De force : Karine Giebel

De force - Karine Giébel

Titre : De force

Auteur : Karine Giebel
Édition : Belfond Noir (2016)

Résumé :
Elle ne m’aimait pas. Pourtant, je suis là aujourd’hui. Debout face au cercueil premier prix sur lequel j’ai posé une couronne de fleurs commandée sur internet.

Car moi, j’ai voulu l’aimer. De toutes mes forces. De force. Mais on n’aime pas ainsi. Que m’a-t-elle donné ? Un prénom, un toit et deux repas par jour. Je ne garderai rien, c’est décidé.

A part le livret de famille qui me rappelle que j’ai vu le jour un 15 mai. De mère indigne. Et de père inconnu. Lorsque j’arrive devant la porte de mon ancienne chambre, ma main hésite à tourner la poignée. Je respire longuement avant d’entrer.

En allumant la lumière, je reste bouche bée. Pièce vide, tout a disparu. Il ne reste qu’un tabouret au centre de la pièce. J’essuie mes larmes, je m’approche.

Sur le tabouret, une enveloppe. Sur l’enveloppe, mon prénom écrit en lettres capitales. Deux feuilles. Écrites il y a trois mois. Son testament, ses dernières volontés. Je voulais savoir. Maintenant, je sais.

Et ma douleur n’a plus aucune limite. La haine. Voilà l’héritage qu’elle me laisse.

bodyguard-1992-10-gCritique : 
On commence direct « en force » avec la mort d’une femme dont le narrateur nous présente comme sa mère, sa mère qui ne l’a jamais aimé.

Ça ressemble à du déjà-lu… Comment Karine Giebel va-t-elle réussir à nous présenter une autre histoire, à se renouveler, à me faire vibrer ?

Elle doit avoir de la potion magique dans sa plume parce qu’elle y est arrivée ! Après une entrée en matière qui semble classique, on part ensuite sur tout autre chose : l’agression d’une jeune fille – Maud Reynier – et son sauvetage par un joggeur, Luc Garnier.

Puisque mademoiselle est en danger et que son Saint-Luc est bodyguard, pourquoi ne pas l’engager ? C’est ce que le père de Maud – Armand Reynier – fera. Armand, un homme riche, un respectable (mais craint) chirurgien, un homme caractériel.

Oui, jusque là, ça semble téléphoné et on sent venir un « Bodyguard 2 », sauf que Maud n’a rien d’une Whitney Houston. Ben non, rien à voir avec le film, en fait…

Véritable huis-clos à partir d’un moment dans la maison des Reynier, tensions, mystères… On ne sait plus à quel saint se vouer tant tout le monde pourrait être coupable de trahison ou de double-jeu.

Qui joue avec qui ? Qui n’est pas net dans ses bottes dans cette maison ? La bonne Amanda « Leblanc » ? Le jardinier « Olive » ? Le colonel Moutarde ?

Quels secrets cachent-ils ? Est-ce la belle-mère Charlotte « Rose », la fille Maud « Pervenche », le Luc « Kevin Costner Olive » ou le professeur Reynier « Lenoir » ? Mystèèèèère ! Qui est plus traitre qu’un Judas ? Ou bien est-ce personne…

— Comment vous avez fait pour…
— Pour te retrouver ? Allons, Reynier, réfléchis un instant ! Qui est au courant que tu es ici ?
Armand baisse les yeux, en proie à un terrible doute.
— Alors, qui ? répète le colosse. Luc, Maud et…
— Charlotte, murmure le chirurgien.
— Ta femme, en effet ! Ou bien…ta gouvernante ! A moins que ce ne soit ta propre fille…
Reynier relève les yeux vers le tueur.
— Tu voudrais bien savoir qui t’as trahi, hein ? Mais tu le sauras, ne t’en fais pas.

Véritable thriller psychologique avec un père qui étouffe sa fille; une fille qui voudrait que papa lui lâche la grappe, mais bon, pas de trop quand même; une belle-mère jalouse et un bodyguard qui se demande dans quel bordel il est venu se fourrer…

Tout le monde est suspect, tout le monde a un truc louche à cacher, des secrets, et c’est au fil des pages que tout nous sera révélé avec beaucoup de suspense et de tensions pour le cœur.

Un roman que j’ai dévoré, des personnages peu nombreux mais bien travaillés, un suspense qui monte crescendo, des surprises, de la psychologie, mais je n’ai pas retrouvé la profondeur ou l’émotion d’un « Purgatoire des innocents » ou d’un « Meurtres pour rédemption ».

Malgré tout, j’ai vibré en dévorant ce roman rempli de haine larvée, d’amour étouffant, de relations dominant-dominé, de personnages qui évoluent, en bien ou en mal et de secrets cachés.

J’en suis sortie groggy… Madame Giebel a réussi à ne pas faire du déjà-lu malgré un scénario basique et des situations qui fleurent bon le déjà-vu. La psychologie des personnages et l’impression du huis-clos ont relevé le plat cuisiné mainte et mainte fois.

♫ I Will Always Hate You… ♪

Étoile 4

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2015-2016).