Maggy Garrisson – Tomes 01 / 02 / 03 : Lewis Trondheim et Stéphane Oiry

Titres : Maggy Garrisson – 01 – Fais un sourire, Maggy / 02 – L’homme qui est entré dans mon lit / 03 – Je ne voulais pas que ça finisse comme ça 🇬🇧

Scénariste : Lewis Trondheim
Dessinateur : Stéphane Oiry

Éditions : Dupuis (2014 / 2015 / 2016)

Résumé :
Même dans l’agence miteuse d’un détective alcoolique, un boulot, ça reste un boulot. Et depuis le temps qu’elle en cherche un, Maggy Garrisson veut bien faire quelques concessions. D’autant qu’il y a toujours moyen de se faire quelques billets, quand on est prêt à aider son prochain et qu’on sait faire preuve d’un minimum de présence d’esprit.

Ce qui semble d’ailleurs sacrément manquer à Anthony Wight, son patron, qui s’est fait passer à tabac cinq jours après qu’elle eut commencé à travailler pour lui et qui ne reprend connaissance que pour lui demander de lui apporter son vieux portefeuille à l’hôpital.

Menue monnaie, facturette, reçu de parking, coupons pour une salle d’arcade… Pas de quoi faire le déplacement, et pourtant, quand Maggy constate qu’elle est suivie dans la rue, elle flaire le coup fourré. Car sous leur aspect anodin, les coupons semblent susciter une vraie convoitise.

Critique :
C’est dans l’hebdo Spirou que j’avais découvert une nouvelle venue dans le monde des détectives : Maggy Garrisson.

Nous étions loin des standards plastique d’une Natacha hôtesse de l’air…

Maggy, c’était l’archétype de la loose : fumeuse, chômeuse longue durée et noyant sa solitude dans la bière.

Ayant lu cette série sur plusieurs semaines (un hebdo…) et étalée sur plusieurs années, je n’avais plus aucun souvenir de ces trois albums, alors, le Mois Anglais était l’occasion au jamais de relire le tout, sans s’arrêter.

Dans cette série, nous ne sommes pas dans les beaux quartiers de Londres, mais dans les bas-fonds, les quartiers délabrés, où le taux de chômage pète tous les records. Et qui dit Angleterre, dit temps pourri, avec un ciel si bas qu’un bus à double étage s’est perdu.

Tome 01 : Maggy a été engagée par un détective alcoolo qui n’est même pas foutu de rechercher les animaux perdus. Et là, il vient de se faire tabasser. Alors, Maggy va enquêter.

De prime abord, Maggy n’a pas l’air d’avoir la fulgurance d’un Sherlock Holmes, mais il ne faut pas s’y fier, après quelques planches dans Spirou, j’avais révisé mon jugement sur miss Maggy et finalement, cette série m’avait bien plu, notamment en raison de ses personnage, dont Maggy, qui est attachante, qui a de la répartie et ne se laisse pas marcher sur les pieds.

L’enquête de ce premier tome n’avance pas vite, elle prend son temps, Maggy boit des pintes de bière au pub du coin, développe des astuces pour résoudre ces quelques affaires qui arrivent en plus du tabassage de son patron et c’est un rythme qui convient très bien à la série.

Les dessins sont agréables et les décors nous emportent vraiment à Londres. Les ambiances sont sombres, mais pas trop et ce premier album réservait son lot de surprises. Ayant tout oublié, je me suis faite surprendre à nouveau. Lewis Trondheim, le scénariste de cette série, avait fait du bon travail (comme souvent).

Un premier tome qui m’a donné la pêche et le sourire, même si à Londres, dans cette bédé, le temps était pourri. Une excellente bédé, un très bon polar aux dialogues ciselés.

Tome 2 : Maggy s’est faite virer par son patron, qui n’avait pas les moyens de la payer et qui n’a pas digéré le coup qu’elle a fait dans le premier album.

Heureusement, Maggy a de quoi voir venir, mais elle doit rester prudente, ne pas se faire piquer le grisbi et faire en sorte que personne ne découvre qu’elle était à Brighton avec Alex, une petite frappe qui dort dans son lit.

Dans ce deuxième tome, Maggy va être engagée par un homme qui est persuadé que sa sœur a piqué le fric et les bijoux de leur mère, après son décès.

Les dialogues sont toujours ciselés, mais il y a un peu moins d’humour et d’insouciance dans ce deuxième album, sans doute dû aux événements qui se sont déroulés dans le premier tome. Maggy est toujours pétillante et très débrouillarde.

Tome 3 : Dans ce troisième tome, Maggy s’affirmera encore un peu plus, tout en restant flegmatique et toujours plus perspicace, notamment en résolvant une enquête au sujet de vol de dents en or sur les cadavres d’un crématorium… Il n’y a pas de petits profits, apparemment !

Elle va aussi s’occuper d’autres affaires, confiées à l’agence de détective, notamment des petits larcins dans la caisse d’une librairie et un album de photos à rendre à une famille dont on ne connait pas le nom…

Ce troisième tome clôture le cycle entamé dans le premier et Maggy va continuer à mener ses enquêtes, à prendre son envol, à essayer de sortir la tête de l’eau et poursuivre son histoire avec un malfrat.

