Sang royal – Intégrale (4 tomes) : Alejandro Jodorowsky et Dongzi Liu

Titre : Sang royal – Intégrale (4 tomes)

Scénariste : Alejandro Jodorowsky 🇨🇱
Dessinateur : Dongzi Liu

Édition : Glénat (2010 / 2019)

Résumé :
Alvar, jeune et puissant souverain, trahi par son propre cousin et laissé pour mort, reprend ses droits au terme de plusieurs années sans mémoire. Mais son retour lui révèle une trahison plus cruelle encore. Blessé, bafoué, il reconquiert son trône en imposant à tous une épouse controversée.

Cette tragédie shakespearienne met en scène l’âme noire de personnages hantés par des cauchemars.

Critique Tome 01 – Noces Sacrilèges :
Entre Macbeth et Game of Thrones, il y a Sang Royal…

Heu, je dirai qu’un gouffre sépare Sang Royal des monuments que sont Macbeth et Game of Thrones, parce que eux, au moins, ont de la profondeur, des personnages emblématiques et de l’équilibre dans leurs scénarios, tandis qu’ici, c’est sang, violence, tripes, mais la coquille du scénario est un peu vide.

Un roi est blessé sur le champ de bataille et il demande à son cousin, qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau, de revêtir son armure, afin d’aller galvaniser ses troupes et de venir le rechercher ensuite.

Pas besoin de vous faire un dessin, mieux que dans Hamlet, mieux que dans Le Roi Lion, le cousin va usurper l’identité de son roi, baiser sa femme et personne ne remarquera la supercherie (ça ne l’aurait pas fait avec Scar remplaçant Mufasa).

Bon, je ne vais pas vous mentir, le scénario est éculé comme pas possible, mais j’aurais aimé qu’il soit traité autrement, avec plus de finesse, plus de profondeur, tandis que là, c’est éléphant dans un magasin de porcelaine.

Alvar, le roi, est un personnage cruel, ne valant pas mieux que son cousin et si je pensais que la reconquête de son trône allait prendre du temps, se faire dans la finesse et la ruse, ben c’est loupé. Pif paf pouf, je reprends ma place et je fous la merde en prime, notamment avec le gamin que son épouse avait eu avec le cousin et qui était cruel et pourri gâté.

Les dessins, par contre, sont superbes ! C’est ce qui a sauvé cette lecture, en plus du fait que j’avais envie de voir ce qu’il allait se passer ensuite, après l’épisode d’inceste qui n’en est pas tout à fait un, même si le père est persuadé que c’est sa fille, alors que non.

Critique Tome 02 – Crime et châtiment :
Le deuxième tome continue dans le gore, la violence, le manque de profondeur, mettant en avant les bas instincts des Hommes, notamment leur soif de sans et leurs abus de pouvoir.

Alvar a épousé celle qu’il pense être sa fille, il est fou d’elle, a cloitré son autre épouse dans un pièce au fond du château, avec son bâtard de gamin cruel… Ne cherchez pas de la lumière, vous n’en trouverez pas.

Je m’étais plainte d’un manque de profondeur de la part des personnages, mais à un moment donné, le roi Alvar m’a étonnée et j’ai apprécié l’homme qu’il devient, même s’il m’a un peu soulé avec ses grands discours. Il oscille entre un orgueil démesuré de mec qui domine tout et celui d’un homme humble qui est prêt à tout pour prouver à sa femme fille qu’il l’aime.

Je pensais ce personnage sauvé de l’égo, je pensais que le scénario allait évoluer vers autre chose que du sang et du gore et tout compte fait, il est retombé dans ses pires travers, ajoutant encore de l’ignominie à toutes celles qu’il a déjà commise.

Je n’ai rien contre des bédés violentes, mais là, j’ai l’impression qu’il fait de la violence juste pour le plaisir d’en faire (tout en comprenant que dans une époque médiévale, même dans un univers de fantasy fantastique, les Hommes n’étaient pas des anges, les rois non plus et que ce n’est que le reflet de ces sociétés qui est mis en avant, les spectres en plus.

Mais bon, à un moment donné, trop, c’est trop…

Critique Tome 03 – Des loups et des rois :
Les dessins sont toujours somptueux, c’est déjà ça ! Dynamique et les expressions des visages sont bien détaillées.

Dans le tome précédent, le roi Alvar avait volé un des enfants de sa fille/femme, prenant le blond, puisqu’il était sûr qu’il était sien, tandis que le noir de cheveux était le fils du berger.

Entre nous, il n’a pas tiré le gros lot avec son blondin qui a un pied bot et qui est un enfant fragile. Il a hérités des traits de sa grand-mère (mère de sa mère), qui était bossue, tandis que l’abandonné, a été élevé par des loups, tel Mowgli (mais en version fantastique, donc, loup-garou à la pleine lune).

Dans ce monde, seule compte la violence et la capacité à se battre, pas de place pour la douceur ou l’élevage des canaris. Pourtant, le royaume aurait plus à gagner avec un monarque intelligent, travailleur et doux qu’avec des rois assoiffés de conquêtes et de combats afin de prouver qui pisse le plus loin, qui a la plus grosse.

