Beastars – Tomes 01 à 22 : Paru Itagaki

Titre : Beastars – Tomes 01 à 22

Scénariste : Paru Itagaki
Dessinateur : Paru Itagaki

Édition : Ki-oon – Seinen (2019 à 2022)

Résumé :
À l’institut Cherryton, herbivores et carnivores vivent dans une harmonie orchestrée en détail. La consommation de viande est strictement interdite, et les dortoirs sont séparés en fonction des régimes alimentaires. Tout pourrait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes… mais la culture ne peut étouffer tous les instincts. Quand le cadavre de l’alpaga Tem est retrouvé déchiqueté sur le campus, les méfiances ancestrales refont surface !

Legoshi est la cible de toutes les suspicions. Parce qu’il était proche de Tem, parce qu’il est une des dernières personnes à avoir été vues en sa compagnie, et surtout… parce que c’est un loup. Pourtant, sensible et timide, il fait son possible pour réprimer ses instincts. Hélas, ses efforts sont vains face au vent de discrimination qui souffle sur le pensionnat…

Le seul qui pourra apaiser ce climat de terreur est le Beastar, le leader de l’école. Pour l’heure, les candidats se préparent, les élections approchent… Le favori n’est autre que le cerf Louis, étoile incontestée du club de théâtre auquel appartient Legoshi. Bien décidé à remettre les carnivores à leur place, il fait mine de ne pas craindre les crocs acérés du loup gris. Mais peut-être serait-il mieux avisé de ne pas le sous-estimer !

Critique :
Je ne pensais faire de chroniques pour cette série manga et puis j’ai changé d’avis…

Pourquoi ? Parce que cette série est excellente et que tout au long de ses 22 tomes, jamais elle n’a eu une baisse de régime ou des choses moins intéressantes à dire.

C’est par le plus grand des hasards que j’ai acheté le premier tome, notamment à cause du loup sur la couverture. Il avait une bonne tête et le résumé me plaisait bien.

J’ai un faible pour les séries qui utilisent l’anthropomorphisme. Bien souvent, avec des animaux, on arrive à faire passer plus de choses, plus de messages, c’est souvent plus puissant qu’avec des êtres humains (la série « Les 5 Terres » le prouve, elle aussi).

Dans ce monde, après une guerre, les carnis et les herbis vivent en harmonie. En harmonie totale ? Non, pas vraiment. Car un marché noir peuplé d’irréductibles carnis résistent à l’harmonie.

Peut-on lutter contre ce que l’on est vraiment ? Contre ses envies de manger de la viande ? C’est en partie ce que ce manga va explorer, mais pas que…

Comme on ne choisit pas sa couleur de peau, dans ce monde, on ne choisit pas à quel régime alimentaire on va appartenir. Les autorités font tout pour protéger les herbis, plus fragiles, mais aussi les animaux de plus petites tailles, en leur créant, notamment, des couloirs rien que pour eux.

Un éléphant qui marche ne doit pas écraser une souris sur son passage… Les petits herbis sont plus exposés aux accidents que les grands herbis, tels des cerfs.

L’utilisation des animaux était une riche idée pour explorer le racisme, le métissage, l’amitié inter-espèce, ainsi que bien d’autres aspects de nos sociétés. Comme chez nous, ont fait bien sentir aux métis qu’ils n’appartiennent à aucune communauté, et c’est la même chose dans cette série, notamment avec les métissages herbis/carnis.

Je me souviens d’un ancien collègue, d’origine marocaine, qui me disait qu’en Belgique, on lui balançait souvent dans la figure qu’il n’était pas un vrai belge et que lorsqu’il retournait au Maroc, on lui lançait au visage qu’il n’était plus d’ici… Hé, faudrait savoir. Le pauvre n’était nulle part chez lui, alors ? Violent, non ?

L’autre point fort, ce sont les personnages, qui sont profonds, travaillés et qu’ils peuvent se révéler autres que ce que l’on pensait au départ. Ce fut le cas avec Louis, le cerf rouge, avec le gang des lions et même avec Melon, le méchant métis de cette série.

Mieux que ça, on a aussi un autre méchant qui n’aura rien d’un animal qui fait peur et pourtant, c’est un suprémaciste… Dommage qu’on ne l’ait plus croisé ensuite, cela aurait été chouette de développer un peu plus le principe chez les animaux.

Dans cette série, le personnage principal est Legoshi (son nom inspiré de l’acteur hongro-américain Béla Lugosi), un grand loup gris de 17 ans, étudiant à l’institut Cherryton. Il est assez naïf, timide, calme, contrairement à son meilleur ami, Jack, un Labrador. Notre loup, durant la série, va passer d’un grand ado dégingandé à un adulte qui arrivera à se faire des amis de tous bords.

Je vous le dis tout de suite, j’ai été subjuguée par ce grand loup dégingandé, qui au départ, est un peu en retrait. J’ai aimé ses expressions faciales, réalistes avec celles des canidés, ainsi que sa queue qui ne peut s’empêcher de battre dans tous les sens, quand il est content, comme tous ces copains de la chambre 701, tous de la famille des canidés et qui adorent tous courir après la baballe.

Legoshi n’est pas le seul personnage intéressant dans ce manga, j’ai aussi adoré Haru, petit lapin blanc, capable de s’énerver et de piquer des crises. C’est un personnage central et elle aussi, évoluera, comme tous les autres. Et c’est ce que j’ai aimé aussi, dans ce manga : que les personnages ne soient pas figés.

Anybref, je n’ai que du bon et du positif à dire sur cette série, hormis le fait que j’ai tout lu et que je me sens un peu orpheline de toute cette bande qui m’a fait passer d’excellents moments littéraires (ben non, les mangas, ce n’est pas que pour les gosses, comme le pensent certains et certaines de mon entourage), notamment grâce à son scénario élaboré, profond et qui nous renvoyait sans cesse à nos sociétés racistes et xénophobes.

Sans compter que ce manga est allé dans un sens que je ne m’attendais pas, puisque le récit commence par le meurtre d’un herbi (Tem) à l’institut Cherryton, suivi de de suspicions, d’une enquête, avant de partir dans un autre sens et de monter en puissance.

C’est un coup de coeur !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°057].