Les dessins, en ligne claire, sont toujours agréable pour les yeux et les dialogues ne manquaient pas non plus de piquant et de petites répliques bien senties, mais moins que les précédents.

C’est savoureux à lire, à redécouvrir, parce que oui, j’avais oublié bien des choses, et puis, au moins, là, j’ai pu lire les albums sans m’arrêter et j’ai retrouvé le même plaisir qu’à l’origine, quand j’avais découvert la série dans l’hebdo Spirou.

Une série bédé à découvrir, si vous aimez les polars, les ambiances dans les pubs anglais et les quartiers qui ne sont pas chics, ceux des chômeurs, des travailleurs d’en bas, de celles et ceux qui se lèvent tôt.

#lemoisanglais2024

  • Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°231].
  • Le Mois Anglais – Juin 2024 (@lemoisanglaisofficiel @lou_myloubook et @plaisirsacultiver) – Fiche N°25

Le Brouillard Assassin : Caroline Kahel

Titre : Le Brouillard Assassin 🇬🇧

Auteur : Caroline Kahel
Édition : Lansdalls (02/04/2024)

Résumé :
Être actrice dans un quartier pauvre de Londres n’a rien de simple pour Charlotte Jenkins qui a tout sacrifié afin de permettre à son jeune frère de devenir inspecteur de police. Pourtant elle rêve encore et en grand. Elle jouera dans les plus grands théâtres du monde, elle s’en est fait la promesse !

Pour sortir du cloaque de Whitechapel, une seule solution : trouver un riche mécène. Alors quand ce dernier espoir se fait sauvagement assassiner en pleine représentation, c’est son frère qui va mener l’enquête. Mais comment interpréter les témoignages de tous les spectateurs présents ? « C’était un étrange brouillard assassin, monsieur l’Inspecteur ! »

Whitechapel est un repaire de truands notoires, et si le Mal prenait, pour une fois, un autre visage ?

Critique :
C’est par le plus grand des hasards que mes yeux ont été attirés par très belle couverture de ce polar où un bellâtre habillé comme un milord, chapeau haut-de-forme et jolie petite gueule (même si on ne voit que le bas), m’a fait penser à Sherlock Holmes. Vite, lire le résumé et savoir si…

Non, ce n’est pas un apocryphe holmésien, loin de là, mais le récit se déroule dans l’Angleterre victorienne et dans les bas-fonds de Whitechapel. Alors, vous pensez bien qu’il ne fallait pas m’en dire plus pour que je l’achète sur le champ.

Ne connaissant pas la maison d’éditions (Lansdalls) et n’ayant jamais vu tourner ce polar sur les blogs (zéro chronique sur Babelio), ce fut donc une découverte à tous les étages. Et une chouette découverte.

Ma plus grande crainte était que le fantastique soit présent dans le récit et qu’il intervienne dans la résolutions les crimes. Eh bien non, pas d’élément fantastique à l’horizon, même si on y pense au départ. Non pas que je n’aime pas le genre, mais je n’avais pas du tout envie que des crimes soient dû à une magie quelconque. Dans Harry Potter, oui, mais pas ici. Tant mieux, il n’y avait rien de magique.

Ce gros pavé de 570 pages se lit assez vite et très facilement. Les personnages principaux sont attachants, j’ai aimé que Charlotte ait des envies de femme indépendante, qu’elle ait eu des amants au cour de sa vie (elle est actrice et non potiche dans un salon d’aristo bourge) et qu’elle n’ait pas envie qu’un homme lui dicte sa conduite.

Elle n’est pas la seule à s’être attirée ma sympathie, même Lomon et Wong, des truands, l’ont eue, tout comme un médecin alcoolo et un journaliste. L’autrice a su créer une belle brochette de personnages sympathiques et énigmatiques.

L’atmosphère du Londres du temps de Victoria n’est pas mal rendue, mais je trouve que la ville manquait un peu d’épaisseur, en tout cas, elle ne fait pas partie des personnages principaux. À noter que nous sommes post Jack (1888), que les téléphones existent et même une motocyclette (une première).

Oui, c’est un bon polar historique, il possède tous les ingrédients pour l’être, le tout est bien cuisiné, avec un certain équilibre entre le tragique et les petites réparties entre les personnages et j’ai vraiment passé un très bon moment de lecture, sans que pour autant ce soit le polar du siècle.

Entre nous, je me suis faite avoir par le dénouement, que je n’avais pas vu venir. J’étais comme les enquêteurs en herbe et je n’avais pas une once d’avance sur eux. Le final est réussi, bien équilibré aussi entre le suspense, la tension, les drames, les explications.

Anybref, je ne regrette absolument pas de l’avoir acheté, un peu au hasard, sur un coup de tête, pour sa belle couverture et son résumé qui était intriguant au possible. Une bonne pioche que j’ai faite là. Dommage qu’il soit déjà terminé…

#lemoisanglais2024

  • Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°230].
  • Le Mois Anglais – Juin 2024 (@lemoisanglaisofficiel @lou_myloubook et @plaisirsacultiver) – Fiche N°24