « Le tour du monde en 80 livres chez Bidb » (Angleterre).

 

Ira dei – Tome 4 – Mon nom est Tancrède : Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat

Titre : Ira dei – Tome 4 – Mon nom est Tancrède

Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat

Édition : Dargaud (12/02/2021)

Résumé :
Pour Tancrède, c’est l’heure de tous les dangers. Capturé par Hugues, le voilà entre les mains de Guillaume de Hauteville, le chef des troupes normandes. Celui-ci voit en lui un redoutable soldat dont il aimerait se faire un allié.

Afin d’inciter Tancrède à réveiller son âme guerrière, depuis longtemps en sommeil, Guillaume l’oppose en combat singulier à plusieurs prisonniers, auxquels il promet la liberté en cas de victoire.

« Tu t’apprêtes à faire sortir le diable », lui glisse Étienne, le représentant du pape. Aucun homme ne saura vaincre Tancrède. Même Hugues périra au fil de son épée…

Vivant, Tancrède reste une menace pour l’Église. Pourtant, Étienne décide de lui offrir sa liberté : seul Tancrède est en mesure de l’aider à retrouver sa sœur.

Ce quatrième tome marque la fin du cycle italien. Il confirme les qualités d’une saga qui explore un cadre – la Méditerranée du XIe siècle – peu traité par la bande dessinée et qui allie la rigueur de ses sources historiques à un dessin évoquant autant la poésie de Moebius que la puissance de Jack Kirby.

Critique :
Si dans la chanson, elle voulait revoir sa Normandie, Tancrède, lui, ne veut pas la revoir du tout, ni reprendre son véritable nom de Robert, duc de Normandie.

Guillaume de Hauteville, lui, voudrait bien que Tancrède redevienne Robert, mais ce dernier n’a absolument pas envie d’aller affronter son fils, toutes ces guerres des trônes, ça le fait chier…

Dans ce dernier tome de cette saga (4), nous sommes une fois de plus plongés dans l’Histoire, les guerres, les magouilles politiques, les invasions et les luttes intestines (et pas intestinales).

Étienne (le représentant du pape), de son côté, le tien toujours bien et on ne sait pas trop de quel côté il va tirer. Jusqu’au bout, ce personnage m’aura intriguée, étonnée et là, il va continuer de me trouer le cul, cet Étienne ! Un comble pour un homme d’Église.

Ça magouille de tous les côtés, ça s’embrouille, ça bidouille des complots, l’un joue avec les nouilles de l’autre (restons poli, mais vous voyez de quoi je veux parler).

Bref, dans ce récit, personne n’est tout à fait blanc, ni tout à fait noir, ni vraiment bon ou méchant, tout est nuance de gris, les personnages sont complexes et nous sommes loin du manichéisme affiché dans d’autres bédés.

Les dessins sont dynamiques et les scènes de combats sont bien détaillées : mouvements, expressions… Le découpage de certaines planches ajoute aussi des claques monumentales au lecteur. Là, ça dépote !

Mon bémol sera pour le final qui arrive un peu trop vite, comme un cheveu dans la soupe, laissant un goût d’inachevé, comme si j’avais été plantée au milieu du chemin et que les auteurs foutaient le camp en vacances. L’impression d’être un chien abandonné sur le bord de la route.

Attendez les mecs, c’est tout ? C’est fini ? Tout ça pour en arriver à cette fin un peu bancale ? Tout ce machiavélisme, toutes ces guerres entre les différents seigneurs, entre leurs armées, tout ce suspense, toute cette psychologie et ce travail des personnages pour finir ainsi ?

Ben merde alors… Dommage, car ce final bancal et brutal (je sens l’âme d’une poétesse) casse tout le plaisir de lecture ressenti jusqu’à présent et fout en l’air cette série que j’avais apprécié d’entrée de jeu.

 

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°96] et Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 54 pages).

Légende – Tome 8 – De mains de femmes : Swolfs, Stéphane Collignon et Ange

Titre : Légende – Tome 8 – De mains de femmes

Scénariste : Ange
Dessinateur : Stéphane Collignon

Édition : Soleil (02/12/2020)

Résumé :
Tristan de Halsbourg a disparu… et sa disparition a fait de lui une légende. Une légende qui pèse sur ceux qu’il a laissé derrière lui : sa soeur Ombeline, devenue duchesse, ainsi que son mari, Alexandre de Hauteterre mais aussi sur Judith qui s’est exilée et rejette l’idée d’un compagnon – tant est forte, dans sa mémoire, l’image de celui qu’elle aurait pu aimer.

Critique :
Choses promises, choses dues, je n’ai pas tardé à lire le tome suivant afin de savoir comment tout cela allait se terminer (ou continuer, ce qui est le cas ici).

Ombeline se réveille enfin ! Depuis le temps qu’elle se cachait derrière l’ombre de son frère, derrière sa légende, depuis le temps qu’elle n’éprouvait pour son mari aucun amour, la voici qui vient de se trouver une paire de couilles afin de sauver son royaume.

Comme quoi, certains murmurent peuvent réveiller les jeunes filles qui se pâment au moindre soucis et qui ne savent pas gérer leur duché. Là, elle y va fort. Très, très fort… Elle y laissera des plumes de vertu, mais au moins, elle a sauvé les fesses de ses concitoyens.

On avait bien redémarré dans le tome précédent et celui-ci ajoute un couche de plaisir à la saga qui avait périclité à un moment donné. Là, on renoue avec les bons scénarios, où rien n’est tout à fait noir, ni tout à fait blanc, mais plutôt rouge sanglant.

La guerre du trône fait rage au Danemark et le jeune futur roi va comprendre quel prix il faut payer pour reconquérir la place que l’usurpateur lui avait piqué. Entouré de rouge, le jeune futur roi, est blanc comme neige devant toute cette violence et ces tripes répandues.

Du côté du duché de Halsbourg, c’est aussi des morts qui se ramassent à la pelle et dans la ville voisine, on se demande s’il faut ouvrir le poulailler aux renards, même si on leur jure, la main sur le coeur, qu’il ne sera fait aucun mal aux poules.

Voilà un tome foisonnant de violences, de sang, de guerres, de stratégies, de questionnements, de politique, de trahisons, de fidélité (ou pas). On a de l’action, mais pas que, car il y a aussi toute une réflexion derrière l’histoire.

Toujours les deux récits en alternance, qui s’emboitent l’un dans l’autre sans que cela entrave la lecture. Et puis, dans ce tome, une fois de plus, les femmes sont mises à l’honneur, même si, pour arriver à quelque chose dans leur vie, il leur faut prendre les armes et combattre avec violence.

Le Challenge Animaux du monde 2020 chez Sharon [Lecture N°00] et Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 56 pages).