1629 ou l’effrayante histoire des naufragés du Jakarta – 01 – L’apothicaire du diable : Xavier Dorison et Thimothée Montaigne

Titre : 1629 ou l’effrayante histoire des naufragés du Jakarta – 01 – L’apothicaire du diable

Scénariste : Xavier Dorison
Dessinateur : Thimothée Montaigne

Édition : Glénat (16/11/2022)

Résumé :
Inspiré de faits réels, le thriller maritime le plus impitoyable de l’Histoire… 1629, la Compagnie hollandaise des Indes orientales, la plus riche société que l’Histoire ait jamais connue, affrète le Jakarta, fleuron de son immense flotte.

Destination : l’Indonésie. Cargaison : assez d’or et de diamants pour corrompre l’empereur de Sumatra.

À son bord, plus de 300 personnes issues de la misère ou de la fine fleur des bas-fonds d’Amsterdam. Point commun, aucun d’eux n’aurait jamais mis les pieds à bord de cet enfer flottant s’il n’était désespéré.

Attisée par l’or et la violence des officiers, la tentation d’une mutinerie grandit, faisant du Jakarta un véritable baril de poudre. Un homme est prêt à allumer la mèche pour nourrir sa cupidité autant que ses rêves de grandeur : Jéronimus Cornélius.

Apothicaire ruiné, recherché par l’Inquisition, il est le numéro deux à bord. Cultivé, intelligent, charismatique, rien ni personne ne semble en mesure d’empêcher son funeste projet de massacre et de prise du pouvoir sur le navire…

Critique :
Depuis Renaud, tout le monde le sait : ♫ C’est pas l’homme qui prend la mer, c’est la mer qui prend l’homme ♪ et que ♪ La mer c’est dégueulasse, Les poissons baisent dedans ! ♫

Dans ce magnifique album à la couverture dorée qui attire l’œil, ce ne sera pas de la plaisance, que du contraire.

Dès le vent soufflera, le Jakarta partira… Merde, c’est cette nuit, faut pas traîner !

La VOC, la Compagnie hollandaise des Indes orientales (Vereenigde Oostindische Compagnie) veut qu’il batte tous les records de voyage. Heu, on leur explique que ça n’a pas porté chance à un immense paquebot, en 1912, cette envie d’arriver avant les autres ?

Le capitalisme n’attend pas, les dirigeants ne risquent que du fric, pas leur vie, ils restent sur le plancher des vaches, eux et ce sont les autres qui risquent leur peau pour un salaire de misère, des conditions de travail qui feraient tomber dans les pommes un syndicaliste modéré et de la bouffe de merde.

Le seul maître à bord, après Dieu, n’est pas le capitaine, mais le subrécargue Francisco Pelsaert, qui est calife au-dessus du calife, heu, capitaine au-dessus du capitaine. Sur le Jakarta, 300 marins issus des bas-fonds, des assassins, des mecs qu’on a pas envie de croiser au coin d’une rue, même super bien éclairée.

Quelle bédé, bande de moussaillons d’eau douce ! Nous ne sommes dans l’aventure avec un grand A, avant de se retrouver dans les emmerdes avec un grand E.

L’apothicaire Jéronimus Cornélius est un personnage mystérieux et ça magouille dans les coursives, ça chuchote et je n’avais aucune idée de comment ce premier épisode allait se finir, bien que les premières cases ne laissent aucun doute…

Les dessins sont superbes, grandioses, magnifiques. J’en rajoute une louche ou vous avez compris, bande de moule-à-gaufre ? Lorsque la mer est en furie, on aurait presque envie de vomir son quatre-heures et son minuit aussi… Soyez dans les nantis, sinon, vous dormirez dans vos vêtements mouillés.

La tension monte lentement, au fil des pages et de l’eau, la violence sur le pont est omniprésente, le subrécargue Pelsaert estimant qu’il faut punir très fort les hommes pour qu’ils restent dociles. Ce genre de réflexions, je les avais déjà entendue sur un autre indiaman (navire de la VOC), notamment dans le roman L’étrange traversée du Saardam.

Moi qui aime les bateaux, j’en ai eu pour mon argent avec ce premier tome qui m’a emporté sur les flots et donné des sueurs froides.

Le suspense est à son comble et je n’ai qu’une seule envie, c’est de retrouver les marins du Jakarta pour connaître la suite de leurs aventures (mais faudra attendre, merde alors !).

Un magnifique album, tant dans son esthétique que dans son scénario (inspiré de faits réels).

Une aventure en mer, qui est aussi psychologique que maritime, où l’on ne sait pas ce qu’il se passera, vu que bien des hommes, sur le navire, sont d’une noirceur totale et que certains cachent bien leur jeu.

De plus, cet album met en scène ce que l’on appelle l’extinction de l’âme, un mécanisme mental réel et effrayant : l’arrêt complet de l’empathie d’un groupe d’humain associé à la suspension de leur jugement moral et qui aura, pour conséquences immédiates, le sadisme, les massacres…

Une belle découverte.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°101].