Ce tome remonte un peu dans mon estime, grâce au personnage d’Alvar, le garçon élevé par les loups.

Je vais lire le dernier tome, afin de savoir si la vengeance de la bossue et de sa fille se consommée et si Alvar, le roi tout puissant, à l’égo démesuré et à la violence à fleur de peau, aura la monnaie de sa pièce !

Critique Tome 04 – Vengeance et rédemption :
Ah, les vampires, ça manquait ! Franchement, on aurait pu se passer d’eux.

Leur venue servira à ajouter de la violence quand tout semblait s’apaiser (hormis les complots du boiteux) et prouver qu’il ne faut pas passer de marché avec eux, car ce sont les vampires qui décident, pas les petits homme insignifiants.

Un tome rempli d’action, de combats, de violence, des vampires qui vont foutre un peu le bordel dans tout cela, pour finalement ne pas donner grand-chose, si ce n’est un scénario bancal et boiteux.

PS : lu les 4 albums, mais la série existe aussi en intégrale (mais je ne pense pas qu’après mes chroniques, vous aurez envie de l’acheter ou de la lire). Heureusement, il s’agissait d’un emprunt, dans mon cas. Je n’ai rien perdu, si ce n’est mon temps.

Héroïna : Marc Fernandez [LC avec Rachel]

Titre : Héroïna

Auteur : Marc Fernandez
Édition : HarperCollins Noir (05/04/2023)

Résumé :
Acapulco, Mexique. 🇲🇽
Assis à la table de la cuisine, Pablo, 11 ans remplit des sachets de cocaïne avec son père, Roberto Aguilár, dit El Bobby. Quand Olivia voit cette scène, elle se retrouve face à son destin et celui de son fils.

Héritier du plus gros narcotrafiquant de l’état, l’avenir de Pablo est tout tracé. Derrière les sourires, les réceptions grandioses, l’argent qui coule à flot, il y a la peur, les filatures, les menaces, les morts…

Doit-elle laisser faire au risque de perdre son mari et son fils ? Car elle le sait, l’espérance de vie des narcos est courte.

Aidée de Martín Calderón, procureur et figure nationale de la lutte antidrogue, elle décide, de protéger Pablo, quel qu’en soit le prix. Une lutte sans merci s’annonce, le combat d’une mère pour sauver son fils.

Critique :
C’est Acapulco, baby ! Cette exclamation, le narco Roberto Aguilár, dit El Bobby, l’a piquée au chanteur Jul, transformant le Marseille en Acapulco.

Acapulco, avant, était une destination prisée, une destination de rêve, une ville balnéaire fréquentée par toute la jet-set du monde.

Maintenant, la ville paradisiaque est devenu un enfer sur terre et les cartels font régner la terreur et flinguent à tour de bras.

Lorsque Olivia à épousé Roberto Aguilár, c’était un entrepreneur du BTP tout ce qu’il y a de plus tranquille et puis, un jour, il a franchi la ligne rouge et est devenu un narcotrafiquant important, brassant des millions, blanchissant du fric au travers des sociétés écrans et qui a envie que son gamin reprenne son business, plus tard, quand il sera grand. Et ça, Olivia ne le veut pas.

Marc Fernandez a délaissé Diego Martín, son personnage phare de la quadrilogie et nous propose un roman dans un autre genre, puisque nous serons en compagnie d’Olivia, l’épouse du narco, qui se pose bien des questions sur l’avenir de son fils.

L’auteur connaît bien l’Amérique du Sud, on le sent toujours dans ses récits, même si celui-ci est moins sombre, moins noir, que la saga avec Diego Martín (tout étant relatif, bien entendu). La violence est présente, certes, mais j’ai connu plus sombre avec ses autres romans.

L’alternance des narration (celle d’Olivia et celles d’autres personnages) était une bonne idée, cela ayant permis que l’on s’attache à Olivia, femme un peu naïve, qui n’a pas jugé bon de quitter son époux lorsqu’il a basculé du côté obscur de la Force et qui a profité des narco dollars de son trafic. Et maintenant, elle est perdue, elle voudrait sauver son fils, mais ne sait comment faire.

En 200 pages, l’auteur arrive à nous montrer l’essentiel, à nous faire vibrer, à nous attendrir et à nous émouvoir, tout en nous montrant la face cachée de l’envers du décor des narcos, loin du côté glamour que certains voudraient nous faire croire. Oui, leur univers est blingbling, ils ont le pouvoir, le pognon, mais ils atteignent rarement l’âge légal de la pension (même si celui-ci était à 55 ans).

Un petit roman noir qui se lit d’une traite, qui se savoure, qui fait naître des émotions et qui nous montre aussi que les gens préfèrent souvent les narcos, les cartels, aux magistrats incorruptibles… Les êtres humains ne sont pas toujours les plus intelligents de la planète.

Un petit roman simple et efficace, mais moins puissant que ceux de la série Diego Martín, qui eux, tapaient bien plus dur. Ici, on a quelques édulcorants, un peu de sucré et cela m’a fait du bien, vu toutes les lectures sombres et sans lumières que j’avais eue en mai.

Une LC réussie avec Rachel !